La lutte est engagée, souhaitons que la population s’implique pour éradiquer ce fléau qu’est la corruption. Partagez ! Volti
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Christelle Néant pour Donbass-Insider
Le chef de la République Populaire de Donetsk (RPD), Denis Pouchiline, a annoncé le 5 février que la République s’engageait dans une lutte acharnée contre la corruption, particulièrement au niveau des points de passage de la ligne de front, et a annoncé vouloir utiliser la simplification administrative, via des systèmes en ligne, afin de déraciner la corruption qui trouve un terreau fertile dans la bureaucratie administrative du pays.
Mercredi 5 février, Denis Pouchiline a présidé une réunion sur la lutte contre la corruption, qui réunissait le président du Conseil Populaire de la RPD, Vladimir Bidiovka, le Premier ministre Vladimir Pachkov, le président de la Cour suprême, Andreï Kim, le chef de l’administration du chef de la République, Alexeï Nikonorov, la cheffe du département de contrôle du chef de la République, Olga Korol, le chef du comité exécutif central de l’organisation « République de Donetsk », Alexeï Mouratov, ainsi que des représentants des forces de l’ordre.
Le chef de l’État a d’abord rappelé que la lutte contre la corruption n’est pas quelque chose de ponctuel, mais de permanent.
« Le sujet de notre conversation d’aujourd’hui est compliqué, complexe et n’est pas ponctuel. Il s’agit de lutter contre la corruption. Je veux que tout le monde comprenne : nous travaillerons constamment, systématiquement et rigoureusement pour éradiquer ce phénomène très dangereux. Nous savons comment la corruption gangrène la société. Je ne m’y attarderai pas. Notre tâche est d’introduire des mesures efficaces qui réduiront progressivement son niveau, » a-t-il déclaré.
Denis Pouchiline a souligné l’importance d’une lutte efficace contre la corruption pour assurer le développement de la République.
« Nous nous sommes fixé pour objectif la croissance économique. La corruption est l’un des principaux obstacles au développement de l’esprit d’entreprise et de l’investissement », a expliqué le chef de l’État.
Denis Pouchiline a ensuite expliqué comment certaines administrations ont réussi en à peine cinq ans d’existence à mettre en place des obstacles au développement équitable des entreprises de certains secteurs.
« Laissez-moi vous donner un exemple. L’existence d’exigences excessives et étranges en matière de licences dans le secteur de la construction a eu pour conséquence de priver 38 entreprises de leur licence. Je suis sûr qu’ils ont trouvé une raison pour cela. Après tout, les exigences en matière de licence sont formulées en termes vagues, voire sciemment impossibles. Ainsi, pour les travaux d’inspection de l’état technique des bâtiments et des constructions, il est nécessaire de disposer d’un équipement de plongée et d’équipement d’escalade de pointe. Mais dans la pratique, les travaux sous-marins et d’alpinisme sont effectués par des professionnels impliqués en tant que sous-traitants. Et il existe un grand nombre de ces barrières, grâce auxquelles vous pouvez, en apparence, légalement, interdire l’accès au marché à quelqu’un. C’est pourquoi je ne serais pas surpris que, dans un avenir proche, nous n’ayons plus personne pour construire avec une telle politique. Avec de telles approches, nous ne ferons pas bouger l’économie, mais nous mettrons la situation au point mort » a-t-il déclaré.
Le chef de l’État a rappelé que la République ne devait pas tolérer les appétits de certains fonctionnaire, et que les normes devaient être pensées en termes de bon sens et de pertinence.
Denis Pouchiline a ensuite abordé la question sensible de la corruption sur les points de passage de la ligne de front, où les files d’attente très longues permettent le développement de la corruption, les gens étant prêts à payer pour doubler la file.
« La question de la corruption aux points de passage avec l’Ukraine a été soulevée plus d’une fois. C’est un problème scandaleux ! Même après la construction d’infrastructures aux points de contrôle, la situation ne s’est pas améliorée de façon spectaculaire. Les files d’attente sont créées artificiellement, tout le monde connaît le prix à payer pour les contourner. À moins que la liste des prix ne soit placée bien en évidence ! Les employés sont arrêtés par équipes entières – les suivantes arrivent, et tout se répète ! Nous allons maintenant modifier l’approche conceptuelle du passage des points de contrôle. Et nous veillerons résolument à ce que les gens ne subissent pas de tels tourments », a-t-il expliqué.
