IA, 5G, Linky : innover pour aggraver la crise sociale et écologique..

De bonnes raisons de se méfier du tout connecté. Partagez ! Volti

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Source Pièces et Main d’Oeuvre

Pixabay/Virtual Réality

Depuis quelques années, les élites françaises et mondiales se prosternent devant une nouvelle idole : l’intelligence artificielle (IA). A peine élu, Macron en a fait une priorité : il commande un rapport à Cédric Villani, mathématicien opportuniste qui vient de rejoindre son parti, et débloque un milliard et demi d’euros pour financer la recherche dans ce domaine.

Car l’IA serait l’avenir de l’économie numérique, donc de la croissance. Il semble plus important d’investir là-dedans que dans l’éducation de nos enfants, pour lesquels il y a si peu d’argent que la réforme en cours (celle du ministre Michel Blanquer) prévoit de fusionner écoles et collèges, de confier des heures d’enseignement à des surveillants et de faciliter les « expérimentations pédagogiques »,notamment celles recourant aux outils numériques (comme les « didacticiels ») qui pourront se substituer aux surveillants une fois que ces derniers auront remplacé les profs. Invité par l’association Ecoter (pas pour écologie, mais pour « économie et territoire »), le lobby des milieux d’affaires tarnais, Villani vient défendre l’IA ce jeudi 4 avril 2019 à l’Ecole des Mines d’Albi.

Nous qui préférons les enfants intelligents aux machines soi-disant intelligentes, nous nous rassemblons à Albi pour alerter sur les nuisances de l’IA et du monde qui va avec Intelligence artificielle, automatisation du travail et chômage de masse. De l’avis des chercheurs, il est difficile de définir l’IA, qui relève pour certains du mythe. Mais les applications ne laissent guère de doute sur son rôle.

Traduction automatique, voiture autonome,traitement de données automatisé, etc. : il s’agit d’automatiser, c’est-à-dire de remplacer les humains par des machines informatiques qui imitent les capacités intellectuelles humaines de calcul, d’interprétation, de prise de décision, etc. De même qu’un bras artificiel sert à remplacer un bras naturel, l’IA sert à remplacer l’intelligence humaine nécessaire à l’effectuation de certaines tâches.

L’IA ne fait donc qu’actualiser l’une des plus vieilles stratégies capitalistes : partout où la main-d’œuvre est trop chère, indocile ou combative, l’intérêt des entrepreneurs est de délocaliser la production ou de l’automatiser en remplaçant les travailleurs par des machines. Certes, ces machines supposent d’investir de plus gros capitaux (elles renforcent donc le pouvoir du capital face au travail), mais elles permettent de faire plus de profit et, surtout, de se mettre à l’abri de la contestation sociale.

Selon un historien spécialiste du progrès technologique, l’automatisation des machines-outils dans les années 1970 (période de forte contestation) visait moins à augmenter la productivité qu’à court-circuiter les ouvriers potentiellement rebelles, afin que la direction puisse mieux contrôler la production (1). Une fois saisi ce principe du soi-disant « progrès » capitaliste, on comprend que le chômage de masse dont nous souffrons aujourd’hui, loin d’être un phénomène « naturel », est le produit artificiel de politiques rendant possibles les délocalisations (c’est la politique néo libérale de mondialisation depuis les années 1980) et l’automatisation de la production (c’est la politique d’innovation technologique, plus vieille encore).

Il ne faut pas se laisser berner par les promesses des promoteurs de l’IA : loin de créer des emplois, elle servira surtout à en détruire, comme les vagues précédentes d’innovations scienti-fric. Pour un emploi d’ingénieur créé dans la start-up Nation de Macron, elle en détruira 10 ou 1000 dans les classes moyennes et inférieures. Selon certaines analyses, c’est 50% des emplois, voire plus, qui seraient menacés à terme par l’IA !Intelligence artificielle, Big data et Big Brother Une telle casse sociale, on l’imagine, suscitera une révolte encore plus forte que celle des Gilets Jaunes. Il faudra donc, en parallèle, accroître la surveillance et la répression de la population. C’est déjà en marche, mais l’IA sera aussi utile à cette fin.

Car dans cette expression, « l’intelligence » doit être prise au sens anglais du terme (espionnage, comme dans CIA : Central Intelligence Agency). Comme l’explique Villani dans son rapport, l’IA ne pourra être efficace qu’à condition de disposer d’un maximum de données. Il y préconise donc de lever tous les freins à leur collecte, c’est-à-dire à ce qu’on appelle le Big data. Le lien entre IA, Big data et flicage ressort clairement quand on regarde qui investit là-dedans : les GAFA (notamment Facebook et Apple), ces multinationales du numérique qui se remplissent les poches en vendant nos données personnelles aux publicitaires et autres officines de manipulation de l’opinion ; l’armée américaine, qui y a investi 18 milliards en 3 ans pour réaliser des avions sans pilote ; les services de police américains, pour prévoir où et quand des délits pourraient être commis, ou mesurer les chances de récidives…

Pour collecter toutes ces données, il va falloir des capteurs et des antennes partout. La« voiture autonome » suppose la 5G, c’est-à-dire des antennes tous les 100 mètres en ville et plus de 20 000 satellites. De même, Enedis transforme nos compteurs électriques en « capteurs connectés », dits Linky. Ils lui permettront d’automatiser le relevé des compteurs et les coupes de courant pour les pauvres, mais aussi de collecter une foule d’informations sur notre vie privée, via les équipements électriques dont nous disposons. Pour exploiter ces milliards de données, il lui faudra de l’IA sous forme d’algorithmes explorant ces données afin d’en extraire celles qui pourront être revendues. Intrinsèquement liée au Big Data, l’IA sera forcément liberticide.

