« Nous aurons un gouvernement mondial, que cela plaise ou non. La seule question sera de savoir si il sera créé par conquête ou par consentement. » Paul Warburg Grand banquier, premier président du CFR en 1920. Partagez ! Volti
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Christelle Néant pour Donbass-Insider
Aujourd’hui 9 juin 2020, le FMI doit approuver (ou non) le plan d’aide de 5 milliards de dollars à l’Ukraine pour l’aider à faire face à la pandémie de coronavirus. S’il faut attendre la décision du Fonds pour avoir le détail exact des mesures que doit prendre l’Ukraine dans le cadre de cet accord, des informations ont déjà fuité et soulèvent des inquiétudes sur le fait que Kiev perdrait totalement sa souveraineté en échange du prêt du FMI.
Les nouvelles exigences du FMI pour l’Ukraine
Après avoir voté la levée du moratoire sur la vente des terres agricoles et la loi dite « anti-Kolomoïski », pour se conformer aux exigences du FMI, il semble donc que l’institution soit prête à enfin débloquer de nouveaux fonds pour l’Ukraine.
Sauf qu’on est passé d’un programme de financement étendu de trois ans qui devait atteindre les 10 milliards de dollars d’après Zelensky, à un programme de secours de 18 mois de 5 milliards de dollars. Le type de programme d’aide normalement accordé aux pays qui sortent de la dictature, ou d’une économie socialiste planifiée ! Ce que l’Ukraine n’est plus, normalement, depuis longtemps. Résultat à Kiev ça commence à grincer des dents.
Car même pour obtenir cette « aumône », il semble que l’Ukraine va devoir se plier à des conditions que beaucoup jugent inacceptables.
D’après Rouslan Bortnik, politologue, et directeur de l’Institut ukrainien d’analyse et de gestion politique, voici 10 points du mémorandum entre l’Ukraine et le FMI qui auront un impact important sur le pays :
1. L’introduction de la gestion externe du système financier du pays (la Banque nationale, selon le mémorandum, est obligée de maintenir l’inflation à 5 %, ce qui stoppera la croissance du PIB).
2. Destruction du système de santé et du système éducatif, via la poursuite des réformes catastrophiques de l’ex-ministre de la Santé, madame Souproun (surnommée docteur « de la mort » à cause de ses réformes justement), et la réduction du nombre d’écoles dans le pays.
3. Augmentation de l’âge de la retraite et baisse généralisée des dépenses tant pour les retraites que pour toutes les allocations sociales. En clair il n’y aura pas de hausse des retraites, alors que ces dernières en Ukraine sont d’un montant dérisoire.
4. Poursuite des faillites de banques et mise en place d’une « renonciation de l’investisseur national ». Résultat ceux qui sont impliqués dans la fermeture d’une centaine de banques en 2014-2018, comme Porochenko et Gontareva ne seront pas considérés comme responsables pour leurs actions.
5. Mise en place d’un contrôle externe de la justice ukrainienne, via la nomination des juges qui devra être supervisée par des experts étrangers (sic). Là pour l’indépendance et la souveraineté nationale on repassera.
6. Nouvelle hausse des tarifs des logements et des services communaux. Or les Ukrainiens n’arrivent déjà plus à payer leurs factures après que les prix du gaz, de l’eau, de l’électricité et du chauffage ont été multipliés par un facteur allant jusqu’à 10 en quelques années !
7. Privatisation du port d’Odessa et de Centrenergo (une importante entreprise de production d’énergie électrique du centre et de l’est de l’Ukraine) et de toutes les autres grandes entreprises du pays.
8. Mise en place d’un contrôle externe sur le marché foncier. Pour faire simple c’est le FMI qui décidera du plafond de surface qui sera achetable (et je vous épargne le suspens ce sera plus que 1 000 hectares par personne), et de l’ouverture du marché foncier aux étrangers. Ceux qui ont cru les promesses de Zelensky sur le référendum visant à décider de ce dernier point vont vite déchanter. Cette loi a été votée pour se conformer aux exigences du FMI et c’est lui qui décidera de ses modalités. Pas le gouvernement ukrainien, et encore moins le peuple.
9. Augmentation de l’influence du Bureau national anti-corruption et de son chef Artiom Sytnik.
10. Interdiction pour l’État ukrainien de soutenir l’économie et l’industrie nationales. Et ce alors que l’aide du FMI est officiellement prévue pour aider à faire face aux conséquences du coronavirus, et que parmi ces conséquences, l’impact des mesures de quarantaine sur les entreprises et l’économie du pays nécessitent justement une aide de l’État pour éviter la faillite généralisée !
