Source Christelle Néant pour Donbass-Insider
Le 19 février 2020, la République Populaire de Donetsk (RPD) a célébré les cinq ans de la libération de la ville de Debaltsevo, fruit des actions coordonnées des milices populaires de la RPD et de la RPL (République Populaire de Lougansk). Denis Pouchiline, le chef de la RPD a profité de cette cérémonie pour décorer plusieurs soldats qui ont participé à cette bataille.
Cérémonie commémorative de la RPD pour les cinq ans de la libération de Debaltsevo
Le 18 février 2015, après plus d’un mois de combats intenses entre l’armée ukrainienne et les milices populaires de la RPD et de la RPL, la ville de Debaltsevo était enfin libérée. Cinq ans après cet exploit des deux milices populaires, qui ont réussi à encercler et à vaincre un ennemi qui leur était supérieur en nombre, les deux républiques ont célébré la libération de la ville.
Le 18 février 2020, c’est la RPL qui a célébré les cinq ans de la fin de l’opération Tchernoukhino-Debaltsevo qui a permis la libération de la ville, qui était occupée par l’armée ukrainienne depuis juillet 2014.
Le lendemain, c’est la RPD, qui a célébré à son tour la libération de Debaltsevo par les milices populaires des deux jeunes Républiques. En plus du chef de l’État, du président du Conseil populaire de la RPD, du ministre des Affaires étrangères de la RPL, et du maire de Debaltsevo, de nombreux habitants de la ville sont venus se recueillir.
Voir le reportage sous-titré en français :
Le chef de la RPD, Denis Pouchiline, a tenu à rappeler l’exploit qu’a constitué cette victoire, et ce qui a permis que ce miracle se réalise.
« Il est très important pour nous d’être conscients de l’exploit qui a rendu cela possible. L’exploit de ceux qui ont pris les armes. Les soldats qui y sont allés, se rendant compte que l’avantage numérique était du côté de l’ennemi et, que selon tous les canons de la science militaire, hélas, il y avait peu de chances. Néanmoins, la détermination, le courage et, bien sûr, la compréhension du fait que c’est notre patrie, notre terre, notre foyer, ont permis de gagner et de libérer la ville de Debaltsevo. Et, bien sûr, il ne faut pas oublier la ténacité et le courage des civils qui ont fait tout leur possible durant cette période pour que cela [la libération] se réalise », a déclaré le chef de l’État.
Denis Pouchiline a ensuite proposé de créer à l’occasion des cinq ans de la libération de la ville une médaille « Pour la libération de Debaltsevo », afin que les générations futures se souviennent de la bataille qui a eu lieu ici. Cette médaille sera remise à tous ceux qui ont participé à la libération de la ville, qu’il s’agisse de soldats ou de civils, et elle pourra aussi être remise à titre posthume.
Il a ensuite remis l’ordre de la Croix de Saint-Georges à plusieurs soldats qui ont participé à la bataille de Debaltsevo, avant d’aller déposer des fleurs sur le mémorial installé à la mémoire de celles et ceux qui donné leur vie pour libérer la ville.
La RPL était représentée lors de cette cérémonie par Vladislav Deïnego, le ministre des Affaires étrangères, qui a lu un discours de Léonid Passetchnik, le chef de la République Populaire de Lougansk, rappelant que cette victoire a été rendue possible par le travail conjoint des milices populaires des deux Républiques, et le prix élevé qu’il a fallu payer pour en arriver là.
« La victoire lors de l’opération Tchernoukhino-Debaltsevo est un succès commun des soldats de la RPL et de la RDP. En 2015, grâce à leurs actions concertées, à leur héroïsme, et à leur force d’âme, ils ont réussi à libérer cette terre qui souffrait depuis longtemps », a déclaré Léonid Passetchnik.
« Lorsqu’on se remémore ces événements tragiques, on comprend à chaque fois le coût élevé de notre lutte pour l’indépendance et la liberté. Il est difficile de réaliser que pendant l’opération Tchernoukhino-Debaltsevo, des défenseurs de la République y ont laissé leur tête et des civils sont morts. Ces victimes sont sur la conscience du gouvernement ukrainien criminel, qui est impitoyable dans son désir de détruire le Donbass », a-t-il ajouté.
Vladislav Deïnego a ensuite prononcé son discours personnel, dans lequel il a souligné que la victoire de Debaltsevo avait été le coup de massue nécessaire pour obliger l’Ukraine à s’asseoir à la table des négociations. Il faut en effet se rappeler que c’est en février 2015, en pleine débâcle de l’armée ukrainienne à Debaltsevo, que Kiev a signé les accords de Minsk II.
