Alors que les Comores dénoncent le « chantage » de la France. Témoignage de Jean Louis G., sur son séjour à « Mayotte, territoire oublié par la France »..
Voilà presque 4 ans que je vis à Mayotte. Je m’apprête à en partir et je ressens aujourd’hui le besoin de dresser le bilan. Non pas pour la postérité ni pour donner une leçon de morale, ce serait bien trop prétentieux et malvenu. Mais peut-être plutôt pour retrouver mon honnêteté intellectuelle. Pour dépasser un cas de conscience. Le fait de partir m’a enfin permis d’ouvrir les yeux sur ce qu’il se passe ici. La grève générale qui paralyse l’île actuellement y est aussi certainement pour quelque chose, il faut bien le dire.
Sur « l’île aux parfums » ça sent encore la merde. Les poubelles dégueulent, ça grouille de rats, les étals des supermarchés sont encore vides et il n’y a toujours pas d’essence dans les stations. Et puis surtout la chasse aux étrangers continue dans l’indifférence générale. Des affiches mentionnant le nom des « traîtres mahorais » qui aident les clandestins sont toujours placardées sur les murs en face de chez moi et des maisons d’Anjouanais1 brûlent encore au nord et au sud de l’ile… On étouffe littéralement. On reste calfeutrés chez nous à compter nos dernières boîtes de conserve. Mais la sortie de crise est peut être pour bientôt car les négociations ont enfin repris depuis trois jours. Certains sont tellement excédés qu’ils s’organisent en ce moment même pour aller se confronter aux grévistes qui tiennent les barrages routiers, parce qu’ils n’en peuvent plus de ne pas pouvoir circuler. J’apprends à l’instant qu’un homme vient de foncer sur des « barragistes » avec sa voiture. Malgré tout, l’intersyndicale et le collectif de Mayotte tiennent bon. Ils ne veulent rien lâcher car ils n’ont toujours pas obtenu ce qu’ils réclament. Ce qui est sûr, c’est que la population de Mayotte est à bout de nerfs et complètement divisée.
Il y a 4 ans, comme beaucoup de jeunes profs, deux possibilités s’offraient à moi : la grisaille de la banlieue parisienne ou l’exotisme des DOM (Mayotte ou la Guyane). Avec ma conjointe on n’a pas hésité et on s’est laissé tenter par les tropiques. On a choisi Mayotte, le nouveau département français. Cette petite île méconnue – qu’on avait nous-mêmes du mal à placer sur une carte – d’un peu plus de 200 000 habitants, entre Madagascar et le Mozambique. Très vite, avant notre départ, on se renseigne un peu et on se rend vite compte que cet endroit n’est pas le paradis. Je me souviens de ce titre lu dans la presse et qui m’avait alors interloqué : « Mayotte, un département au rabais »2… Mais on se dit qu’après tout ce sera toujours mieux que la banlieue parisienne.
Une fois sur place, on découvre un endroit fantastique ! Pourquoi ce discours aussi sombre sur Mayotte ?! C’est est un grand terrain de jeu ! … Les rencontres sont faciles, on se fait plein d’amis, on s’éclate à faire la fête à Mamoudzou et le lagon tient ses promesses, il est vraiment d’une beauté exceptionnelle. Les élèves sont d’une gentillesse incroyable et mon salaire à 4000 euros est inespéré !
Sans parler des voyages à « Mada » en perspective… Bref, la vie est belle, on a tous les jours l’impression d’être en vacances ou de vivre une aventure. Que demander de plus ? …Ah oui, on voit bien qu’il y a beaucoup de pauvreté, des bidonvilles, des enfants en loques qui trainent par-ci par-là. Mais bon, on se dit qu’on est en Afrique, que ce n’est pas vraiment la France ici et puis de toute manière qu’est-ce qu’on y peut nous, hein ?Puis ensuite, au fil des mois, surviennent les premiers traquas de la vie quotidienne qui sont propres à cette île française : ça commence par un cambriolage, puis deux… Pour l’un d’entre eux, les voleurs se sont même attaqués au mur pour rentrer. Balaise. Et ça devient vite fatigant de vivre dans des maisons avec des barreaux partout et des doubles-portes dignes de cellules de prison. Des amis se font agresser. On a peur de sortir le soir ou de faire des randonnées.
On se rend également compte qu’il ne faut pas avoir de pépins de santé ici vu l’état de siège autour de l’hôpital… Que les missions de l’Education nationale ne sont pas pleinement remplies vu le nombre d’élèves analphabètes dans nos classes. Que c’est glauque de croiser ces camions de l’armée où s’entassent comme des animaux les clandestins qui viennent de se faire attraper.
