Communes, révolution, démocratie

Les communes, la Révolution et la démocratie

Le 14 décembre 1789, l’Assemblée Constituante de l’époque avait pris un décret précisant ce qu’allaient désormais être les communes.

Il ne s’agissait plus de quelques villes, ayant obtenu privilège de se constituer en communes avec un maire et des échevins, ou des structures similaires. C’était alors basé sur les corporations, qui envoyaient des délégués au conseil municipal, ou sur des délégués des autorités religieuses ou seigneuriales : ce n’était vraiment pas démocratique.

A l’inverse, cette fois toutes les communautés urbaines même très modestes (au moins 1000 habitants) étaient concernées. C’étaient directement les habitants qui élisaient le maire et le Conseil. Seule contrainte : ils devaient avoir payé un minimum d’impôt correspondant à 3 jours de travail pour les électeurs, à 10 jours pour les éligibles. Cela garantissait à la Révolution que les citoyens actifs (donc avec le droit de vote) ne soient pas des ignares trop manipulables.

La commune élisait aussi un procureur, chargé de défendre les habitants en cas de litige. Elle mettait également en place une Garde Nationale dont les officiers étaient élus. Les conseillers municipaux et le maire en étaient exclus d’office.

Il y avait aussi un conseil général de la commune (un tiers de conseillers municipaux régulièrement élus, deux tiers de notables, élu au scrutin de liste, et appelé seulement pour des décisions importantes. C’est lui qui nommait le secrétaire-greffier, et le trésorier communal.

On notera que certaines de ces dispositions perdurent aujourd’hui, c’est d’ailleurs ce qui rend les communes bases réelles de la démocratie en France. C’est aussi pour ces raisons mêmes, que la constitution arbitraire “par le haut” de communautés de communes a pour ambition de briser toute cette démocratie.

Dans les nouvelles dispositions, les conseils municipaux n’ont plus guère de pouvoir, même s’agissant d’affaires strictement locales, et les maires ne sont plus dans les faits que des fonctionnaires devant appliquer les décisions du président de la communauté de communes, mais en revanche soumis aux griefs des habitants frustrés de ce vol de démocratie.

Le 14 décembre 2017, faudra-t-il à l’échelle du pays tout entier un nouveau 10 août 1792 ?

JC le 21 septembre 2017, à l’occasion d’une émission  de radio à Saint Herblain (Loire-Atlantique) sur la chaîne Jet FM

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A propos Jclaude

Tout châ p'tit va lin, le r'tournez-y est malin ! Blogueur depuis 22 ans (7 blogs) Auteur de 3 livres (voir sur blog principal) auto-édités

4 Commentaires

  1. Dans ► https://jbl1960blog.wordpress.com/2019/03/22/acte-xix-des-gilets-jaunes-samedi-23-mars-la-commune-de-paris-et-la-commune-des-communes-pierre-kropotkine-en-version-pdf/

    La Commune de Paris, et la Commune des communes, Pierre Kropotkine dans « Le Révolté » 1880-1881, compilation par Résistance 71 dans une version PDF {N°90} de 27 pages ► https://jbl1960blog.wordpress.com/wp-content/uploads/2019/03/la-commune-de-paris-par-pierre-kropotkine-dans-le-revolte-1880-compilation-r71-mars-2019.pdf

    Je vous livre la conclusion, en page 26, qui comme souvent et pas seulement chez Kropotkine, résume l’évidence ;

    Il y a cependant une lacune regrettable dans les réunions populaires que nous tenons à signaler ; C’est que rien, ou presque rien, n’a été fait pour les campagnes. Tout s’est borné aux villes. La campagne semble ne pas exister pour les travailleurs des villes. Même les orateurs qui parlent du caractère de la prochaine révolution évitent de mentionner les campagnes et le sol. Ils ne connaissent pas le paysan ni ses désirs, et ne se hasardent pas de parler en son nom. Faut-il insister longuement sur le danger qui en résulte ? — L’émancipation du prolétariat ne sera même pas possible, tant que le mouvement révolutionnaire n’embrassera pas les villages. Les Communes insurgées ne sauraient se maintenir même un an, si l’insurrection ne se propageait pas en même temps dans les villages. Lorsque l’impôt, l’hypothèque, la rente seront abolies, lorsque les institutions qui les prélèvent seront jetées aux quatre vents, il est certain que les villages comprendront les avantages de cette révolution. Mais en tout cas, il serait imprudent de compter sur la diffusion des idées révolutionnaires des villes dans les campagnes sans préparer les idées à l’avance. Il faut savoir d’ores et déjà ce que veut le paysan, comment on entend la révolution dans les villages, comment on pense résoudre la question si épineuse de la propriété foncière. Il faut dire à l’avance au paysan ce que se propose de faire le prolétaire des villes et son allié, qu’il n’a pas à craindre de lui des mesures nuisibles à l’agriculteur. Il faut que de son côté l’ouvrier des villes s’habitue à respecter le paysan et à marcher d’un commun accord avec lui.