Il a ensuite rendu hommage à celles et ceux qui ont donné leur vie pour cette victoire, pour la libération de Debaltsevo, et a tenu à rappeler que leur sacrifice a permis de bâtir la RPD et la RPL, de donner un avenir à leurs habitants, et qu’aujourd’hui ceux qui sont toujours de ce monde ont pour devoir de poursuivre ce que ces héros ont commencé.
« Ceux qui ne sont pas revenus de cette opération resteront à jamais dans notre mémoire. Mais ils ont néanmoins placé entre nos mains l’avenir de nos enfants, de nos petits-enfants. Et notre tâche, notre devoir d’honneur est d’accomplir ce qu’ils n’ont pas réussi à faire », a déclaré Vladislav Deïnego.
Une défaite qui a du mal à passer côté ukrainien
Si les deux Républiques Populaires célèbrent cette victoire, le moins que l’on puisse dire c’est que cinq ans après sa défaite cuisante, l’Ukraine ne la digère toujours pas, comme l’a montrée la provocation organisée hier par l’armée ukrainienne contre la RPL, alors même que le Conseil de Sécurité de l’ONU devait évaluer la mise en œuvre des accords de Minsk.
Une provocation qui a eu lieu (étrangement) quelques jours après la venue de Bernard-Henri Lévy (le pyromane professionnel qui sème les coups d’État et les guerres civiles partout où il passe) sur le front du Donbass.
La réaction de Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, à ce qui s’est passé le 18 février 2020 au matin est instructive à plus d’un titre. En effet, suite à cet incident qui a fait plusieurs victimes parmi les soldats ukrainiens, Zelensky a convoqué une réunion du Conseil National de Sécurité et de Défense, et la déclaration qu’il a faite à la sortie de cette réunion a de quoi laisser dubitatif sur une future application des accords de Minsk par l’Ukraine.
Zelensky a en effet déclaré que l’Ukraine possède une armée puissante qui a répondu avec force à la « provocation matinale de l’ennemi ».
« Il y avait d’autres questions à l’ordre du jour du Conseil National de Sécurité et de Défense, mais nous avons commencé par la provocation qui a eu lieu ce matin sur la ligne de contact. Je tiens à vous dire que nous avons une armée puissante. Des provocations se produisent, l’armée a donc répondu avec force », a déclaré Zelensky.
Il a ajouté que la situation est entièrement sous contrôle des forces armées ukrainiennes, et a qualifié ce qui s’est passé de provocation cynique, et de tentative de perturber le processus de paix dans le Donbass, tout en donnant sa vision très personnelle de la façon dont doivent se mener ces négociations.
« Nous sommes convaincus que cette provocation ne changera pas le cours des choses car seule une armée forte permet de s’asseoir à la table des négociations, cours qui nous rapproche avec confiance de la fin de la guerre et de la paix », a déclaré le Président.
Les mensonges de Zelensky concernant le bombardement de la RPL
Le problème de Zelensky, c’est que ce n’est pas la milice populaire de la RPL (ou l’armée russe, comme indiqué dans l’article délirant d’Ukrinform et celui de Sébastien Gobert pour RFI) qui a attaqué, mais bien l’armée ukrainienne, comme le prouve le fait que le corps d’un des soldats ukrainiens morts lors de cette attaque a été récupéré par la milice populaire sus-mentionnée près de ses positions, comme le prouve la vidéo ci-dessous.
Attention, contenu pouvant heurter la sensibilité, à ne regarder que pour les plus de 18 ans :
Les insignes ukrainiens présents sur l’uniforme de ce soldat mort étaient clairement visibles sur la vidéo publiée hier par la chaîne NKN. Et l’homme a été identifié comme étant Maxime Khimaïlov, un jeune homme de 22 ans, venant de la région de Poltava !!!
J’aimerais que monsieur Zelensky m’explique comment le corps de ce jeune soldat ukrainien a pu être récupéré par la milice populaire de la RPL, près de ses positions, si c’est elle (ou l’armée russe fantôme) qui a attaqué les positions de l’armée ukrainienne !
Si le scénario du président ukrainien était vrai, c’est l’inverse qui aurait dû se produire : ce sont des corps de soldats de la RPL, ou de soldats russes qui auraient dû être trouvés près des positions de l’armée ukrainienne.
Je sais bien que Volodymyr Zelensky est une buse en économie (dixit son Premier ministre), et qu’il l’est aussi certainement autant en matière de questions militaires, mais il n’y a pas besoin d’avoir fait Saint-Cyr pour savoir que si un cadavre de soldat ukrainien est retrouvé près des positions ennemies, c’est que c’était lui qui attaquait ces dites positions et pas l’inverse !!! Élémentaire mon cher Watson !
De plus, ce que Zelensky appelle une réponse forte de l’armée ukrainienne à cette attaque imaginaire, c’est le bombardement de zones civiles, qui n’ont strictement rien à voir avec les positions de la milice populaire de la RPL, à coup d’artillerie et d’obus de mortier !!!
