« Gestes propres » : quand les industriels du plastique culpabilisent les citoyens…

Il est très facile de culpabiliser les citoyens, il n’y a qu’à regarder l’état de nos rues, bords de routes et plages entres autres, pour s’en convaincre. Et comme souvent, pour ne pas dire toujours, on pointe du doigt les conséquences, en ne parlant pas des causes premières, que sont la fabrication et la prolifération des emballages et autres objets en plastique. Si personne ne se motive, en 2050, il y aura plus de plastique que de poisson dans les océans. Ce qui n’empêche pas les citoyens que nous sommes, de faire les gestes nécessaires pour ne pas polluer d’avantage. Partagez ! Volti

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Auteur Olivier Petitjean pour BastaMag

Img/Pixabay

Un paquet de cigarettes jeté par « Paul Heffard ». Un sachet plastique jeté par « Léa Lamont ». Depuis le métro parisien jusqu’aux plages de l’hexagone, il a été difficile d’échapper à la campagne de sensibilisation sur les déchets sauvages organisée comme chaque année par Gestes Propres. Gestes Propres ? Une initiative de « l’association Progrès et Environnement, ONG créée en 1971 ».

À l’heure où les ravages des déchets plastiques dans les océans et sur toute la planète font presque quotidiennement la une de l’actualité, comment ne pas se féliciter de voir une association écologiste mettre ainsi les Français face à leurs responsabilités ? Sauf que Progrès et Environnement, présidée par un ancien cadre de Danone, est en réalité une association contrôlée par les industriels, et que la campagne Gestes propres est financée par des entreprises comme Coca-Cola, Danone, Haribo, Heineken, Nestlé ou Total… Autrement dit les entreprises mêmes qui fabriquent ou utilisent les emballages plastiques à la source des pollutions [1].

Gestes Propres est aussi étroitement liée à Citeo (ex Eco-emballages), une entité privée créée dans les années 1990 pour collecter et gérer les contributions financières des entreprises productrices ou utilisatrices d’emballages à la collecte, au tri et au recyclage de ces derniers. Citeo, c’est ce fameux logo « point vert » apposé sur les emballages et suggérant au consommateur non averti que celui-ci est recyclable, alors qu’il signifie simplement que l’entreprise concernée a bien versé sa cotisation. Ces cotisations contribuent à financer des campagnes telles que Gestes Propres, rejetant la responsabilité des déchets sur les consommateurs. Elles servent aussi à faire du lobbying à Paris et à Bruxelles [2].

Déresponsabilisation des industriels

Durant l’été, le gouvernement français a mis l’accent, dans ses discours publics, sur les responsabilités individuelles de chacun en matière environnementale. « Il faut que chacun se tourne vers sa propre responsabilité », avait ainsi déclaré Nicolas Hulot avant sa démission. Le même argument a été opposé, suite a son départ, à ceux qui critiquaient l’absence de mesures fortes et ambitieuses de la part du gouvernement sur les dossiers écologiques. Ces discours se situent dans la droite ligne de celui porté par les industriels sur la question des déchets : au lieu de remettre en cause le principe même de la production massive de plastique et d’emballages, l’accent porte uniquement sur les comportements individuels des citoyens-consommateurs.

Il en va de même pour le recyclage du plastique, tel que l’envisagent des multinationales comme Danone, Suez ou Veolia : tout tourne autour du consommateur sommé de mettre sa bouteille dans la bonne poubelle, sans que soit questionné le besoin d’une telle production massive de plastique. D’autant que le recyclage du plastique est encore extrêmement limité et s’effectue dans des conditions très éloignées de l’image écologique que cherchent à en donner les industriels.

Cette stratégie de lobbying n’est pas spécifique à la France. Confrontés au risque de voir adopter des mesures radicales qui remettraient en cause leurs modèles commerciaux établis, les industriels du plastique ont créé ou financé des associations de façade apparemment « écolos » – une pratique souvent appelée « astroturfing » – chargées de porter la bonne parole au citoyen sur les déchets sauvages, et surtout d’empêcher des solutions plus radicales.