    Mais, pour cela les travailleurs ont à s’imposer le devoir d’aider à la propagande* dans les villages. Il importe que dans chaque ville il y ait une petite organisation spéciale, une branche de la Ligue Agraire, pour la propagande au sein des paysans. Il faut que ce genre de propagande soit considéré comme un devoir, au même titre que la propagande dans les centres industriels.

    Les débuts en seront difficiles ; mais souvenons-nous qu’il y va du succès de la Révolution. Elle ne sera victorieuse que le jour où le travailleur des usines et le cultivateur des champs marcheront la main dans la main à la conquête de l’Égalité pour tous, en portant le bonheur dans la chaumière comme dans les édifices des grandes agglomérations industrielles.

    *PROPAGANDE : « Dans ce texte et dans d’autres, dans bien des textes anarchistes de la même époque du reste, Kropotkine et les auteurs utilisent souvent le mot de « propagande ».

    Il faut se remettre dans le contexte de l’époque… Ce mot n’avait en rien la connotation péjorative ou insultante qu’il a aujourd’hui.

  2. Et je me permets de rajouter ce livre le moins connu de Kropotkine qui avec cet ouvrage, analyse la structure économique de l’humanité et offre quelques solutions potentielles au marasme induit par la dictature de la marchandisation ► https://jbl1960blog.wordpress.com/wp-content/uploads/2018/04/nouvelle-version-pdf-de-pierre-kropotkine-champs-usines-et-ateliers-1910.pdf

    Dans ► https://jbl1960blog.wordpress.com/2018/04/12/champs-usines-et-ateliers-de-pierre-kropotkine-1910-nouvelle-version-pdf-gratuite/

    https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_rose.gif

  3. Pour terminer, impossible de ne pas vous reproposer à la lecture « Les chaînes de l’esclavage » que Marat écrivit une quinzaine d’années AVANT la révolution de 1789 ► Nouvelle Version PDF N° 70 de 184 pages de l’œuvre phare de Jean-Paul Marat ► LES CHAÎNES DE L’ESCLAVAGE, Jean-Paul Marat, 1774 – Édition dite de l’An I : 1792 ► https://jbl1960blog.wordpress.com/wp-content/uploads/2018/08/nouvelle-version-pdf-les-chaines-de-lesclavage-de-jean-paul-marat-1774.pdf

    Car quand on lit “Les chaînes de l’esclavage”, on comprend qu’il était le véritable visionnaire de cette révolution, il avait la confiance du peuple, des sections communales, il avait la vision et l’aura pour faire court-circuiter le système étatique et le capitalisme en marche. C’était l’homme à abattre qui ne pouvait être guillotiné comme l’escroc Danton ou l’autocrate intègre Robespierre. Marat était la hantise de la bourgeoisie ayant accédé au pouvoir, son erreur à notre sens, comme beaucoup en pareilles circonstances, il a voulu piloter le changement de l’intérieur, ce qui est im-pos-si-ble. Il aurait dû se retirer, se concentrer sur les sections en faisant diffuser « L’ami du peuple » partout pour consolider les sections sur tout le territoire. Le peuple aurait repris la barre. Marat savait que la « république » était un leurre oligarchique. Dans les chaînes de l’esclavage, il parle des « princes » (le livre se veut être l’anti-« Prince » de Machiavel…) parce qu’en 1774, il n’y avait que ça. À la lecture, il faut remplacer le mot « princes » par « gouvernants » et la vision s’élargit d’un coup…

    Dans ► https://jbl1960blog.wordpress.com/2018/08/04/les-chaines-de-lesclavage-jean-paul-marat-1774-nouvelle-version-pdf/

    « Le Mal est dans la chose même et le remède est violent. Il faut porter la cognée à la racine. Il faut faire connaître au peuple ses droits et l’engager à les revendiquer ; il faut lui mettre les armes à la main, se saisir dans tout le royaume des petits tyrans qui le tiennent opprimé, renverser l’édifice monstrueux de notre gouvernement, en établir un nouveau sur une base équitable. Les gens qui croient que le reste du genre humain est fait pour servir à leur bien-être n’approuveront pas sans doute ce remède, mais ce n’est pas eux qu’il faut consulter ; il s’agit de dédommager tout un peuple de l’injustice de ses oppresseurs. »

    Les chaînes de l’esclavage, c’est le premier développement, également antérieur à 1789, des positions révolutionnaires de Marat ► (Texte apparaissant sur la couverture au verso du livre)

    Marat devait absolument disparaitre et pour moi ce fut l’un des assassinats commandités (il y a eu d’autres) pour servir le PLAN de l’Histoire…

    https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_bye.gif

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