Coronavirus : heureusement que Macron est un génie.

Hier, dans son discours à la nation, Emmanuel Macron a convenu que des « fermetures de frontières » pourraient être décidées dans les jours ou semaines à venir, mais à condition que ce soit « à l’échelle européenne », parce qu’en effet « ce virus, il n’a pas de passeport » et qu’il faut « éviter le repli nationaliste ».

Quand certaines frontières ne sont plus des frontières…

Ces mots ou expressions-valises, enfilées comme des perles, n’ont malheureusement aucun sens et nous apprennent seulement que, décidément, malgré tous les beaux discours et malgré que le président annonce que le coronavirus est la plus grave sanitaire qu’ait connue la France depuis un siècle, même la Santé des français reste un intérêt inférieur à celui de la construction européenne !

Si « le virus, il n’a pas de passeport » français, on doute qu’il ait davantage un passeport européen… En quoi un virus reconnaitrait davantage les frontières européennes et donc le confinement intra-européen, que celles de France et la fermeture des frontières nationales ?!?

Côté incohérence intellectuelle, passons aussi sur le conseil paradoxal donné par le président aux personnes âgées (bien représentées dans son électorat) – limiter au maximum les déplacements mais en même temps aller voter – ou bien celui donné à tous les français pour terminer son allocution, quand il nous encourage à être solidaire, quand sa réforme technocratique des retraites ne l’est pas du tout…

Emmanuel Macron ne marquera pas l’Histoire de son génie, mais par sa capacité à dire en même temps tout et son contraire, avec l’air ému du bon comédien, ou par son entêtement à défendre et à construire l’Union Européenne de Jean Monnet, même en pleine crise sanitaire mondiale !

Un problème de timing…

Puisqu’il fallait regarder depuis deux mois vers la Chine puis vers l’Italie pour savoir les mesures qui seraient prises un jour chez nous, en étant d’abord attentiste et laxiste, puis soudainement, en prenant cette fois des mesures radicales le 12 mars 2020 au soir, Macron a de nouveau agi contre l’intérêt des français (des enfants, de leurs parents, des personnes âgés, de l’économie française, etc).

En effet, il ne suffit pas de prendre les bonnes décisions (si il s’avère en effet que nous devons redouter au plus haut point cette épidémie), encore faut-il les prendre à temps.

Une publicité mensongère datant de 2017…

Et dire que certains français ont crû en 2017 au storytelling bien « marketé » du candidat Macron, shampoing anti-chute de cheveux pour les vieux (« Oh, quel beau couple ils forment avec Brigitte ! »), crème de jour pour les bourgeois de droite (honteux de leur manque de progressisme), gloss à lèvres brillant pour les bourgeois de gauche (enfin libres de mépriser le peuple)… On nous l’avait assuré : Macron était un génie.

Peu importe s’il prenait en classes préparatoires des cours de soutien en Mathématiques ou en Économie, peu importe s’il avait échoué deux fois à Normale Sup avant d’atterrir finalement à la fac de Nanterre en filière Philo, peu importe si, en réalité, il n’aurait pas soutenu de thèse et que son supposé directeur ne se souvenait plus de lui… La presse l’avait écrit : Macron était un génie !

Mi-philosophe (rappelez-vous, il aurait en effet corrigé les épreuves d’une édition de Paul Ricoeur…), mi-banquier (les hauts fonctionnaires embauchés par les banques d’affaires sont intéressés pour leur carnet d’adresses plus que par leurs compétences), Macron n’avait pas de programme (inutile quand on a une vision (?!?)) mais un projet solide : faire de la France une start-up Nation, lui qui n’avait jamais dirigé ne serait-ce qu’une TPE… C’était sûr et certain, toutes les élites le disaient : Macron était un génie !!!

En vérité, si Macron était un entrepreneur et la France une entreprise, la France serait déjà en redressement judiciaire.

Ne parlons même pas de la crise des Gilets Jaunes qui a surtout explosé à cause du mépris permanent de Macron pour le peuple français, ni de la réforme des retraites pour laquelle Macron aura réussi l’exploit de mettre dans la rue les avocats et les médecins aux côtés des salariés du privé mais aussi des enseignants et des salariés des régimes spéciaux. Prenons la crise du coronavirus puisque c’est l’actualité. Elle commence ainsi :

Chronologie de la crise du coronavirus en France…

1/ La France rapatrie ses expatriés de Chine, dont certains sont probablement contaminés – alors que l’OMS ne le recommande pas – et qu’à ce moment-là le coronavirus est encore quasiment inconnu en France (les 3 premiers cas ont été détectés une semaine avant)…

Pourquoi ne pas offrir une assistance sur place (médecins, infirmiers,…), c’est à dire en Chine, quand le but premier doit être d’empêcher l’épidémie de se répandre ?

C’est ici le meilleur moyen, au contraire, de l’importer, comme le cas du militaire de Creil semble le montrer, cet homme testé positivement en France ayant participé au rapatriement d’expatriés français de Chine.

1ère faute de Macron : aller au devant des problèmes et les importer là où ils n’existaient pas.

2/ Après la Chine, l’Italie voit l’épidémie se développer à toute vitesse, et aucune interdiction n’est donnée aux italiens de traverser la frontière vers la France quand, dans le même moment, les italiens commencent à se voir confinés par leur propre gouvernement là où des foyers sont détectés et interdisent, eux, les avions en provenance de Chine.

