Tout y est, c’est assez long mais, la lecture est fortement recommandée. Merci Sylvain Rochex
Le regard que l’on choisit de porter sur le monde qui nous entoure découle de notre éducation — de notre conditionnement, de nos connaissances. Ce qui explique pourquoi, malgré le déroulement actuel d’un véritable drame socio-écologique, celui-ci soit si peu discuté, à peine aperçu, et à peine dénoncé. Ce qui explique d’ailleurs pourquoi ce drame peut se produire en premier lieu.
Les tenanciers du désastre de notre époque, ses acteurs les plus influents, les grands patrons de multinationales, de banques, de fonds d’investissement, les dirigeants des superpuissances étatiques, ceux qui ont beaucoup investi, qui misent gros, et qui ont donc beaucoup à perdre, propagent, à travers leurs nombreux outils d’acculturation et d’enculturation (programmes nationaux d’éducation, médias, institutions culturelles, etc.), une certaine vision de notre situation globale. Et ce depuis des siècles.
L’école a en effet été conçue comme un outil de contrôle et de formatage au service d’oligarchies ou d’autocrates et certainement pas comme un outil d’émancipation populaire — un exemple parmi tant d’autres, Napoléon Bonaparte : « Mon but principal, dans l’établissement d’un corps enseignant, est d’avoir un moyen de diriger les opinions politiques et morales ». Quant à la presse, sa diffusion et son contenu ont toujours été contrôlés par les pouvoirs en place, par les possédants, depuis l’Ancien Régime et son « Privilège du Roi » jusqu’à aujourd’hui où dix milliardaires contrôlent une grande partie des médias français.
Si la presse est désormais insidieusement qualifiée de « libre » c’est simplement parce que la classe des dominants s’est rendue compte que le mensonge et l’hypocrisie étaient de meilleurs outils de contrôle que la (menace de) violence physique (bien que la menace de violence physique et la violence elle-même soient encore très utilisées aujourd’hui). La même raison fait que notre régime gouvernemental actuel est qualifié de « démocratie », que le système d’échange financier est qualifié de « libre marché », et que les pays où tout ça a été décidé s’auto-qualifient de « monde libre ». La liberté, à mesure qu’elle disparaissait dans les faits, était placardée et plastronnée partout.
Quand je vois une gigantesque statue de la liberté à l’entrée du port d’un grand pays, je n’ai pas besoin qu’on m’explique ce qu’il y a derrière. Si on se sent obligé de hurler : « Nous sommes un peuple d’hommes libres ! », c’est uniquement pour dissimuler le fait que la liberté est déjà fichue ou qu’elle a été tellement rognée par des centaines de milliers de lois, décrets, ordonnances, directives, règlements et coups de matraque qu’il ne reste plus, pour la revendiquer, que les vociférations, les fanfares et les déesses qui la représentent.
— B. Traven, « Le vaisseau des morts »
Voilà où nous en sommes aujourd’hui, où l’école, véritable usine d’aliénation institutionnalisée (au « programme » fixé par l’état), inculque des valeurs toutes plus nocives les unes que les autres (l’obéissance aveugle, le travail, la compétition, etc.) et enseigne l’Histoire selon l’angle des vainqueurs (ce sur quoi je reviendrai après) ; où la culture, au sens large, produit d’une ingénierie culturelle séculaire, élaborée par des bourgeois et pour des bourgeois (et pour des apprentis bourgeois, ceux qui n’en sont pas mais sont éduqués à vouloir en être), conditionne les masses de façon à obtenir une main d’œuvre docile et soumise, en véhiculant ces mêmes valeurs, en glorifiant l’idéologie de la classe dominante — le mythe du progrès. Par un grotesque mécanisme de dressage systématique récompensant les comportements conformes aux volontés des élites, et par la fabrication du consentement qui en découle, toutes les institutions et toutes les populations se mettent au diapason — c’est ainsi qu’on dresse les chiens.
Et c’est ainsi que partout on vante les mérites du « développement », du « progrès », et de la « civilisation » triomphante.
