Tensions de plus en plus vives à Kiev comme dans le Donbass, faisant craindre une escalade de la situation 4 Décembre 2017…

Si vous avez regardé l’intervention de Natalia Vitrenko,  vous en savez un peu plus sur ce qui motive cette guerre en Ukraine. Au dernières nouvelles, c’est encore l’escalade et, ce qui s’annonce ne va pas aider les populations déjà bien éprouvées. On dirait que tout est fait pour que la Russie intervienne officiellement, pour lui mettre sur le dos la dégradation de la situation. Il faudrait des pages pour expliquer les enjeux et les risques, et malgré cela, personne ne veut voir.

Après une fin du mois de novembre relativement calme dans le Donbass en termes de bombardements, le début du mois de décembre marque le retour à des niveaux importants de violations du cessez-le-feu par l’armée ukrainienne.

Alors que durant le reste de la semaine écoulée, les violations du cessez-le-feu par les Forces Armées Ukrainiennes se maintenaient en dessous du seuil de 30 violations par jour, les dernières 48 h ont vu une augmentation brutale de ces violations à 46, puis 48 violations durant les dernières 24 heures.

Cette augmentation de plus de 50 % des violations quotidiennes du cessez-le-feu en à peine une journée, s’est accompagnée d’une augmentation tout aussi rapide du nombre de munitions tirées, avec 1529 puis 1557 munitions tirées durant les deux derniers jours.

Ces munitions vont des balles de sniper à l’obus de 152 mm, en passant par l’artillerie de 122 mm, les mortiers de 82 et 120 mm, les chars d’assaut, les canons antichars de 100 mm, les lance-roquettes, les lance-grenades, les véhicules de combat d’infanterie, et les véhicules de transport de troupes blindés.

Cette augmentation du nombre de bombardements a bien sûr été marquée par des destructions et des victimes. Ainsi, quatre maisons ont été endommagées à Dokouchayevsk (trois la nuit dernière et une de plus ce matin), et le bilan parmi les soldats de la RPD fait état d’un mort et un blessé durant les dernières 24 h.

Dans le même temps, suite au grignotage de la zone grise de la fin du mois de novembre, Édouard Bassourine, le commandant en second du commandement opérationnel de l’armée de la RPD, a mis en garde l’armée ukrainienne contre toute nouvelle tentative d’avancer dans la zone grise pour renforcer ses positions.

« Nos unités sont prêtes à causer des dégâts irréparables à l’adversaire en cas de provocations par les Forces Armées Ukrainiennes dans les régions de la zone grise. Toute tentative des militaires ukrainiens de renforcer leurs positions se soldera par des pertes massives », a ainsi déclaré Bassourine.

Bassourine a aussi encouragé l’Ukraine à suivre l’exemple de la RPD et à respecter les accords de Minsk, si l’armée ukrainienne ne voulait pas se retrouver dans un nouveau chaudron.

Mais respecter les accords de Minsk ne semble toujours pas être dans les cartons de Kiev, quand on voit la dernière proposition en date du SBU : couper le réseau téléphonique mobile dans la zone du Donbass contrôlée par Kiev jusqu’à 50 km du front, pour empêcher les civils de renseigner les Républiques Populaires de Donetsk et de Lougansk (RPD et RPL) sur ce qui se passe dans les territoires occupés par l’armée ukrainienne.

En sachant que presque plus personne n’a de téléphone fixe, je laisse imaginer le désastre sanitaire et humanitaire qu’une telle mesure entraînerait, les civils ne pouvant plus appeler ni ambulance, ni médecin… Encore une idée de génie du SBU pour assassiner la population du Donbass à petit feu dans le silence des médias occidentaux.

Et si le SBU veut dissimuler ce qui se passe dans la zone du Donbass occupée par Kiev, c’est qu’il y a des choses à y cacher. Il faut dire que le vote de la loi de réintégration du Donbass, qui met complètement à la trappe les accords de Minsk, et essaye de légitimer une récupération de la région par la force et non par la diplomatie, doit être votée bientôt.

L’information a été donnée par Andry Parouby, le président de la Rada (parlement ukrainien). D’après Parouby, le vote définitif de la loi devrait avoir lieu dans la semaine du 19 au 22 décembre. Autant dire que d’ici trois semaines l’armée ukrainienne aura un blanc seing pour reprendre le bain de sang dans le Donbass.