Une idéologie absurde « d’un libre-échangisme à tout prix » interdit une nouvelle fois les « bien-pensants » qui ironisent sur la fermeture des frontières de prendre une décision statistiquement rationnelle (et qui ne doit en rien être idéologique) : contrairement aux nuages de Tchernobyl qui se déplacent dans le ciel et se rient des frontières ou à la ligne de Maginot que les Allemands évitent en attaquant plus au Nord, les virus ne peuvent franchir la frontière si l’homme/la femme qui en est porteur/porteuse ne peut la franchir ! De même que les malades sont confinés dans leur maison ou leur ville, fermer temporairement ses frontières à un pays davantage touché que nous par l’épidémie n’est absolument rien d’autre qu’un confinement ! Même les épidémiologistes interviewés par la presse pour rabâcher cette idée fausse (que fermer les frontières problématiques n’a aucun intérêt), ne disent pas ça : interviewé, l’épidémiologiste suisse Antoine Flahault dit « La fermeture des frontières est compliquée et elle a beaucoup de conséquences. Vous me direz que si c’est pour la sécurité des patients, cela vaut peut-être le coup. Mais cela a des conséquences qu’il faut étudier de très près pour une efficacité extrêmement modeste. ». Résumé par France Culture, ça donne tout en nuances : « Fermer les frontières n’est pas efficace, les virus n’ont pas de passeport ». La tournure ironique de la phrase devant clouer le bec à toute contestation (parfaitement légitime je le répète), comme le forcément rationnel Macron à la forcément stupide présidente du Front National. Personne n’a dit que cela aurait été une solution miracle, mais simplement une décision qui aurait diminué, même un peu, la propagation de l’épidémie. Dire avec mépris que « les virus n’ont pas de passeport » revient à dire à tous les gouvernements du monde entier (dont celui de France), quand ils ferment des écoles, que « les virus ne sont pas scolarisés » : c’est stupide. Mais nous sommes les français, c’est certain, à coup sûr beaucoup plus intelligents que les Japonais, les Israéliens, les Anglais, les Russes, les Américains…

Mais comme c’est Marine Le Pen qui le dit, c’est forcément une connerie… Sous la macronie, les français doivent être des gens ouverts, même à 3 000 fans de football italiens quand on interdit les rassemblements de plus de 1 000 personnes moins de deux semaines plus tard…

2ème faute de Macron : baser sa gestion d’une crise sanitaire sur des arguments purement idéologiques et/ou économiques et/ou politiques, en dépit du bon sens.

3/ Alors que l’épidémie est passée en Chine, de 100 cas le 18 janvier dernier à 10 000 13 jours plus tard le 31 janvier, puis à 50 000 cas le 13 février, et que dès le 30 janvier dernier, 25 pays se déclarent touchés par l’épidémie, la France entière apprend, éberluée, le 3 mars 2020 lors d’une question au gouvernement posée par le député LR et cardiologue Jean-Pierre Door à l’Assemblée Nationale, que la France n’a pas de stock, fait ou même en cours de constitution, de masques FFP2. Les médecins généralistes doivent attaquer l’État en justice le 4 mars 2020 afin d’obtenir des masques, n’étant eux-mêmes pas équipés, alors qu’ils sont chaque jour en première ligne face à d’éventuels contaminés, et qu’ils sont susceptibles à chaque instant de contaminer leurs patients (venus pour un tout autre problème médical), notamment les plus âgés. Personne même ne peut, ni ne doit, porter un masque (pénurie !) alors que c’est le meilleur moyen de se protéger (en effet, compte tenu de la période d’incubation longue de ce coronavirus, il est impossible de savoir qui est contaminé, donc la quarantaine est toujours une mesure en retard). A t’on vu les chinois combattre le coronavirus sans masques ? A raison, ils sont devenus là-bas obligatoires presque depuis le début ! En France en 2020, dans un pays qui a un des taux de prélèvements obligatoires le plus élevé du monde (environ 49% de la richesse nationale produite et 200 milliards d’euros à la Sécurité Sociale) et où l’État se mêle de tout, l’État n’est même pas capable de prévoir des stocks disponibles de masques ni même seulement d’anticiper l’épidémie qui s’approche des frontières, ni même d’activer la fabrication de masques adaptés. Contrairement à la Chine qui a fourni masques FFP2 mais aussi lunettes, surblouses jetables et kits de protection complets ! C’est sans compter la pénurie de gel hydroalcoolique depuis début mars, gel dont la conception ne relève quand même pas de la haute technologie, et pour lequel l’État n’a eu comme seule idée brillante que d’en plafonner le prix, donc in fine d’en compliquer voire d’en stopper toute fabrication !

3ème faute de Macron : ne tirer aucune leçon de ce qui se passe à l’étranger et ne rien anticiper.

Et tout à coup, c’est le drame…

Et puis, soudain, alors que fin janvier notre ministre de la Santé doutait encore que le coronavirus n’arrive jusqu’en France, Macron décide de « tout » fermer ce 12 mars de manière radicale. Dès lundi et jusqu’à Pâques, toutes les crèches, toutes les écoles et toutes les Universités seront portes closes, obligeant une majorité des 36 millions de parents à arrêter de travailler, ou presque… Au coût moyen du travail en France (charges sociales incluses), 36 millions de personnes qui ne travaillent pas (sans compter les coûts induits probablement encore plus importants), ce sera un coût d’environ 5,8 milliards chaque jour ! Cette mesure drastique – probablement nécessaire désormais – va s’avérer coûter « un pognon de dingue », alors que beaucoup aurait pu être fait plus tôt, pour beaucoup moins cher. En effet, la propagation de l’épidémie n’est pas un phénomène linéaire mais plutôt de type exponentiel, ce qui rend primordial la gestion du temps. Et cette course contre le temps, le 12 mars au soir, le président Macron l’a déjà perdu.

Dans sa gestion de l’État au quotidien, malheureusement pour nous, il s’avère que Macron est tout sauf un génie. Ou alors, un mauvais. Or, l’épidémie ne fait que commencer…