La paix dans le Donbass n’est pas pour demain. Partagez ! Volti
******
Par Christelle Néant pour Donbass-Insider
À peine l’accord concernant les mesures additionnelles de contrôle du cessez-le-feu dans le Donbass était-il signé que, fidèle à ses mauvaises habitudes, l’Ukraine a fait marche arrière toute, via le communiqué officiel de Volodymyr Zelensky, le Président ukrainien, qui a déclaré qu’il fallait déchiffrer chaque point des accords de Minsk pour voir ceux qui sont applicables ou non, et exigé que les dirigeants des pays du Format Normandie signent l’accord approuvé par les membres du groupe de contact trilatéral le 22 juillet pour que celui-ci soit valide, détruisant ainsi totalement le processus de négociation.
L’Ukraine joue à la valse à mille temps avec le processus de négociation de Minsk censé mettre fin à la guerre dans le Donbass
Zelensky a beau avoir promis de mettre rapidement fin à la guerre dans le Donbass, ses actes et ses paroles, ainsi que ceux des membres de son gouvernement ou de ses représentants au sein du groupe de contact trilatéral montrent que l’Ukraine n’a que faire du processus de négociation et des accords de Minsk, et n’a pas l’intention de résoudre pacifiquement le conflit.
Cette valse à mille temps jouée par l’Ukraine vient de trouver son apogée hier avec la déclaration publiée sur le site officiel du Président ukrainien, à peine un jour après la signature tant attendue des mesures additionnelles devant permettre un meilleur contrôle du cessez-le-feu.
Comme nous étions beaucoup à le craindre l’encre de la signature des représentants ukrainiens au sein du groupe de contact trilatéral n’était même pas encore sèche, que Kiev a désavoué sa signature et est même allé plus loin dans le sabordage total des accords de Minsk et du processus de négociation devant permettre une résolution pacifique du conflit dans le Donbass.
En une simple déclaration officielle, Zelensky a jeté à la poubelle des mois de négociations ! En effet, alors que les représentants au sein du groupe de contact trilatéral ont le pouvoir d’approuver l’accord sur les mesures additionnelles de contrôle du cessez-le-feu, qu’ils ont d’ailleurs signé (!), le Président ukrainien a déclaré le lendemain de cette avancée majeure du processus de négociation, que le document devait être signé par les dirigeants des pays du Format Normandie pour entrer en vigueur !
« Nous avons en effet de nombreux professionnels qui sont en pourparlers constants dans le cadre des réunions du groupe de contact trilatéral, qui se sont mis d’accord sur une mesure très importante pour l’ensemble de notre pays – un cessez-le-feu durable. Ce document est maintenant en attente de signature par tous les pays du Format Normandie. Je crois que toutes les parties – l’Ukraine, la France, l’Allemagne et la fédération de Russie – le signeront, et à partir du 27 juillet, je crois qu’il peut arriver un moment où il y aura un cessez-le-feu durable », a déclaré Volodymyr Zelensky lors de son déplacement dans le Donbass avec la présidente de la Confédération suisse.
Comme si Vladimir Poutine, Angela Merkel, et Emmanuel Macron avaient tous du temps à perdre pour signer en moins de quatre jours un papier qui ne requiert en aucune manière leur signature ! Négocier et signer des accords concernant la partie technique et pratique de la mise en œuvre des accords de Minsk c’est le travail et la raison d’être du groupe de contact trilatéral, et pas du Format Normandie ! Voilà la dernière pirouette que le clown-président Zelensky a trouvé pour désavouer la signature de l’Ukraine en bas de l’accord obtenu le 22 juillet !
L’excuse qu’il avance pour exiger cela c’est de dire que la signature par les pays du Format Normandie élèvera le statut de l’accord et augmentera les chances de le voir être respecté ! Je rappelle que les accords de Minsk I et II ont été signés par les pays du Format Normandie, la RPD, la RPL et l’OSCE, et pourtant cela n’a pas augmenté d’un iota leur degré de mise en œuvre ! Ce qui montre bien que cette excuse est totalement bidon.
