A qui profite l’escalade entre la Grèce et la Turquie ?

Encore une menace de conflit .. Partagez ! Volti

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Source Observateur Continental

Le plus grave conflit des dernières décennies se prépare en Méditerranée orientale. La Grèce et la Turquie se tiennent tête sur plusieurs fronts, notamment sur les frontières terrestres (le problème de migrants et de réfugiés) et à Chypre. Pour le moment, Ankara s’efforce de construire un abri diplomatique en proposant à Athènes des négociations pour régler le problème des plateaux litigieux. Mais cela cache une combinaison en plusieurs coups. 

Le Figaro écrit que la Turquie se transforme de plus en plus en « acteur géopolitique toxique qui aggrave dangereusement l’instabilité de la région et du monde ». Elle a d’abord publié un communiqué de navigation stipulant que le navire de recherche Oruç Reis effectuerait des travaux géodésiques au sud de l’île grecque Kastellorizo. Puis elle a entamé des exercices navals de deux jours au sud-est de Kastellorizo et de Rhodes. Sachant qu’Ankara doute bien de la réaction que ses actions susciteront avant tout de la part de la Grèce. Après l’entrée d’Oruç Reis accompagné par sept navires de guerre turcs dans la région du plateau grec près de Kastellorizo, le ministère grec des Affaires étrangères a déclaré que son pays défendrait sa souveraineté et ses droits souverains, appelant la Turquie à retirer immédiatement les navires turcs de la région du plateau grec. Les forces armées grecques ont été placées en état d’alerte suite au déploiement de navires militaires turcs en mer d’Egée. 

A cet égard, le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a réuni le Conseil gouvernemental de la défense pour étudier « une réaction à la provocation turque ». Après quoi, le ministère grec des Affaires étrangères a instamment appelé la Turquie à « cesser immédiatement son activité illégale sapant la paix et la sécurité dans la région ». De son côté, Ankara estime que les protestations d’Athènes « n’ont aucun fondement juridique », et souligne que « personne ne doit essayer de l’évincer de la Méditerranée qui se trouvait pendant des siècles sous la domination turque ». La Grèce a l’intention de demander une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l’UE concernant les actions de la Turquie en Méditerranée. Ce vendredi 14 août, à Vienne devrait se dérouler un entretien entre le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias et le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo, qui évoqueront les problèmes dans les relations entre la Grèce et la Turquie. 

Une question stratégique primordiale consiste à savoir si Washington entreprendra des efforts diplomatiques ou autres pour neutraliser la tension entre les deux alliés de l’Otan. Quant à Bruxelles, pour l’instant il respecte démonstrativement sa neutralité. Mais quelle sera la suite des événements? Car, comme le rappelle le quotidien turc Hürriyet, « la Grèce et la Turquie se tiennent tête sur plusieurs fronts, notamment sur les frontières terrestres (le problème de migrants et de réfugiés) et à Chypre ». De toute évidence, en Méditerranée orientale se prépare le plus grave conflit de ces dernières décennies. Comment les antagonistes régleront-ils leur problème: entre eux ou avec le soutien d’acteurs extérieurs? Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé « toutes les parties impliquées en Méditerranée orientale à coopérer afin de trouver une formule acceptable qui protégera les droits de tout le monde ». Ce à quoi le ministre turc de la Défense Hulusi Akar a ajouté que « la république cherche à régler le problème avec la Grèce en Méditerranée par le dialogue ». 

De quel dialogue est-il question? Admettons que la Grèce et la Turquie signent un accord sur la délimitation des plateaux litigieux. Mais cela conduirait à la révision des termes du traité de Lausanne de 1923 qui, d’ailleurs, garantit le statu quo actuel, et pas seulement en Méditerranée orientale. Dans l’incapacité de trouver un terrain d’entente les deux camps se retrouveraient au seuil d’un conflit armé sans savoir où est tracée la « ligne rouge » entre eux. Quelle pourrait être la suite sachant que récemment a été signé un accord sur la démarcation des frontières maritimes en Méditerranée orientale entre l’Egypte et la Grèce? Curieusement, pendant trois mois Ankara et Athènes négociaient à Berlin pour régler les litiges, et la déclaration conjointe était pratiquement prête, mais tout à coup Athènes a signé cet accord avec Le Caire. Les négociations entre la Grèce et la Turquie ont été immédiatement suspendues. Tout de suite après la signature de l’accord gréco-égyptien, Ankara a décidé de relancer les recherches en Méditerranée et d’y organiser des exercices navals. 

La Turquie doit également tenir compte du soutien de la Grèce par les Emirats arabes unis, l’Arabie saoudite et Israël, qui pourraient se joindre à la coalition antiturque créée par l’Egypte. Le ministre grec de la Défense Nikos Panagiotopoulos a déjà déclaré qu’Athènes « pourrait prendre les armes ». Un bilan intermédiaire a été dressé pour l’instant. Premièrement, selon les spécialistes, les explorations géologiques dans la zone litigieuse pourraient ne pas conduire à des découvertes majeures. Deuxièmement, si de telles découvertes avaient lieu, une escalade bloquerait pendant une longue période la possibilité d’investissements. Ce qui pourrait être bénéfique pour certains.

Alexandre Lemoine

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Observateur Continental

3 Commentaires

  1. Chaud devant, chaud !!
    Bruxelles se tait ? C’est ça la solidarité de l’UE ? La Grèce doit être soutenue par l’Arabie Saoudite ? Ah bravo !!
    Je sais bien que certains pays rentreraient bien dans le chou de la Turquie et l’occasion pourrait bien se présenter.
    Mais là, on voit encore les Américains dans les négociations. Personne en Europe pour négocier ? On n’est pas capables ?
    Et là, il ne s’agit pas de dire: la Grèce et la Turquie, c’est loin !

  2. Sans compter que ce pays en a bavé tant et plus, et quelle qu’en soit la raison, on ne peut pas laisser le peuple grec sans soutien.

  3. La flamme qui tronait sur la Grèce s’est éteinte dès la fin des JO en 2004.
    Depuis, c’est une dette qui n’a fait que se creuser pour ce pays qui nous a tant appris au fil des siècles : preuve qu’il ne reste plus aucun dieu sur place.

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