Pour contrer toutes ces « innovations » il y a les logiciels libres et Linux..
Percée de l’intelligence artificielle, développement des objets connectés, fin du Web tel que nous le connaissons… Sébastien Soriano, patron de l’autorité de régulation des télécoms en France (l’Arcep) se prête au jeu de la prospective avec Usbek & Rica en nous donnant sa vision de l’avenir d’Internet.
Sébastien Soriano est un homme occupé. Patron de l’Autorité de régulation des communications et des postes (Arcep) depuis 2015, ce haut fonctionnaire issu de Polytechnique et passé par le cabinet de Fleur Pellerin du temps où elle était secrétaire d’État au numérique, a du pain sur la planche. Régulation des opérateurs français, déploiement de la fibre en France, contrôle de la neutralité du Net… les sujets brûlants ne manquent pas.
Dans son bureau parisien avec vue sur la Tour Eiffel, pas de piles de dossiers mais un portrait de François Hollande encore accroché au mur. Si Usbek & Rica le rencontre, c’est parce que Sébastien Soriano prend la parole sur des sujets qui engagent notre avenir. Dans une récente tribune au Monde, il n’hésitait pas à appeler à « renverser les seigneurs de l’Internet féodal » et affirmait qu’Internet devait être considéré comme un bien commun.
On a donc voulu savoir si l’Arcep était versée dans la prospective, que Sébastien Soriano envisage comme « l’art du doute, l’art de rencontrer des gens qui vont vous en mettre plein la vue et d’autres qui vont vous déprimer ». On espère que la lecture de cette interview, où il est question du futur d’Internet, de neutralité du Net, de la fin du réseau tel que nous le connaissons et de celle de la vie privée ne vous déprimera pas trop.
En tant que patron de l’Arcep, vous êtes plongés dans des dossiers très technique au quotidien. Pourtant, dans la tribune que vous avez récemment publié dans Le Monde, vous prenez de la hauteur et analysez les lignes de fracture présentes et à venir. Ma première question est plutôt simple : selon vous, quel est l’avenir d’Internet ?
On fait souvent l’amalgame entre le Web et Internet, c’est-à-dire entre un service et une méta-infrastructure. Il est tout à fait vraisemblable que cette infrastructure continue demain à se développer : Internet repose sur une pluralité d’acteurs et sur une architecture décentralisée, et cette architecture ne me paraît pas massivement menacée dès lors que la neutralité du Net est garantie. Elle est structurellement résiliente.
Ce qui me paraît susceptible de changements extrêmement profonds, c’est ce qui se passe au-dessus de cette architecture, et notamment au niveau des équipements terminaux. On vient d’un monde dans lequel on avait un terminal fixe, l’ordinateur personnel, qu’on contrôlait, dans lequel on pouvait installer à peu près tous les logiciels qu’on voulait.
On avait une maîtrise du hardware : on pouvait mettre des briques, ajouter de la RAM, une carte graphique… On pouvait avoir une forme d’intimité avec son équipement terminal, et le customiser.
Je pense que ça, dans 15 ans, ça sera devenu ultra-minoritaire. Il est possible qu’à cette date, l’ordinateur ait complètement disparu des foyers. Peut-être qu’il sera plus résilient dans les entreprises.
Si l’ordinateur disparaît, par quoi sera-t-il remplacé ?
Ce que l’on peut imaginer, c’est une « kindle-isation » d’Internet. Aujourd’hui, le modèle de Kindle est un modèle dans lequel votre équipement est associé à une plateforme, en l’occurrence Amazon. Et cet équipement est connecté, du moins si vous êtes chez Amazon. Cela signifie que l’opérateur télécom devient transparent pour le client.
« Un futur probable, c’est une spécialisation beaucoup plus importante des équipements »
Aujourd’hui, nous sommes dans un modèle dans lequel nous avons un abonnement à Internet et une box. Un futur probable, c’est une spécialisation beaucoup plus importante des équipements. On peut imaginer que le futur soit une galaxie d’objets qui, chacun, fait son affaire de la connectivité. Cette connectivité deviendrait alors transparente pour l’utilisateur, l’opérateur télécom n’étant plus qu’un simple transporteur, un intermédiaire.
C’est un modèle que l’on peut envisager pour un certain nombre de choses. Peut-être que, demain, il existera des oreillettes intelligentes et connectées, sans fil, auxquelles on s’adressera pour écouter la musique que l’on souhaite ou celles suggérées par une intelligence artificielle.
« Les opérateurs télécoms seront totalement marginalisés dans leur relation avec le client »
Si on en arrive là, les opérateurs télécoms seront totalement marginalisés dans leur relation avec le client. Ils pourraient devenir une simple commodité, des fournisseurs intermédiaires sur un marché qui ne serait plus Business to Consumer (B to C), mais Business to Business to Consumer (B to B to C). Les consommateurs achèteront directement des contenus et des services connectés via une interface, et cette connectivité deviendra transparente pour eux.
Quels secteurs, en dehors de la musique, pourraient être impactés par une évolution de cette nature ?