Certains se laissent aller à des réflexions aux relents racistes sans même s’en rendre compte. Entre mzungus (3), on entend dire que les gens d’ici doivent « se bouger pour leur île », que « leurs élus sont tous des incapables », que « les bouénis (4) sont d’une lenteur exaspérante », ou encore que « les Mahorais sont vraiment stupides de rejeter les Comoriens car ils sont comme « eux » et qu’ils profitent de leur misère pour les exploiter sur leurs chantiers ou dans leurs champs »… Au final, on se mélange peu avec la population locale, mis à part au travail et avec les quelques amis d’exception (ceux qui sont bien « métropolisés » de surcroît!).Quelques mois après notre installation, la vie n’est plus aussi rose malheureusement. Le turnover des métropolitains est très rapide. Quelques-uns s’installent vraiment mais la majorité admet que ce n’est pas envisageable de faire sa vie ici.
« Mayotte est un sac de nœud » : c’est un sujet de conversation récurrent chez les mzungus qui s’intéressent un peu à l’avenir de cette île. Mais soyons honnêtes, dans l’ensemble, ça ne nous intéresse pas beaucoup l’avenir de cette île. Ce qui est important, c’est la découverte du lagon, les p’tits punchs coco sur les ilots, les pépettes bien sûr et éventuellement les soirées piscine. Quand on se décide à en parler, on fait systématiquement le constat que les services publics sont terriblement défaillants et que l’immigration clandestine ne fait que démultiplier les problèmes, d’autant plus « qu’ils font plein d’enfants ces gens-là » comme disent certains ! Que faire du coup ? Il faut arrêter toujours plus de clandestins ? … « Non parce qu’ils reviendront toujours. » Il faut construire toujours
…/…
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Mzungu : Européen ou personne à la peau blanche et d’une manière générale tous ceux qui viennent « d’ailleurs » et qui sont de passage à Mayotte.
Bouéni : femmeAuteur Jean Louis G (enseignant)
Très bon témoignage qui expose la situation sous ses différents aspects. On sent la réticence du prof de gauche à évoquer les problèmes engendrés par l’invasion migratoire. Il ne se dérobe pas pour autant et n’en a que plus de mérite. Mayotte serait-elle une préfiguration de ce qui attend l’ensemble du territoire français ? Je crains que oui.
…Ouais joli constat.
Mais au final comme toujours, la solution facile du gauchiste est consternante d’angélisme :
« . L’Etat a les moyens de faire… ».(dixit)
b’hein non!
A plus les moyens de faire. A plus la photocopieuse à billet-dette banque de France.
…A plus que les dettes et des contribuables de plus en plus pauvres!!!
Quoiqu’ils restent encore quelques pigeons à 4000euros/mois à plumer…
Pour avoir trainé un peu la bas, on s’en rend compte au bout de quelques jours… Mayotte est une poudrière dont on ne sortira jamais… Même en mettant des barbelés tout autour de l’ile, la transformant en prison géante, on ne pourra pas résoudre ce problème de caillou riche dans un océan de pauvreté…
On va déjà devoir renvoyer Mayotte aux Comores… Et c’est assez facile à justifier, on a la bonne excuse des résolutions répétées des Nations-Unies qui nous impose de réunir les 4 Comores…
Ensuite, si on veut vraiment rester dans le coin (a supposer que les Glorieuses ne suffisent pas) on loue ad eternam le caillou de Dzaoudzi pour y laisser quelques bidasses, à la mode Djibouti… Ca fera un peu d’argent de poche pour le sultan comorien qui se démerdera avec son « peuple », qu’il démontre savoir si bien gérer depuis qu’ils ont voté leur indépendance…
De la sorte, on aura toujours notre présence « stratégique » bidon,, moins les emmerdes… quand aux quelques métros qui traineraient encore sur place ? et bien désolé, direction la Réunion, ou retour à paname…
Il est étonnant de constater que certains fonctionnaires arrivent à Mayotte avec une grande naïveté.Ils croient débarquer au paradis mais très vite,ils déchantent car la réalité du terrain leur fait vite comprendre pourquoi il fut si facile d’y partir…. Certains ne se posent pas de question et ne cherchent que l’aspect financier de la surrénumération.