Un des principaux travers de l’idéologie dominante — de l’idéologie des élites, qui, par un ruissellement culturel, devient l’idéologie de leurs sujets, les masses —, est sa profonde aliénation vis-à-vis de la nature. Cette perte du lien avec le monde naturel semble aussi ancienne que la civilisation (en tant que culture, que type d’organisation sociale et que mode de vie spécifique), dont elle est une caractéristique essentielle — avec son corollaire : le mythe de la suprématie humaine, cette idée selon laquelle l’être humain serait une créature supérieure, toute-puissante, aux prérogatives d’essence quasi-divine. Ainsi que Derrick Jensen le rappelle :
Les humains civilisés détruisent les terres, et ce depuis l’aube de la civilisation. L’un des premiers mythes écrits de cette culture décrit Gilgamesh, déforestant ce que nous appelons aujourd’hui l’Irak — rasant des forêts de cèdres si épaisses que la lumière du soleil ne pouvait atteindre le sol, tout cela pour construire une grande cité, ou, plus exactement, pour que l’on retienne son nom.
Aristote, en son temps, écrivait que :
Les plantes existent pour les animaux, et les autres animaux pour l’homme, les animaux domestiques pour son usage et sa nourriture, les animaux sauvages, sinon tous du moins la plupart, pour sa nourriture et d’autres secours puisqu’il en tire vêtements et autres instruments. Si donc la nature ne fait rien d’inachevé ni rien en vain, il est nécessaire que ce soit pour les hommes que la nature ait fait tout cela. C’est pourquoi, en un sens, l’art de la guerre est un art naturel d’acquisition (car l’art de la chasse est une partie de cet art) auquel nous devons avoir recours contre les bêtes et les hommes qui sont nés pour être commandés mais n’y consentent pas : cette guerre-là est juste par nature.
& Cicéron :
Ce que la nature a fait de plus impétueux, la mer et les vents, nous seuls avons la faculté de les dompter, possédant l’art de la navigation ; aussi profitons-nous et jouissons-nous de beaucoup de choses qu’offre la mer. Nous sommes également les maîtres absolus de celles que présente la Terre. Nous jouissons des plaines, nous jouissons des montagnes ; c’est à nous que sont les rivières, à nous les lacs ; c’est nous qui semons les blés, nous qui plantons les arbres ; c’est nous qui conduisons l’eau dans les terres pour leur donner la fécondité : nous arrêtons les fleuves, nous les guidons, nous les détournons ; nos mains enfin essaient, pour ainsi dire, de faire dans la nature une nature nouvelle.
Enfin, citons Saint-Simon, qui, en 1820, écrit ce qui pourrait tout à fait résumer la pensée des classes dirigeantes de notre époque industrielle :
L’objet de l’industrie est l’exploitation du globe, c’est-à-dire l’appropriation de ses produits aux besoins de l’homme, et comme, en accomplissant cette tâche, elle modifie le globe, le transforme, change graduellement les conditions de son existence, il en résulte que par elle, l’homme participe, en dehors de lui-même en quelque sorte, aux manifestations successives de la divinité, et continue ainsi l’œuvre de la création. De ce point de vue, l’Industrie devient le culte.
L’antidote à ce poison du mythe de la suprématie humaine, qui passe souvent pour un humanisme, a été brillamment formulé par Claude Lévi-Strauss dans une interview donnée au journal le Monde en 1979 :
On m’a souvent reproché d’être anti-humaniste. Je ne crois pas que ce soit vrai. Ce contre quoi je me suis insurgé, et dont je ressens profondément la nocivité, c’est cette espèce d’humanisme dévergondé issu, d’une part, de la tradition judéo-chrétienne, et, d’autre part, plus près de nous, de la Renaissance et du cartésianisme, qui fait de l’homme un maître, un seigneur absolu de la création.
J’ai le sentiment que toutes les tragédies que nous avons vécues, d’abord avec le colonialisme, puis avec le fascisme, enfin les camps d’extermination, cela s’inscrit non en opposition ou en contradiction avec le prétendu humanisme sous la forme où nous le pratiquons depuis plusieurs siècles, mais, dirais-je, presque dans son prolongement naturel. Puisque c’est, en quelque sorte, d’une seule et même foulée que l’homme a commencé par tracer la frontière de ses droits entre lui-même et les autres espèces vivantes, et s’est ensuite trouvé amené à reporter cette frontière au sein de l’espèce humaine, séparant certaines catégories reconnues seules véritablement humaines d’autres catégories qui subissent alors une dégradation conçue sur le même modèle qui servait à discriminer espèces vivantes humaines et non humaines. Véritable péché originel qui pousse l’humanité à l’autodestruction.
