Par Sylvain Rochex
Dans la situation où vous avez de l’argent en stock, quelle est l’opération la plus difficile psychologiquement : acquérir de nouveaux objets ou vous séparer d’objets ? Idem : augmenter vos surfaces d’habitations ou professionnelles, ou les réduire ? Qu’est-ce qui est le plus éprouvant ? Qu’est-ce qui demande le plus d’énergie tactique, stratégique et spirituelle ? Qu’est-ce qui demande le plus d’adaptation, de courage et d’habileté ? Croître ou décroître ?
Réussir à faire avec plus de moyens, plus d’esclaves énergétiques, ou avec toujours moins, quel est le défi le plus dur ?!!
Il semblerait que pour notre société débile, la croissance soit perçue comme plus difficile que la décroissance… Vu l’intérêt qu’on porte à la première et le mépris pour la deuxième.
Pour la croissance, il faudrait appliquer, pense-t-on, un travail positif et pour la décroissance, il y aurait un travail nul à fournir ou celui de tout brûler…Donc, on valorise la croissance, et on dévalorise la décroissance. Et celui qui travaille à la décroissance est même littéralement attaqué de toutes parts. Il est attaqué car dans les esprits il ferait une sorte d’antitravail.
C’est le monde à l’envers, puisqu’en réalité décroître est beaucoup plus dur que croître. Décroître demande beaucoup plus de travail, d’efforts, et de recherches, que croître. (même si on ne rencontrait pas par dessus le marché les attaques sociales)
Et voilà plus d’un demi-siècle que l’humanité a besoin de décroître pour restaurer les équilibres biologiques, pour arrêter de détruire les ressources de la planète.Et en 2022, nous continuons perpétuellement d’attaquer à la fois ceux qui font le travail le plus nécessaire, mais donc aussi le travail plus dur. Non seulement, nous ne prêtons pas main forte, mais c’est pire que ça, notre société a jusqu’ici toujours attaqué les décroissants.Toutes les aides institutionnelles, civiles, et associatives, toute la recherche devraient se tourner vers la décroissance et vers ceux qui y travaillent, pour les aider à élaborer les nouveaux systèmes décroissants. Mais il n’en est rien.
Exemple cardinal : la pharmacologie. En situation de croissance, la pharmacologie est absente, on s’obnubile sur la partie remède, on occulte la toxicité, voire on développe la partie toxique si elle offre des débouchés en terme d’argent gagné. En situation de croissance, la fin (l’argent) justifie tous les moyens. A l’inverse, en situation de décroissance, l’optimisation pharmacologique va être extrême et toujours remise en question. La partie toxique sera sans cesse étudiée sans jamais se voiler la face. Bien faire, bien vivre, avec toujours moins va demander des efforts intellectuels, de conception et d’élaboration d’une précision chirurgicale.Voilà pour la pharmacologie.
Dans le champ psychologique, décroître est une opération particulièrement difficile dans une société de consommation, de croissance et d’abondance. Il est en effet plus facile d’ajouter des nouvelles activités, des nouveaux aliments, des voyages et des objets techniques, que de faire le mouvement inverse. Réduire n’est pas chose facile. Se restreindre idem. Ça semble une évidence dit comme ça. Mais alors pourquoi attaquer ceux qui le font, et pourquoi ne pas les aider, les encourager et participer à ces recherches décroissantes ?
Pourquoi en 2022, la valeur ne s’est-elle toujours pas décalée de la croissance vers la décroissance ?
Pourquoi continuons-nous d’être impressionné par celui qui croît et non par celui qui décroît ?
Pourquoi les femmes continuent de valider sexuellement les hommes en situation de croissance ?
Pourquoi les parents continuent de valider leurs enfants uniquement sur des parcours de croissance ?
Et d’où peut bien venir cette idée complètement saugrenue que celui qui cherche la décroissance n’a pas besoin d’aide ? Comme si la décroissance était un nihilisme, une sorte de chemin vers la mort. C’est pourtant exactement le contraire. La décroissance est le chemin vers plus de vie, et il est le chemin le plus difficile, donc celui qui demande le plus de concours.
La décroissance, c’est aussi le minimalisme. Alors à nouveau, je vous le demande c’est quoi le plus difficile : avoir 5000 objets ou trouver comment vous en sortir avec 100 ? Et donc ensuite, c’est quoi le plus profitable pour la vie sur terre : s’en sortir avec 100 ou avoir besoin de 5000 ?
