Si ça se confirme, ça ne fera pas plaisir à tous ceux qui ont depuis cinq ans, joué les prolongations stériles sur des accords dont il est de plus en plus évident que Kiev, ne peut ou ne veut les appliquer. Partagez ! Volti
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Par Christelle Néant pour Donbass-Insider
Depuis quelques jours, les déclarations d’officiels et de politologues russes s’enchaînent sur la question de la sortie de l’Ukraine des accords de Minsk et le rattachement du Donbass à la fédération de Russie. Si ces propos qui vont de l’analyse ou de l’avis personnel, à la déclaration officielle sont loin d’être tous d’accord, ils ont le mérite de remettre sur le devant de la scène médiatique russe et au cœur des discussions publiques la question de l’intégration officielle du Donbass à la Russie.
Les cadeaux du peuple russe
La première déclaration à avoir fait couler beaucoup d’encre fut celle du Président de la fédération de Russie, Vladimir Poutine, concernant le fait que plusieurs républiques soviétiques ont emmené avec elles des terres historiquement russes lors de la dislocation de l’URSS.
En pleine campagne avant le vote pour les amendements à la constitution russe, Vladimir Poutine a évoqué l’importance de la souveraineté, en soulignant que la constitution de l’URSS prévoyait la possibilité pour une république d’en partir, mais que rien n’avait été prévu pour l’empêcher de partir avec des territoires traditionnellement russes qui lui avaient été donnés à l’époque soviétique.
« La question se pose : [que faire], si une république faisait partie de l’Union soviétique, mais recevait dans ses « bagages » une énorme quantité de terres russes, des territoires historiques traditionnels russes, et décidait soudainement de quitter l’Union », a déclaré le Président russe. Si la constitution avait été bien conçue, « au moins, elle [la république mentionnée ci-dessus] serait partie avec ce qu’elle avait apporté et n’aurait pas emporté de « cadeaux » du peuple russe. Après tout, rien de tout cela n’a été précisé », a-t-il ajouté.
« C’est la bombe à retardement qui a été posée en 1922 lors de la formation de l’Union soviétique », a déclaré le Président russe.
Or l’Ukraine est typiquement une de ces républiques qui est sortie de l’URSS avec une grande quantité de terres qui appartenaient à l’empire russe. Comme on peut le voir sur cette carte, toute la partie sud sud-est de l’Ukraine, et la Crimée sont des terres russes qui ont été données à l’Ukraine par l’URSS.
Or la sécession de la Crimée et du Donbass après le coup d’État du Maïdan de 2014 est justement due au fait que ces territoires ont été intégrés à un pays avec lequel ils n’avaient aucune attache ni aucune affinité. Ces territoires étaient russes, et peuplés de Russes, qui ne se sentaient pas le moins du monde Ukrainiens. Résultat, 100 ans plus tard cette construction artificielle a volé en éclat lorsque le coup d’État qui a renversé Ianoukovitch a porté au pouvoir des extrémistes qui ont retiré à la langue russe son statut de langue régionale et exigé de tous qu’ils adulent comme héros nationaux des collaborateurs de nazis.
La déclaration de Vladimir Poutine a affolé certains à telle enseigne que son porte-parole, Dmitri Peskov, a dû confirmer que « la Russie n’a pas de revendications territoriales envers ses voisins ».
Déjà que certains en Ukraine voient arriver des invasions russes tous les trois jours, là avec sa déclaration, Vladimir Poutine leur a fait frôler l’arrêt cardiaque…
Le rattachement du Donbass à la Russie remis sur la table après les changements à la constitution russe
Mais c’est surtout après le vote concernant les changements à la constitution russe que la discussion autour de la possibilité du rattachement du Donbass à la fédération de Russie s’est emballée.
« Vladimir Poutine a fait une déclaration sur le départ injuste et erroné des anciennes républiques soviétiques de l’URSS pour une raison », a déclaré M. Karassiov.
L’expert a rappelé que l’un des amendements, relatif à l’article 67, a ajouté le concept de « territoires fédéraux » à la constitution russe. Ces territoires ne seraient pas des sujets de la fédération de Russie (comme les différentes régions, républiques autonomes, kraï, etc), et seraient établis sur base d’une loi fédérale.
« C’est le moyen de rendre à la Russie les terres russes qui ont été « prises » par certaines anciennes républiques soviétiques. Lors des négociations au Format Normandie, Kiev recevra un ultimatum sur le statut spécial du Donbass. Elle ne les mettra pas en œuvre. Après la date limite pour remplir les conditions, une décision sera prise pour contraindre l’Ukraine à la paix », a déclaré Vladimir Karassiov.
C’est alors que l’ancien Premier-ministre de la RPD (République Populaire de Donetsk), Alexandre Borodaï, a déclaré lors du congrès du parti « Patrie » à St-Pétersbourg, que les deux républiques populaires du Donbass vont bientôt quitter l’Ukraine et être rattachées à la fédération de Russie dans un délai relativement court.