Le respect de l’homme par l’homme ne peut pas trouver son fondement dans certaines dignités particulières que l’humanité s’attribuerait en propre, car, alors, une fraction de l’humanité pourra toujours décider qu’elle incarne ces dignités de manière plus éminente que d’autres. Il faudrait plutôt poser au départ une sorte d’humilité principielle ; l’homme, commençant par respecter toutes les formes de vie en dehors de la sienne, se mettrait à l’abri du risque de ne pas respecter toutes les formes de vie au sein de l’humanité même.
Malheureusement, il n’a été que formulé. Les classes dirigeantes n’ayant que faire de ces conseils, principalement parce qu’elles souhaitent conserver leurs pouvoirs et leurs privilèges, mais aussi parce qu’elles restent persuadées de la justesse de leur croyances (qu’elles rationalisent toujours, de quelque manière que ce soit), à travers les principaux hauts-parleurs culturels, c’est généralement le mythe de la suprématie humaine qui est véhiculé.
Parmi les mensonges officiels sur lesquels se fonde l’idée de « progrès » qui est au cœur du discours dominant, il faut souligner l’entreprise de diabolisation du passé et d’exaltation du futur. Le passé est présenté comme inférieur au présent, lui-même inférieur au futur, selon un principe temporel d’amélioration linéaire. Cette idée est manifestement fausse, ce qu’il est facile de comprendre pour peu que l’on porte un regard un tant soit peu lucide sur notre réalité. Ce noircissement du passé repose sur de multiples falsifications historiques, selon lesquelles plus on remonte dans le temps, plus on plonge dans la barbarie, plus la vie humaine était courte, brutale, dure, malheureuse et sombre – on mourait d’un simple rhume, ou de vieillesse à 20 ans, ou de carences alimentaires, ou de violences omniprésentes, etc. Le concept d’histoire est lui-même un marqueur de cette idéologie, qui sépare la préhistoire (la majeure partie de l’existence humaine), peu étudiée, probablement parce que considérée comme peu intéressante (des hommes qui grognaient dans des caves, tout au plus), de l’Histoire (la vraie, l’importante, celle qui compte vraiment, celle dans laquelle on se doit d’entrer, façon Sarkozy).
Dans son excellent livre « Zomia ou l’art de ne pas être gouverné », le professeur James C. Scott écrit que :
Les termes traditionnels utilisés en birman et en thaï pour le mot ‘histoire’, respectivement ‘yazawin’ et ‘phonesavadan’, signifient littéralement tous deux ‘histoire des vainqueurs’ ou ‘chronique des rois’. […]
Dans la même veine, Philip Slater, critique social états-unien, écrivait que :
L’histoire […] est en très grande majorité, même aujourd’hui, un récit des vicissitudes, des relations et des déséquilibres créés par ceux qui sont avides de richesse, de pouvoir, et de célébrité.
En réalité, la liberté dont l’être humain jouissait par le passé a diminué à mesure de l’expansion des premières formes d’état, à l’instar de l’authenticité, de l’originalité, de l’indépendance, de l’autonomie, et de la richesse, qui caractérisaient la diversité des vies et des cultures humaines ayant existé, et qui caractérisent celles des quelques peuples non-civilisés qui subsistent encore. L’insistance sur l’augmentation de l’espérance de vie, dont il faut rappeler qu’elle ne saurait être un but en elle-même, et dont la plupart des gens se font une idée fausse, fait aussi partie de cette entreprise de dénigrement du passé. Par ailleurs, il est grotesque, très présomptueux et très méprisant (à l’égard des temps passés) de prétendre que la modernité et son « progrès » apportent le bonheur, ce qui, au vu du mal-être mondialisé, de l’explosion du stress, des burnouts, des dépressions, des angoisses et des troubles mentaux, des taux de suicides et des prescriptions d’antidépresseurs, est aisément contestable.