Le chef de l’État a ensuite détaillé comment structurer la politique de lutte contre la corruption, via des mesures préventives, l’augmentation de la responsabilité, l’assurance que la sanction sera inévitable, et le rejet par la société des pots de vins, extorsions et autres manifestations de la corruption.
Denis Pouchiline a ainsi indiqué que le ministère de la Justice de la RPD est en train de faire examiner les textes juridiques définissant les normes au sein de la République par des experts en matière de lutte contre la corruption. Il a aussi souligné qu’il fallait prendre en compte ces questions lors de l’élaboration des projets de lois par le Conseil Populaire.
L’autre point qui devrait permettre d’endiguer la corruption au sein de l’administration est la simplification des procédures administratives, et le passage à des systèmes en ligne, car la bureaucratie excessive est un terreau fertile pour la corruption.
« En outre, je pense que nous devons simplifier les procédures administratives, les traduire sous forme électronique. Toutes les procédures doivent être simples, efficaces et rapides. La bureaucratisation de tout processus est un encouragement à la corruption » a expliqué le chef de l’État.
Denis Pouchiline a ensuite mis l’accent sur l’importance des forces de l’ordre et de la justice, afin de s’assurer que la punition sera systématique.
« Nous devons faire tout notre possible pour que les fonctionnaires corrompus soient convaincus que, quelle que soit leur inventivité en matière de stratagèmes criminels, ils seront inévitablement punis. Les forces de l’ordre et les tribunaux ont un rôle crucial à jouer à cet égard. Chacune de ces structures a besoin d’un programme de mesures pour lutter contre la corruption, y compris dans leurs rangs. Le travail est en cours, mais il doit être renforcé, et des propositions et des approches non standard sont nécessaires dans ce domaine », a-t-il déclaré.
Mais tout cela ne peut pas marcher si la population dans son ensemble ne change pas de mentalité. Un point important qu’a souligné le chef de la RPD.
« Le point le plus important est que sans l’aide de la population, les efforts des forces de l’ordre seront inefficaces. La corruption existe avec le consentement tacite de la société. Tout le monde la condamne, mais quand il s’agit de déposer une plainte auprès du parquet, ils préfèrent rester inactifs. L’intolérance à l’égard de la corruption devrait devenir une norme dans notre société. Chaque cas de corruption, quel que soit son montant, devrait être perçu par les gens comme une honte. Et le comportement standard d’un fonctionnaire devrait être un service honnête à la société, » a expliqué Denis Pouchiline.
Pour arriver à cet objectif, le chef de l’État veut mener un travail d’information continue envers la population, et éduquer les gens à rejeter la corruption dès l’enfance via les programmes du ministère de l’Éducation et des sciences, afin de changer la psychologie de la société toute entière. Les médias ont aussi un rôle important à jouer dans cette campagne de lutte contre la corruption.
« Il est nécessaire de renforcer le travail avec les médias de masse. Il faut faire des reportages sur ces affaires, avec des explications sur chaque cas afin qu’elles soient démonstratives », a-t-il expliqué.
Denis Pouchiline a souligné que « sans la participation active de la société civile, nous n’obtiendrons pas de résultats significatifs ». Il a aussi montré comme exemple le travail des équipes du contrôle populaire du mouvement « République de Donetsk », et a proposé qu’elles soient plus activement impliquées dans la lutte contre la corruption. Il a aussi invité les citoyens de la République à manifester ouvertement leur position dans la lutte contre à la corruption.
« Nous nous engageons dans une lutte acharnée contre la corruption, et ce n’est pas une bataille de courte durée », a conclu le chef de l’État avant de demander l’avis des autres participants de la réunion sur ce problème et les mesures anti-corruption que chacun compte prendre dans son administration.
Le bureau du procureur général de la RPD a déclaré qu’en 2019, 51 affaires pénales concernant des délits de corruption ont fait l’objet d’une enquête, soit 10 de plus qu’en 2018. Ces affaires concernaient 72 prévenus, et le plus grand nombre d’infractions a été constaté dans les services publics, les collectivités locales et les services de police.
Cette augmentation du nombre d’affaires instruites est notamment liée à l’adoption de la loi sur les activités d’enquête opérationnelle, qui a permis d’utiliser les enregistrements audio et vidéo pour dénoncer les corrupteurs. Mais plusieurs des intervenants de la réunion ont souligné qu’il manque encore à la République plusieurs lois pour faciliter le travail des forces de l’ordre dans la lutte contre la corruption.
À la fin de la discussion, Denis Pouchiline a donné un certain nombre d’instructions aux participants de la réunion afin de faire avancer rapidement la lutte contre la corruption en RPD.