Auteur Sylvain Rochex
Pendant la totalité du printemps, le jardinier est un véritable naturelier… Comment ça ce mot n’existe pas ?! C’est qu’en fait, voyez-vous, je voulais dire véritable « artificier », de ceux qui fabriquent les feux d’artifice, ceux qui œuvrent pendant des mois dans le secret pour préparer une explosion de couleurs et de scintillements, une pétarade de beautés étoilées, une symphonie de lumières… Le jardinier lui aussi travaille pour le feu d’artifice du 14 juillet, mais aussi pour chaque jour de l’année. Mais en ce qui le concerne, ce ne sont pas des artifices, ce ne sera pas artificiel et encore moins artificieux… Ce sera naturel et véritable. Le jardinier est aussi un véritier. Encore un mot qu’on ne connaît pas, mais vous avez compris ! Le jardinier travaille comme l’artificier du 14 juillet, mais à partir de la nature et de la vérité.
Comme pour l’artificier, il s’agit d’une gigantesque composition diachronique avec une gestion du timing des explosions, pardon, des éclosions ! C’est vrai que le jardinier se donne beaucoup plus de libertés et accepte de ne pas tout maîtriser. Mais il sait aussi que, ça, ça va péter à tel moment, et ça, ça pétera à tel autre; que ça, ça va péter ensemble, mais en ligne brisée, et ça, en touffes mélangées… Là, du pastel, là, du blanc qui rappelle la neige, là, ce sera le moment jaune vif, et là : le rouge mélangé de violet et de rose tendre. Avec toujours du vert, du vert et encore du vert ! C’est sa toile de fond. Un fond vert qui permet tous les réglages possibles… Là, on est au ras du sol, et là, ça taquinera les oiseaux !
Du 14 juillet au 1er septembre, c’est le « bouquet final » qui dure pendant des semaines et se prolonge parfois jusqu’en octobre… A certains endroits, le jardinier s’est complètement lâché : des jungles multicolores explosent un peu partout. Vous ne vous êtes jamais demandés qui l’artificier essaie d’imiter ? Il se trahit en parlant de bouquet final…
Le jardinier est bien évidemment aussi un peintre. Sa palette c’est sa boîte à graines alliée aux plantes spontanées. Le jardinier manie lui aussi le couteau, la plume, l’éponge, la gomme et l’estompe, même si ça s’appelle mains, doigts, bêche, serfouette, râteau et compagnie, mais il y a un peu le même genre de différence qu’avec l’artificier : le peintre représente, le jardinier, lui, rend gloire au réel.
Mais le jardinier bien-sûr est aussi intendant, cuisinier et parfumeur. C’est aussi une explosion de saveurs et d’odeurs qu’il programme. Ici, vous pourrez manger des framboises avec de l’agastache et un soupçon de menthe verte. Là, vous pourrez marier les fèves avec le cassis, et ainsi de suite… Et le jardinier, par dessus le marché, ou plutôt au delà du marché : nourrit tout le monde.
En matière de parfums : Roses, Lilas, Lupins, Tulipes, Hémérocalles, et Jonquilles, cultivées ; qui danseront avec les sauvageonnes : achillée, brunelle, reine des prés, pissenlit, mauve, et millepertuis…. vous savez de quoi je parle, je ne vais pas écrire l’immense liste mirifique de nos fleurs… Juste ajouter quand même les Belles de nuit, pour évoquer la diachronicité des fleurs y compris à l’échelle du jour.
L’artificier a souvent des collègues, des chefs et des financeurs. Le cuisinier se fait aussi parfois aider, y compris par des levures et tout un tas de réactions chimiques et biologiques. Le peintre est souvent seul, tragiquement seul même…
Le jardinier, lui, est continuellement avec Dieu.
