Taïwan, la première « ligne rouge » entre Pékin et Washington à ne pas franchir

Source Observateur-Continental

Taïwan reste une question de la plus haute importance dans le différend entre les États-Unis et la Chine. 

Le dossier taïwanais « se trouve au cœur des intérêts fondamentaux de la Chine, c’est le fondement des fondements politiques des relations sino-américaines et la première ligne rouge à ne pas franchir dans les relations entre la Chine et les États-Unis », a déclaré le président chinois Xi Jinping lors de sa rencontre avec le président américain Joe Biden en marge du sommet du G20. 

Le locataire de la Maison Blanche et les représentants de son administration déclarent être attachés au principe de Chine unique, tandis que d’après les autorités chinoises, les États-Unis atténuent et déforment le principe de Chine unique, livrent des armes à Taïwan et envoient des hauts fonctionnaires sur l’île, ce qui aggrave la tension dans le détroit de Taïwan. La Chine sera prête à y répondre par des « contre-mesures décisives et puissantes », a déclaré le ministre chinois de la Défense Wei Fenghe lors d’une rencontre avec le chef du Pentagone Lloyd Austin en marge de la réunion des ministres de la Défense des États membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean) avec des partenaires de dialogue au Cambodge. 

Autrement dit, la pierre d’achoppement réside dans les livraisons d’armes et les visites officielles américaines à Taïwan, ce qui est inadmissible pour la Chine. Et tôt ou tard cela conduira le dialogue sino-américain sur Taïwan dans une impasse qui pourrait s’avérer sans issue. 

Par exemple, l’ancien premier ministre australien Kevin Rudd estime que la Chine et les États-Unis pourraient entrer en confrontation directe et entamer une guerre d’ici cinq ans. D’après lui, le risque d’un conflit à court terme est élevé si les États-Unis et leurs alliés tels que l’Australie ne pourront pas empêcher Pékin d’envahir Taïwan. Sachant que, selon lui, « tout conflit entre la Chine et les États-Unis serait du même niveau d’intensité que la Seconde Guerre mondiale ». 

Même sans croire à des pronostics aussi alarmistes, il est clair que dans certaines circonstances Pékin pourrait utiliser la force. C’est ce qu’a déclaré lors du 20e congrès du Parti communiste chinois le président de la Chine, le Livre blanc sur Taïwan publié à la veille du congrès stipule également que l’usage de la force serait une « mesure extrême laquelle la Chine appliquerait en dernier recours », mais théoriquement ce n’est pas à exclure. Et la Constitution chinoise prévoit l’usage de « tous les moyens possibles » pour lutter contre le séparatisme à Taïwan. 

Les États-Unis et leurs alliés d’Asie orientale le savent parfaitement. Comme l’écrit l’agence japonaise Kyodo News, les États-Unis, tout comme le Japon, mettent en place une production locale de microprocesseurs, car les évènements éventuels autour de Taïwan pourraient provoquer une situation de crise pour les Américains en ce sens. Il est affirmé que tous les microprocesseurs américains sont fabriqués à Taïwan. C’est pourquoi l’administration Biden a déjà décidé de construire des usines de production de microprocesseurs sur son territoire. 

Il n’existe qu’une seule issue de l’impasse imminente. Au lieu d’une succession de provocations antichinoises autour de Taïwan, les États-Unis pourraient utiliser leur influence auprès de l’administration de Taipei pour commencer à jouer le rôle de médiateur en exigeant des compromis mutuels dans le dialogue entre la Chine continentale et insulaire. D’autres approches risquent d’entraîner des conséquences imprévisibles.

Alexandre Lemoine

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2 Commentaires

  1. C’est le grand différend permanent : au nom de sa supériorité autoproclamée (mais fausse bien entendu), l’anglosaxonnerie crée des conflits là où il n’y en a pas à l’aide de fauteurs de troubles généralement « payés pour ça », et attise ceux qui sont latents en faisant mousser des personnages falots (comme Navalny en Russie).
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    On a l’impression du grand pour son âge dans la cour d’école, qui finit par s’en prendre plein la tête parce que trop, c’est trop. Bien entendu on entendra « ouinnnn y m’a fait mal !  » L’anglosaxonnerie ne sera sans doute jamais adulte. L’empire de la mer finira par prendre l’eau, et se demandera pourquoi.
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    Captain ? Y glou glou glou… Arf…. Titane hic !

  2. Si j’ai bien compris, Washington va délocaliser les productions de microprocesseur de Taiwan vers les USA pour aider Taiwan a garder son indépendance ! https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_scratch.gif

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