Si l’Ukraine « explose », que se passera t-il pour l’UE ? La conclusion de Christelle Néant, n’est pas optimiste « L’entropie de l’Ukraine continue de croître de manière accélérée, et le pays se dirige de plus en plus vers une désintégration totale« .
Après le vote de la loi sur la langue d’enseignement en Ukraine, Budapest avait promis de tout faire pour gêner Kiev auprès des instances internationales, et surtout auprès de l’UE et de l’OTAN où elle dispose d’un droit de veto.
Pour rappel, cette loi prévoit que l’enseignement se fera uniquement en ukrainien à partir de la 5e classe, dans un pays qui compte plusieurs minorités ethniques importantes (Roumaine, Hongroise et même Bulgare), sans parler de toute la partie russophone du pays (je parle là des gens dont la langue maternelle, c’est-à-dire la première langue qu’ils apprennent dès le plus jeune âge, est le russe).
Suite au vote de cette loi, la Roumanie et surtout la Hongrie avaient fait savoir publiquement qu’elles désapprouvaient cette loi qui discrimine les minorités qui se trouvent en Ukraine. La Hongrie avait même menacé l’Ukraine de lui nuire en guise de réponse au vote de cette loi.
La Hongrie n’a pas fait cette promesse en l’air, et a saisi la première occasion pour rappeler à l’Ukraine qu’elle ne peut pas faire n’importe quoi en matière de législation. Et c’est la tenue du sommet Ukraine-OTAN, prévu en décembre, qui en a fait les frais.
La convocation à ce sommet a été soumise cette semaine au vote des pays membres de l’OTAN, et l’unanimité était requise afin qu’il puisse avoir lieu. Le vote négatif de la Hongrie a donc été l’équivalent d’un veto, empêchant le sommet d’avoir lieu.
C’est le chef de la diplomatie hongroise, Peter Siyarto, qui l’a annoncé sur le site de son département, de manière très directe, et sans ambages :
« La Hongrie ne peut soutenir l’aspiration de l’Ukraine à l’intégration, c’est pourquoi elle a mis son veto à la convocation du sommet Ukraine-OTAN en décembre », a ainsi déclaré le ministre hongrois des Affaires étrangères.
Devant la détermination évidente de la Hongrie et des autres pays voisins à pourrir la vie de l’Ukraine en réponse à cette loi, il semble que cette dernière pourrait faire marche arrière.
C’est en tout cas ce qu’a déclaré le journaliste Vyacheslav Pikhovchek, sur le plateau de la chaîne ukrainienne NewsOne. Ce dernier a déclaré en effet que l’Ukraine pourrait faire des concessions et adoucir la norme linguistique pour les minorités nationales.
Mais, car il y a un mais, cette concession ne s’appliquerait QUE pour les minorités hongroise, roumaine et peut-être la minorité bulgare. Les enfants russophones, eux, seraient toujours forcés de subir l’ukrainisation de force que représente ce texte de loi.
Pourquoi, accorder seulement ce « privilège » aux voisins européens ? Eh bien parce que ces derniers peuvent sévèrement nuire aux aspirations européennes et OTANiennes de l’Ukraine ! La Russie non.
« Ma prédiction est que la seule option possible est de formuler certaines conditions spécifiques uniquement pour les enfants de citoyens ukrainiens de nationalité hongroise, roumaine, et peut-être bulgare, puisque les gouvernements de ces pays se battent pour eux et ont de l’influence sur les officiels de Kiev. Mais pas pour les enfants russophones… Un autre problème s’est ajouté à la guerre et à la crise en Ukraine – Kiev se fait de nouveaux ennemis avec les dispositions de la loi sur l’éducation et les minorités ethniques, » a ainsi déclaré Pikhovchek.
Cette idée de Pikhovchek, est sûrement issue du fait, que Kiev est déjà prête à faire un amendement à cette loi pour la minorité polonaise, en signant un accord avec Varsovie à ce sujet. Cet accord a d’ailleurs provoqué l’ire de la Hongrie, qui a vu cela comme une trahison de la part de la Pologne.
Mais de tels amendements, accordant des exceptions à certaines minorités et pas aux russophones, alors qu’ils sont bien plus qu’une minorité, rendraient la loi encore plus discriminatoire qu’elle ne l’est déjà.
C’est d’ailleurs sur cet argument, que la Russie a fait appel à l’ONU, à l’OSCE et au conseil de l’Europe, afin qu’ils fassent pression sur Kiev.
Il est invraisemblable de voir l’Ukraine poursuivre la Russie devant la CIJ pour discrimination ethnique envers les Tatars de Crimée, alors que ces derniers peuvent désormais recevoir un enseignement dans leur langue maternelle (depuis la réintégration de la Crimée au sein de la fédération de Russie), alors que dans le même temps, Kiev vote des lois ouvertement discriminatoires envers ses minorités ethniques et sa population russophone. C’est vraiment l’hôpital qui se moque de la charité !
Mais en ne faisant marche arrière que pour les minorités ethniques, et pas pour les russophones, Kiev pourrait bien faire une énorme faute de calcul géopolitique. Car si Moscou ne dispose pas d’un droit de veto bloquant les aspirations européennes ou OTANiennes de Kiev, la Russie a néanmoins un certain nombre de leviers qu’elle peut utiliser afin de nuire à l’Ukraine en guise de réponse.
Bogdan Bezpalko, membre du Conseil pour les relations interethniques auprès du Kremlin, en a listé quelques-unes, allant du fait de compliquer le travail des représentations ukrainiennes dans les organisations internationales, jusqu’au fait de reconnaître les Républiques Populaires de Donetsk et de Lougansk (RPD et RPL), en passant par la rupture du Grand Accord sur l’amitié signé entre les deux pays, ou le renforcement du contingent militaire présent en Crimée ou à la frontière de la RPD et de la RPL.
L’option qui serait le camouflet le plus sévère pour Kiev, a même été justifiée de manière pragmatique par monsieur Bezpalko :
« En fin de compte, la Russie pourrait reconnaître les républiques de Donetsk et de Lougansk. Vu que le format de Minsk ne fonctionne plus, tout ou tard il sera possible de reconnaître les « républiques populaires » comme des États indépendants et de conclure avec elles des accords, notamment dans le domaine de la défense », a-t-il ainsi expliqué.
Voilà de quoi donner à réfléchir à Kiev, du moins tant qu’il en est encore temps. Car le Maïdan 3.0 se poursuit, entre coups de communication de Saakachvili, et étranges attentats terroristes contre des députés radicaux (alors que ce sont justement ces forces radicales qui sont à l’œuvre pour destituer Porochenko).
L’entropie de l’Ukraine continue de croître de manière accélérée, et le pays se dirige de plus en plus vers une désintégration totale.
Christelle Néant pour DoniPress
L’ukraine n’est plus un pays. C’est un aggloméra de provinces que les pays avoisinants vont se dépêcher de réclamer a l’éclatement prochain du gouvernement.