L’Ukraine et l’OSCE veulent que les négociations concernant le Donbass restent secrètes

Partagez ! Volti

******

Christelle Néant pour Donbass-Insider

Alors que la Russie, la RPD (République Populaire de Donetsk) et la RPL (République Populaire de Lougansk) insistent pour que les négociations menées dans le cadre du Groupe de Contact Trilatéral (GCT) soient enregistrées et publiques, l’Ukraine et l’OSCE insistent au contraire pour interdire tout enregistrement des discussions qui y ont lieu et les rendre totalement secrètes. Un secret qui permettrait de mentir sur ce qui se dit réellement lors des réunions, et de cacher ainsi qui sabote la mise en œuvre des accords de Minsk.

Les accords de Minsk dans l’impasse la plus totale

Sans surprise, la dernière réunion du groupe de contact trilatéral concernant la résolution du conflit dans le Donbass, qui a eu lieu les 13 et 14 octobre, n’a abouti à rien de concret. Sur le plan humanitaire, l’Ukraine cherche toujours des excuses pour ne pas procéder à l’apurement judiciaire des prisonniers rendus à la RPD et à la RPL. Apurement pourtant inscrit dans les accords de Minsk.

Sur le plan politique, la Rada (le parlement ukrainien) semble considérer qu’elle n’est pas tenue d’appliquer les accords de Minsk, comme l’a souligné la ministre des Affaires étrangères de la RPD, Natalia Nikonorova.

« L’incompatibilité entre la décision de la Verkhovna Rada sur les élections locales et le paquet de mesures n’a pas été éliminée, bien que la délégation ukrainienne se soit engagée à y remédier il y a deux mois. Il est évident que, selon le parlement, les représentants actuels de l’Ukraine à Minsk n’ont pas l’autorité nécessaire. Cette situation a également montré qu’il n’existe tout simplement pas de mécanisme pour la mise en œuvre d’éventuels accords, car pour le législateur ukrainien, la coordination de toute décision au sein du groupe de contact ne signifie rien.
Apparemment, les députés de la Rada pensent que, n’étant pas les signataires des accords de Minsk, ils n’ont pas à les respecter.
Pour tenter de surmonter ces tendances négatives, nous avons présenté une proposition de compromis qui pourrait sortir le processus de négociation de l’impasse. Nous avons proposé un projet de plan d’action global (feuille de route) pour le règlement du conflit conforme aux accords de Minsk, sur lequel tous les participants aux négociations ont accepté de travailler au départ.
Pour finaliser ce document, il suffisait de donner une instruction commune au groupe de travail sur les questions politiques. Cependant, cette fois, la partie ukrainienne, ayant exprimé sa réticence à travailler sur la base du document dont nous somme les auteurs, a retardé la discussion de plusieurs heures. Il est évident que de telles actions visent à bloquer le processus et à priver notre proposition de toute perspective 
», a déclaré Natalia Nikonorova.

Dans le groupe de contact en charge des questions de sécurité, l’Ukraine continue de bloquer la mise au point d’une procédure plus détaillée concernant le mécanisme de coordination des violations avec l’aide du CCCC (Centre Conjoint de Contrôle et de Coordination du cessez-le-feu), confirmant ainsi son retrait des mesures additionnelles de contrôle de la trêve.

L’Ukraine et l’OSCE veulent des négociations secrètes sur le Donbass

Comme l’ont souligné la Russie, la RPD et la RPL, les accords de Minsk sont plus que jamais dans l’impasse à cause de l’attitude destructrice de l’Ukraine, qui profite de l’absence de processus clair fixant l’enregistrement des négociations et des décisions prises lors des réunions au format vidéo-conférence imposées par l’épidémie de coronavirus, pour revenir sans cesse sur ce qu’elle a promis oralement de faire.

Une exigence qui contraste avec les fuites d’enregistrements audio des négociations côté ukrainien, comme l’a souligné le ministère des Affaires étrangères de la RPD.

« Nous pouvons également constater l’incohérence des positions de nos interlocuteurs sur les questions de procédure des réunions du groupe de contact. Exigeant avec insistance la confidentialité et l’interdiction de tout enregistrement audio et vidéo du processus, la partie ukrainienne autorise les fuites d’enregistrements audio, qu’elle prétend « ne pas faire », » peut-on lire dans le communiqué du ministère publié à l’issue de la dernière réunion.

Et non seulement l’Ukraine insiste pour maintenir le secret des négociations concernant la résolution pacifique du conflit dans le Donbass, mais voilà que Kiev est soutenue par l’OSCE dans sa démarche destructrice.

Une attitude dénoncée non seulement par la RPD et la RPL, mais aussi par la Russie, qui insiste pour que les négociations sur la résolution du conflit dans le Donbass soient totalement transparentes.

« La délégation russe insiste sur le fait que les travaux du groupe de contact trilatéral doivent bénéficier d’un accompagnement informationnel inconditionnel, le plus ouvert et le plus complet possible », a déclaré Boris Gryzlov, le représentant russe au sein du groupe de contact.

« L’OSCE a préparé pour la réunion d’aujourd’hui un projet de règles sur l’accompagnement informationnel du processus de négociation. Toutefois, dans la formulation proposée, le projet ne peut être soutenu par les participants à la réunion », a-t-il ajouté.

Pour Boris Gryzlov, l’Ukraine essaye en imposant, avec l’aide de l’OSCE, la confidentialité des négociations sur le Donbass, de cacher sa responsabilité dans le conflit et dans le sabotage des accords conclus. En effet, depuis le début, l’Ukraine passe son temps à déformer le contenu des négociations menées avec les républiques du Donbass, et à mentir sur les accords conclus (par exemple en niant le fait que Kiev doit inclure le statut spécial du Donbass dans sa constitution).

L’OSCE en soutenant la position destructrice de l’Ukraine concernant le secret des négociations sur le Donbass, est en train de finir de détruire le peu de crédibilité qui lui restait en tant que médiateur dans ce conflit.

Afin d’identifier qui bloque la mise en œuvre des accords de Minsk, il faut absolument que les réunions de négociation soient enregistrées et publiques. Ce n’est qu’à travers une transparence totale qu’il sera possible de déterminer qui refuse d’appliquer les accords signés, et qui empêche donc le conflit du Donbass d’être résolu de manière pacifique.

Le fait que l’Ukraine et l’OSCE insistent pour que les négociations sur le Donbass restent secrètes indique clairement quelle partie au conflit veut cacher sa responsabilité dans le sabotage des accords de Minsk.

Christelle Néant