Par Mikhail Gamandiy-Egorov pour Observateur-Continental
Les événements et les choix stratégiques dans la région du Sahel confortent l’idée que les projets occidentaux, notamment d’ordre sécuritaire, n’ont plus d’avenir – ni dans la région, ni à l’échelle continentale. La solidarité panafricaine avec le soutien des principales puissances pro-multipolaires prennent la place des schémas néfastes et complètement dépassés.
Après le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de l’alliance antijihadiste du G5 Sahel – structure militaire régionale qui se trouvait sous la coupe occidentale, les trois pays concernés ayant par la même occasion créé et rejoint l’Alliance des Etats du Sahel (AES), tout indique que les initiatives dites «sécuritaires» occidentales aussi bien à l’échelle régionale sahélienne que continentale – n’ont pas d’avenir digne de ce nom.
Dans le cas plus particulier du Sahel, la région a dû subir nombre d’expérimentations occidentales fortement néfastes. D’abord la propagation massive du terrorisme suite à la destruction par l’axe otanesque de la Libye de Mouammar Kadhafi, puis la prétendue participation à la lutte antiterroriste par les régimes occidentaux, dont l’hexagonal, avec les résultats qui sont connus. Ou plutôt avec l’absence totale de résultats.
En d’autres termes – le pompier pyromane n’a tout simplement pas été en mesure ne serait-ce que d’atténuer les terribles conséquences pour les pays de la région – de ses propres actions. Bien que cela ne faisait fort certainement jamais partie de ses objectifs. Les régimes occidentaux s’étant si longtemps habitués à obtenir leurs dividendes en vivant du chaos créé par eux-mêmes dans les régions appartenant à la majorité non-occidentale du monde.
Mais la compréhension de ce qui est en train d’arriver commence à rentrer progressivement, évidemment avec forte amertume, dans la tête des élites politico-médiatiques de l’Occident. Ainsi, l’organe propagandiste hexagonal France 24 avait déjà admis que le départ – d’abord du Mali, puis du Niger et du Burkina Faso du G5 Sahel – signifiait la «mort cérébrale» de l’organisation.
Tout en indiquant dans l’article en question que depuis le départ des forces françaises de Barkhane, puis des Casques bleus de l’ONU, les Forces maliennes et leurs alliés russes sont parvenus à reprendre la ville de Kidal à la mi-novembre, ville qui était contrôlée depuis dix ans par des groupes armés. Une victoire qui a suscité un fort engouement à travers le pays. Les progrès donc du côté de la propagande occidentale sont tout de même plutôt évidents: bien que continuant à tenter de minimiser au maximum les succès obtenus par les Etats africains pleinement souverains et de leurs alliés, ladite propagande reconnait néanmoins l’enthousiasme quant à ces victoires pour les populations concernées. Quel grand pas en avant…
Sérieusement parlant et même si l’Occident tente toujours de reprendre la main, y compris s’il lui faut à cet effet adapter, très peu mais néanmoins, son discours – tout indique que ses échecs sont loin d’être terminés. Les Etats souverains et pro-multipolaires du Sahel, de même qu’au niveau de tout le continent africain, n’acceptent plus d’être des objets d’expérimentation et d’exploitation. Les pays concernés, de même que l’Afrique dans son ensemble, ont tout pour être des acteurs importants dans le cadre de l’ordre mondial contemporain. Un ordre, qui au-delà d’être déjà aujourd’hui multipolaire, se rapproche de la réalité post-occidentale. Et dans cette réalité les initiatives, ou plutôt les arnaques, qui émanent d’une extrême minorité – n’auront non seulement plus de place dans les faits pratiques, mais même dans la simple rhétorique.
Mikhail Gamandiy-Egorov
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