Le mécanicien de rue, un expert de la « débrouille » au cœur de la précarité ..

Vu le prix des réparations pour un véhicule, le système « D », permet à ceux qui n’ont pas beaucoup de moyens, de se faire dépanner par des mécanos, jusqu’à 10 fois moins chers, informels et en dehors des règles établies. Partagez ! Volti

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Auteur : Denis Giordano Pour The Conversation

Pixabay

Le mouvement social des « gilets jaunes » a rappelé aux Français à quel point, pour une large partie de la population française, la voiture est un symbole d’autonomie et un outil important pour le confort de vie.

Les espaces périphériques, tout comme les banlieues des grandes villes, représentent des lieux où le véhicule est précieux pour pallier les carences des transports publics.

Toutefois, disposer d’une voiture personnelle demande des frais de maintenance non négligeables, et nombreux sont celles et ceux qui cherchent à les réduire au maximum.

Comme le rappelle un dossier de l’Insee paru en 2007 :

« La part consacrée à l’entretien, la réparation et l’achat de pièces détachées et accessoires continue d’augmenter ces dernières années […]. Pourtant, les volumes consommés sont en diminution […] mais dans le même temps, les coûts de réparation augmentent fortement. »

Au cœur de ma recherche sur les pratiques de travail dans un contexte de précarité, je me suis engagé sur un terrain de dix-huit mois entre 2010 et 2011, dans une commune de la Seine-Saint-Denis afin d’étudier la figure du mécanicien de rue.

Jusqu’à « dix fois moins cher »

D’après un reportage consacré à cette activité en 2018, ces réparations « à la sauvette » sont jusqu’à « dix fois moins chères et deux fois plus rapides » que dans un garage classique.

Le mécanicien de rue désigne les individus qui se proposent pour réparer de véhicules, travaillant sans licence, avec un outillage limité et qui s’installent sans autorisation dans des espaces publics ou privés, en comptant sur la bienveillance des riverains.

Le collectif Rosa Bonheur a d’ailleurs décrit les actions des mécaniciens de rue dans la métropole lilloise et ont souligné leur présence dans les quartiers populaires.

Ces mécaniciens, privés d’un atelier, travaillent en plein air et selon les conventions des activités de l’économie informelle. Leur rétribution reçue en espèces n’est pas taxée, alors que leur activité est en permanence exposée à l’incertitude et aux imprévus.

« C’est la débrouille… »

« Les mécaniciens de rue sont des bricoleurs, ils ne sont pas de garagistes. […] Pour eux réparer une voiture signifie atteindre un niveau minimum : si la bagnole marche : OK, c’est bien ! Tu vois ? C’est la débrouille… » (Didier, client, 20 avril 2011)

Leur présence est fréquente dans les lieux marqués par le chômage et la précarité, et c’est pourquoi on peut facilement les rencontrer en sillonnant les rues de banlieue.

Dans ces quartiers, recourir à leurs services peut devenir une solution pour celui qui est à la recherche d’une réparation à moindre prix.

Ainsi, si les garagistes que j’ai rencontrés demandent entre 30 et 50 € l’heure, les mécaniciens de rue touchent en général entre 10 et 20 € l’heure en suivant une formule de « forfait fixe » liée au type de réparation.

Les mécaniciens de rue font partie du très hétérogène ensemble des travailleurs et travailleuses qui vivent grâce à des activités de l’économie informelle, c’est-à-dire hors de toute formalisation législative et administrative, ne respectant pas le code du travail ni les règles fiscales.

L’ampleur et les frontières de l’économie informelle échappent à une définition claire et à sa quantification, même si son poids est estimé à 6,6 % du PIB français par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). En 2012, l’économiste Friedrich Schneider calculait qu’en France ce ratio avait augmenté de 11,1 % à 11,7 %, et plus largement qu’il augmentait en Europe en raison de la crise économique de 2008-2009, comme le rappelle Le Figaro.