Cette manœuvre a été dénoncée par Natalia Nikonorova, la ministre des Affaires étrangères de la RPD (République Populaire de Donetsk), qui a souligné que l’accord obtenu le 22 juillet n’avait besoin d’aucune signature supplémentaire, puisque les trois seules signatures qui comptent pour ces mesures additionnelles de contrôle du cessez-le-feu sont celles de l’Ukraine, de la RPD et de la RPL (République Populaire de Lougansk).
« C’est avec une très mauvaise surprise que nous avons pris connaissance de la déclaration du Président ukrainien selon laquelle, pour l’entrée en vigueur de l’accord conclu au sein du processus de Minsk concernant des mesures supplémentaires visant à contrôler la trêve indéfinie actuelle, celles-ci doivent soi-disant être signées par les représentants des pays du Format Normandie. Il nous a fallu près de 5 mois d’un processus de négociations extrêmement difficile et tendu pour que les représentants ukrainiens se mettent d’accord et signent des engagements clairs sur les mesures à prendre pour assurer un cessez-le-feu complet. Le point crucial a été la signature de ces engagements par l’Ukraine – afin de priver les autorités ukrainiennes de toute possibilité d’ignorer et de saboter la mise en œuvre de ces accords. En outre, ces mesures ont été non seulement signées par la partie ukrainienne et les représentants des républiques, mais aussi approuvées par les médiateurs des négociations – l’OSCE et la fédération de Russie », a déclaré la ministre.
« Il est important de comprendre que de tels accords ne nécessitent pas du tout de signatures supplémentaires, car le plus important et le plus essentiel est l’enregistrement écrit du consentement à la mise en œuvre de ces mesures par les parties au conflit – Kiev et les républiques – car il s’agit de nos engagements avec l’Ukraine. Mais nous sommes reconnaissants à la Russie et à l’OSCE d’avoir exprimé leur soutien à ces accords et d’en avoir témoigné par écrit », a-t-elle ajouté.
Pour Natalia Nikonorova, cette nouvelle pirouette de Zelensky s’inscrit dans la continuité de la ligne politique destructrice de l’Ukraine concernant la résolution du conflit dans le Donbass, et prive les représentants ukrainiens de tout pouvoir réel lors des discussions du groupe de contact trilatéral, détruisant de fait totalement le processus de négociation de Minsk.
« Le lendemain de la signature des mesures de contrôle du cessez-le-feu, le président ukrainien a annulé la signature de son représentant au sein du groupe de contact. Ainsi, Volodymyr Zelensky a annulé tous les progrès durement acquis lors des réunions de Minsk concernant la résolution du conflit avec une seule phrase. Il est évident qu’une telle démarche du dirigeant ukrainien s’inscrit dans la continuité de cette ligne politique destructrice, qui a été fixée par la résolution de la Verkhovna Rada du 15 juillet sur la tenue d’élections locales, lorsque le parlement ukrainien a consacré des dispositions violant de manière flagrante les accords de Minsk. […] On peut également se demander comment il est possible de parler de quoi que ce soit et de négocier avec les personnes qui participent aux réunions du groupe de contact en tant que représentants de l’Ukraine, si le lendemain, leurs signatures peuvent être annulées par le président ukrainien avec une telle facilité, » a conclu la ministre avant d’appeler les garants des accords de Minsk et la communauté internationale à faire pression sur le Président ukrainien afin de l’empêcher de détruire totalement les accords conclus.
Zelensky veut « déchiffrer » tous les points des accords de Minsk
Une mission quasi impossible quand on lit le reste de la déclaration officielle de Zelensky. En effet, après avoir assigné au groupe de contact trilatéral de Minsk la tâche de définir les détails de l’accord conclu concernant le contrôle renforcé du cessez-le-feu dans le Donbass (alors qu’il n’y a aucun détail de plus à fixer, tout est dans l’accord signé le 22 juillet, il ne reste qu’à l’appliquer point par point, c’est tout), le Président ukrainien a fini de saborder totalement le processus de négociation en déclarant qu’il fallait « déchiffrer » chaque point des accords de Minsk pour voir lesquels peuvent être mis en œuvre ou non !