Lire à ce sujet l’enquête de l’ONG bruxelloise Corporate Europe Observatory : Comment les lobbies des emballages se cachent derrière des associations anti-déchets pour éviter des solutions plus radicales.

Olivier Petitjean pour BastaMag

Notes:

[1Pour comprendre pourquoi Total est concernée par les emballages plastiques, lire cet article de l’Observatoire des multinationales.

[2Citeo déclare ainsi entre 100 000 et 200 000 euros de dépenses de lobbying à Paris auprès de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique pour le second semestre 2017, et entre 200 000 et 300 000 à Bruxelles pour 2017.

Voir:

À la SNCF, des grévistes menacés de licenciement

18 Commentaires

  1. Si le plastique se reprenait comme la ferraille à 10 ct le kilo ,il en trainerait moins dans la nature, et ferait le bonheur d’une certaine classe de la population.
    Il est loin le temps de la consigne en verre, qui faisait l’argent de poche de pas mal de gamins, les bouteilles en verre de limonade ogeu, ou les bouteilles de vin avec des étoiles ne trainait pas par terre en ces temps .
    Mais la rentabilité est passé par là.

  2. en fait, cet article est dû à la diffusion hier soir, sur la 2, de Cash Investigation sur ce sujet de la pollution

    par les emballages plastiques

    comme je devine que Volti n’ose pas heurter la sensibilité des téléphobes compulsionnels en mettant un lien

    qu’elle n’évoque nulle part, je ne vous mets pas ce lien https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_wink.gif

    https://www.france.tv/france-2/cash-investigation/680863-plastique-la-grande-intox.html

    • Non, je n’ai pas vu l’émission, même pas qu’elle était programmée. Sinon j’en aurais parlé et mieux je l’aurais regardé 🙂

      • mais comment expliques-tu cette coincidence incroyable https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_scratch.gif

        ayé j’ai compris :

        toi, tu consultes Bastamag pour relayer les sujets qui t’interpellent

        Bastamag se contente de pomper une émission télé qu’ils ont peut-être

        pu visionner comme journalistes avant sa diffusion, en s’abstenant de citer l’origine

        pour mieux s’en attribuer le mérite…

        après, ces gens viennent nous parler d’éthique

        allez BASTA, Petitjean-foutre !

  3. On peut remplacer « industriels » par n’importe quel mot pour nous culpabiliser de toute façon…

    Avec humour, je trouve, George Carlin rappeler de l’utilité de nous culpabiliser !!!

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=2&v=JA5ftCNunRE

    7:30 de bonheur et en VOSTFR pour bien commencer la journée !!!

  4. Et pourtant…
    Je fais souvent du vélo sur une piste cyclable qui longe une route. Entre deux nettoyages, fort heureusement faits régulièrement, quoique non quotidiennement, la piste a des allures de décharge publique, jonché qu’elle est des déchets de tous ordres jetés depuis la route par les automobilistes.
    Je vais aussi promener dans la nature. Comme moi, la plupart des gens y vont pour se donner de l’exercice, respirer le bon air, voir de beaux paysages… D’autres y vont pour jeter leurs canettes vides.
    Les déchèteries se sont multipliées depuis quelques décennies, mais il y a toujours des gens pour jeter leurs vieux meubles, gravats et autres encombrants ailleurs.
    Alors, si l’action de Progrès et Environnement peut modifier les comportements ne serait-ce que de quelques personnes, ce sera toujours bon à prendre.
    Pour ce qui est de la prise du problème à la source, il ne faut pas compter sur les industriels concernés. Seule une initiative politique sera à même de donner un résultat.