Voir le reportage de la chaîne NKN que j’ai partagé hier, ainsi que celui de la milice populaire de la RPL, publié aujourd’hui :
La seule « réponse forte » que l’armée ukrainienne est capable de fournir contre le Donbass, c’est de bombarder des civils innocents, qui eux ne peuvent pas riposter ! En droit international ça s’appelle un crime de guerre délibéré.
Voilà quel genre « d’armée forte » a l’Ukraine. Une armée qui s’est pris une débâcle monumentale à Ilovaïsk, l’aéroport de Donetsk et Debaltsevo et dont les seuls faits d’armes et « exploits héroïques » consistent à bombarder des civils qui n’ont pas d’armes pour se défendre contre ces tirs.
Zelensky continue de vouloir réécrire les accords de Minsk
C’est là que j’en reviens à la « logique » exposée par Zelensky à l’issue de la réunion du Conseil National de Sécurité et de Défense, selon laquelle « seule une armée forte permet de s’asseoir à la table des négociations ». En clair, Zelensky veut changer le rapport de force qui a abouti à la signature des accords de Minsk, et passé du camp qui a perdu à celui qui peut imposer son point de vue.
Sauf qu’il y a plusieurs problèmes. Le premier c’est que l’armée ukrainienne ne gagnera pas plus la guerre maintenant en 2020, qu’elle ne l’a fait en 2014. La seule chose que Kiev va obtenir c’est un nouveau chaudron, une nouvelle débâcle, une énième humiliation, et la perte définitive des accords de Minsk, car il a été dit et répété qu’il n’y aura pas de Minsk 3. Or les accords de Minsk sont la seule chose qui retient les deux Républiques Populaires de récupérer leurs territoires par la force.
Le deuxième problème c’est que l’Ukraine s’est déjà assise à la table des négociations et a déjà signé le plan de paix, en position de défaite, et à deux reprises (en 2014 et 2015). Que ce plan de paix a été validé par une résolution de l’ONU et que donc jouer à « c’est moi qui ai la plus grosse » pour faire croire que cela va permettre à Kiev d’obtenir une réécriture des accords qu’elle a signés afin que ces derniers lui soient plus favorables, c’est du délire. Vous avez signé, l’ONU a validé, vous appliquez, point !
Vous n’êtes plus à la table des négociations pour discuter du plan de paix. Vous y êtes pour vous coordonner avec la RPD et la RPL afin de mettre en œuvre le plan de paix que vous avez signé !!! Il serait temps de vous le rentrer dans le crâne.
En attendant qu’un jour les autorités ukrainiennes comprennent ce fait simple, les accords de Minsk resteront dans l’impasse, non pas à cause d’offensives imaginaires des milices populaires, mais parce que l’Ukraine montre chaque jour un peu plus qu’elle n’a aucune intention d’appliquer ces accords qui sont le symbole de la défaite cuisante de l’armée ukrainienne dans le Donbass.
Christelle Néant
PS : Au passage, je ne féliciterai pas monsieur Gobert, qui prouve s’il en était besoin que certains journalistes français sont indignes d’avoir une carte de presse car ils sont incapables de vérifier l’information qu’ils publient, et se contentent de copier coller la propagande ukrainienne sans aucun recul ni réflexion sur la logique de ce qu’ils écrivent.
Si ce « confrère » avait regardé les sources en RPL il se serait rendu compte qu’il y a un bilan des pertes côté milice populaire et côté civils aussi (contrairement à ce qu’il raconte), mais surtout qu’il y a un problème de taille qui détruit totalement le scénario de l’attaque contre l’armée ukrainienne : la présence du corps de ce soldat ukrainien près des positions de la RPL. Sans parler de son acceptation complète du délire ukrainien selon lequel l’armée ukrainienne affronte l’armée russe dans le Donbass.
Non monsieur Gobert, l’armée ukrainienne n’affronte pas « les forces russes » comme vous l’indiquez dans le chapeau de votre article. Si c’était le cas, la guerre serait finie depuis six ans, et le drapeau russe flotterait sur Kiev depuis lors, après une guerre éclair digne de celle qui s’est jouée en Ossétie du Sud en 2008 !
Quant à votre délire selon lequel on n’a plus vu une telle offensive depuis 2015, il faut arrêter la dramatisation à outrance et sortir de votre bureau de Kiev pour aller sur le terrain ou regarder les vidéos publiées par mes collègues du Donbass ou moi-même (comme ici à Sakhanka en 2018). Vous y découvrirez alors que de tels bombardements massifs de zones civiles par l’armée ukrainienne sont malheureusement courants depuis la signature des accords de Minsk, et qu’il y en a eu un bon nombre après 2015.