Il faut dire qu’à Kiev la situation devient de plus en plus tendue. Mikhaïl Saakachvili continue de maintenir une pression faible mais constante sur Porochenko, avec des manifestations régulières demandant sa destitution. Si le nombre de manifestants peut paraître faible, il faut se souvenir que lors du précédent Maïdan il n’y avait pas en permanence des dizaines de milliers de manifestants dans les rues de Kiev.

C’est la durée, et surtout le massacre provoqué par les snipers, qui ont fait tomber Viktor Ianoukovytch. Et si en 2014, les sponsors du Maïdan ont pu sacrifier sans vergogne leurs manifestants pour destituer le président ukrainien légitime, il y a de bonnes raisons de penser qu’ils seront prêts à recommencer un tel scénario si cela leur permet de mettre quelqu’un de plus radical que Porochenko à la tête de l’Ukraine.

D’ailleurs les radicaux continuent de faire leur loi en Ukraine, et n’aiment pas que le Maïdan soit décrit pour ce qu’il est, comme le montre l’encerclement du bâtiment de la chaîne NewsOne à Kiev.

Mécontents que la chaîne télévisée ait qualifié le Maïdan de coup d’État, des radicaux ukrainiens (dont des vétérans de la guerre dans le Donbass), ont encerclé hier le bâtiment de la chaîne, exigeant que son propriétaire, le député Evgueny Mourayev, s’excuse pour cela.

Ce n’est qu’après que la chaîne se soit publiquement plainte de l’impunité dont jouissent ceux qui menacent la presse, qu’Arsen Avakov, le ministre de l’Intérieur ukrainien, a exigé des radicaux que cessent l’encerclement du bâtiment de NewsOne, en les menaçant d’une réponse des forces de l’ordre s’ils continuaient ces provocations.

Des provocations utiles à tous ceux qui veulent attiser l’ambiance d’hystérie russophobe qui règne à Kiev, en écho à celle qui règne à Washington.

Car certains analystes politiques comme Oleg Bondarenko, après avoir décortiqué les déclarations de Kurt Volker (le représentant spécial américain en Ukraine), pensent que les États-Unis veulent relancer la guerre dans le Donbass avant les élections russes de 2018 afin d’interférer dans ces dernières, en accroissant les sanctions contre la Russie sous prétexte de la reprise des hostilités.

« Volker déclare de manière presque littérale que le conflit dans le Donbass va reprendre, et que les États-Unis ont intérêt à ce que cela arrive. L’Amérique a décidé de parier sur la déstabilisation de l’Ukraine à la veille des élections présidentielles russes. Les États-Unis donnent à Kiev le feu vert pour la reprise de la guerre avec pour but d’avoir une raison de renforcer encore plus les sanctions, » a déclaré Bondarenko.

Il suggère que l’Ukraine pourrait tirer avantage de ce qui s’est passé récemment en RPL comme excuse pour frapper Lougansk.

« Je n’exclus pas la possibilité que la frappe validée par les Américains se fasse contre la RPL dans un futur proche, afin de couper le Donbass de la Russie aussi durement et rapidement que possible ; pour rendre impossible à la Russie de fournir une assistance informelle. Et que seule une assistance militaire officielle aux républiques soit possible. Cela deviendrait la raison officielle de durcissement des sanctions à la veille des élections présidentielles. Ce sera le modèle de sanctions iranien, » a conclu Bondarenko.

Si Bondarenko voit juste, alors l’hiver 2017-2018 verra la reprise de la guerre à grande échelle dans le Donbass. Le premier signal de départ pourrait être le vote final, avant la fin de l’année, de la loi de réintégration du Donbass, qui donnera à l’armée ukrainienne la justification légale pour le génocide de la population des deux républiques populaires.

En attendant ce soir, alors que j’écris ces lignes, l’armée ukrainienne après avoir bombardé le village de Jabichevo à coup d’obus de 152 mm à 16 reprises (données fournies par le CCCC), vient d’interdire la circulation des civils par le point de passage de Verkhnetoretskoye, faisant craindre un risque de nouvelles provocations durant la soirée ou la nuit à venir.

Christelle Néant pour DoniPress

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