Par Christelle Néant pour Donbass-Insider
Durant l’été 2022, le mémorial de Saour Moguila, en RPD (République Populaire de Donetsk), qui avait été détruit par les combats en 2014, a été restauré. Non seulement les anciennes sculptures et structures détruites ou endommagées ont été refaites quasiment à l’identique, mais de nouvelles ont été construites afin que le mémorial de Saour Moguila symbolise le lien entre la guerre du passé, et celle du présent.
À l’été 1943, l’armée soviétique prend le contrôle de la hauteur de Saour Moguila après plusieurs semaines de combat acharné contre l’armée allemande. Cette victoire lui permettra de libérer plus facilement le Donbass, car depuis le sommet de cette hauteur stratégique on peut voir à des kilomètres à la ronde.
Après la construction d’un premier monument en calcaire au sommet de Saour Moguila, dans les années qui suivent la Grande Guerre Patriotique, un nouveau mémorial plus imposant est construit et inauguré le 19 septembre 1967. Ce nouveau mémorial est constitué d’un obélisque en béton armé tapissé de granit, haut de 36 mètres, flanqué d’une sculpture de soldat soviétique, et de quatre blocs de haut reliefs représentant l’infanterie, les équipages de chars d’assaut, l’artillerie et l’aviation, installés sur le chemin menant au sommet.
Ce mémorial était là pour rendre hommage aux milliers de soldats soviétiques morts pour prendre la hauteur de Saour Moguila et libérer le Donbass, dont les noms sont désormais inscrits sur les plaques commémoratives construites au pied de la colline.
Mais 71 ans après cette bataille, une autre a eu lieu exactement au même endroit, entre la milice populaire de la RPD, et l’armée ukrainienne. Cette dernière n’hésite pas à bombarder lourdement la Saour Moguila, y compris avec des avions, pour en déloger les miliciens. Résultat, les sculptures des haut-reliefs sont endommagées (plus on monte et plus elles sont détruites), et l’obélisque et la statue qui étaient au sommet ne sont plus qu’un amas de ruines.
Après avoir passé sept ans dans cet état, le mémorial de Saour Moguila a été restauré à l’été 2022 par la Russie. Et non seulement les monuments qui existaient avant 2014 ont été restaurés, mais de nouveaux sont apparus, pour commémorer cette fois, les soldat qui défendent le Donbass depuis 2014.
Voir le reportage filmé sur place, en français :
Les haut-reliefs soviétiques ont été réparés, mais chacun garde en son centre une partie un peu endommagée, voire un reste de munition qui avait frappé la sculpture, afin de rappeler pour longtemps la bataille qui s’est déroulée là en 2014.
Afin de renforcer ce lien temporel, les restaurateurs se sont inspiré de ces haut-reliefs soviétiques qui se trouvent sur la droite du chemin montant vers le sommet de Saour Moguila, pour construire trois haut-reliefs modernes, représentant les soldats russes et ceux de la milice populaire de la RPD qui ont été installés sur la gauche du chemin. Sur l’un d’eux se trouve un buste géant de « Vokha », le défunt commandant du bataillon Sparta, tué lors de la bataille de Volnovakha.
Faisant le parallèle avec l’énorme bloc portant les dates 1941-1945, au pied de l’obélisque à droite, un autre portant les dates 2014-2022 a été installé à gauche, et fait dans le même style soviétique. Le petit cimetière qui se trouve près du sommet a aussi été refait, avec de belles tombes, des plaques portant les noms des soldats de la milice populaire tombés là en 2014, et une croix orthodoxe creusée dans une plaque en granit. Le pavement du chemin, les escaliers, et la plateforme où se trouve l’obélisque ont aussi été totalement refaits à neuf, et une nouvelle flamme éternelle a été installée au pied de la statue.
Alors que l’Ukraine s’enfonce de plus en plus dans l’idéologie néo-nazie, cette restauration du mémorial de Saour Moguila souligne plus que jamais les parallèles entre la Seconde guerre mondiale et la guerre d’aujourd’hui. L’armée russe et la milice populaire ont remplacé l’armée soviétique et l’armée ukrainienne et l’OTAN ont remplacé l’armée allemande et ses supplétifs.
Mais aujourd’hui, comme il y a presque 80 ans, il s’agit du combat de la Russie pour son droit à exister en tant qu’État souverain, contre un groupe d’armées dirigées par une idéologie suprémaciste (il suffit d’écouter Josep Borrell parler du « jardin » européen menacé par la « jungle » du reste du monde pour se rendre compte du racisme et de l’idéologie colonialiste des élites européennes), qui considèrent que le territoire russe doit être sous leur contrôle (voir les projets de « décolonisation de la Russie » proposés par l’OTAN).
Cette restauration du mémorial de Saour Moguila souligne combien la guerre d’aujourd’hui n’est en réalité que la continuation de la précédente, qui, elle aussi, avait fait verser beaucoup de sang sur la terre du Donbass.
Christelle Néant
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