« Je suis sûr que dans un délai relativement court, les républiques du Donbass ne seront plus une partie de facto de la fédération de Russie – de facto elles font déjà partie de la fédération de Russie – mais qu’elles le deviendront de jure », a-t-il déclaré.
D’ailleurs pour lui, le fait que les habitants du Donbass ayant la nationalité russe ont pu voter pour ou contre les amendements à la constitution russe est une étape importante de cette intégration.
Ses propos font écho à ceux de Denis Pouchiline, le chef actuel de la RPD, qui a souligné que les habitants du Donbass n’ont pas envie de revenir sous le giron de Kiev.
Et le parti Patrie n’est pas le seul à avoir fait une telle déclaration. Le parti « Pour la vérité » de Zakhar Prilepine (l’écrivain qui a combattu dans le Donbass), a quant à lui appelé à reconnaître immédiatement la RPD et la RPL (République Populaire de Lougansk), et à y organiser un référendum sur leur rattachement à la fédération de Russie, qui devrait devenir effectif à l’issue du vote. Le parti de Prilepine a inclus dans son programme électoral la même proposition pour la Transnistrie, l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie.
Enfin, pour Alexandre Khodakovski, ancien commandant et chef du Conseil de Sécurité de la RPD, l’Ukraine tentera de nouveau dans le futur de régler le conflit par la force et seule la présence officielle de troupes russes dans le Donbass pourrait servir de garantie qu’il n’y aura pas de bain de sang, comme en Transnistrie (d’ailleurs pour lui le Donbass se dirige vers un scénario transnistrien).
L’échec flagrant des accords de Minsk
On peut se demander ce qui provoque cette éruption de déclarations en faveur de l’intégration pleine et entière des deux républiques du Donbass au sein de la fédération de Russie (en plus des changements récents apportés à la constitution russe) à ce moment précis. Pourquoi tant d’excitation soudaine autour de cette question ? Pourquoi maintenant ?
En plus des potentialités et du renforcement clair de l’État offerts par les changements à la constitution russe, il semble que c’est surtout l’évolution des négociations et de l’application des accords de Minsk qui dictent l’agenda politique russe concernant le Donbass.
Après un an de présidence, Zelensky a douché tous les espoirs que certains pouvaient avoir placé en lui en Russie. Ces derniers mois n’ont été qu’avalanche de déclarations et d’actes d’officiels ukrainiens, qui ont prouvé qu’il n’y avait aucun espoir de voir les accords de Minsk appliqués.
Une situation commentée par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui a souligné que la récente réunion des conseillers et assistants politiques au Format Normandie avait montré que « l’Ukraine ne veut absolument pas confirmer les accords de Minsk, approuvés par le Conseil de Sécurité de l’ONU ». En clair, malgré la demande faite en juin, l’Ukraine refuse de confirmer qu’elle va appliquer les accords de Minsk.
Les déclarations des officiels ukrainiens sur le caractère non-obligatoire des accords de Minsk, leur refus de les appliquer dans l’ordre établi , et leur rejet de toute discussion directe avec la RPD et la RPL, semblent avoir montré définitivement à la Russie que les maigres avancées faites l’an passé n’était qu’un écran de fumée visant à obtenir la réunion au Format Normandie de décembre 2019, et non la preuve d’une réelle volonté de l’Ukraine d’appliquer ce qu’elle a signé.
D’ailleurs Dmitri Kozak, le chef adjoint de l’administration du Président russe, chargé de l’Ukraine et du Donbass, a déclaré dans une interview accordée à TASS, que les négociations avec Kiev ressemblaient à un théâtre de l’absurde, et que les espoirs placés par la Russie dans la résolution pacifique du conflit dans le Donbass se sont évanouis ces derniers mois.
« Jusqu’à très récemment, vers le début du mois de mars, il existait des espoirs prudents d’un dialogue ouvert et constructif sur toutes les questions de résolution du conflit. Ces derniers mois, cependant, ces espoirs ont été anéantis assez rapidement, » a-t-il déclaré.
Devant les atermoiements et déclarations sans cesse contradictoires de la part des officiels ukrainiens, et le manque d’avancée concrète concernant l’application des accords de Minsk, la Russie est devenue plus exigeante et a demandé à l’Ukraine de cesser son petit jeu de faux-semblants.
« Récemment, y compris lors de la dernière réunion de Berlin, nous avons demandé à plusieurs reprises à nos collègues [ukrainiens – NDLR] d’adopter une position ouverte : si vous ne jugez pas nécessaire ou si vous n’êtes pas en mesure, pour une raison ou une autre, de mettre en œuvre une quelconque obligation, dites-le directement. Mais ne trompez pas le monde entier avec votre engagement continu envers les accords de Minsk ou, par exemple, envers un « cessez-le-feu complet, global et permanent », » a ajouté M. Kozak.
Et si le conseiller de Vladimir Poutine a déclaré qu’il n’y a pas de discussion au niveau de l’État russe concernant le rattachement de la RPD et de la RPL à la fédération de Russie, son point de vue sur l’impact qu’aurait une sortie des accords de Minsk par l’Ukraine est assez déroutant.
