Donbass – L’armée ukrainienne tire à l’artillerie lourde sur la RPD

Fin février, le site NewsFront publiait « Kiev préfère un scénario de force : Zelensky appelle au bombardement du Donbass« . C’est donc dans cette mortifère stratégie que s’enfonce la président ukrainien qui assure droit dans ses bottes : « Seule une armée forte nous permettra d’entamer des négociations » . «Nous nous dirigeons avec confiance vers la fin du conflit.» »a-t-il déclaré (newsfront). Ce qui est tout à fait relatif, vu l’inaction de Macron et Merkel signataires et garants des accord de Minsk. Partagez ! Volti

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Christelle Néant pour Donbass-Insider

Durant les dernières 24 h, l’armée ukrainienne a violé 26 fois le cessez-le-feu, et tiré des dizaines d’obus d’artillerie lourde et de mortier sur le territoire de la République Populaire de Donetsk (RPD), atteignant des niveaux de violation de la trêve qui n’avaient plus été vus depuis l’automne 2019.

Un nombre record de violations du cessez-le-feu et le retour de l’artillerie lourde

Du 2 au 3 mars 2020, l’armée ukrainienne a violé le cessez-le-feu en RPD à 26 reprises, tirant 126 munitions dont 30 obus d’artillerie lourde d’un calibre de 122 mm, et 59 obus de mortier de 120 mm et 82 mm contre le territoire de la République.

Si l’artillerie lourde n’avait plus été utilisée par l’armée ukrainienne contre la RPD depuis la mi-décembre 2019, un tel nombre de violations quotidiennes n’avait plus été vu depuis octobre 2019. Un point qu’a souligné Rouslan Iakoubov, le chef de la représentation de la RPD au sein du Centre Conjoint de Contrôle et de Coordination du cessez-le-feu (CCCC).

Ce dernier a fait un bilan des bombardements depuis le début de l’année, et a déclaré qu’une hausse des violations du cessez-le-feu par l’armée ukrainienne contre la RPD était observée depuis la fin du mois de février.

« Selon les données enregistrées par la représentation de la RPD au sein du CCCC et du processus de négociation, en janvier 2020, les Forces Armées Ukrainiennes (FAU) ont violé le cessez-le-feu à 188 reprises, et tiré 348 obus de mortier de 120 mm et 82 mm sur le territoire de la République. En février, le nombre de violations par les FAU a été multiplié par près de 1,5 et s’élevait à 271 violations du cessez-le-feu. Il est à noter que depuis le 29 février, on constate une augmentation du nombre de bombardements, y compris avec de l’artillerie de gros calibre, » a-t-il déclaré.

Rouslan Iakoubov a ensuite fait le bilan des dernières 24 h et rappelé que la dernière utilisation de l’artillerie lourde par l’armée ukrainienne contre la RPD remontait au mois de décembre.

« Au cours de la seule journée passée, l’ennemi a tiré 26 fois sur des zones résidentielles de la RPD, tirant 30 obus d’artillerie de 122 mm, 25 obus de mortier de 120 mm et 34 obus de mortier de 82 mm. La dernière fois qu’un tel nombre de violations de la part des FAU a été enregistré, c’était en octobre de l’année dernière, alors que l’utilisation de l’artillerie de 122 mm date du 17 décembre 2019. L’utilisation de l’artillerie lourde a doublé par rapport à décembre, » a-t-il ajouté.

Le chef de la représentation de la RPD au sein du CCCC a aussi dressé le bilan du mois de février en matière de destructions et de victime parmi les civils.

« En février, deux civils ont été blessés avec plus ou moins de gravité. Une maison a été complètement détruite et 70 autres ont été endommagées, ainsi que 11 infrastructures, » a-t-il déclaré.

L’artillerie de 122 mm utilisée durant ces dernières 24 h par l’armée ukrainienne contre la RPD a frappé la zone de Gorlovka. Un obus a atterri dans la cour d’une maison à Panteleïmonovka, détruisant la douche d’été qui s’y trouvait.

Photo : Ivan Prikhodko, maire de Gorlovka

Et depuis ce matin, l’armée ukrainienne a déjà violé six fois le cessez-le-feu et tiré 20 obus de mortier de 120 mm et 82 mm sur le territoire de la RPD. Lors du bombardement mené ce soir par les FAU contre le village de Signalnoye à coup d’obus de mortier de 120 mm, un immeuble d’habitation a été endommagé (le toit, des fenêtres et un garage ont été endommagés). Pour l’instant heureusement il ne semble pas y avoir de victimes parmi les civils.

Aggravation de la situation sur fond de statu quo concernant les accords de Minsk

Cette augmentation des bombardements a lieu sur fonds de déclarations de la part d’officiels ukrainiens visant à réécrire ou abandonner les accords de Minsk, dont la mise en œuvre n’a pas avancé d’un iota depuis la dernière réunion au Format Normandie.

Malgré l’inscription dans le communiqué commun, publié à l’issue de la réunion de décembre 2019, de la nécessité d’appliquer un cessez-le-feu strict et complet, celui-ci n’est toujours pas d’actualité, comme l’a souligné Rouslan Iakoubov.

« Comme vous le savez, tous les documents des accords de Minsk contiennent l’exigence d’un régime de cessez-le-feu immédiat et complet, néanmoins les FAU continuent de violer non seulement les accords signés, mais aussi les nouveaux engagements pris, » a-t-il déclaré.

Le chef de la représentation de la RPD a ensuite expliqué comment le commandement ukrainien justifie de manière absolument cynique ses crimes de guerre contre la République afin d’aggraver la situation.

