Donner et aider sans s’épuiser

L’actualité étant ce qu’elle est, il faut aussi savoir souffler, et regarder dans d’autres directions, vers soi par exemple, mais pas avec orgueil, un défaut qui n’apporte pas grand chose et qui ferme plus de porte qu’il n’en ouvre, regarder vers soi, avec une certaines philosophie qui est là pour aider. Savons-nous réellement donner? Et recevoir? Et le faisons-nous bien? C’est avec cette petite pause que je vous propose de souffler un peu, et de vous intéresser à d’autres sujets moins sombres…

Combien de fois la main que nous tendions a-t-elle été refusée ou dévorée? Et combien de fois n’avons-nous pas su accepter celle qui était tendue vers nous? Peut-être devrions nous déjà changer notre regard là dessus, et apprendre à mieux donner et recevoir…

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Chacun reconnaît que le don de soi est une valeur essentielle pour assurer la durabilité du bonheur dans une relation entre individus ou dans une société. Comment serait-il possible d’être heureux si chacun n’y mettait pas du sien pour apporter quelque chose de bon à quelqu’un ou à une bonne cause ?

D’un autre côté, on voit des gens qui ont beaucoup donné de leur temps, de leurs biens, de leur personne (écoute, conseils, etc.) et qui sont maintenant au bord de l’épuisement, ou déjà épuisés. Cette situation amène certains à se dire : « Il faut d’abord s’aimer soi-même, avant de penser aux autres. »

Il y a sûrement un équilibre à trouver pour que le don de soi demeure quelque chose de stimulant et n’aboutisse pas à l’épuisement, à la déception ni au fait de devenir désabusé, après avoir travaillé fort pour le bien de quelqu’un ou pour une cause.

S’ACCORDER DU TEMPS

Par exemple, peu importe que ce soit un charme de donner ou que ce soit lourd à faire, avons-nous le droit d’interrompre cela, de temps en temps, pour prendre soin de nous – mêmes (prendre soin de son corps, se ressourcer intérieurement, se reposer, se faire plaisir) ?

Bien sûr que nous avons ce droit, et cela s’explique bien : il vaut mieux donner un peu moins de temps, mais davantage de temps de qualité. Et du temps de qualité, nous pouvons en donner lorsque nous sommes bien disposés.

D’ailleurs, nous n’avons pas besoin de nous accorder énormément de temps pour prendre vraiment soin de nous : il suffit de le faire de temps à autre seulement. Pour bien des gens, quelques heures ici et là leur font le plus grand bien et c’est suffisant.

Cependant, ils doivent planifier ces heures, les mettre même à l’agenda. Il ne faut pas attendre que tout soit réglé, que tout soit accompli, avant de s’accorder cela : si on ne se met pas du temps libre à l’agenda, il y a toujours quelque chose à faire pour répondre aux besoins de l’un et de l’autre et souvent, ça n’a pas de fin. De plus, le temps dont nous aurions besoin pour nous occuper de nous-mêmes, pour nous détendre, nous ressourcer, ce temps ne nous tombe jamais du ciel comme par enchantement.

Et si on se sent coupable de s’accorder du temps à soi-même, alors qu’il y a tellement à faire autour de soi, il faut se redire que c’est mieux de donner moins de temps, mais donner du temps de qualité.

SI NOUS SOMMES BONS «DONNEURS», SOMMES-NOUS AUSSI BONS «RECEVEURS» ?

Avez-vous du mal à accepter l’aide des autres, un cadeau, ou encore un compliment, un remerciement ou un bon commentaire qui fait du bien ? Autrement dit, si vous êtes un bon « donneur », êtes-vous un bon ou un mauvais « receveur » ?

Il y a des gens qui sont généreux de leur temps et de leur disponibilité, mais sont mal à l’aise d’accepter que d’autres fassent aussi quelque chose pour eux. Ils prétextent souvent qu’ils ne veulent pas qu’on se dérange ni qu’on se donne du mal pour eux.

Or, partout, il y a un équilibre à respecter entre le « donner » et le « recevoir », pour que l’harmonie règne. Uniquement recevoir, ou encore donner peu tout en recevant beaucoup, c’est malsain ; on risque de devenir capricieux, de plus en plus exigeant, voire même dominateur. À l’inverse, être seulement en état de donner, sans accepter que d’autres fassent eux aussi quelque chose pour nous, c’est risquer de s’épuiser.