Et pourtant la civilisation industrielle — cette société désormais planétaire, s’étant imposée partout à grands renforts de colonisations et d’impérialisme, basée sur l’esclavage salarial obligatoire, sur un extractivisme permanent, où les richesses et les bénéfices se concentrent entre les mains d’un nombre toujours plus restreint d’individus, qui a rendu l’air cancérigène, qui a contaminé les sols, les eaux et l’atmosphère de millions de produits de synthèse parfois extrêmement toxiques, qui détruit les forêts du monde entier et rempli les océans de plastiques, dont l’expansionnisme prédateur engendre actuellement la 6ème extinction de masse de l’histoire de la planète et un dérèglement climatique aux conséquences potentiellement dramatiques — est considérée, « progrès » oblige, comme le pinacle de l’existence humaine.
Cette inversion des réalités est dénoncée depuis longtemps. Pour prendre un exemple, voici un passage tiré du livre « Les temps futurs » d’Aldous Huxley :
Dès le début de la révolution industrielle, il avait prévu que les hommes seraient gratifiés d’une présomption tellement outrecuidante pour les miracles de leur propre technologie qu’ils ne tarderaient pas à perdre le sens des réalités. Et c’est précisément ce qui est arrivé. Ces misérables esclaves des rouages et des registres se mirent à se féliciter d’être les Vainqueurs de la Nature, vraiment ! En fait, bien entendu, ils avaient simplement renversé l’équilibre de la Nature et étaient sur le point d’en subir les conséquences. Songez donc à quoi ils se sont occupés au cours du siècle et demi qui a précédé la Chose. A polluer les rivières, à tuer tous les animaux sauvages, au point de les faire disparaître, à détruire les forêts, à délaver la couche superficielle du sol et à la déverser dans la mer, à consumer un océan de pétrole, à gaspiller les minéraux qu’il avait fallu la totalité des époques géologiques pour déposer. Une orgie d’imbécillité criminelle. Et ils ont appelé cela le Progrès. Le Progrès ! Je vous le dis, c’était une invention trop fantastique pour qu’elle ait été le produit d’un simple esprit humain — trop démoniaquement ironique ! Il a fallu pour cela une Aide extérieure. Il a fallu la Grâce de Bélial, qui, bien entendu, est toujours offerte — du moins, à quiconque est prêt à coopérer avec elle.
Bien entendu, le discours des médias et des principales institutions culturelles ignore volontiers le désastre en cours, d’où la prolifération de sujets de divertissement, d’où une véritable culture de la distraction permanente et frénétique (tout plutôt que parler de l’éléphant dans la pièce, ce qui risquerait de perturber le business-as-usual, et qui menacerait donc les intérêts des classes dominantes). Il n’insiste pas sur la myriade d’exactions engendrées par la civilisation industrielle planétaire, dont celles précédemment citées (réchauffement climatique, 6ème extinction de masse, etc.), qui sont les principales, mais qui sont loin d’être les seules ; bien d’autres sont passées sous silence, dont voici quelques exemples, pêle-mêle : le réseau d’exploitation sexuelle et d’esclavage salarial qui sévit actuellement dans l’agriculture sicilienne et dans lesquelles des milliers de femmes sont violées et battues ; le réseau d’esclavage moderne qui exploite près de 40 000 femmes en Italie continentale, des italiennes et des migrantes, dans des exploitations viticoles ; les épidémies de suicides et la pollution massive qui frappent actuellement la région de Bangalore (qualifiée de capitale mondiale du suicide) en Inde, où le « développement » détruit les liens familiaux et les communautés humaines ; l’exploitation de burkinabés de tous âges dans les camps d’orpaillage du Burkina Faso, où ils vivent et meurent dans des conditions dramatiques, entre malaria et maladies liées à l’utilisation du mercure, au bénéfice des riches et puissantes multinationales des pays dits « développés » ; le sort des pakistanais qui se retrouvent à trier les déchets électroniques cancérigènes des citoyens du monde libre en échange d’un salaire de misère (et de quelques