« Dans ce contexte, il est particulièrement cynique que le commandement des FAU justifie ses crimes de guerre, notamment en utilisant les statistiques des pertes hors-combat parmi ses soldats comme des pertes résultant de prétendus bombardements de notre part. En annonçant dans les médias des chiffres déformés sur les morts et les blessés, le service de presse du soi-disant quartier général de l’Opération des Forces Interarmées (OFI) exacerbe intentionnellement une situation déjà tendue, en essayant de forcer les défenseurs de la République à riposter, » a-t-il conclu.

Mais Kiev peut essayer de justifier ses crimes de guerre et ses manquements aux accords de Minsk, il n’en reste pas moins, qu’aucun des points du communiqué commun de la dernière réunion au Format Normandie n’a avancé depuis lors (à part l’échange des prisonniers mené fin 2019, mais qui n’était même pas au format « tous contre tous »).

La prochaine réunion au Format Normandie aura lieu quand l’Ukraine tiendra ses engagements

Face à ce constat d’échec et aux déclarations des officiels ukrainiens, Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères a tenu à rappeler les garants occidentaux à leurs devoirs, qu’il n’y a pas d’alternative aux accords de Minsk et a souligné encore une fois qu’il n’y aura pas de prochaine réunion au Format Normandie tant que les décisions de la précédente n’auront pas pleinement été mises en œuvre.

Suite aux déclarations répétées des membres du gouvernement ukrainien selon lesquelles ils veulent et préparent la prochaine réunion au Format Normandie qui devait se tenir en avril, Sergueï Lavrov a déclaré le 26 février que la prochaine date ne sera discutée qu’une fois que tout le monde aura signé le projet du document final qui y sera approuvé (afin d’éviter une reculade de Zelensky comme celle de décembre 2019 concernant le retrait des troupes sur la totalité de la ligne de front).

« Nous discuterons des dates du prochain sommet une fois que nous aurons signé son projet de document final afin qu’il n’y ait aucun moyen de saper les accords pendant le sommet », a souligné M. Lavrov, avant d’ajouter qu’il faisait « référence au désengagement des forces qui devait avoir lieu tout le long de la ligne de contact, mais le président Zelensky a finalement modifié le plan convenu avec ses représentants ».

Il a aussi rappelé la position de la Russie qui a toujours été de dire qu’il est inutile de se réunir si les décisions de la réunion précédente n’ont pas été appliquées.

« Nos collègues disent que le prochain sommet du Format Normandie doit avoir lieu en avril. Nous leur avons précisé notre position. Nous discuterons des dates du prochain sommet une fois que toutes les décisions prises lors de la réunion de Paris auront été mises en œuvre, qui concernent notamment les efforts pour améliorer la situation sur le terrain, les activités de déminage et les questions politiques, y compris celles liées à la formule Steinmeier et la nécessité d’inscrire le statut spécial du Donbass dans les lois ukrainiennes », a souligné M. Lavrov.

Or, rien de tout cela n’a avancé, et au lieu de faire leurs devoirs, les officiels ukrainiens continuent d’accumuler les déclarations qui vont à l’encontre des accords de Minsk, obligeant Sergueï Lavrov à rappeler aujourd’hui « qu’il n’y a pas d’alternative aux accords de Minsk » qui ont été « entérinés par une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU, devenant ainsi partie intégrante du droit international ».

Le ministre russe des Affaires étrangères a ensuite commenté plusieurs déclarations des membres du gouvernement de Kiev, dont son homologue ukrainien.

« Nous entendons beaucoup d’idées concrètes qui expliquent la pensée de M. Pristaïko, notamment l’idée que les organes gouvernementaux des républiques autoproclamées doivent être dissous, que des casques bleus de l’ONU doivent être déployés et que tout le périmètre de ces territoires doit être sous contrôle [de l’Ukraine – NDLR] avant d’organiser des élections, etc. Nous avons entendu les responsables ukrainiens dire qu’ils étaient prêts à maintenir le dialogue avec les habitants du Donbass, mais pas avec ceux qui ont été élus pour assurer leur vie quotidienne », a-t-il déclaré. « Cela va à l’encontre des dispositions concrètes des accords de Minsk ».

Sergueï Lavrov a ensuite déploré l’inaction totale de Paris et de Berlin face aux déclarations récurrentes des officiels ukrainiens qui vont à l’encontre des accords de Minsk.

« J’ai adressé plusieurs appels aux ministres des affaires étrangères de l’Allemagne et de la France, en tant que membres du Format Normandie, les invitant à ne pas ignorer des déclarations aussi provocantes de la part de responsables ukrainiens. Mais jusqu’à présent, nos partenaires du Format Normandie n’ont rien entrepris à cet égard », a-t-il déploré. « De plus, nos collègues français et allemands ne font rien pour inciter leurs partenaires ukrainiens à mettre en œuvre ce qui a été convenu lors du sommet au Format Normandie de décembre à Paris. Au lieu de cela, ils [l’Allemagne et la France – NDLR] se concentrent sur la convocation d’un autre sommet au Format Normandie comme un objectif en soi, que les accords précédents soient respectés ou non ».

Le résultat de l’inaction de Paris et de Berlin est que la Russie ne veut pas organiser un sommet au Format Normandie vide et inutile, et qu’elle l’a fait savoir aux deux autres garants des accords de Minsk.

Et pendant que l’Allemagne et la France se tournent les pouces face au sabotage de la mise en œuvre des accords de Minsk par Kiev, l’armée ukrainienne peut continuer tranquillement de bombarder la RPD et la RPL à coup d’artillerie lourde, dans le silence de la communauté internationale, pourtant si prompte à condamner les violations imaginaires de ces mêmes accords par la Russie (qui en est garante, comme Paris et Berlin, et non signataire).

Christelle Néant

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