Et donc, pourquoi on ne travaille pas tous ensemble à l’optimisation de ces 100 objets ? Pourquoi on n’aide pas ceux qui font cette recherche ? Et surtout, PIRE, pourquoi on leur tape dessus ?!! (depuis au moins 50 ans)
Car c’est peut-être ça le véritable problème : ce n’est même pas tout à fait l’absence d’aide, mais les bâtons dans les roues et les attaques.On est dans une société qui ne se contente pas de ne PAS aider les décroissants alors qu’elle devrait le faire. On est dans une société qui traque et qui attaque tous les jours les décroissants.Si on en restait à l’absence d’aide, les décroissants pourraient avancer dans leur coin bon an mal an et faire tâche d’huile. Mais on est toujours face à des opérations visant à détruire les profils et les projets décroissants.
Aider la décroissance, ça serait pourtant la seule politique qui vaille. Réduire, simplifier, devenir tous minimalistes, se contenter de peu, avoir peu d’outils, peu de choses, c’est la plus importante des recherches mais que cette société n’a même pas encore commencé en 2022… Et concernant les quelques rares qui y vont quand même, on leur crache dessus, on leur met des bâtons dans les roues avec une véritable rage. Cette rage venant de ce refus à ce que jaillissent les preuves de nos erreurs individuelles et collectives étalées sur des siècles. « Les Hommes, unis entre eux dans l’erreur » (Tolstoï)
Mais jusqu’à quand va-t-on refuser de voir nos erreurs en face ? Jusqu’à quand allons-nous vouloir tuer celui qui nous démontre qu’on peut faire mieux avec 100 plutôt qu’avec 5000 ? A quel moment allons-nous enfin l’aimer, le remercier et l’imiter ? A quel moment allons-nous nous ajouter pour améliorer cette recherche pour passer de 100 à 50 et de 50 à 25 ? A quel moment l’humanité va-t-elle chercher enfin à s’optimiser elle-même au lieu de se vautrer ? A quel moment allons-nous découvrir le domaine du choix, de la décision, au lieu de se vautrer dans l’infini des possibles et dans l’obésité à en exploser ?Toujours moins ou toujours plus ? Ce n’est toujours pas l’heure de bifurquer ?!!!
Quel niveau de destruction et de mort allons-nous devoir atteindre pour qu’advienne l’ère du choix, de la décision et de l’optimisation RÉELLE ?
Quel niveau de destruction et de mort allons-nous devoir atteindre pour qu’on se focalise tous sur l’essentiel, uniquement l’essentiel ?
Sylvain Rochex – 30 mars 2022
« Un café bien serré ….. avec des croissants ! »
Il faut se dire que CERTAINS fort peu nombreux jouissent d’une croissance qui leur donne l’illusion de prélever toujours plus d’argent et de pouvoir sur le reste de la planète, humains, animaux, plantes, TERRE. Comme déjà il possèdent les moyens de propagande, ils ne s’en privent pas, donc 99% de nos concitoyens finissent par considérer que la croissance c’est bien.
Bien entendu, que gaspiller les fruits de la planète, ce n’est pas bien. Il est bien plus intelligent de se servir d’objets indispensables, très robustes, indéfiniment réparables, et indémodables parce qu’ils ne sont pas conçus ainsi, et de préférence que ces objets soient collectifs. Changer de façons de procéder ne serait même pas difficile, si « la pub » incitait à aller dans ce sens.
la pub? connait pas. Pour moi cela se nomme de la réclame.
l’essentiel ? j’ai compris. Le petit prince.
On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux
il est aussi ‘difficile’ de faire de la croissance, que de la décroissance.
C’est le même process d’optimisation, d’efficience.
A la différence que le choix entre la croissance ou décroissance doit se faire en fonction des ressources disponibles, et ce choix détermine les stratégies à mettre en oeuvre.
Actuellement, l’accumulation infinie de profit tel que le « vante » le capitalisme s’est basé sur des ressources infinie (virtuellement)… Seront ils capablent de comprendre que certains « pics » ont étés dépassés et qu’il faut maintenant envisager de nouvelles compétances pour faire face au futur !!!!
Et qu’on ne me « vante » pas que la technologie va nous sortir de là… c’est maintenant qu’il faut faire un plan, pas dans 20…30 ans
Depuis tout petit on nous a appris qu’il faut avoir, l’éducation a éteint les feux pour nous remplir de choses inutiles à notre évolution spirituelle, tout ça pour nous conditionner à faire toujours plus d’argent, être de bon petit pion qui rapporte, car l’argent permet d’acheter, de faire marcher l’immobilier, les assurances, les commences, le système entier… C’est pour ça qu’ils ne veulent pas que les hommes s’émancipent et ailles vers plus d’autonomie alors qu’il y a un mouvement en ce sens de plus en plus pressant.