maladies) ; l’exploitation de nicaraguayens sous-payés (la main d’oeuvre est la moins chère d’Amérique centrale) dans des maquiladoras, où ils confectionnent toutes sortes de vêtements pour des entreprises souvent nord-américaines, coréennes ou taïwanaises ; les épidémies de maladies de civilisation liées à la malbouffe industrielle, qui ravagent les populations du monde entier, dont les communautés du Mexique (deuxième pays au monde en termes de taux d’obésité et de surpoids, après les USA), qui connait une épidémie de maladies liées au gras et au sucre, où 7 adultes sur 10 sont en surpoids ou obèses, ainsi qu’1 enfant sur 3 – d’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les mexicains sont les premiers consommateurs de soda (163 litres par an, et par personne), et la population la plus touchée par la mortalité liée au diabète de toute l’Amérique latine ; l’exploitation d’enfants et d’adultes au Malawi dans des plantations de tabac (où ils attrapent la « maladie du tabac vert » par intoxication à la nicotine) destiné à l’exportation, au bénéfice des groupes industriels comme British American Tobacco (Lucky Strike, Pal Mal, Gauloises, …) ou Philip Morris International (Malboro, L&M, Philip Morris…) ; la transformation de l’Albanie en poubelle géante (où l’on importe des déchets d’un peu partout pour les traiter, ce qui constitue un secteur très important de l’économie du pays, des milliers de gens vivent de ça, et vivent dans des décharges) ; la transformation de la ville de Guiyu en Chine, en poubelle géante de déchets électroniques (en provenance du monde entier), où des centaines de milliers de chinois, enfants et adultes, travaillent à les trier, et donc en contact direct avec des centaines de milliers de tonnes de produits hautement toxiques (les toxicologues s’intéressent aux records mondiaux de toxicité de Guiyu en termes de taux de cancer, de pollutions des sols, de l’eau, etc.) ; les pollutions massives de la mer Méditerranée, qui font d’elle la mer la plus polluée du monde, et sa surexploitation, qui fait d’elle un désert bleu ; les destructions environnementales en Mongolie (liées au « développement » du pays et à son industrie minière), où des villes parmi les plus polluées au monde suffoquent dans ce que certains décrivent comme « un enfer » ; les destructions des récifs coralliens, des fonds marins et des forêts des îles de Bangka et Belitung en Indonésie, où des mineurs d’étain légaux et illégaux risquent leur vie et perdent leur santé pour obtenir ce composant crucial des appareils électroniques, embourbé dans une vase radioactive ; la contamination des sols et des cours d’eau de plusieurs régions tunisiennes, où du cadmium et de l’uranium sont rejetés, entre autres, par le raffinage du phosphate qui y est extrait, avant d’être envoyé en Europe comme engrais agricole (raffinage qui surconsomme l’eau de nappes phréatiques et qui génère une épidémie de maladies plus ou moins graves sur place) ; les déforestations massives en Afrique, en Amazonie, en Indonésie, et un peu partout sur le globe, qui permettent l’expansion des monocultures de palmiers à huile, d’hévéa, d’eucalyptus et d’autres arbres (parfois génétiquement modifiés) utilisés par différentes industries, ou l’expansion des plantations de soja, ou l’expansion des surfaces destinées à l’élevage industriel ; comme vous le comprenez peut-être, cette liste est infinie, ou presque. Et chaque jour le bilan s’alourdit.
(Individuellement, il nous est impossible de suivre. La plupart des gens n’ont ni le temps, ni l’envie, ni la curiosité nécessaire pour évaluer et appréhender tout cela. Le travail et le divertissement sont de puissants outils de contrôle social, et puisque les médias de masse et les principales institutions culturelles n’en parlent pas, ou si peu, tout ceci est méconnu.)
Le monde entier se modernise, s’industrialise, de plus en plus de ressources sont nécessaires pour satisfaire toujours plus de nouveaux besoins artificiels (d’où l’explosion des ventes de smartphones en Asie, en Afrique, et ailleurs, des ventes de téléviseurs, etc.).