« C’est une déclaration générale, nous devrions juste étudier cette déclaration en détail au format de Minsk – l’accord est ainsi. Tout doit être écrit en détail au sein du format de Minsk : qui est responsable, quand, comment cette information est transmise. Je veux dire que c’est une autre histoire, ce sera très long », a déclaré le Président ukrainien.
Sauf qu’encore une fois, ce qu’il dit est un mensonge éhonté destiné à enfumer la présidente de la Confédération suisse et l’opinion publique internationale. L’accord conclu le 22 juillet n’est pas une déclaration générale, c’est un ensemble de sept mesures clairement établies et mises par écrit (je vous renvoie à mon article du 23 juillet listant ces mesures), avec une procédure parfaitement détaillée expliquant qui est responsable de quoi, et qui doit recevoir l’information et la transmettre à qui !
Et si après ce paragraphe vous avez la sensation que Zelensky prend les gens pour des débiles (pour rester polie), en lisant le dernier paragraphe de sa déclaration officielle vous allez vous demander s’il prend le monde entier pour une bande d’abrutis finis, ou s’il a lui-même le QI d’une moule avariée trop cuite.
« Nous voulons déchiffrer chaque point des accords de Minsk. Nous verrons alors si nous sommes capables de l’appliquer[chaque point « déchiffré » – NDLR] ou non, comment nous le ferons, qui en sera responsable », a-t-il conclu.
Il faut se pincer pour vérifier qu’on ne « rêve » pas quand on lit une ânerie pareille. Pour commencer les accords de Minsk ne sont pas un buffet à volonté dans lequel vous piochez ce qui vous fait envie et vous laissez le reste ! Ce n’est pas « je prends les points 1, 3, 6, 13 et un bout du point 9, et le reste je laisse » !!! C’est un accord de paix, validé par une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU, dont la totalité des points doivent être mis en œuvre et dans l’ordre dans lequel ils ont été approuvés et signés par l’Ukraine !
Et deuxièmement, les accords de Minsk II tiennent en 13 points qui occupent à peine 4 pages au format A4avec une taille de police énorme, et en comptant les notes de bas de page et la place pour la multitude de signatures qui y sont apposées !
Qu’y a-t-il besoin de déchiffrer dans le premier point des accords de Minsk, instituant un cessez-le-feu immédiat et complet ? Ou dans le deuxième instituant le retrait des armes lourdes loin de la ligne de front, avec même le nombre de kilomètres de distance requise pour chaque type d’armes ? Le langage des accords de Minsk est tellement simple que même un enfant de sept ans les comprendrait !
C’est d’ailleurs peu ou prou ce qu’a sous-entendu Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères lorsque le journaliste Vladimir Soloviev lui a demandé de commenter la déclaration de Zelensky.
« Je crois que lorsqu’une personne avoue qu’elle ne comprend pas ce qui est écrit dans un accord, nous ne pouvons que sympathiser, tout d’abord, et ensuite, la remercier pour sa franchise. On comprend maintenant pourquoi, ces dernières années, et même sous Zelensky, tout cela fait du surplace. C’est juste qu’il n’a pas compris ce qui y était écrit. Vous devez admettre que c’est déjà un résultat, et pas un petit », a-t-elle dit ironiquement.
« Nous sommes prêts en principe, je pense que le ministère russe des affaires étrangères pourra aider le président ukrainien dans cette question très difficile et déchiffrer ce qui est écrit dans les accords de Minsk signés par le précédent Président ukrainien », a ajouté la diplomate.