Lire l’article complet

Denis Giordano Post-doctorant, sociologie, Laboratoire COMPTRASEC Université de Bordeaux et Laboratoire LCSP (Université de Paris 7), Université Paris Diderot – USPC

Source

https://theconversation.com

7 Commentaires

  1. Bonjour à tous.
    Sur ce coup là je mettrai un bémol .
    Les garagistes certifiés ne sont pas tous fiables ….loin s’en faut. Alors un bricolo sur un trottoir c’est pas fait pour inspirer confiance . J’en ai connu dans les banlieues Est de lyon . Si certains étaient assez compétents, une autre partie était tout simplement des charlatans .
    Pour ce genre de petits travaux il y a les garages associatifs qui sont beaucoup plus sûrs .
    https://hintigo.fr/article/garage-associatif/
    Mais pour ceux qui n’en ont pas à porté de main, avant de vous rabattre sur le marabout mécano du coin faite une petite enquête de voisinage, c’est plus prudent .

    • Dans le cas du système « D » et si le gars est compétant, escroquer les gens serait se priver d’un « salaire » d’appoint. En général, ceux qui œuvrent dans ce sens, tiennent à leur bonne réputation. (Quant aux autres, ils sont vite repérés et disparaissent aussi vite)

      • https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_bye.gif Volti
        C’est pour ça que je préconise une petite enquête de voisinage, savoir si le gars est de passage ou fixé dans le secteur . Ce qu’en pensent les gens…….
         » (Quant aux autres, ils sont vite repérés et disparaissent aussi vite) » C’est pas qu’ils disparaissent , c’est juste qu’ils se déplacent . Dans une grande ville c’est facile de vivre de pigeonnage.

    • Oui, effectivement les garagistes certifiés ne sont pas tous fiables, voir même compétents.

      J’hésitais à réparer moi-même ma transmission et tous les garagistes du coin me disaient qu’elle devait être remplacée. Ils affirmaient aussi qu’elle n’avait qu’un filtre et qu’ils n’avaient jamais besoin de le remplacer.
      FAUX
      Avec une petite recherche sur YouTube j’ai découvert qu’elle avait 5 filtres facilement accessibles(petits grillages sous les solénoïdes) et après leur nettoyage elle fonctionne comme une neuve.

      Quand ma courroie de distribution s’est brisée, ils disaient tous que j’avais un moteur à interférence qui était foutu car mes pistons avaient cogner sur les valves et qu’elles étaient crochues.
      FAUX
      J’ai vérifié si les valves se refermaient en tournant l’arbre à cames manuellement et soufflant dans chaque cylindre avec poumons+tuyau+adaptateur par le trou de la bougie et, après confirmation, j’ai remplacé la courroie moi-même. Ça m’a couté le 1/15ième du prix qu’il demandent pour changer cette courroie(40 euros au lieu de 600 euros).

      • Salut Maxandre.
        Malheureusement celui qui arrive en disant  » je ne sais pas ce qu’elle a….. » se prend déjà une surtaxe pour ignorance « mécanistique » . Ensuite faut voir le prix des pièces . Pour exemple, un récepteur d’embrayage chez le concessionnaire Ford c’est 195€, sur le net ça varie entre 18 et 26€ …..cherchez l’erreur.

        • Salut.
          Les femmes se font arnaquer trop souvent.
          Solution: Faites semblant d’avoir une caméra cachée chez le garagiste/concessionnaire et vous aurez un très bon service.

          https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_wink.gif

  2. A noter également que les garagistes et plus encore plus les concessionnaires n’ont aucune envie de s’embarrasser de la maintenance de véhicules anciens dont les pièces deviennent difficiles à trouver… ou sont simplement introuvables.
    J’ai un véhicule incassable agé de 28 ans qui «tourne» impeccablement… c’est désormais une option underground et seuls les connaisseurs passionnés y mettent désormais les mains.

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