L’intelligence artificielle en marche pour foncer dans le mur

L’IA sert à automatiser et surveiller, mais ce n’est pas tout : tous les dispositifs ayant recours à l’IA aggraveront aussi le désastre écologique. Car ils supposent une augmentation infinie de la production de matériel informatique : ordinateurs, antennes 5G, data center, etc. Tout cela implique une croissance abyssale de la consommation d’énergie et de métaux, donc de la production minière,base de l’économie numérique comme de toute industrie.

De ce point de vue, venir parler d’IA dans une Ecole des Mines est on ne peut plus significatif. Car l’industrie minière est la plus polluante du monde, tant par ses émissions de CO2 que par les catastrophes irréversibles qu’elle entraîne régulièrement (pensons aux barrages de déchets qui cèdent). Loin d’être « immatérielle », l’économie numérique est aussi très polluante car les appareils qu’elle produit et que nous jetons de plus en plus vite sont impossibles à recycler tant ils sont miniaturisés. Bref, elle est un facteur de plus dans la fuite en avant vers le désastre écologique, qui s’accélère de jour en jour.

Ce n’est pas faute d’avoir été prévenus. Depuis plus de cinquante ans, des millions de gens tirent la sonnette d’alarme. Ils rappellent un principe simple : une croissance illimitée est impossible sur une planète aux ressources limitées. Ce principe qu’un enfant peut saisir, Macron, Villani et les entrepreneurs d’Ecoter ne l’ont pas compris. Ou plutôt, ils s’assoient dessus, emprisonnés dans leurs raisonnements économiques à court terme et aveuglés par les colonnes de chiffres auxquelles la réalité se résume selon eux. A moins qu’ils n’espèrent avoir assez de fric pour se mettre à l’abri des pires effets de la catastrophe – ce qui est malin, à défaut d’être intelligent

Avec des classes dirigeantes aussi méchamment stupides et myopes, on pourrait se réjouir du développement de l’IA, en imaginant qu’elle pourrait pallier leur déficit mental. Mais ce serait se mettre le doigt dans l’œil. Car l’intelligence artificielle, ce n’est qu’une aveugle capacité de calcul. Comme le rappelle le créateur du programme de dialogue automatique ELIZA, dont on équipe actuellement des robots pour tenir compagnie aux personnes âgées esseulées (autre« progrès social » que promet l’IA), son programme ne comprend rien, il ne fait que calculer les chances que telle réponse programmée corresponde plus que telle autre à telles informations perçues (ce qu’exprime la personne). Or, l’intelligence dont nous avons besoin est celle qui permet de voir la réalité en face et les limites qui la caractérisent, et de savoir s’arrêter avant qu’il ne soit trop tard.

Face à la crise sociale et écologique, nul besoin d’intelligence artificielle,mais d’intelligence humaine. Non à la start-up nation !

Des gilets jaunes du Tarn et des membres du collectif Ecran Total contre l’informatisation et la gestion(1)

Lire ce petit livre à rebours des idées reçues : David Noble, Le progrès sans le peuple, 2016.

Source Pièces et main d’Oeuvre

http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/a_ce_dric_villani.pdf

Note Volti : Cet article est la transcription du PDF en téléchargement ci-dessus, où vous pourrez retrouver en supplément, la lettre à Éric Villani.

5 Commentaires

  1. « Selon certaines analyses, c’est 50% des emplois, voire plus, qui seraient menacés à terme par l’IA !  »

    C’est pas évident d’avancer une estimation, surtout quand les dates prises en références ne sont pas les mêmes, mais quand on utilise  » à terme », ont pourrais comprendre « au maximum des possibilités d’une I.A » .

    Au maximum des possibilités d’une I.A, je n’imagine pas un métier qui ne soit pas réalisable par une I.A, et qui ne soit pas fait d’une meilleur manière que par des humains que ça soit en terme de vitesse d’exécution ou de qualité – pour peu évidemment que le support mécanique de l’IA (son support physique… corps ou chaine de production qu’importe) soit au minimum équivalent au capacité humaine.
    J’ai la certitude que ça pourra être bien supérieur.
    Qui sais faire un salto ici ? https://www.youtube.com/watch?v=sronAgjRHJw
    alors imaginez dans le futur …

    J’ai quand mêmes des exemples en tête où l’.IA aurait des capacités similaires à l’humain : les métiers où la valeur du travail est subjective (comme la musique, l’écriture, l’art en général donc), mais vu la vitesse où l’I.A pourrais produire un contenu similaire, ces métiers seront soumis à une très rude concurrence.
    Les métiers  » de la popularité  » (Acteur , Youtubeur, mannequin) où le public pourrait continuer de sollicité des humains… à moins que ça deviennent un public de niche.
    Faut pas oublier que les machines pourrait être similaire visuellement aux humains.