À part la nécessité de respecter un équilibre entre donner et recevoir, voici une autre bonne raison d’accepter – sans en être mal à l’aise – ce que d’autres font pour nous : les autres aussi ont besoin de donner et de sentir que c’est bien reçu ; ça leur offre une belle occasion de se perfectionner eux aussi dans l’art de donner.

Donc, bien recevoir sans résister à ce que ces autres sont disposés à nous donner spontanément et de bon cœur, c’est leur rendre service aussi ; c’est leur offrir une occasion d’épanouissement personnel.

PETIT GUIDE SUR L’ART DE BIEN RECEVOIR

Si nous écrivions « un petit guide sur l’art de bien recevoir » pour que le donateur se sente valorisé, encouragé, soutenu dans son goût de donner de son temps, de sa personne ou matériellement… quelles attitudes devrions-nous retrouver dans ce guide ?

1) La gratitude, l’appréciation, la reconnaissance qui vient du fond du cœur.
2) Considérer tout ce que d’autres font de bon cœur pour nous, comme un « cadeau de la vie », et non comme un dû.
3) Faire voir à l’autre – de temps en temps – les bénéfices concrets que son aide apporte dans notre vie.
4) Établir un contexte d’échange mutuel de services.
5) Récompenser de temps à autre la personne qui nous rend service régulièrement, et présenter cette récompense comme une marque d’appréciation pour son aide.
6) : « Donner au suivant » ; et alors, c’est comme une énergie bienfaisante qui circule de l’un à l’autre. Il est vrai aussi que c’est stimulant d’apporter notre aide à quelqu’un qui, lui-même, donne de bon cœur à d’autres.
7) Sans même leur en parler, entourer ceux qui nous aident de belles et bonnes pensées visant à leur attirer du bien et du bonheur dans leur vie.

SITUATIONS DONT IL FAUT SE PROTÉGER, SINON ON EST À RISQUE D’ÉPUISEMENT

Ex. 1 : Deux personnes vivent ensemble. L’une donne beaucoup et l’autre ne fait surtout que recevoir (sauf un petit service qu’elle rend de temps en temps, pour se faire bonne conscience). Dans cette situation, il y a un important manque de réciprocité, donc un déséquilibre. L’harmonie n’y est pas.
Dans un tel contexte, si la personne qui donne ne veut pas s’épuiser physiquement ou psychologiquement, elle est obligée, dans ce cas, de diminuer son « don de soi ».
Ex. 2 : Lorsque la personne à qui on donne est trop centrée sur elle-même et qu’elle fait entrer ce don dans le cadre de la réalisation de ses désirs et caprices personnels.
Ex. 3 : Lorsque la personne à qui on donne a tendance à considérer cela comme un dû, ou pire encore, lorsqu’elle laisse l’impression que le « donneur » a comme un « contrat de service » envers elle…
Ex. 4 : Lorsque celui qui est généreux de son temps se fait manipuler : Ex. : il se fait rendre un service « à dix dollars », en prévision de lui en demander un « à cent dollars ». Ou encore, il se fait acculer au pied du mur de la façon suivante : Personne A : « Que fais-tu samedi ? » Personne B : « Rien de spécial ! » Personne A : « Ça tombe bien ! J’aurais justement besoin de ton aide pour… » (Voir « Les Manipulateurs sont parmi nous » de Isabelle Nazaré-Aga, Éditions de l’Homme, ISBN : 9782761936323.)
Ex. 6 : Lorsque quelqu’un « atterrit en hélicoptère » (image symbolique) n’importe quand dans notre vie pour nous demander des services… démontrant ainsi un manque de respect pour notre intimité, pour notre « espace vital », de même que pour notre authentique disponibilité à rendre service.

LORSQU’ON A L’IMPRESSION D’ÊTRE TROP GÉNÉREUX…

Prenons l’exemple de parents qui cèdent souvent aux demandes de leurs enfants, ou encore l’exemple de personnes qui ont tendance à dire très souvent « oui » aux demandes qui leur sont adressées. Par moments, elles le font par goût de donner, mais à d’autres moments, elles le font pour éviter la crise (de la part d’enfants), ou pour éviter les remontrances et la culpabilisation (de la part d’adultes). On peut dire alors que ces personnes donnent sous pression et à contrecœur. Elles ressentent que ça les « vide ».

