Donald Trump, un personnage quantique ?

J’ai bien l’impression que ça commence à braire dans la bergerie avec ces articles et ces revues de presse qui ne sortent pas ! « Fermer boutique » ? Et bien, non, ce n’est pas prévu (bien qu’on se demande si ça ne ferait pas plaisir à certains)…

J’aime bien l’article ci-dessous qui retranscrit l’interrogation légitime de tous à l’égard du personnage Trump : alors, idiot, stratège ou les deux en même temps ? Qu’en pensez-vous ?

Pour ma part, je pense que Trump n’est ni un idiot ni un génie. Mais un homme, comme chacun de nous, empêtré dans la complexité de l’Histoire : les dynamiques en cours sont anciennes et les conflits d’Ukraine et du Moyen-Orient me paraissent insolubles si on attend de celui qui les a créé qu’il les résolve…

par Régis Chamagne via Reseau International

Lorsque l’on lit ou écoute les commentaires ou tentatives de compréhension du personnage Donald Trump, de Scott Ritter ou Alex Krainer à Andrey Martyanov en passant par Larry Johnson et beaucoup d’autres, le spectre des évaluations est très large, pour ne pas dire plus. Cela va de l’imbécile absolu au stratège qui cache bien son jeu. Et si l’on y regarde de près, le curseur n’a pas beaucoup d’autre choix que se positionner sur l’une ou l’autre de ces deux hypothèses. Alors, amusons-nous un peu :

Hypothèse n°1 : D. Trump est un idiot narcissique, égotique et inculte qui réagit impulsivement à des stimuli simples. Il n’a pas d’idée directrice, navigue à vue, insulte tout le monde et prend des décisions dont les effets se retournent contre lui.

Hypothèse n°2 : D. Trump est un stratège qui a un objectif clair et qui joue un coup de billard en 45 bandes pour l’atteindre, louvoyant dans un univers complexe et très dangereux pour lui.

Essayons d’analyser tout cela de façon rationnelle. Dans un premier temps, il convient de bien dissocier ce qu’il dit de ce qu’il fait ainsi que des effets de ce qu’il a dit ou fait. En outre, posons-nous toujours la question sur ce qu’il dit : S’adresse-t-il à la personne ou l’institution à qui il est censé s’adresser ? S’adresse-t-il à sa base électorale MAGA ? S’adresse-t-il à l’État profond ?

Hypothèse de l’idiot

Cette hypothèse s’inscrit dans le cadre d’un occident collectif qui vit dans l’illusion qu’il est toujours la puissance impériale et qu’il peut façonner le monde à son gré et selon ses intérêts immédiats. Premières victimes de leur propre propagande, les dirigeants de cet occident collectif sont déconnectés du réel et vivent dans un univers parallèle, voire dans des paradis artificiels. Depuis leur bunker mental, ils n’ont pas conscience que le monde ancien est en plein effondrement et persistent à utiliser de vieilles recettes dont les effets leur reviennent en boomerang.

Dans cette hypothèse, Donald Trump n’est pas le pire des dirigeants occidentaux, loin s’en faut. Son narcissisme lui confère un minimum de stature, même si celle-ci est parfois risible. En revanche, son absence de pensée stratégique conduit à ce que les effets de ses prises de parole ou de décision sont exactement opposés aux objectifs qu’il veut atteindre. Ainsi, tout ce qu’il dit ou fait accélère la dédollarisation du commerce mondial, la perte de puissance militaire des États-Unis et la reconfiguration des relations internationales. À cet égard, son exploit d’avoir rapproché si rapidement et si fortement l’Inde de la Chine mériterait à lui seul un prix Nobel de la paix. Finalement, dans cette hypothèse, Donald Trump incarnerait à la perfection, jusqu’à la caricature, la chute d’un empire brutal, violent, arrogant, et devenu ridicule.

Hypothèse du stratège

Dans cette hypothèse, le statut des dirigeants européens ne change pas, sauf que Donald Trump utilise leur fatuité, leur soumission et leur bêtise à son avantage.

Au cours de sa campagne électorale, Donald Trump avait annoncé qu’il voulait détruire l’État profond et s’en prendre à la Fed. Logiquement, Si D. Trump veut détruire l’État profond, il doit détruire le dollar. En effet, rappelons que Woodrow Wilson avait trahi le peuple américain le 13 décembre 1913 en confiant la création monétaire américaine à un consortium de banques privées nommé «Réserve fédérale» par une forme d’inversion sémantique orwellienne. Rappelons également cette citation attribuée à Mayer Amschel Rothschild, patriarche de la dynastie du même nom : «Donnez-moi le pouvoir de créer et de contrôler la monnaie d’un pays et peu m’importe qui fera les lois». Ainsi, la Fed est au cœur de l’État profond avec son outil d’action, le dollar. Force est de constater que dans cette hypothèse la stratégie de D. Trump fonctionne plutôt efficacement ; la dédollarisation de l’économie mondiale s’accélère. De plus, ses rodomontades diverses et variées, à l’égard, du Venezuela, du Canada, du Groenland ou autres, pourraient être des postures visant à rassurer, endormir, leurrer l’État profond. Dans un autre registre, ses menaces envers l’Inde et la Chine qui, en plus d’avoir rapproché ces deux pays, ont provoqué un contrôle de la Chine quant à ses exportations de terres rares, s’inscriraient dans une manœuvre visant à nuire au lobby militaro-industriel américain qui est un élément important de l’État profond. On se souvient des mots de Dwight Eisenhower, s’inquiétant de la montée en puissance de ce pouvoir parallèle quand il avait quitté la présidence des États-Unis.

