Proudhon parle Gilet Jaune. Par Guillaume de Mazalle

Une petite pensée à Pierre-Joseph Proudhon. Les Gilets Jaunes au travers de leurs revendications, n’en ont jamais été si proches. Partagez ! Volti

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Auteur Guillaume de Mazalle pour Mauvaises-Nouvelles

“Il faut avoir vécu dans cet isoloir qu’on appelle une Assemblée nationale, pour concevoir comment les hommes qui ignorent le plus complètement l’état d’un pays sont presque toujours ceux qui le représentent.” Ainsi parlait – ou plutôt écrivait – Pierre-Joseph Proudhon. Son expérience de parlementaire lors de la IIème République l’aura davantage convaincu de la nécessité d’une démocratie directe que des vertus de la démocratie représentative.

Dans Les Confessions d’un révolutionnaire, Proudhon conclut son propos en égratignant tous les partis “socialistes […] n’osant saisir le pouvoir” ; “jacobins, démocrates-gouvernementalistes, [incapables d’] étudier un seul problème d’économie sociale” ; “parti absolutiste, […] dans les convulsions de son agonie sanglante et liberticide”. Les “hommes de l’insipide juste-milieu” ne valent pas mieux à ses yeux. Si toutefois c’est l’un d’eux qui fut élu à la tête de l’Etat, ce n’est pas par conviction que les Français l’ont fait, affirme Proudhon, mais par dépit de la chose politique : “Louis Bonaparte a été prophète : La France m’a élu, dit-il, parce que je ne suis d’aucun parti ! Oui, la France l’a élu, parce qu’elle ne veut plus qu’on la gouverne.”

Au-delà du parlementarisme, Proudhon critique le pouvoir centralisé dans son essence même, auquel il préfère les “fédérations ou fraternisations qui se formèrent spontanément” pendant la Révolution car “elles prouvaient que la souveraineté du Peuple n’est autre chose que l’harmonie des intérêts, résultant d’un libre contrat, et que la centralisation des pouvoirs, telle du moins qu’elle est entendue et pratiquée par nos hommes d’État, est l’aliénation même des libertés.” Une situation qui n’est pas sans rappeler celle d’un autre temps, où le mépris du Peuple pour son élite politique n’est pas moindre…

Certes les pages des livres de Proudhon ont peut-être jauni depuis qu’elles ont été écrites, mais cette teinte est à la mode. Loin d’aller contre l’esprit de démocratie directe et de reprise de la souveraineté par le Peuple, la langue de Proudhon est aujourd’hui parlée par les gilets jaunes comme la prose l’était par Monsieur Jourdain.

Guillaume de Mazalle

À lire :

Leurre et malheur du transhumanisme Par Rodolphe Arfeuil 

Soljenitsyne : révolution et mensonge Par Rodolphe Arfeuil 

Volti

7 Commentaires

  1. « Il faut avoir vécu dans cet isoloir qu’on appelle une Assemblée nationale, pour concevoir comment les hommes qui ignorent le plus complètement l’état d’un pays sont presque toujours ceux qui le représentent. » Ainsi parlait – ou plutôt écrivait – Pierre-Joseph Proudhon.
    ce que macron a voulu changer
    Emmanuel Macron en avait fait un argument fort de sa campagne présidentielle. Pour les législatives, il investirait en nombre des candidats issus de la société civile. La promesse a été tenue: 56 % des députés élus en juin sous l’étiquette LREM démarraient en politique. Charge à ces anciens salariés du privé, entrepreneurs, avocats, professeurs… d’introduire un souffle de bon sens, compétence et esprit d’initiative au sein du vieux monde politique des partis et de la bureaucratie d’État.

    Cette idéalisation de la société civile de prime abord plutôt naïve, voire assez démagogue, correspond à une conviction profonde du président.

    • “Cette idéalisation de la société civile de prime abord plutôt naïve, voire assez démagogue, correspond à une conviction profonde du président.”

      Macron n’a aucune conviction, seulement des opportunités.

  2. Entre Marx et Proudhon, il faut choisir… Pour aller plus loin dans la réflexion, six minutes de vidéo :
    https://www.youtube.com/watch?v=oXn_ieWuPNo
    J’ai toujours partagé cette vision sur le rôle aliénataire de l’argent mais la monnaie libre ne change-t-elle pas la donne? La monnaie libre de par la formule mathématique sur laquelle elle se base (invariant spatio-temporel et principe de relativité) protège l’homme de lui-même. La monnaie n’a plus qu’un seul rôle, celui de faciliter les échanges et d’être, à terme, un tremplin vers un monde sans argent.
    Qu’en penses-tu MG(ou autres)?
    Pour le reste, je partage totalement l’avis de Francis même si je suis malgré moi, conditionnement oblige, proudhonniste.

  3. “il préfère les « fédérations ou fraternisations qui se formèrent spontanément » pendant la Révolution”.

    Spontanément, vraiment? Lisez l’Abbé Barruel….

  4. Même le dernier article de KA pourrait parler aux GJ car il démontre “qu’un petit groupe de citoyens motivés et impliqués puisse changer le monde” comme l’affirmait Mead ► https://jbl1960blog.wordpress.com/2019/06/03/meurtre-de-masse-sans-consequences-au-canada-comment-detroner-le-mensonge-kevin-annett-1er-juin-2019/

    Voici ce que précise R71 qui traduit : Ce texte récent de KA sur le dernier développement en date de l’affaire du génocide autochtone au Canada est à la fois informatif et motivant. Nous pensons notamment à l’inspiration que des groupes Gilets Jaunes pourraient en tirer dans le domaine de l’implication dans l’action directe politique. Le mouvement généré par KA depuis 1996 pour attirer l’attention publique sur la réalité génocidaire coloniale canadienne est un modèle du genre : comment un petit groupe de personnes inconnues, pour beaucoup parias de la société marchande, s’est peu à peu fait entendre pour amener au grand jour le grand crime et le grand mensonge de l’histoire du Canada (et des États-Unis) : l’histoire du génocide des peuples autochtones et plus spécifiquement les horreurs des ca mps de la m ort que furent les « pensionnats pour Indiens » au Canada entre la fin du XIXe siècle et 1996, date de fermeture du dernier d’entre eux…

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