    Je vais pas lister tout les exemples et contre exemple qui me viennent en tête mais j’arrive à comprendre ce chiffre de 50% si ont prend quelques facteurs en compte :
    – Le fait qu’on vive sur une planète aux ressources finis et non illimités (comme … toutes les planètes) fasse que l’I.A ne puisse atteindre cette capacités à surpasser l’humain avant que nous ayons grignotés toute les ressources & que l’humanité s’éteigne sans avoir pu migrer dans l’espace,s’installer ailleurs et permettre à l’I.A de continuer à se perfectionner.
    -Le fait que les inégalités économiques reste identique et ne permette qu’aux pays riches de voir leurs travailleur remplacé par des machines, les pays du tiers monde n’ayant pas d’installations énergétiques suffisante ou bien l’argent nécessaire pour acheter/utiliser ces machines et que ça soit rentable.
    Ceci faisant, à l’échelle mondial l’I.A remplacerait , pourquoi pas, 50% des emplois : La plupart des emplois dans les pays riches, et très peu dans les pays pauvres.

    Quand au fait que les pays fasse la course à l’I.A, ça me rappelle … le business de l’armement. Ont accumule avions de chasse, bombes, arme à feu, emploi dans l’armée … en voulant se protéger du voisin. Le voisin fait pareil et surenchérie. Et puis l’armement se démode, dépassé technologiquement, alors on reproduit et on rachète.
    A l’inverse d’une arme à feu, un outil qui ne sert qu’à prendre une vie, l’I.A n’est pas un outil  » nuisible » en soit… si on y exerce un contrôle politique visant à réguler son utilisation afin que le scénario où l’humain ne soit pas remplacé par la machine se produise.
    Est-ce que ce sera le cas et qu’ils réguleront ? Haha .. les politiques n’ont clairement pas opposé de résistance quand à l’automatisation dans les usines par exemple. Le capital, les intérêts économiques ont dépassé de loin la valeur qu’on donne au travailleur. Je doute qu’ils en fasse plus pour l’I.A

    Alors que réclamez ?
    L’arrêt de l’utilisation des machines, qui semble inarrêtable ?
    La remise en cause de la distribution des richesses ? car c’est la pauvreté qui guette tout le monde dans un monde où l’humain ne peut plus travailler … ?
    Commencez par changer le système démocratique représentatif en démocratie direct afin que le choix ne soit pas laisser dans les mains d’une poignée d’individus ?

    Je  » vote  » pour les points 2 & le 3. Le 1 me semble impossible.

    Je me demande même si je souhaite le point 1 dans une certaines mesure. Remplacez le travail des humains par le travail des machines ne me gène pas totalement, si bien sûr ceux qui veulent travailler le peuvent – et si la société permet que la priorité soit donné aux travailleurs humain, qu’importe si ils soient moins rentable qu’une machine , qu’importe si il y une demande forte dans le secteur ou pas – bref que le travail devienne un droit fondamental qu’on puisse exercer comme bon nous semble- modérer dans une certaine mesure par l’apprentissage (on s’improvise pas chirurgien ou scientifique) pour accéder au dit travail.
    Utopique, peut être.

    Le remplacement des humains par des machines sera quoi qu’il en soit un gâchis de ressources & d’énergies.

  2. C’est précisément l’objet de mon tout dernier PDF dans lequel j’apporte les preuves que Macron, et tout son orchestre, ment pour parachever l’Agenda Oligarchique ► https://jbl1960blog.wordpress.com/2019/04/27/avec-ou-sans-gilet-jaune-les-preuves-que-macron-ment-en-version-pdf-gratos/

    https://jbl1960blog.files.wordpress.com/2019/04/avec-ou-sans-gilet-jaune-pour-la-societe-des-societes.pdf

  3. Possible mais un ouvrier qui passe 8 heures derrière une machine devient-il plus intelligent pour ça.
    La délocalisation à commencé bien avant les années 80.
    La traduction automatique rend service aux gens qui veulent s’informer mais qui ne parlent pas les langues étrangères. En matière de langues étrangères, l’apprentissage se fait dés le plus jeune âge dans d’autres pays depuis très longtemps.
    La voiture autonome pourra rendre des services

    Le plus gros problème est le manque de maitrise et donc de formation mais l’éducation était de mauvaise qualité avant l’apparition de l’IA. idem pour l’outil informatique.

    Personnellement, j’aurais bien aimé avec internet quand j’étais à l’école. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir des parents ou frères et sœurs pour donner un bon coup de pouce et indiquer les bons enseignements à suivre(latin, grec,etc).
    Question:
    Les GJ désirent-il moins travailler pour mieux s’instruire et se former?

  4. On est en train de l’avoir notre Skynet !
    Plus qu’à trouver notre John Connor !

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