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Christelle Néant pour Donbass-Insider
Le chef de la Banque Centrale d’Ukraine, Yakov Smoly, a remis sa démission après avoir reçu, dit-il, des pressions politiques. Le média ukrainien Liga, indique que c’est même un conflit avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, lors d’une réunion qui a eu lieu la veille, qui serait à l’origine de sa démission. Quelle qu’en soit la raison, cette décision inquiète tant l’UE que le FMI, et les investisseurs occidentaux présents en Ukraine.
Le chef de la Banque Centrale d’Ukraine claque la porte après un conflit avec Zelensky
Mardi 30 juin, avait lieu une réunion du Conseil National des réformes, à laquelle participaient Yakov Smoly, et Volodymyr Zelensky. D’après deux sources du média ukrainien Liga, dont une qui a participé à la réunion, un conflit aurait éclaté entre le Président ukrainien et le chef de la Banque Centrale, le premier demandant au second plus d’argent pour alimenter l’économie de l’Ukraine. Mais Smoly aurait souligné que cette méthode (qui est ce que l’on appelle la « planche à billets ») ferait peser un risque sur la stabilité macro-économique du pays, et pourrait provoquer une nouvelle chute de la hryvnia (la monnaie nationale).
Résultat, le lendemain, Smoly a annoncé avoir remis sa démission par écrit, justifiant cette décision par la pression politique exercée sur la Banque Centrale d’Ukraine (BCU).
« La Banque Centrale d’Ukraine est depuis longtemps soumise à des pressions politiques systématiques. Il m’est donc impossible d’exercer efficacement mes fonctions et d’interagir avec d’autres organismes gouvernementaux. Avec ma démission, je veux mettre en garde contre de nouvelles tentatives de miner les fondements institutionnels de la Banque Centrale d’Ukraine », a déclaré M. Smoly.
Zelensky n’a pas hésité bien longtemps pour savoir s’il l’acceptait ou non, et aujourd’hui, 2 juillet, il a soumis à la Rada le projet de résolution entérinant la démission de Yakov Smoly. Le vote devrait avoir lieu dès demain, 3 juillet.
Tous les experts financiers interrogés par Liga ont pris la démission du chef de la Banque Centrale de manière très négative, craignant que cette dernière ne perde son indépendance, ce qui pourrait nuire aux relations entre l’Ukraine et les investisseurs et partenaires étrangers, dont le FMI.
L’accord avec le FMI et le placement d’euro-obligations en danger
Et les nuisances potentielles ont déjà commencé, puisque la démission de Smoly juste après que l’Ukraine ait effectué son premier placement d’euro-obligations post-quarantaine, d’un montant de 1,75 milliards de dollars, a fait dérailler l’opération. Les investisseurs qui avaient acheté ces euro-bonds ont demandé d’annuler la transaction au vu de la nouvelle situation. Après une nuit entière de négociation avec les investisseurs, l’Ukraine a plié et annulé le placement.
Or ce dernier était adossé à l’accord conclu entre l’Ukraine et le FMI. Accord qui requiert l’indépendance de la Banque Centrale d’Ukraine. L’institution a d’ailleurs réagi à la démission de Smoly, à travers un communiqué qui s’est voulu exigeant sans montrer de panique.
Le FMI a souligné que sous la direction de Smoly, la Banque Centrale d’Ukraine avait réussi à maintenir la stabilité des prix, « démontrant amplement qu’une Banque Centrale indépendante est un élément clé de l’élaboration d’une politique macroéconomique moderne », et que c’est pour cela que « l’indépendance de la Banque Centrale d’Ukraine est au centre du programme soutenu par le Fonds en Ukraine, et la raison pour laquelle elle doit être maintenue » sous le successeur de Smoly.
Un point qui a été souligné par l’expert financier et blogueur, Sergueï Foursa, qui a déclaré que Zelensky avait fait ce qu’il ne fallait surtout pas faire.
« La démission a été provoquée par […] des pressions politiques sur la Banque Centrale indépendante, dont l’indépendance était la principale condition de la coopération avec le FMI. Dont l’indépendance a été scellée par le Président ukrainien qui a signé le mémorandum. L’importance de son indépendance a été mentionnée dans chaque paragraphe du communiqué de presse du FMI après que le Fonds ait sauvé l’Ukraine du défaut de paiement. Et après cela, le président lui-même commence à faire pression sur la Banque nationale. Eurêka », a-t-il écrit sur son mur Facebook.
Les marchés ont eux aussi réagi, provoquant une chute de la hryvnia, ce qui a obligé la Banque Centrale d’Ukraine à intervenir directement sur le marché de change pour sauver la situation. Une réaction de Foursa avait prédit. Pour lui dans un avenir proche, en plus de la panique sur le marché des devises, l’Ukraine doit s’attendre au départ de tous les investisseurs potentiels qui peuvent encore partir. Et à long terme c’est une catastrophe économique et le défaut de paiement qui attendent Kiev d’après l’expert.
L’Occident s’inquiète de la démission de Smoly
Le ministre ukrainien des Finances, Sergueï Martchenko a beau se vouloir rassurant en disant que rien de tout cela ne menace la stabilité financière de l’Ukraine, les investisseurs et les Occidentaux ne semblent pas du même avis. Ce coup d’éclat porte un coup sévère à la crédibilité du gouvernement de Zelensky auprès de ses partenaires étrangers.
Le Directeur général de Dragon Capital (société qui appartient au fonds d’investissement de Georges Soros), Tomas Fiala a ainsi déclaré que son entreprise allait reporter les nouveaux investissements qui étaient prévus, ajoutant que cette démission était « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ».
L’UE a elle aussi réagit avec inquiétude, considérant que la démission de Smoly est un signal d’alarme, et appelé elle aussi à préserver l’indépendance de la Banque Centrale d’Ukraine, faute de quoi cela saperait la confiance dans les réformes menées dans le pays.
La réaction des marchés, du FMI et de l’Occident en général va désormais dépendre du choix du remplaçant de Yakov Smoly. Si Zelensky choisit un chef de la Banque Centrale d’Ukraine plus loyal, qui acceptera d’appliquer la politique de la planche à billet pour remplir le budget de l’État sans mendier à nouveau auprès du FMI, cela pourrait provoquer une crise financière, comme l’a souligné Yelena Belan de Dragon Capital.
« L’évolution de la situation dépendra des actions du président. Si la démission de Smoly est acceptée et que la BCU nomme une direction loyale, alors en plus d’une crise économique, nous serons bientôt au bord d’une crise financière », a-t-elle déclaré.
La balle est dans le camp de la Rada, qui pourrait refuser d’entériner la démission de Smoly, ou d’accepter la nomination d’un chef de la Banque Centrale d’Ukraine trop conciliant envers Zelensky. Si le parlement ukrainien n’utilise aucune de ces deux options, il est à craindre que le répit accordé à l’Ukraine par l’accord conclu avec le FMI n’aura pas duré plus longtemps que l’octroi de la première tranche d’aide par le Fonds, et tous les sacrifices imposés au peuple ukrainien l’auront été une fois encore pour rien.
Encore une nation coulée grâce à Washington !
Et les 230 tonnes d’or déménagés à la hâte la nuit du Maidan par trois cargos de la C.I.A., ou sont’ ils passés ?
Rachat des bons du trésor américain exigé par les Chinois avec de l’or-métal qu’ils n’ont plus !
Fort Knox est vide ! 😉