Chaque humain qui arrive sur cette terre devrait recevoir un bout de terrain pour sa survie, mais à la place de ça, on lui impose de travailler pour gagner sa vie, mais qui dit ça ? La vie nous est donnée nous n’avons pas à la gagner !
Vous comprenez que ce système n’est plus viable parce qu’il n’est pas basé sur le partage équitable et fraternel, l’entraide. Beaucoup de gens essaient de s’en extraire pour devenir autonome et aller vers l’essentiel et ils ont raison, la surconsommation tue notre planète et ne respecte plus le vivant. Ce n’est plus possible de continuer à vivre comme avant. Oui un système juste devrait soutenir la décroissance et même l’encourager.
la majorité des « bien lotis » ne voudrons jamais faire partie de cette décroissance (sauf si ils y trouvent un ‘benefice’ quasi immédiat en échange).
J’ai eu l’occasion de constater que le co-voiturage était stimulé par l’économie financière… c’est une bonne chose pour ‘rogner’ sur son confort personnel. C’est une bonne 1er idée… un ptit pas
Ne dites pas n’importe quoi, !a décroissance cela n’existe pas !
Ce n’est que de la positive croissance inversée.
Chaque langue a son expression pour le dire: « i morti di fame », « jae / joa », « crève la faim ». Expression qui n’est pas à prendre au pied de la lettre, justement du fait qu’elle ne cible en général pas des indigents ou des miséreux: cette expression dénonce surtout un certain type de mentalité, ayant trait à la peur de manquer. Les gens souffrant de ce syndrome ne pourront au grand jamais consentir à réduire leur train de vie, leurs exigences, leurs prétentions. La vie est résilience, flexibilité, adaptation, mais pour eux c’est inimaginable, leur avidité sera toujours sans limite « quoi qu’il en coûte ». Et quand une civilisation tout entière souffre de ce même syndrome, à nous la peur. Elle préférera foncer dans le mur, sauter de la falaise comme une horde de lémuriens en folie, plutôt que de planter un moment les freins, le temps de se donner le temps de la réflexion. Le cerveau reptilien primitif qui se souvient de ce qu’a pu être la faim, le manque, il y a trois générations ou cent générations, ce cerveau reptilien l’emportera sur le néocortex trop récent sur l’échelle de l’évolution. A ce stade, seul le pire est raisonnablement prédictible. Et ceux qui s’en sortiront le mieux sont ceux qui en ont l’habitude, qui n’ont rien, et donc rien à perdre.
Je suis d’accord avec vous, il est clair que la décroissance,ce n’est pas pour demain et elle se fera dans la douleur pour ceux qui ont peur du manque, donc une grosse majorité.
Le gros problème de cette mentalité est qu’elle passe par l’éducation qui fait cruellement défaut en ces temps, avant on faisait attention à nos affaires et on nous apprenait la valeur des choses, on réparait maintes fois les objets, les faisant perdurer le plus possible jusqu’au moment inéluctable ou ces choses étaient tellement abimées que leur remplacement était nécessaire ( on acquérait des compétences en bricolant par la même occasion)maintenant on achète, on balance dès que le nouveau merdier à la mode est sorti (merdier qu’on tente de rendre irréparable par les vis ou la conception), on épuise toutes les ressources pour des plaisirs instantanés et éphémères, on ne donne plus de valeur réelle aux choses sinon celles du prix sur l’étiquette, pas de prise en compte des ressources utilisées pour elles et ce que ça englobe comme responsabilités vis à vis des autres et du futur des autres qui suivent.(La terre ne nous appartient pas, ce sont nos enfants qui nous la prêtent).
Un exemple: ma nièce jouait sur sa tablette(ça fout la paix aux parents quand elle est dessus, facile l’éducation), celle ci la fait tomber sur le carrelage, ma soeur la rammasse, l’inspecte et lui redonne, pas pu resister, je demande à ma soeur « c’est une blague? tu ne lui dis rien? comment veux tu qu’elle respecte ses affaires en te comportant ainsi? c’est quoi le projet? elle la refait tomber et tu lui en rachète une autre dans la foulée?
J’ai donné cet exemple pour illustrer le comportement de beaucoup et le non sens de la situation actuelle découlant pour moi d’un oubli total des bases d’une éducation saine et responsable.