Ces personnes se sentiraient plus à l’aise — et mieux intérieurement — si elles modifiaient leur manière de donner, si elles devenaient plus réfléchies dans leur façon de donner ; cela les amènerait à dire « non » plus souvent ; cela demanderait – bien sûr — de leur part davantage de fermeté et de détermination.

Et, il y a une raison fondamentale qui peut devenir la base de leur nouvelle façon de donner, plus judicieuse cette fois. Cette raison est la suivante :

« Le véritable amour ne prendra pas en considération ce qui plaît à l’autre, ce qui lui est agréable et lui apporte de la joie, mais il agira uniquement en fonction de ce qui lui est utile, peu importe que cela lui apporte de la joie ou non. Telle est la vraie façon d’aimer et de servir. » (Tome 2, Chapitre 8)

Lorsque quelqu’un cesse de répondre aux caprices de tout un chacun et s’implique plutôt dans ce qui est vraiment utile à l’autre, surtout ce qui est utile pour le développement personnel de l’autre, alors sa voix intérieure réagit mieux. Il se sent mieux en lui-même, plus dégagé et plus réconforté intérieurement, malgré la plus grande fermeté que cela va lui demander, parfois.

SAVOIR CHOISIR SES «BATAILLES»…

Avez-vous déjà ressenti que vous étiez aidés et soutenus comme par des « forces invisibles », ou soutenus d’une façon que vous n’arriviez pas à vous expliquer, lorsque vous donniez de votre temps ou de votre personne pour quelqu’un d’autre ou pour une cause ? Si oui, c’est que, dans ces occasions-là, vous avez donné au bon endroit.

Voici des exemples de ce soutien invisible qui peut nous accompagner lorsque nous donnons de façon judicieuse :

1. On dirait que dès que nous nous mettons à la tâche, l’énergie nous vient, et ça nous paraît facile ; c’est comme une impression « d’avoir des ailes ».
2. S’il faut trouver des idées pour résoudre un problème ou pour apporter une aide efficace à quelqu’un, on dirait que l’inspiration nous vient plus facilement dans ce contexte.
3. Nous nous sentons « d’attaque » pour faire quelque chose que nous n’avons jamais fait ou rarement fait auparavant, et ça fonctionne !

Guy Poulin

Source: Graal.ca

 

12 Commentaires

  1. J’ai beaucoup Donné ! et ?

    Ben je ne donne plus !

  2. Merci pour cet article. J’essaie de réfléchir sur les qualités et les défauts d’actes de bienveillance et cet article est une piste.
    Comme les concilier dans une société, alors que ce ne sont que des relations humaines qui dépendent du ressenti de chacun. Y a-t-il des méthodes meilleures que d’autres ?
    La politesse est-elle une de ces méthodes ?
    Si vous avez des idées je suis preneuse.

  3. Etes-vous prêt à aimer ? (Le film de la Journée de la Compassion)

    http://www.youtube.com/watch?v=aUKbwoGqD3U

  4. Les dimensions du deuil – Conférence intégrale (Evènement INREES)

    http://www.youtube.com/watch?v=aIuL7GTSnXM

  5. Le donner et le recevoir sont les deux faces d’une même énergie, plus vous donnez et plus vous recevez mais le donner doit-être inconditionnel, sans attente de retour sinon c’est un faux don, mais comme il est écrit dans la Bible: « Il ne faut pas non plus donner des perles aux cochons ».

    Certains ne méritent pas ce qu’on leur donne, ils sont trop imbus d’eux ou profiteurs, toujours là a grappiller quelque chose, à profiter de la générosité des autres ou de leurs faiblesses. Il faut s’éloigner de ces gens où ça fini en conflit, il y a quand même des limites et tout leur donner n’est pas leur rendre service. Il faut aussi accepter qu’on ne peut pas être aimé de tout le monde et comprendre que l’on a pas à respecter quelqu’un qui ne nous respecte pas.

    D’autres donnent ou rendent des services pour se sentir aimé et reconnu, en réalité ces gens ne donnent pas gratuitement car ils espèrent quelque chose en retour et quand le retour ne vient pas ils sont en colères. C’est pour cela que le donner et le recevoir sont deux équilibres subtiles qu’il faut parfois des années à comprendre.

    Souhaiter un échange à ce que l’on donne n’est pas mauvais en soi mais si le don n’est pas gratuit alors il y a peu de chance que le retour souhaité arrive car pour recevoir, il faut être détaché de tout résultat et de toute attente de retour.