Il est surnaturel et totalement incompréhensible que ce que nous nommons « travail de la terre » rebute souvent les Hommes. Car c’est le seul travail où tu as pour aide dévouée à plein régime: Dieu. Dès que tu t’arrêtes, quand tu te reposes, quelqu’un prend le relais avec la force du big bang, et c’est Dieu lui-même, le créateur. Et même pendant que tu t’actives avec tes petites forces, lui aussi œuvre avec toi, il ne se repose jamais. Et le plus fou, c’est que même si sa force dépasse incommensurablement la tienne, vous êtes alliés : il magnifie, valorise, augmente, exalte, démultiplie à l’exponentielle tous les bons gestes que tu fais sans que tu te sentes inférieur à lui. Tu plantes une seule graine, une seule ! Et Dieu peut en planter 10 000 à la suite de toi à partir de la plante issue de la graine que tu as plantée. Et Dieu s’harmonise à toi. Tout seul, il a des visées plus lointaines et se met volontiers à l’œuvre pour faire des forêts qui touchent les nuages, mais si toi, tu veux être fin et fleuri, et romantique, et bâtir le paradis, et manger des bonnes patates, eh bien Dieu œuvrera avec toi dans ce sens là.
L’Homme est celui qui fait les boules de neige, et Dieu est celui qui s’occupe des « effets boule de neige ». Voici donc l’occupation la plus enthousiasmante au monde. Alors, comment l’homme peut-il préférer toutes ces occupations artificieuses où Dieu est au pire absent, ou au mieux pas très motivé ? Vous en connaissez beaucoup, vous, des occupations où lorsque vous avez mis le bon substrat, l’eau, la lumière et la graine, si vous quittez la pièce, ça « pousse » à l’infini sans vous ? Alors comment est-ce possible que le travail le plus aidé, le plus gratifiant, le plus répondant qui soit, soit le moins plébiscité ?
Encore une chose : Dieu dans ce travail se charge de littéralement effacer toutes vos erreurs. Tout ce que vous faites de bien, il le prend et le magnifie au dernier degré et tout ce que vous faites de mal, il l’efface, le corrige, le transforme, sans vous juger. Là encore, connaissez-vous beaucoup d’occupations où toutes nos erreurs sont oubliées avec amour ?
Dieu prépare en ce moment le 14 juillet et tous les autres jours de l’année, sans artifice. Ce sera naturel, vrai et réel. Ce sera la seule chose vraiment vrai et réellement réelle. Même quand le jardinier est à l’abri pendant l’hiver, Dieu prépare le printemps sous la terre, il ne s’arrête jamais, et continue même de parler au jardinier en lui disant : « continue toi aussi ! Garde la foi ! Et si tu triais tes graines ? Et si tu pensais un peu à moi et au printemps ? Et si tu pensais un peu à la rose qui reviendra ? Mais surtout : si la pensée de cette rose, pouvait te faire mettre tes bottes de neige et ta veste pour aller marcher avec les brebis dans la forêt malgré le temps ? Aller mon ami ! Mon pote ! Mon frère ! »
Quand Dieu est notre allié, nous sommes aussi son allié. C’est d’ailleurs la seule chose qu’il attend de nous : de la camaraderie.
Sylvain Rochex
Site internet : http://www.adrey.xyz
Chaîne Youtube pour l’Adrey : https://www.youtube.com/channel/UCF9c1ccyxM3Z7MlZtfISW0A
Dimanche dernier mon frangin, un ami et moi nous nous sommes occupés de mes « sasi-ardi » ( moutons des fourrés hyper rustiques). Tout au long de notre petite opération, la jeune chatte à mes parents — que j’avais sauvée d’un abandon en bord de route quand elle était toute petite — nous avait soigneusement observés. Au dénouement de ce chantier pastoral, la chatte plutôt chafouine à son accoutumée, me suivait et m’invitait à la caresser. Ce que je fis sans me faire prier car j’aime beaucoup cette petite Isabelle. Elle avait apprécié les soins apportés aux brebis et à leurs agneaux et avait bien intégré que le chef du troupeau, eh ben, c’était moi. C’est pas un signe que les animaux ont une âme, non ?
Hugh !
Merci Mr.
Grainons encore et encore,encore,encore,encore,
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