Élections 2024 : partie 3 : Quel est le rôle des sondages ?

On a beaucoup répété que les enquêtes d’opinion – qui sont truquées – poussent les électeurs à voter pour tels ou tels candidats. Elles disent aux gens, tous les jours, que Durand est à 20% , et, par une espèce de mimétisme dont le mécanisme resterait à décortiquer, ou sous prétexte de vote utile, 20% des citoyens donnent leur suffrage à Durand.

Il se produit ainsi ce que l’on nomme une prophétie autoréalisatrice : le sondage émet une sorte de prédiction, laquelle se réalise parce que ce qui se présente comme une simple photographie des intentions de vote, constitue en réalité un modèle auquel on appelle implicitement les masses à se conformer, ce qu’elles font.

Au passage, ceux qui seraient tentés de voter autrement, y renoncent finalement, parce qu’ils concluent que, de toute manière, tout est déjà joué, et que leur petite voix à eux ne servira à rien et ne pèsera rien.

Certes, il ne faut pas sous-estimer ce phénomène. La moutonnerie est l’une des grandes caractéristiques de populations sous influence, ainsi que la croyance dans les sondages.

Comme les prêtresses de Delphes

Car il s’agit bien aussi d’une croyance, d’une vague superstition, qui tient d’un irrationnel profondément ancré peut-être dans les esprits. L’enquête d’opinion remplace un peu l’oracle de la pythie, les augures ou les auspices. C’est une prédiction, une voyance (1).

La vérité si je mens

Du reste, quand le système en a besoin, il s’amuse à lancer des chiffres qu’il a déjà décidé, au moment même où il les lance, de démentir le soir du scrutin, parce qu’il a opté pour une mise en scène dans laquelle la surprise finale – fausse, évidemment, chez ceux qui organisent le spectacle – devra constituer un élément important. On diagnostique 15% pour tel parti, les résultats officiels le mettent finalement à 10%, et, là, les agents du système feignent l’étonnement alors que tout était planifié depuis longtemps (2).

La surprise du désamour

Mais, les surprises ne doivent pas déboucher sur la défiance. Et c’est là qu’apparaît une autre fonction des sondages, qui nous semble sous-estimée : la préparation de la fraude électorale.

Si, pendant trois mois, l’on répète aux Français que Machin est à 5% , mais si, le soir du scrutin, on lui attribue 19%, un certain nombre de gens estimeront que les sondeurs ont été abusés par les sondés, ou qu’il y a eu un changement brusque dans l’opinion publique; mais, il s’en trouvera peut-être quand même qui se diront que les résultats officiels sont bidonnés et dont la réaction sera du genre : « Comment ? Les instituts l’ont toujours donné à 5%, et, là, bingo, on nous affirme qu’il a 19% ! Il y a triche en sa faveur ! » .

Il faut donc préparer le peuple aux scores officiels qui seront fournis en définitive.

Par conséquent, quand le résultat officiel est 16% comme l’avaient pronostiqué les instituts, ce n’est peut-être pas uniquement parce que la population s’est conformée à ce pronostic, mais parce que ce dernier était chargé d’accréditer l’idée que Bidule aurait 16%, score que le système avait décidé de lui octroyer (3).

(1) Il y a aussi un côté psychanalyse. L’institut va sonder votre âme et vous révéler pour qui vous voulez voter, même si, peut-être, vous ne le savez pas vous-même. C’est certainement l’une des principales raisons pour lesquelles ces prétendues enquêtes ont tant d’influence : elles vous mettent sous hypnose et vous persuadent que vous pensez et désirez ceci ou cela.

(2) Qui dit pronostic pensera immédiatement que les sondages auraient aussi à voir avec les pronostics du tiercé. Certaines personnes voteraient pour celui qu’on leur présente comme le futur vainqueur. Il n’est pas impossible qu’il y ait aussi un côté Loto, Loterie nationale. Des gens miseraient sur un candidat comme on mise sur un numéro. Nous-même avons d’ailleurs spontanément employé plus haut l’expression « tout est déjà joué » , comme on le dirait pour un jeu de hasard, le quarté ou une compétition sportive.

Il nous paraît que les études d’opinion présentent également une parenté avec la météo. Nous avons également employé le verbe Diagnostiquer, qui nous mène vers le domaine de la médecine : le sondage tient en effet, aussi, de l’examen médical. Ce n’est pas un hasard si l’on parle d’une radiographie de l’opinion. L’institut est donc perçu comme un médecin, en qui on a confiance et dont on doit respecter les prescriptions, ce qui constitue sans doute l’un des mécanismes par lesquels les citoyens/patients votent comme le résultat de la radiographie le leur suggère.

(3) Il est probable que les chiffres avancés par les sondages soient aussi perçus par les électeurs, sans qu’ils en aient une pleine conscience, comme des notes, telles celles par lesquelles on évalue un étudiant, ce qui expliquerait en partie l’attitude desdits électeurs : si Jean est crédité de 25%, c’est-à-dire en fait évalué, estimé, jugé à 25%, c’est un bon, et, donc, on vote pour lui; si René n’est crédité, noté, qu’à 1%, c’est une mauvaise note, donc un mauvais élève, et, par conséquent, on ne lui accordera pas son suffrage.

Guido

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A propos Guido

Sellami est juriste.

2 Commentaires

  1. Bonjour.
    Pour les législatives, si dans la circonscription où l’on est inscrit personne ne s’est présenté sous l’étiquette correspondant à vos propres idées, même de loin, que faire ?
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    Pour rappel, pour oser une candidature quand on est citoyen lambda ou peu s’en faut, rares sont ceux qui ont les moyens. A la louche, le strict minimum obligatoire avoisine les 3000 euros, et là-dessus, il n’y a ni les affiches, ni les nécessaires organisations de réunions publiques, ni…..
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    De ce fait seules les formations qui ont déjà un trésor de guerre conséquent peuvent présenter suffisamment de candidats, être considérées comme “sérieuses” par les médias…. et ce n’est pas celui qui avance les bonnes idées qui pourra siéger au Palais Bourbon. D’autant plus que ces bonnes idées vont le plus souvent en contradiction de ce que veulent les grands financiers…..
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    Ces grands financiers vont donc avoiner d’une façon ou d’une autre les mouvements qui défendent leur intérêts, et non ceux du Peuple. C’est bien pourquoi, dans les faits, les élections ne servent à rien. Cela explique qu’elles continuent à être organisées, mais surtout pas les référendums. Ce qui s’est passé il y a 19 ans a dû faire bien peur aux Grands Banquiers….

  2. comme dirait la pécresse dont le mari est corrompu jusqu’a la moelle , les sondages sont comme la queue du chien , ça va , ça vient……..!!!

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