Par Olivier Field via Réseau-International
Bientôt 80 ans que, après qu’une conflagration mondiale énorme ait accouché d’un nouveau monde avec des frontières voulues immuables, nous vivions dans un semblant de certitudes. C’est fini. Le Monde va se redessiner à la faveur de la bascule politico-économique historique qui nous emporte. Le dernier vainqueur de Yalta après l’évaporation de l’URSS a triomphé mais comme une étoile morte. Son hyperpuissance parait encore au sommet, avec sa faculté de déclencher partout des guerres sous proxies, de soumettre le commerce international à ses lois et à la monnaie qu’il est seul à contrôler, de favoriser un atlantisme qui aura installé une classe politique en Occident soumise à ses projets, de la Grande Bretagne à la France, en passant par le Canada, l’Australie, l’Union européenne et tant d’autres…
Oui les USA brillent… mais pour combien de temps ?
Quelles frontières vont bouger vraisemblablement sous peu ?
Europe centrale. De toute évidence, la Russie va dans un traité de paix acter sa victoire en cours. Avec peu d’imagination la prise du territoire complet des oblasts intégrés à la fédération va être suivie de la prise sans trop de combats de la bande sud de l’Ukraine et notamment des deux oblasts d’Odessa et de Mykolaïv. Ces régions seront intégrées à la Russie après un référendum et l’Ukraine redeviendra un réservoir de main d’œuvre pour une Europe vieillissante, pays dépourvu de débouchés marins, de base industrielle et agricole, état croupion qui fera le bonheur de l’Union européenne et particulièrement de la Pologne toujours candidate à retrouver une grandeur passée. Nouveaux voisins des russes la Moldavie et la Roumanie gagneront aussi. À la Moldavie sera rétrocédée la bande de terre à l’ouest de Bilhorod, la rive droite du Dniestr, lui donnant un accès à la mer qui transformera l’économie du pays, tout en préservant la Roumanie de l’immédiat voisinage de la Russie. La Transnistrie fera alors l’objet d’une régularisation de frontières. La contrepartie sera pour la Moldavie de signer comme l’Ukraine un accord de totale neutralité. Pour cette dernière affligée par cette guerre inutile, conservant les zones les moins frappées, son avenir économique sera européen. (carte).
Israël. Très vite les leçons de ces dernières semaines vont semer les graines d’une paix juste. Jamais les Israéliens ne retrouveront l’équilibre, bien précaire on le voit, qui prévalait. L’ensemble du monde hors USA et ses vassaux est en colère mais surtout en force pour faire appliquer le nécessaire changement. Les matières premières, le pétrole en tout premier lieu, les populations, les perspectives de développements industriels et commerciaux sont à eux. Par un embargo sélectif au goût de sanctions ciblées (merci aux USA et à l’Union européenne du mode d’emploi) il sera difficile de durablement refuser la paix pour Israël. De surcroît elle est tellement espérée par les Palestiniens et aussi par beaucoup d’israéliens bien conscients qu’elle vaut de grands sacrifices ; cette attente bien humaine facilitera le choc historique mais obligé des transferts croisés de population afin que les deux États soient libres, autonomes et surtout parfaitement séparés, sans liens directs. L’amnistie des criminels de guerre sera aussi un moment difficile…Mais les rêves messianiques et de religieux radicaux, de suprémacistes de tout poil se soumettront au réalisme et aux fruits que la paix apportera. Les frontières de 1967, aucun interventionnisme chez le voisin, des frontières hermétiques et respectées et beaucoup de pression pour en garantir la pérennité. Et toujours des referendums pour impliquer les populations dont le choix sera alors forcément mieux respecté par leurs descendants.
Taiwan. Dans ces contextes et par une voie à la Hong Kongaise, la Chine attirera en son sein cette île avec les délais et adaptations nécessaires. Les armes ne parleront pas. Là encore un référendum est indispensable. L’«amitié» des USA pèsera peu face à la volonté des peuples à vivre hors des risques de guerre.
Arménie. L’enclave Azerbaidjanaise de Nakhitchevan pourra retrouver la contiguïté avec le gros du pays par un traité qui visera à échanger des régions de telle façon que l’Iran conserve une voie via l’Arménie vers le Nord, la Russie et la mer Noire indépendante de l’Azerbaïdjan et de la Turquie. Qui sait, peut-être même le Haut-Karabakh, symbolique pour les Arméniens, pourrait faire l’objet de négociation. Encore et toujours des referendums…
Il est plus que temps de substituer aux oukases de l’autoproclamé gendarme du monde le choix de la Paix, de la raison et de l’accord des peuples.