  6. Alors un homme riche dit, Parlez-nous du Don.

    Et il répondit :

    Vous donnez, mais bien peu quand vous donnez de vos possessions.

    C’est lorsque vous donnez de vous-même que vous donnez véritablement.

    Car que sont vos possessions, sinon des choses que vous conservez et gardez par peur d’en avoir besoin le lendemain ?

    Et demain, qu’apportera demain au chien trop prévoyant qui enterre ses os dans le sable sans pistes, tandis qu’il suit les pèlerins dans la ville sainte ?

    Et qu’est-ce que la peur de la misère sinon la misère elle-même ?

    La crainte de la soif devant votre puits qui déborde n’est-elle pas déjà une soif inextinguible ?

    Il y a ceux qui donnent peu de l’abondance qu’ils possèdent — et ils le donnent pour susciter la gratitude et leur désir secret corrompt leurs dons.

    Et il y a ceux qui possèdent peu et qui le donnent en entier.

    Ceux-là ont foi en la vie et en la générosité de la vie, et leur coffre ne se vide jamais.

    Il y a ceux qui donnent avec joie, et cette joie est leur récompense.

    Et il y a ceux qui donnent dans la douleur, et cette douleur est leur baptême.

    Et il y a ceux qui donnent et qui n’en éprouvent point de douleur, ni ne recherchent la joie, ni ne donnent en ayant conscience de leur vertu.

    Ils donnent comme, là-bas, le myrte exhale son parfum dans l’espace de la vallée.

    Par les mains de ceux-là Dieu parle, et du fond de leurs yeux Il sourit à la terre.

    Il est bon de donner lorsqu’on vous le demande, mais il est mieux de donner quand on ne vous le demande point, par compréhension ;

    Et pour celui dont les mains sont ouvertes, la quête de celui qui recevra est un bonheur plus grand que le don lui-même.

    Et n’y a-t-il rien que vous voudriez refuser ?

    Tout ce que vous possédez, un jour sera donné ;

    Donnez donc maintenant, afin que la saison du don soit la vôtre et non celle de vos héritiers.

    Vous dites souvent : « Je donnerai, mais seulement à ceux qui le méritent ».

    Les arbres de vos vergers ne parlent pas ainsi, ni les troupeaux dans vos pâturages.

    Ils donnent de sorte qu’ils puissent vivre, car pour eux, retenir est périr.

    Assurément, celui qui est digne de recevoir ses jours et ses nuits est digne de recevoir tout le reste de vous.

    Et celui qui mérite de boire à l’océan de la vie mérite de remplir sa coupe à votre petit ruisseau.

    Et quel mérite plus grand peut-il exister que celui qui réside dans le courage et la confiance, et même dans la charité, de recevoir ?

    Et qui êtes-vous pour qu’un homme doive dévoiler sa poitrine et abandonner sa fierté, de sorte que vous puissiez voir sa dignité mise à nu et sa fierté exposée ?

    Veillez d’abord à mériter vous-même de pouvoir donner, et d’être un instrument du don.

    Car en vérité c’est la vie qui donne à la vie — tandis que vous, qui imaginez pouvoir donner, n’êtes rien d’autre qu’un témoin.

    Et vous qui recevez — et vous recevez tous — ne percevez pas la gratitude comme un fardeau, car ce serait imposer un joug à vous-même, comme à celui qui donne.

    Élevez-vous plutôt avec celui qui vous a donné par ses offrandes, comme avec des ailes.

    Car trop se soucier de votre dette est douter de sa générosité, qui a la terre bienveillante pour mère, et Dieu pour père.

    Khalil Gibran « Le Prophète »
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  7. Donner est mon métier (conseil) pourtant certains ne sont pas prêts à recevoir à l’instant « t » trop encombrés dans la tête, des chaines aux pieds, de bons moutons effrayés..il faut se libérer des chaines..des peurs, mais pour ce faire il faut avoir confiance en soi d’abord et se connaître un minimum…Pour moi, une fois le débroussaillage fait, une fois le fonds touché car…chacun porte sa croix tôt ou tard, alors seule la Foi peut libérer complètement, c’est mon avis…la Foi en Dieu bien sûr.

  8. Quand j’étais gamine un de mes potes m’a dit: « si je donne un chite à ces 5 petsonnes en rade, ben je pourrais leur gratter plus d un chite chacun quand ils auront leurs barrettes. »

    Mouahahaha, qu’elle con stratège. À 15ans il a tout pigé du monde.

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