Lorsque Soloviev lui a demandé pourquoi les accords de Minsk ont besoin d’être déchiffrés, car le document n’est pas franchement long, Zakharova a répondu en rigolant : « Ce sont des enfants » (sic).
Je sais bien que Zelensky était clown de profession avant de devenir Président, mais si « déchiffrer » et comprendre les accords de Minsk n’est pas à sa portée, je lui conseille de renoncer au pouvoir, de le donner à quelqu’un capable de comprendre un texte aussi simple, et de retourner faire le pitre à la télévision si son niveau intellectuel ne lui permet pas d’aspirer à faire quoi que ce soit de plus « intellectuel » que ça.
La Rada vote une résolution en contradiction totale avec les accords de Minsk
Le problème du niveau intellectuel semble d’ailleurs ne pas se limiter à Zelensky, puisque la résolution adoptée par la Rada le 15 juillet (mentionnée par Natalia Nikonorova) montre que soit le parlement ukrainien lui aussi ne comprend rien aux accords de Minsk, soit il a décidé d’entériner légalement le fait que l’Ukraine ne les appliquera pas !
En effet, après avoir indiqué dans la deuxième clause de la résolution que les députés et les conseillers régionaux de la Crimée et des territoires de la RPD et de la RPL ne seront pas élus mais nommés car les élections ne pourront pas y être organisées, la clause numéro quatre explique pourquoi les conditions de leur organisation ne sont pas réunies.
Cette quatrième clause indique en effet que les élections ne peuvent avoir lieu tant que dure l’agression armée et l’occupation temporaire [imaginaires – NDLR] de ces territoires par la fédération de Russie, que les forces armées illégales et les troupes d’occupation russes [imaginaires – NDLR] ne se sont pas retirées avec leur équipement militaire, que l’Ukraine n’a pas récupéré le contrôle de la frontière, que les groupes armés illégaux et les mercenaires se trouvant dans les territoires occupés n’ont pas été désarmés, et que l’ordre constitutionnel et légal ukrainien n’est pas rétabli dans ces territoires.
Sauf que cette clause est en contradiction totale avec les accords de Minsk ! Puisque les députés ukrainiens semblent avoir autant de mal que Zelensky à « déchiffrer » ces accords, je vais leur expliquer comme à un enfant de cinq ans : le point numéro 9 des accords de Minsk dit clairement que l’Ukraine ne récupérera le contrôle de la frontière que le lendemain des élections locales ! Donc il est impossible d’exiger de récupérer le contrôle de la frontière AVANT, puisque le point numéro 9 dit clairement que cela doit avoir lieu APRÈS les élections. C’est pourtant très simple.
En votant cette résolution, la Rada a officialisé ce qui n’était alors que des déclarations d’officiels ukrainiens, à savoir le fait que l’Ukraine refuse d’appliquer les accords de Minsk tels qu’ils ont été écrits et signés ! Ou alors la majorité des députés ukrainiens ont un QI à un chiffre.
Mais quelle que soit l’option qui s’applique tant à Zelensky qu’à la Rada (au choix le QI de moule avariée trop cuite ou le sabordage complet et délibéré des accords de Minsk), la résolution du parlement, et la déclaration du Président ukrainien ont totalement détruit le processus de négociation censé permettre de régler pacifiquement le conflit dans le Donbass. Après cela, la signature des représentants ukrainiens au sein du groupe de contact trilatéral ne vaut plus rien, ce qui rend toute négociation totalement inutile.
Il était évident depuis longtemps que Kiev cherchait à amener les accords de Minsk dans une impasse totale, afin ensuite d’en sortir, et c’est exactement ce à quoi ont abouti les actions et déclarations de la Rada et du Président ukrainien. Les accords de Minsk sont dans une impasse totale, il ne reste qu’à attendre l’acte de décès officiel.
Voir :
L’Ukraine c’est les méchants
Les Russes c’est le plus gentils
Ils ne veulent que le bien de l’Ukraine et font tout pour la paix
Qui pourrait en douter ?