La « cli-fi », une nouvelle façon de parler du changement climatique …

La science fiction est un genre apprécié par beaucoup, de « nouveaux » ouvrages cli-fi (pour climatique fiction), liés au changement climatique, tentent de faire prendre conscience, sur la nécessité de protéger notre planète. Et la réalité dépasse souvent la fiction. Le site The Conversation nous dévoile quelques titres.

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Au tournant des années 2010, la presse américaine relatait l’apparition d’un nouveau genre littéraire, la « cli-fi » (pour climate fiction), terme inventé en 2008 par l’écrivain et blogueur Dan Bloom. Les romans de « fiction climatique » prennent généralement la forme de récits post-apocalyptiques où des personnages évoluent dans un monde ravagé par les effets du changement climatique.

Si les romans de cli-fi sont encensés par la presse américaine aux sympathies écologistes, ils restent cantonnés en France à un public de niche.

Du « nature writing » à la « climate fiction »

Aux États-Unis, la popularité et le nombre des romans de cli-fi s’expliquent d’abord par l’importance culturelle de la nature dans ce pays. Citons ici le poète Walt Whitman et les philosophes Henry David Thoreau et Ralph Waldo Emerson, qui ont parmi les premiers contribué à faire de la nature le personnage principal du roman national américain

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L’arrivée tardive de la cli-fi en France peut aussi s’expliquer par un certain élitisme littéraire dédaignant encore largement la science-fiction, dont se rapproche tout naturellement ce nouveau genre.

La question des dangers d’une surexploitation de la nature et du rêve de terraformation d’autres planètes est en effet au cœur de nombreux romans de science-fiction, à l’image de Dune (1965) de Frank Herbert. Citons aussi J.G. Ballard qui publia un an avant le classique d’Herbert Sécheresse, le troisième volet de sa quadrilogie des mondes dévastés ; il y dépeint une apocalypse provoquée par la disparition des eux terrestres sous l’effet de la pollution industrielle des océans.

Mais il est possible de faire remonter la fiction climatique encore plus loin. Avec Les Raisins de la colère de John Steinbeck (1939), par exemple. On y découvre les conséquences sociales de l’épisode climatique du « Dust Bowl » des années 1930 au cours duquel des tempêtes de poussière s’abattirent sur les Grandes Plaines américaines. Climatologues et historiens de l’environnement s’accordent aujourd’hui pour dire que le Dust Bowl fut la conséquence directe de techniques agricoles délétères.

Contre les rêves fous de la géo-ingénierie

Une autre caractéristique de la science-fiction consiste à dénoncer des sociétés grisées par leurs capacités d’innovation, de contrôle de la nature, de progrès scientifique et technologique. Dérivée de la Sci-Fi, la cli-fi n’échappe pas à la règle.

L’un des exemples les plus frappants se trouve chez l’Américain Paolo Bacigalupi. Couronné en 2010 par les prix Nebula et Hugo pour son premier ouvrage La Fille automate, Paolo Bacigalupi fut longtemps journaliste au sein de la revue écologiste High Country News. L’auteur dépeint dans son roman un monde frappé par une pénurie des ressources pétrolières et une montée des niveaux des océans due au réchauffement climatique.

En 2015, Paolo Bacigalupi publie un second roman de cli-fi, The Water Knife. Il y décrit, dans un contexte de sécheresse apocalyptique liée aux activités humaines, la lutte qui oppose les États du Sud-Ouest américain pour l’accès à l’eau de la rivière Colorado. Sous le soleil écrasant du désert de l’Arizona, les habitants de Phoenix en sont réduits à boire leur urine recyclée…

Les plus fortunés, quant à eux, survivent confortablement sous des dômes recréant artificiellement des écosystèmes paradisiaques. Ce type de construction, en projet dans plusieurs grandes villes du monde pose pour Bacigalupi plusieurs questions essentielles : qui y aura accès ? Et quid de la nature à l’extérieur de ces structures ?

Dénonçant à la fois le capitalisme et les rêves de géo-ingénierie des firmes multinationales, les romans de Paolo Bacigalupi illustrent la frange de la cli-fi la plus politisée et la plus investie par la question des responsabilités humaines dans les dérèglements climatiques.

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Une réponse au climato-scepticisme

Dans un contexte où des personnalités climato-sceptiques occupent aux États-Unis les plus hautes fonctions, un genre littéraire tel que la cli-fi peut véritablement faire œuvre de résistance.

En cherchant à éveiller les consciences à l’aide de récits apocalyptiques, la cli-fi rejoint ainsi la rhétorique des écologistes américains et européens dénonçant la surexploitation de la nature et l’absence de réaction adaptée face aux changements climatiques.

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Des histoires plutôt que des courbes de CO2

Si la cli-fi est bien souvent catastrophiste, elle ne se limite pas à des récits d’apocalypses préfabriquées.

En 2017, paraît en français Les Sables de l’Amargosa de la Californienne Claire Vaye Watkins. Alors que les changements climatiques composaient le sujet central du roman de Paolo Bacigalupi, ils figurent ici comme un arrière-plan réaliste du récit mettant en scène un couple de Californiens tentant de survivre à la sécheresse en se ralliant aux adeptes d’un gourou sourcier et manipulateur.

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Atteindre les imaginaires

C’est là tout l’enjeu de la fiction climatique : exposer l’ampleur de la crise environnementale et civilisationnelle pour mobiliser les consciences. Le point commun entre les œuvres de cli-fi n’est pas tant la place accordée à l’environnement que ce lien direct qu’ils tracent entre activités humaines et changements climatiques.

La fiction climatique peut aujourd’hui constituer une arme efficace pour les défenseurs de l’environnement : après avoir entendu les multiples cris d’alarme des chercheurs, lu avec effroi les rapports du GIEC et suivi toutes les campagnes de sensibilisation à la question du climat, on peut s’étonner – avec Bruno Latour (Face à Gaïa), Clive Hamilton (Requiem pour l’espèce humaine) et tous les autres penseurs de la question environnementale – que rien n’ait encore été fait qui soit à la mesure du problème. En utilisant le médium du récit et celui de la littérature, il faut espérer que les auteurs de cli-fi apporteront leur pierre à cette nécessaire prise de conscience.

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Auteur Claire Perrin pour The Conversation

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5 Commentaires

  1. Pour les chèvres en angliche :

    « Hé, c’est un de ces scientifiques prévoyant le réchauffement climatique, il y a quelques années… »

    — La neige appartient au passé —

  2. Pour moi, ces récits m’instruisent plutôt en survivalisme. Je ne les prends pas au pied de la lettre, bien sûr. Mais ils me donnent des idées sur les différents scénarios possible.
    Car je prends la destruction de notre belle planète comme imminente. Sur ce plan de conscience, nous l’avons achevée et elle nous le fait bien sentir. Sur un autre plan de conscience, une nouvelle Terre est déjà en germe. Seuls ceux qui auront un taux vibratoire élevé (par l’Amour) pourront y accéder. Pour les autres, ce sera en effet la guerre pour survivre.
    Oui, je sais bien, Volti, ce n’est pas très terre à terre (sans jeu de mots), mais je ne peux nier une réalité que certains perçoivent de plus en plus.

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