Même les USA gagneraient à cela en redevenant enfin la très grande puissance économique qu’elle était sans s’épuiser à nourrir comme un cancer son industrie de guerre perpétuelle et de concussion sur le reste du Globe.
La SDN est morte, les Nations unies respirent encore et sont en ordre de marche… après quelques ajustements à la réalité du monde actuel qui s’imposent. Par exemple en substituant les droits de veto des 5 membres permanents en une pondération de leur vote qui pèsera pour 30 voix pour les USA, la Russie et la Chine, 10 voix pour la GB et la France, et pour des nouvelles puissances (Brésil, Indonésie, Inde, Nigeria, Afrique du Sud). Redonnons une espérance à la communauté des Nations réunie dans une ONU réformée qui, par la justice, empêchera la guerre, cette guerre que la puissance des engins de mort, peut signifier la fin de l’humanité.
L’Histoire est folle mais pas toujours dans le mauvais sens.
Olivier Field
Un peu de protohistoire pour comprendre l’origine du mot « Frontière » (pour ceux qui veulent).
Avant l’organisation matriarcale, les hommes erraient d’un lieu à l’autre, étrangers au sol qu’ils occupaient.
Les Déesses-Mères, en organisant le travail, divisèrent le sol et le délimitèrent pour les travaux agricoles. Elles donnèrent aux hommes la part de terre qu’ils avaient à cultiver. De là vint le mot tenancier, qu’on retrouve dans le vieux mot latin tenere (tenir ; celui qui a).
Mais le tenancier devait donner une part de ses produits à la Mère, à l’organisatrice, dont le rôle moral, maternel, éducateur, n’était pas producteur des biens matériels nécessaires à la vie. Il fallait donc que l’homme travaillât pour elle et pour les enfants de la collectivité. Il faisait cinq parts du produit de sa terre, en gardant quatre et donnant la cinquième à sa Maîtresse. Le travail que représentent ces quatre parts a eu des appellations restées dans les langues. Ainsi, « arbé », dans les langues celtiques, veut dire quatre. De là s’est formé « arbeit » qui, en celtique, signifie « travailler » (en allemand « arbeiten »).
Arabe est le nom donné à ceux qui étaient soumis à cette redevance (« arba’a » : quatre en arabe).
Arabe ne serait pas un nom de peuple, mais un nom générique désignant celui qui travaille la terre. Arare veut dire labourer.
Les Bretons étaient quelquefois appelés arbi (hébreu, heber, arabe), ceux qui travaillent.
Chez les Celtes, où « Vyer » signifie quatre, la grange dans laquelle se gardaient ces quatre parts fut appelée « Vyer heim » (« vyer », quatre, « heim », demeure), d’où nous avons fait « ferme ».
Le souvenir du cinquième lot payé à la Maîtresse laisse également des traces dans le mot « five », qui signifie cinq et dont on fait « fief ».
Une ferme s’appela « quinta » chez les Ibères. Le grec « pente », cinq, forma le latin « penaere », payer l’impôt.
Et, si nous poussons plus loin, nous trouvons que, dans la langue géorgienne, cinq se dit « chuth », qui n’est que le « schot » celtique, tribut. En Corée, cinq se dit « tasel », désignant par son nom même la taxe imposée au tenancier.
La personne à qui était payé l’impôt s’appelait Fron (Frau, Dame). La terre de son obédience prit le nom de « Fron-terre », dont nous avons fait frontière.
L’homme tenancier se fixa sur le sol où il errait auparavant sans s’y intéresser. A partir de ce moment, il contracta des habitudes de permanence, et cela eut un retentissement sur sa vie morale ; ses affections passagères devinrent plus durables quand il demeura dans un même lieu. Mais ce fut aussi le commencement de l’idée de propriété foncière, qui devait avoir un si triste avenir à cause de l’exagération que l’homme met dans tout ce qu’il fait, et à cause aussi de ce manque de jugement qui l’empêche d’apercevoir les causes naturelles des choses, surtout du Droit des Femmes, ce privilège donné à l’autre sexe et dont il ne comprend pas le motif.
C’est ainsi qu’avec le temps les hommes commencèrent à trouver bien lourde leur sujétion. Ils travaillaient sur un sol dont ils n’héritaient pas (la fille seule héritait). On vit alors des hommes, plus audacieux que les autres, s’attacher à la Maîtresse et prétendre partager avec elle la redevance des tenanciers.
Alors le cinquième donné fut divisé, et chacune de ses deux moitiés devint un dixième (la Dîme).
C’est ainsi que Joseph, à la cour de Pharaon, régla la taxe du peuple (Genèse, XLI, 24).
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