Que va-t-il se passer après cette méga crise sanitaire ? Ça rejoint ce que nous disons et craignons depuis longtemps, la disparition de la monnaie telle que nous la connaissons. Analyse des possibilités avec Vincent Held. Partagez ! Volti
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Source Liliane Held Khawam
Avant-propos: Le temps est venu de vivre ce que Vincent Held nous annonçait dans son livre Après la crise, Chronique de l’émergence d’un Nouvel Ordre Monétaire International.
Je voulais juste informer ceux qui se réjouissent de ces mesures, que « l’hélicoptère monétaire » est une idée purement néolibérale. Elle a été promue par l’économiste Milton Friedman. Voir ICI
Tout cela est d’ailleurs concocté dans les antres de l’appareil globaliste 100% néolibéral. Il est bien sûr aux mains de ceux qui ont mis sur l’ensemble des capitaux et ressources en tous genres de la planète. Voir ICI
Le nouvel ordre monétaire international est déjà là, un des fruits récoltés par l’élite financière suite à son magistral coup d’Etat planétaire.
LHK
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Les États-Unis en mode « Big Reset »
Alors que toute notre attention est focalisée sur une crise sanitaire aussi insaisissable qu’angoissante, des évolutions historiques majeures se préparent sous nos yeux, sans même que nous nous en apercevions. C’est le cas, en particulier, dans le domaine économique.
D’après le célèbre magazine Forbes en effet, les États-Unis viennent de créer un dollar électronique. Ou plus précisément : un dollar sous forme de monnaie digitale de banque centrale (Central Bank Digital Currency – CBDC).
Ceci signifie ni plus ni moins que l’arrêt de mort de notre système monétaire actuel, caractérisé par :
1) le contrôle total de la finance privée sur la création monétaire ;
2) la prépondérance du dollar dans les échanges internationaux.
Pour déployer son «hélicoptère monétaire», c’est-à-dire permettre à la Réserve fédérale de transférer de l’argent directement aux citoyens et aux entreprises américains, Donald Trump doit en effet reprendre le contrôle de sa monnaie, aujourd’hui entre les mains des grandes banques.
La nouvelle monnaie électronique américaine va donc permettre à la Réserve fédérale de créer de l’argent et d’en disposer à sa guise, ce qu’elle ne peut actuellement pas faire. Sur le plan pratique, la Réserve fédérale va ouvrir un compte à chaque citoyen américain et à chaque entreprise « éligible au stimulus » pour leur donner accès à ces « dollars électroniques ». Les uns et les autres n’auront ainsi plus simplement un compte en banque, mais des avoirs en monnaie digitale (wallet) déposés directement auprès de la banque centrale.
« Carmelle Cadet, fondatrice et CEO d’EMTECH, une société de technologies et services modernes pour banques centrales […] a récemment lancé une initiative aux États-Unis […] pour garantir que les personnes sans affiliation bancaire […] recevront les paiements du stimulus économique. » (Forbes, 23/03/2020)
A noter que cette décision de changer de système monétaire ne peut pas être prise par un pays seul, puisqu’elle concerne l’ensemble du système monétaire international. En d’autres termes : un changement coordonné de système monétaire va avoir lieu à brève échéance – et ce, dans le monde entier !
Or, cette transition historique ne se fera sans doute pas totalement sans heurts…
Plusieurs scénarios pour le Grand Reset
« [Christine Lagarde] va réaliser – en fait, elle le sait déjà […] qu’il lui reste très peu de munitions. […] Nous allons vivre un changement de régime en matière de politique monétaire. […] l’Europe sera sans doute la première à mettre de l’argent directement dans la poche des consommateurs et des entreprises » [1]
Voilà ce qu’expliquait en août dernier l’ancien président de la Banque nationale suisse (BNS) Philipp Hildebrand, qui conseille aujourd’hui la Banque centrale européenne (BCE) en tant que vice-président du méga-fonds d’investissement BlackRock. « L’hélicoptère monétaire » voulu par Donald Trump apparaît donc non pas comme un choix volontaire, mais comme un choix forcé. Car la situation économique pourrait subitement se dégrader à tel point qu’il faudra absolument soutenir les citoyens à l’aide de subventions pour assurer leur survie…
Mais que va-t-il donc nous arriver ?
Sans entrer dans trop de détails sur la manière dont la crise financière de 2007-2008 a été mise sous le tapis plutôt que résolue, il nous faut ici introduire la notion de Big Reset. Car ce terme, inventé par le journaliste économique néerlandais Willem Middelkoop, allait être adopté dès janvier 2014 par Christine Lagarde. Soit quelques jours à peine après la sortie du livre éponyme de M. Middelkoop !