La situation explosive de Mayotte n’est pas récente .Les crises se succèdent et aboutissent toujours au même échec des solutions apportées par tous les gouvernements.Il serait illusoire de croire que plus de moyens est la solution miracle.Il suffit de voir le gaspillage de l’argent public sur place pour comprendre que le népotisme et la corruption sont très présents sur place.Les clandestins sont souvent des bouc-émissaires très utiles pour cacher des problématiques locales embarrassantes .L’épisode de l’intrusion de jeunes dans un lycée(qui a déclenché la gréve générale) est de toute évidence plus lié à un règlement de compte entre bandes rivales de jeunes mahorais qu’à des clandestins.J’ai vécu personnellement ce genre d’affrontements entre collégiens et je peux vous affirmer que ce n’était pas du simple crêpage de chignons.Beaucoup de jeunes à Mayotte ont comme référence les jeunes de banlieue .Les bandes existent et s’affrontent souvent pour des questions de territoire,de réputation…L’immigration si décriée par certains Mahorais est aussi encouragée par d’autres qui en tirent de gros bénéfices.Qui emploient les clandestins?Qui logent les clandestins?Qui fait venir des clandestins?Qui monnaie sa paternité pour l’obtention de la nationalité française au nouveau né?…..Il serait si simple d’appliquer la loi mais tous les gouvernements s’appliquent à ne pas froisser tous ces électeurs mahorais….Comme d’habitude,nous nous dirigeons vers une sortie de crise avec des vagues promesses et quelques subventions mais très vite,les problèmes resurgissent et font comprendre aux Mahorais qu’ils furent une fois de plus roulés dans la farine.
Déjà, pour un « prof » comme il dit, je trouve un peu honteux de ne pas être capable de situer Mayotte sur une carte.
Mais quand je vois qu’un « prof » écrit « traquas » au lieu de « tracas », je ne me sens pas capable de continuer la lecture d’un texte émanant d’une personne censée enseigner quelque matière que ce soit en français et non en langage bâclé !
Je n’ai pas pu aller plus avant dans ce texte et j’espère que cette personne s’en est tenue à cette faute mais j’ai des doutes …
Peut-être aurait-il mieux fait de rester dans la banlieue parisienne où ce type de fautes grossières est si fréquent ?
Bonjour.
Merci pour votre message. Vous avez raison, c’est une faute impardonnable. Je suis tellement « tracassé » par la « traque » infernale des Comoriens qui se déroule ici, que j’en perds mon latin. Si vous aviez eu le courage d’en lire un peu plus vous auriez aussi remarqué que j’ai oublié un S à « nœud ». Dommage, ça aurait pu donner encore plus de profondeur à votre commentaire. Pour ce qui est « de situer Mayotte sur une carte », ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Vous pourriez aussi utiliser votre immense talent critique pour réaliser une attaque sur le fond et non sur la forme. Je vous attends au tournant ; )
De la naïveté ? Un petit peu, peut-être. A cheval sur les fautes de français, je n’ai pas été choqué, il n’y a qu’à parcourir les pages Facebook spécialisées « professeurs des écoles » pour être retourné, à en donner la nausée…
Personnellement je mettrais en avant l’honnêteté intellectuelle (clin d’œil aux propos de M. Grasso) et donc le fait de reconnaître (humblement) que l’on vit tous plus ou moins dans notre bulle…
De plus, je ne suis pas non plus choqué par quelqu’un qui est attiré par le salaire ou le soleil. J’en ferais de même. Je suis bien plus outré par nos soi-disant représentants politiques qui ne font pas les courses eux-mêmes, ne connaissent pas le prix du pain, dorment dans l’hémicycle, piquent danla caisse, ont un chauffeur … mais qui nous font la morale (beaucoup d’entre eux d’ailleurs ne sauraient même sûrement pas où situer Mayotte, même approximativement. Je dis ça …)
Résumons:
Mayotte, île isolée à l’activité économique proche de zéro, aucune industrie ni rien d’approchant, en stress hydrique sévère et aux ressources quasi nulles hormis un peu de pêche et d’agriculture familiale.
D’un autre côté une population vivant pour la plupart sous le seuil de pauvreté et néanmoins en croissance constante vivant pour partie grâce aux subventions et aides diverses de l’Etat.
Complétons le tableau avec les arrivées incessantes de migrants Comoriens, dont on nous dit qu’ils représentent maintenant la moitié de la population.
En clair, nous avons là le cas typique de la situation sans issue, ou plutôt dont l’issue sera inévitablement dramatique, sur les plans économiques, humains, environnementaux etc.