« Le retrait de l’Ukraine des accords de Minsk sera, bien entendu, un événement extraordinaire pour tous. Mais il s’agira d’un événement politique, et non d’une catastrophe naturelle ou d’origine humaine, pour lequel un plan d’action détaillé visant à éliminer les conséquences d’un tel état d’urgence doit être préparé à l’avance. D’un point de vue politique, nous serons prêts à toute évolution », a-t-il déclaré
En clair, si l’Ukraine sort des accords de Minsk, ce ne sera pas la fin du monde, et la Russie se tient prête à cette éventualité ! Une déclaration qui tranche avec l’insistance permanente pour l’application stricte des accords de Minsk de la part de la Russie.
Le lien entre la non-application des accords de Minsk et l’évolution du discours russe a d’ailleurs été fait par le média ukrainien Strana, qui a écrit qu’à moins que l’Ukraine ne se mette à appliquer le volet politique des accords de Minsk, la Russie va légitimer la RPD et la RPL sous une forme ou une autre après avoir annoncé la mort officielle des accords signés.
Faut-il y voir la raison du soudain léger progrès enregistré lors de la dernière réunion du groupe de contact trilatéral, à savoir l’accord de l’Ukraine de la RPD et de la RPL sur deux des articles de la loi sur le statut spécial du Donbass ?
« Nous sommes parvenus à un consensus sur le contenu des articles 2 et 3 de la loi sur le statut spécial du Donbass (ces articles déterminent la procédure spéciale de la législation sur le statut, ainsi que les garanties de prévention des poursuites pénales, de poursuite et de sanction des personnes ayant participé aux événements du Donbass – NDLR). Nous espérons qu’il sera possible de maintenir la dynamique positive et de poursuivre la discussion article par article de cette loi importante pour le règlement politique », a déclaré Natalia Nikonorova, la ministre des Affaires étrangères de la RPD.
On pourrait le croire, jusqu’à ce qu’on se rende compte que dans le même temps, l’Ukraine continue de refuser toute discussion sur l’inclusion de ce statut spécial dans sa constitution. En clair, cette légère avancée n’est, comme la signature l’an passé de la formule Steinmeier, qu’un nouvel écran de fumée pour faire croire que Kiev veut réellement appliquer les accords de Minsk, pour obtenir une nouvelle réunion au Format Normandie, dont l’Ukraine et surtout Zelensky (dont la cote de popularité est en berne) ont terriblement besoin médiatiquement parlant.
D’ailleurs Dmitri Kozak a douché les vœux pieux de l’Ukraine concernant la possible organisation d’un sommet au Format Normandie au mois d’août, en rappelant qu’il n’y a pour l’instant aucune raison pour cela, puisque les décisions du précédent sommet n’ont toujours pas été mises en œuvre.
Il a d’ailleurs déclaré que devant la perte de temps que constituent ces négociations sans fin qui se transforment en théâtre de l’absurde il avait parfois envie de taper du poing sur la table. Une déclaration qui contraste fortement avec le caractère très diplomate de Kozak, et qui semble confirmer l’impression que la patience russe semble arriver à bout après cinq ans de « théâtre de l’absurde » et de négociations stériles.
En tout cas, ce durcissement des déclarations d’officiels russes devrait alerter l’Ukraine, et la pousser à cesser ce cirque. Comme l’a dit Kozak, s’ils ne veulent pas ou ne peuvent pas appliquer les accords de Minsk, alors qu’ils le disent franchement et qu’on arrête une bonne fois pour toutes ce théâtre de l’absurde qui continue chaque jour de faire des morts dans le Donbass. Car si la patience de la Russie est très grande, elle n’est pas infinie, et comme le dit le proverbe « русский мужик долго запрягает, да быстро едет » (que l’on pourrait traduire par « L’homme russe est long à se mettre en route [car il se prépare longuement], mais ensuite il va vite »).
Lorsque la patience russe sera totalement épuisée, le changement de paradigme concernant le conflit dans le Donbass et le degré de reconnaissance et d’intégration des deux républiques par la Russie pourrait bien être brutal et surprendre tant l’Ukraine que ses patrons occidentaux.
Comme le dit un autre proverbe « tant va la cruche à l’eau, qu’à la fin elle se brise ». Ce n’est pas une fois que la Russie aura changé de paradigme concernant la RPD et la RPL qu’il faudra pleurer sur ce qu’il aurait fallu faire pour l’empêcher. Il sera trop tard, la cruche sera brisée, et il ne restera plus à Kiev et à ses patrons qu’à méditer sur ce qu’ils auraient dû faire et n’ont pas fait.
Les Américains vont nous sauver.
Et si jamais la France déconne ils seront LA.
Ce que donne la MAFIA au pouvoir (pas Trump,il est sans pouvoir)..
L’EX France restera pas longtemps dans les souvenirs.
Période jaculatoire..