Pour Rouslan Bortnik, ce mémorandum « ne peut pas être signé dans sa forme actuelle », et il faut « poursuivre les négociations et chercher d’autres sources pour combler le déficit du budget » de l’Ukraine.
L’Ukraine brade sa souveraineté
Le politologue Evgueny Boulavka, a souligné que la Russie pourrait être une alternative au FMI, mais que le problème est là plus d’ordre politique qu’économique. Les autres acteurs comme la BERD ou la Banque Mondiale auraient pu être une alternative aussi, si l’Ukraine n’était pas considérée comme peu fiable.
Une évaluation confirmée par l’effondrement du marché de l’énergie en Ukraine, qui a provoqué une fuite des investisseurs occidentaux dans ce secteur.
Pour certains, la faute de ce mémorandum inacceptable repose sur les négociateurs ukrainiens qui n’ont pas su défendre leur position. Une vue partagée par Alexeï Kouchtch, économiste et expert à l’Institut Growford.
« C’est le mémorandum le plus désastreux que l’Ukraine ait jamais signé. On peut en partie blâmer le FMI. Mais si les négociateurs du côté ukrainien se comportent de manière aussi inconsidérée, alors c’est un péché de ne pas profiter de la situation », a-t-il déclaré.
L’économiste a souligné que même décider de la structure d’entreprises comme Naftogaz n’est désormais plus du ressort du gouvernement ukrainien, qui doit obtenir le feu vert de l’étranger. Pour lui, l’Ukraine brade sa souveraineté pour des crédits de plus en plus petits.
« Plus nous perdrons notre souveraineté, moins ce qu’il en reste coûtera cher. C’est comme au marché, quand le vendeur vend toute sa viande et donne le dernier morceau pour la moitié du prix. Auparavant, notre souveraineté coûtait cher et on nous donnait des programmes pour 16-17 milliards de dollars, mais maintenant ce qui reste est à 5 milliards de dollars et les exigences sont énormes. Si cela va plus loin, le solde final de notre souveraineté et les actifs nationaux seront cédés pour un milliard de dollars », a-t-il conclu.
Lorsque j’avais titré que Zelensky avait perdu le droit de parler de l’intégrité territoriale de l’Ukraine après la levée du moratoire sur la vente des terres agricoles, en disant qu’il avait bradé le pays pour un prêt du FMI, certains avaient trouvé que c’était exagéré. Mais en réalité, c’était parfaitement juste.
Ce mémorandum, s’il est approuvé tel quel n’est ni plus ni moins que l’officialisation de la mise sous tutelle de l’Ukraine par le FMI, et donc par les pays occidentaux, en échange de 5 malheureux milliards de dollars. Si ce mémorandum est validé en l’état, l’Ukraine n’est plus un pays souverain, mais une simple colonie, à qui on dicte qui seront ses juges, sa politique économique, sa politique en matière de santé et d’éducation, et même la structure de ses entreprises d’État avant qu’elles ne soient vendues pour une bouchée de pain, en échange de trois breloques qui éviteront juste au pays de couler totalement et de faire officiellement faillite !
La somalisation de l’Ukraine se poursuit à vitesse grand V, avec l’aide du FMI qui fait tout pour que le pays s’enfonce toujours plus, afin de le placer en position de faiblesse lorsqu’il viendra mendier les prochaines miettes que le Fonds voudra bien lui jeter, et pouvoir ainsi lui imposer des exigences de plus en plus lourdes.
Voilà où a mené la politique russophobe de l’Ukraine post-Maïdan. La ruine économique et financière, et la somalisation du pays qui se retrouve à devoir accepter toujours plus de sacrifices payés au prix fort par sa population, pour des miettes de plus en plus petites jetées par l’Occident.
Voilà ce que Viktor Ianoukovitch, le président ukrainien de l’époque, avait refusé en 2013 ! Voilà pourquoi il s’était tourné vers la Russie. Parce qu’il avait compris vers quel bourbier l’accord avec l’UE allait mener le pays, et que l’aide de la Russie serait bien plus conséquente et moins contraignante pour l’Ukraine.
Sauf à revenir rapidement et brutalement sur les choix qui ont été fait en 2014, il ne reste désormais à l’Ukraine qu’à boire le calice du FMI jusqu’à la lie.