Que propose Mr Grasso ?
De l’argent de l’Etat, encore de l’argent, toujours de l’argent.
Question: pour quoi faire ?
Accueillir tjrs plus de migrants, les soigner, les éduquer, les former professionnellement, leur donner du boulot (euh .. QUEL boulot ? Et où ??!).
Construire des centres sociaux, des maternités, des hôpitaux, des collèges, des écoles, des routes, des logements et tout ce qui va avec, à commencer peut-être par une usine de désalinisation d’eau de mer, et puis des centrales électriques, l’adduction d’eau, des installations de recyclages de déchets et de traitement des eaux usées (plus de population = plus de pollution).
Ce qui va encore plus motiver les Comoriens (et d’autres) à venir.
Faukon, yaka. Allons-y.
Puis le problème se reposera au fil de l’augmentation de la population.
Alors on dira: ENCORE de l’Argent svp Mr l’Etat.
Puis on recommencera.
Jusqu’à ce que ?
Jusqu’à ce que l’ïle soit pleine comme un oeuf, ce qui ne tardera pas, mais il y aura une forme de guerre civile bien avant.
Alors on dira: « S’il te plaît Mr l’Etat, emmène ces pauvres gens en France, ici il n’y a pas d’avenir ».
En France où ils auront une existence de rêve n’en doutons pas https://www.youtube.com/watch?v=NuIuRUCtAZw
Marseille, première ville Comorienne du monde.
J’ai bon ?
Ou bien alors on laisse les Comoriens à Mayotte et on rapatrie tous les Mahorais, puis on donne l’île aux Comores on peut aussi et problème réglé.
Super programme, rien à dire.
J’ai aussi un peu ri -jaune- quand au reproche fait au gouvernement de ne pas dialoguer avec les Comores.
Pour dialoguer sérieusement avec eux, encore faudrait-il qu’ils le veuillent, parce que hormis l’argument « Mayotte est à nous », de dialogue y’a pas trop de volonté.
Même si de mon point de vue c’était une erreur d’avoir proposé aux Mahorais de rester Français (et encore plus de départementaliser), le fait est là et il n’est pas question de les laisser tomber maintenant tout comme il serait indécent de dire aux Comoriens que leur indépendance est une erreur.
Maintenant, la situation est claire, ce sont deux pays indépendants l’un de l’autre, et chacun doit suivre certaines règles vis à vis de l’autre.
A commencer par ne pas laisser ses citoyens envahir illégalement un territoire qui n’est pas le leur.
Il me semble que ça ne se discute pas.
D’ailleurs les Comoriens ont tellement envie de discuter qu’ils refusent le rapatriement des clandestins chez eux.
Et puis c’est tellement pratique de voir les foyers de contestation potentiels partir ailleurs.
Donc les Comoriens chez eux, les Mahorais de même, et par pitié, une bonne politique de contrôle des naissances pour tout le monde, ce qui évitera aux uns d’exporter les fruits de leur inconséquence chez les autres tout en diminuant leurs difficultés propres et aux autres de peut-être pouvoir viabiliser dans le temps la vie de leur île, et c’est valable pour les premiers également.
Rien de compliqué, il suffit de le vouloir, et surtout de se souvenir que l’argent ne règle pas tout, particulièrement dans ce cas.
Sinon ce sera catastrophe pour tout le monde, un point c’est tout.
Votre raisonnement est imparable. Malheureusement, comme vous l’écrivez, il faudrait VOULOIR appliquer les solutions adéquates et c’est là que le bât blesse. Personne n’osera car chacun préférera se réfugier derrière ses principes et répugnera à se salir les mains, y compris Monsieur Grasso malgré son honnête analyse.
Basta !
Les leçons à tirer de l’île de Pâques ne suffisent pas.
Je plains les habitants qui subissent cette invasion.
Mais je crains qu’ils ne puissent compter que sur eux mêmes, et, hélas, sur des solutions extrêmes qu’ils seront, tôt ou tard, obliger d’employer…
Bon, et si nous reparlions des hordes africaines qui arrivent sur les côtes européennes…
Quand commençons-nous à les couler au large ?
………..
Ah ! C’est déjà délégué à la Libye chaotique.
Bon, et pour les Comores, il est où Bob ?
Ben, il est mort…
Vous avez raison d’évoquer Denard. Les Comores indépendantes n’ont jamais étés si heureuses que pendant son règne. Evidemment, cette opinion est celle d’un ignoble réac colonialiste et surtout pas celle des comoriens (quoi que …).