Il est évident que si l’hypothèse du stratège est la bonne, alors D. Trump aura prévu l’après dollar, peut-être sous la forme d’une monnaie numérique adossée à l’or. Je ne suis pas expert en la matière.

Les relations avec Vladimir Poutine

Malheureusement, l’attitude de Vladimir Poutine à l’égard de Donald Trump ne permet pas de pencher en faveur de l’une ou l’autre des deux hypothèses. Vladimir Poutine est très conciliant et courtois à l’égard de Donald Trump. Il entretient une attitude positive concernant les relations entre les deux hommes et les deux pays, nonobstant la posture plus agressive d’un Dmitry Medvedev ou d’autres. Cette attitude est cohérente avec les deux hypothèses :

Hypothèse de l’idiot. Il convient de rester calme avec Trump, ne pas le brusquer et lui rappeler la réalité chaque fois qu’on peut le faire. Il ne faut en aucune manière faire quoi que ce soit qui puisse l’énerver mais le surveiller comme le lait sur le feu, à la manière dont on surveille un gamin turbulent qui s’agite dans la cour de récréation afin qu’il ne fasse pas de grosse bêtise. Dans ce cas, les rappels de Dmitry Medvedev concernant la puissance militaire russe participeraient à le ramener à la réalité.

Hypothèse du stratège. Trump et Poutine ont décidé de s’entraider mutuellement. Poutine aide Trump à leurrer l’État profond pour mieux le détruire et Trump aide Poutine à atteindre ses objectifs en Ukraine, tout cela sur fond de destruction de l’OTAN, de l’UE et de chute des dirigeants européens, qui eux, pour le coup, sont de vrais crétins. Dans cette hypothèse, tout ce qui nous est donné à voir est du théâtre savamment orchestré.

Conclusion

Finalement, que pourrait-on conclure cette analyse ? En vertu de ce que nous observons chaque jour, quelle hypothèse pourrait être la plus crédible ? Et bien, tout simplement les deux. De ce point de vue et pour ma part, je pense que Donald Trump est un personnage quantique. À l’instar du chat de Schrödinger, il peut se trouver dans deux états différents, en même temps.

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4 Commentaires

  1. Crétin ou génie ?

    Bah pour l’immobilier, c’est clairement un génie. Par contre, ce qu’il a pu entreprendre d’autre s’est généralement pas bien fini…

    D’un point de vue statistique, l’option crétin est largement plus probable.

    Et puis sur sa supposée volonté de détruire l’état profond, il lui reste 3 ans pour y parvenir, parce qu’a priori, il ne pourra pas faire un 3eme mandat. Avec la merde qu’il est en train de foutre, j’suis pas convaincu qu’il puisse rattraper le coup en 3 ans…

    Le problème avec l’état profond, c’est que les présidents changent, mais eux, ils restent. C’est pas en foutant le bordel qu’il les fera dégager. Et jusque là, il passe plus de temps à jouer au maitre du monde qu’autre chose…

    Bref, je penche assez nettement pour l’option crétin, tout en espérant me tromper.

  2. Il veut abaisser la valeur du dollar pour s’aligner avec les chinois. Il a demander aux Suisses d’augmenter leur monnaie puis son but est d’attirer tous les inventeurs, les grosses têtes européennes.

    • baisser la valeur du dollar serait une bonne chose même si c’est une forme de tromperie. La chine a fait de même pendant des années et des années, maintenir un yuan faible pour continuer à phagocyter toutes les entreprises … Toujours par avidité nos élus n’ont rien fait …

  3. Je pencherais pour la seconde hypothèse avec une nuance sur la première. Il me paraît spontané, sans langage diplomatique mais le langage d’un entrepreneur d’une grosse société.
    Qu’il veuille faire effondrer le dollar, sans doute, et en effet pour l’adosser à l’or, comme les BRICS veulent le faire. D’ailleurs, il est possible que, le ménage fait, il veuille les rejoindre. L’histoire nous le dira.
    Moins réjouissant, les essais nucléaires qui vont reprendre..

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