Or, comme celui-ci l’explique sans ambages, le «Reset» va consister, pour nombre d’États surendettés (et « en particulier les pays du Sud » de l’Europe), à faire défaut sur leur dette. Le risque étant que cette dette soit compensée en supprimant «de l’épargne et des fonds de pension»…
«A un [certain] moment après 2015, une part de l’épargne et des fonds de pension pourra être utilisée pour réduire la dette». [2]
Même si ses explications sont volontairement peu claires, M. Middelkoop laisse en réalité envisager plusieurs scénarios, que nous allons tenter de formuler ici dans nos propres termes et au mieux de nos connaissances :
- Le scénario-catastrophe de la déflation : Les dettes étatiques seraient compensées par la confiscation d’avoirs bancaires, ainsi que le prévoient aujourd’hui les législations « bail-in » en vigueur dans la plupart des pays occidentaux (cf. illustration ci-dessous). Dans ce cas de figure, la déflation créerait un véritable tsunami financier, des masses d’emprunteurs devenant subitement incapables de rembourser leurs dettes – voire simplement d’en payer les intérêts. Le marché immobilier serait alors particulièrement touché, énormément d’emprunteurs étant voués à perdre la propriété de leur bien. La crise ferait boule de neige, rendant inévitable un sauvetage en continu du système financier. Ce scénario apocalyptique est parfaitement compatible avec la « décroissance économique » en pente raide réclamée par certains groupes d’intérêts au nom de « l’urgence écologique ».
- Le scénario d’un choc inflationniste redistributif : Au lieu de confisquer l’épargne, les banques centrales pourraient utiliser leur tout nouveau pouvoir de création monétaire pour recapitaliser directement le système bancaire, à l’aide d’injections d’argent frais. Dans ce cas de figure, les emprunteurs se verraient subitement allégés d’une part importante de leur dette (20 pourcents ? 30 pourcents ? plus encore ?). Les personnes endettées bénéficieraient alors d’une sorte « d’année de jubilée » biblique, pour reprendre l’expression de Willem Middelkoop, alors que les détenteurs d’obligations seraient les grands perdants (fonds de pension). La redistribution de richesse du secteur financier (détenteurs de la dette) vers le public (emprunteurs d’hypothèques, de leasings, etc.) pourrait contribuer à relancer la demande pour faire repartir l’économie au plus vite.
- Le scénario mixte d’une déflation compensée après-coup par des injections monétaires de même ordre de grandeur : Dans ce cas de figure, la limitation de l’inflation serait plus clémente pour les fonds de pension, dont les placements en obligations seraient moins entamés que dans le scénario précédent. Les personnes qui font confiance au système bancaire pour protéger leurs avoirs seraient en revanche plus fortement sollicitées – y compris éventuellement via des expropriations physiques (coffres…).
Le premier scénario nous semble pouvoir être éliminé d’office. Donald Trump souhaitant être réélu, cette option paraît en effet totalement impraticable. Ainsi, les dirigeants politiques d’autres pays qui s’engageraient tout de même dans cette voie extrémiste risqueraient-ils fort d’être considérés par leurs administrés comme des criminels – à juste titre, sans doute. Il serait ainsi difficile de ne pas faire suivre des confiscations bancaires de grande ampleur par un paquet de mesures conséquent, tel que celui que préparent les États-Unis en ce moment.
Par ailleurs, en se revendiquant des idées de Willem Middelkoop, Christine Lagarde indique qu’elle est bien consciente de l’existence d’alternatives bien moins dévastatrices pour l’économie et la société (cf. le concept biblique de « l’année du jubilée »). Le choix va donc clairement se situer entre les scénarios nº 2 et 3. A entendre Willem Middelkoop, il s’agira d’ailleurs plutôt du scénario 3, étant donné sa conviction que les « épargnants » bancaires feront partie des perdants, indépendamment de la manière dont ils placent leur argent…
Alors que faire ? Eh bien, en tout état de cause, les banques sont toujours ouvertes…
Par Vincent Held, auteur du Crépuscule de la Banque nationale suisse, d’Après la crise et d’Une civilisation en crise, Éd. Réorganisation du Monde, janvier 2020.
LE « GRAND RESET » SELON WILLEM MIDDELKOOP ET CHRISTINE LAGARDE
Notes
[1] « BlackRock’s Hildebrand Tells Europe Cash Handouts Should Be Next », Bloomberg, 15/08/2019
[2] cf. « Willem Middekoop Interview – The Big Reset » sur Youtube : «Er wordt toegewerkt naar en moment na 2015 dat en deel van het spaar en pensioengeld gebruikt kan worden om die schuldenberg kleiner te maken.»
Vincent Held