Des entreprises minières qui convoitent depuis longtemps les terres rares et autres minerais (comme l’uranium) des sous-sols groenlandais — récemment rendus accessibles, par chance, grâce au réchauffement climatique qui ouvre la voie à l’industrialisation de ce pays autrefois isolé et qui, accessoirement, a entièrement détruit leur mode de vie traditionnel, qui a anéanti les populations de poissons et autres animaux marins de la région — se préparent maintenant à commencer à les extraire. Une compagnie australo-chinoise a d’ores et déjà obtenu un permis. Les locaux semblent divisés vis-à-vis de ces exploitations. Certains sont préoccupés par les risques écologiques que cela pose. D’autres s’en foutent. Quoi qu’il en soit, les compagnies assurent que leurs extractions seront respectueuses de l’environnement (ne riez pas) ; qui plus est, ces terres rares et autres minerais tout aussi géniaux (comme l’uranium) sont extraits afin d’alimenter « l’économie verte » (pour fabriquer éoliennes, voitures hybrides, etc.). Ce qui nous amène à un nouveau mythe inventé il y a plus de 40 ans afin de désamorcer le doute et la contestation qui germaient à l’égard du « développement » et du « progrès », afin de rassurer et d’endormir les populations qui commençaient à se préoccuper du sort réservé au monde naturel : le mythe du « développement durable ».
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Auteur Nicolas Casaux publié par Partage-le
Voir aussi:
- Les médias et la fabrique de l’illusion : à propos de quelques mensonges rassurants
- Un Candide onusien au cœur des ténèbres du Liberia (par Kenneth Cain)
- Dans les charniers du génocide rwandais (par Andrew Thomson)
- Élection présidentielle 2017 : le naufrage continue (& non, Mélenchon ne diffère pas vraiment des autres)
« Cicéron :
Ce que la nature a fait de plus impétueux, la mer et les vents, nous seuls avons la faculté de les dompter »
Seule la nature est capable de le faire et ceci gratuitement:
L’évaporation de l’eau des mers et des océans qui s’évapore au soleil et se concentre dans les hautes sphères pour créer des nuages et de transporter par les vents et les dépressions des millions de mètres cubes d’eau, à des milliers de kilomètres pour retomber en pluie, seule la nature en est capable.
Combien faudrait’il de camions citernes et quelle quantité d’énergie, il serait nécessaire pour arriver au même résultat, en admettant que cela soi possible aux humains ?
Existe-t’il à ce jour une usine qui à partir, d’un simple aliment, qui sera transformé en énergie à une température de 38 degrés, aucune et pourtant c’est ce qui se passe dans nos intestins.
Nous dépendons de la nature et non le contraire, L’espèce humaine c’est perdue dans ses labyrinthes tortueux de l’orgueil, certainement c’est ce que son cerveau surdimensionné lui laisse croire par frustration.
En fait tout ses autres sens sont atrophiés : la vue de l’aigle, l’ouie du chat, l’odorat du chien …
Quels genre d’homme doivent être les Européens? Quelle espèce de créature choisissent-ils d’être, forcés de faire le bien et n’ayant pour éviter le mal d’autre inspiration que la peur de la punition? (…)
L’homme n’est pas seulement celui qui marche debout sur ses jambes, qui sait la lecture et l’écriture et montrer mille exemples de son industrie…
En vérité mon cher frère, je te plains du plus profond de mon âme. Suis mon conseil et devient Huron. Je vois clairement la profonde différence entre ma condition et la tienne.
Je suis le maître de ma condition. Je suis le maître de mon corps, j’ai l’entière disposition de moi-même, je fais ce qui me plaît, je suis le premier et le dernier de ma nation, je ne crains absolument aucun homme, je dépends seulement du Grand Esprit.
Il n’en est pas de même pour toi. Ton corps aussi bien que ton âme sont condamnés à dépendre de ton grand capitaine, ton vice-roi dispose de toi.
Tu n’as pas la liberté de faire ce que tu as dans l’esprit. Tu as peur des voleurs, des assassins, des faux-témoins, etc.
Et tu dépends d’une infinité de personne dont la place est située au-dessus de la tienne.
N’est-ce pas vrai ? »
Kondiarionk, chef Huron, s’adressant au baron de Lahontan, lieutenant français en Terre-Neuve