Il y a celui des tablettes de lecture, que j’ai déjà mentionné. Et quelque chose se joue aussi au niveau de la conversation, des robots conversationnels. La patronne de Jam, Marjolaine Grondin, dit d’ailleurs qu’on est passé de l’ère du Web à l’ère des applis, et que maintenant s’ouvre l’ère de la conversation, dans laquelle on va interagir par le chat ou la voix.
On peut imaginer que ce soit cette interface conversationnelle qui prenne le pli sur le reste. Les assistants vocaux, sur mobile comme Siri ou à la maison comme Alexa, sont associés aujourd’hui à un appareil particulier, mais peut-être que demain on n’aura plus besoin d’écran. On n’en sait rien, ce sera peut-être des lunettes. Potentiellement, on va vers une décomposition.
« Les objets connectés intelligents pourraient refractionner le Net »
Votre vision se fonde sur le développement exponentiel du marché des objets connectés. Comment ce marché va-t-il évoluer dans les années qui viennent ?
Ces objets connectés devenant intelligents et en partie autonomes pourraient refractionner le Net. Internet a été dans un premier temps un grand agrégateur, qui a tout rassemblé autour de son infrastructure. L’évolution que l’on a vécue est assez bien démontrée par ces montages photos montrant que l’iPhone réunit un nombre impressionnant d’objets du quotidien d’il y a trente ans.
Avec les objets connectés, c’est peut-être le mouvement inverse que l’on va connaître. Et ça, c’est un futur de la connectivité qui pose un certain nombre de questions, notamment sur l’importance des nouveaux intermédiaires.
Le pétrole de ces nouveaux intermédiaires, ce sera l’accumulation et le traitement des données ?
Ce qu’il y a d’intéressant avec la data, c’est qu’elle peut aider à renverser les business models. Avec le Berec, l’organe des régulateurs européens [que Sébastien Soriano préside en 2017], on a fait un voyage d’étude en Inde. L’Inde, c’est un marché sur lequel il y a une concurrence extrêmement forte, avec beaucoup d’opérateurs. La propension à payer y est très faible : c’est l’endroit au monde où le gigabyte de données est le moins cher, et les prix se sont effondrés. Or, quand vous arrivez à un prix de la connectivité qui est suffisamment bas, la connectivité peut devenir la commodité d’un autre service. Facebook a essayé de lancer en Inde son service Free Basics.
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Auteur Guillaume Ledit pour Usbek&Rica
Voir aussi:
L’histoire méconnue des communs
Voici une histoire vraie, qui commence au Moyen-Âge et est directement reliée à l’essor d’Internet et du logiciel libre : celle, méconnue, des communs. Elle fut exhumée en 1990 par Elinor Ostrom des poubelles de l’Histoire où l’avait projetée un certain biologiste Garrett Hardin par un article de 1968 : « The Tragedy of The Commons ».
[NDLR : L’auteure de l’article utilise l’écriture inclusive. Nous respectons son choix]
Histoire et contre-histoire du mouvement des Enclosures
Le mouton a démontré par son vote ce qu’il préfère, la sécurité de la prison et l’abattoir. Les grands chemins et l’espace libre ne lui conviennent pas. Un maitre bien malade et le mouton est content.
cette nuit j’ai e,tendu un mini reportage sur l’implantation des puces RFID. cela se développe aussi en France. Le lavage de cerveau fonctionne.
La puce RFID ?
Avant 2020, c’est à dire demain, une grande partie de la population sera « implantée ». Les médias et autres marionnettes de plateaux TV en feront l’éloge, les présentant comme le guimik ultime qui va libérer l’humain en lui ouvrant les portes de l’ultra-connexion. Vous avez dit 5G ? …
M.G.
dans 15 ans, ça laisse du temps pour faire une énorme banque de données de « connaissance » des principes et techniques de base pour retrouver le lien avec nos ressources naturelle et donc vers des individus autonomes ne dépendant plus du système!
Après, internet ne sert a rien, pour la plus grande majorité du trafic, c’est soit des infos inutiles pour glonfler les égo, soit des infos pour vous vendre qq chose!
Par ailleurs internet sépare les hommes et ce n’est certainement pas une bonne chose..il est important de retouver des liens « incarnés »! et ces lien permettront enfin de construire un réseau d’individus ou de petits collectifs indépendant du système, et leur force sera justement d’avoir échappé au big data!!
Issus de l’histoire meconnue des communs:
Dès 1516 Thomas More écrivait dans Utopia : « Vos moutons, que vous dites d’un naturel doux et d’un tempérament docile, dévorent pourtant les hommes … ».
Cela aurait plu au Benji
Ce sont des moutons enragés ?
Petite citation d’attali, qui explique beaucoup de choses sur le comportement de certains par rapport à internet:
« L’Internet représente une menace pour ceux qui savent et qui décident. Parce qu’il donne accès au savoir autrement que par le cursus hiérarchique. »
Jusqu’ici, l’information a toujours circulé verticalement du haut vers la base !
C’était la force du pouvoir ! Il contrôlait totalement l’information et ne la distillait qu’avec mesure
Aujourd’hui, Internet distribue l’information horizontalement à la base !
c’est une modification structurelle totale.
A une autre époque, l’invention de l’imprimerie par Gutenberg fit de même mais localement là ou internet est mondial