  5. quelques uns ne connaissait pas la pollution plastique dans les années 80
    ou comment peut on se foutre du monde
    situation typique de l’immobilisme politique
    https://www.youtube.com/watch?v=hNC8rx08sL4
    Une décharge illégale de 400 000 tonnes de déchets au pied des falaises de Dollemard, aux alentours du Havre (Seine-Maritime), pollue des kilomètres de côtes françaises.
    et ce n’est qu’un exemple,vous pouvez cherchez
    SUPER TRASH : une décharge géante en Côté d’Azur
    https://www.youtube.com/watch?v=VuobBZoO_y8

  6. En Allemagne, les bouteilles plastique sont consignées. La matière est un peu plus épaisse que chez nous. Je pense que ça ne fait pas autant d’usage qu’une bouteille en verre, mais c’est un progrès.
    Je rejoins xc : en faisant du vélo, c’est là qu’on voit tout ce qui est jeté dans les fossés.

  7. Certaines bouteille en plastiques sont reprises chez Carrefour contre des bons d’achat ou des pièces. Surtout les bouteilles d’eau, de soda et alimentaires.

    j’ai lu il y a quelques semaines, qu’en Inde, à Bombay je crois, un règlement drastique avait fait fermer les fabriques de sacs en plastique, au grand dam d’une petite usine qui du jour au lendemain s’est retrouvée avec des stocks d’invendus et de matériel pour les faire. Le pauvre type s’est retrouvé ruiné d’un seul coup ! Opération radicale et immédiate !

  8. Je trouve vraiment regrettable qu’on ait l’idée un jour de supprimer les plastiques parce qu’il y a des « porcs » (pardon les vrais porcs) qui jettent leurs ordures dans la nature, ou dans la mer. Et parce que le recyclage ne se fait pas correctement.
    C’est ainsi qu’il faut acheter des sacs poubelle parce qu’on ne peut plus se servir des sacs de caisse, vu qu’il n’y en a plus.
    On en viendra aux sacs en papier ? Combien d’arbres vont y passer ? L’industrie du papier ne serait pas polluante, elle ? Pas sûr du tout.
    Et puis… allez jeter des épluchures ou un petit reste mouillé dans un sac en papier… Il ne résiste pas longtemps.

    Je ne vois qu’une solution: l’éducation et des coups de pieds au c… (= grosses sanctions) aux pollueurs, petits et grands qui jettent leurs emballages n’importe où. De gros efforts sont faits partout, des décharges sont ouvertes même le dimanche matin, et il faut toujours quelques bonnes âmes pour aller régulièrement ramasser les cochonneries de gens sans conscience.

    Ce qui n’empêche pas, bien sûr, de réduire au maximum notre consommation de ces emballages.

    • il y beaucoup d’alternatives aux plastiques mais quand on parle plastique on parle avant tout de pétrole. j’en suis a 1h46 du reportage de france 2 et pas une seule fois le pétrole a été évoqué.
      En touchant à l’économie de plastique on touche directement les intérets de pétroliers…Qui des industriels et des pétroliers se soucis du vivant …. aucun donc rien ne changera au vue de la « demande » croissante faute d’alternatives (sans doute du rachat de tout les brevets pouvant mettre à mal cette économie).
      je pourrai aussi m’étaler sur la récupération gratuite (du plastique) avec un super système ; tu payes pour travailler, très bien ancré de nos cerveaux (le tri sélectif) aussi par le biais de la culpabilisation .

  9. le recyclage du bois dans les déchetteries pose le problème d un long stockage et d une pollution via un pourrissement du bois et des écoulements pas trés clean avec les pluies
    des maires commencent à être vent debout contre les dépots de bois sur leur ville ou commune ,qui partent assez souvent en fumée suite de regrettable accidentshttps://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_wacko.gif

  10. « Il faut que chacun se tourne vers sa propre responsabilité », avait ainsi déclaré Nicolas Hulot avant sa démission.
    Rappelez-moi de quoi vit Nicolas Hulot ? Des royalties sur des gels douche très chimiques emballés dans des flacons en plastique. Alors qu’une savonnette peut être faite de produits naturels, et n’a pas besoin d’emballage (ou un simple papier).
    Alors, elle est où sa propre responsabilité ?
    Je respecte les gens qui s’appliquent ce qu’ils préconisent. Pas ceux qui hurlent qu’ils veulent « sauver la planete » (laquelle en a pourtant vu bien d’autre), et qui continuent à partir en vacances en avion et à acheter des ges douches et bouteilles d’Evian…..

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