Guerre commerciale Chine vs UE ou lorsque Bruxelles doit assumer sa vassalité

Par Mikhail Gamandiy-Egorov pour Observateur-Continental

Les tensions commerciales entre Beijing et l’Europe bruxelloise passent au stade supérieur. Au-delà de l’impossibilité totale pour l’espace européiste à pouvoir sortir vainqueur face à la superpuissance économique chinoise, la situation courante démontre surtout que le niveau de vassalité de l’UE vis-à-vis de Washington est au summum et que ce ne sera certainement pas à des vassaux à pouvoir imposer à des puissances souveraines quoi que ce soit.

«Vers une guerre commerciale entre l’UE et la Chine?» – titre Euronews – l’un des principaux instruments médiatiques de l’espace bruxellois. La Chine intensifie sa réponse à l’augmentation des droits de douane dans l’UE sur les voitures électriques chinoises. Première cible de la riposte de Beijing: le brandy européen, ce qui touche de loin en premier lieu le cognac français. A titre d’information – la Chine représente un quart du marché mondial des exportations de cognac, rien que cela.

En effet, la Chine appliquera désormais des mesures antidumping contre le brandy européen, principalement le cognac. Les droits de douane pour les entreprises de l’espace européiste pourront atteindre 39%, une hausse qui prendra la forme d’une caution. Les bureaucrates bruxellois, notamment de la Commission européenne – annoncent qu’ils vont contester la décision chinoise devant l’Organisation mondiale de commerce (OMC). Quant aux représentants du secteur commercial concerné en France et dans l’UE, ils parlent déjà d’une situation extrêmement douloureuse.

Pour revenir justement aux professionnels du secteur, l’interprofession du cognac en France appelle à une fin immédiate de l’escalade entre Bruxelles et Beijing, stipulant notamment que les professionnels du secteur sont devenus des « otages » de la situation – écrit France 24.

De son côté, le commissaire européen à l’Economie, Paolo Gentiloni, s’est dit «serein» face à la décision chinoise. «Nous ne sommes jamais inquiets», – déclare ledit personnage. Il faut tout de même reconnaitre que dans ce cas précis – le représentant de l’Europe bruxelloise dit la vérité. Effectivement, pourquoi un bureaucrate européiste serait-il inquiet des énormes problèmes créés pour les professionnels d’un domaine économico-commercial en Europe, lorsque les intérêts des dits bureaucrates se trouvent très principalement dans l’espace outre-Atlantique et à partir duquel ils reçoivent les ordres et les instructions à appliquer sans discussion?

Aujourd’hui, il est parfaitement clair que les actions anti-chinoises de Bruxelles en matière de guerre commerciale, une guerre qui peut rapidement s’étendre à de nombreux autres secteurs, n’est que la suite de l’objectif du régime washingtonien à saper les relations commerciales entre son vassal européen et l’un de ses principaux adversaires et concurrents sur la scène internationale, représenté par la République populaire de Chine.

L’histoire finalement ne fait que se répéter. Après avoir perdu d’énormes opportunités économiques et commerciales dans la relation avec la Russie, en suivant aveuglement le maître étasunien et de-facto en se fouettant soi-même de par les sanctions unilatérales engagées contre l’Etat russe, désormais le petit espace européiste poursuit dans l’affrontement avec la Chine – un affrontement, comme à l’instar de celui avec la Russie – qu’il n’a aucune chance de remporter.

Néanmoins et face aux pleurnicheries des professionnels, pour le moment ceux du secteur des spiritueux français et européens, qui se disent être des «victimes» d’une situation dont ils sont prétendument «innocents», il faudrait tout de même qu’ils se rappellent de quelques réalités. Des réalités déjà traitées précédemment dans les analyses d’Observateur Continental. Plus exactement celles qui concernent la responsabilité des entreprises occidentales pour complicité avec leurs régimes politiques.

Car aujourd’hui il est bien beau à se présenter comme étant des victimes de décisions de personnages politiques qui ne sont effectivement que des vassaux washingtoniens et qui après même la fin de leurs mandats sur le sol européiste – continueront à servir loyalement le maître outre-Atlantique. Pour autant – qu’en est-il du suivisme de ces mêmes entreprises européennes vis-à-vis des intérêts géopolitiques de leur establishment politique? Un suivisme d’ailleurs largement appliqué à divers endroits du monde et pas seulement dans le cadre des relations détruites avec la Russie.

Cela sans oublier que nombre de ces chefs d’entreprises occidentales, y compris françaises et européennes, financent des instruments et des campagnes de propagandes à l’encontre des partisans de l’ordre multipolaire international contemporain. En Eurasie comme en Afrique, au Moyen-Orient comme en Amérique latine. Et après cela ces personnages espèrent une quelconque clémence de la part des principales puissances de l’ère multipolaire, ainsi que des alliés respectifs? Non, il n’y aura pas de clémence.

La Russie comme la Chine ont beau avoir fait tellement de fois preuve de patience stratégique, une patience qu’elles continuent d’ailleurs à bien des égards de maintenir, mais chaque chose a une fin. Et puisque le monde de l’entreprise de l’espace européiste, à l’instar d’un nombre conséquent de ses citoyens, continue à faire preuve soit de passivité, voire de complicité directe, avec les régimes politiques concernés – il n’y a aucune raison à ce qu’ils n’aient pas à assumer les conséquences de leurs actes.

Pour la petite anecdote, mais fort révélatrice – en 2015-2016 lors de la crise relationnelle entre la Russie et la Türkiye – ce sont précisément les entrepreneurs et les opérateurs économiques turcs qui ont joué un rôle très important dans la normalisation rapide des relations bilatérales et du redémarrage de la relation stratégique économico-commerciale entre les deux pays. Avec des résultats très concrets aujourd’hui. Mais cela – c’est l’exemple des opérateurs économiques turcs, historiquement pragmatiques, certainement pas européistes. En fin de compte, la vassalité est une posture qui doit s’assumer pleinement.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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