Courrier GDS – Situation et fonctionnement du Centre Pénitentiaire Alençon-Condé-sur Sarthe: Mais qui commande réellement?

Je ne pouvais faire l’impasse sur ce document que m’a envoyé Remy au sujet du centre pénitentiaire Alençon-Condé-sur-Sarthe. Nous le savons, les centre pénitentiaires vont finir par être privatisés dans l’avenir, c’est avant tout un business intéressant qui peut rapporter à certains, mais pour l’instant, elles font faillite, comme ce fut le cas pour celle de Douai en 2013.

Mais le problème ne se limite pas à cela… On peut aisément se demander quelles sont les conditions de vie dans certains de ces prisons, et surtout, s’il y a encore une véritable autorité. Le document est relativement inquiétant, et on peut se demander qui commande entre les murs de ce centre pénitentiaire…

prison - brazilphotosstockagency

Madame la Ministre,

L’UFAP-UNSa Justice souhaite attirer votre attention sur la situation du Centre Pénitentiaire d’Alençon-Condé-sur Sarthe et particulièrement sur son fonctionnement et le projet d’établissement. 

Depuis son ouverture, cet établissement fonctionne de manière chaotique, pourtant, ni la Direction de l’Administration Pénitentiaire, et ni même la Direction Interrégionale de Service Pénitentiaire Grand-Ouest ne semblent prendre la réelle mesure des difficultés de fonctionnement subies par les agents de détention au quotidien.

Cet établissement, classé par vos services parmi les fleurons de l’Administration Pénitentiaire en terme d’établissement sécuritaire est, depuis trois ans, dans l’attente d’un véritable projet d’établissement. A ce jour, personne ne sait encore vers quoi veut s’orienter l’Administration avec ce genre de site et ce point est donc, pour une énième fois, porté à l’ordre du jour du prochain Comité Technique Interrégional de la DISP de Rennes.

En attendant, ce Centre Pénitentiaire est en proie à la « voyoucratie », avec des personnels en perte de repère, en grande souffrance au travail. Afin d’étayer nos dires, nous nous appuyons sur quelques exemples concrets vécus et subis par les personnels sur les deux derniers mois : 

  • Un détenu, connu pour une agression à l’arme blanche sur un personnel sur Fleury-Mérogis, est surpris avec une arme blanche de fabrication artisanale mais refuse de la remettre au surveillant. L’officier du secteur est appelé, discute avec le détenu et repart sans l’arme blanche, indiquant simplement aux agents que cette arme ne leur est pas destinée mais a été fabriquée pour la propre sécurité du détenu. L’arme est toujours en détention.
  • Un détenu agresse un surveillant. Refusant de quitter la salle d’activité dans laquelle il s’est retranché, dix surveillants s’équipent pour aller le chercher. Avant l’intervention, un officier négocie avec le détenu sa mise en prévention sans usage de la force. Le détenu accepte à condition qu’il puisse saluer le détenu KHIDER à la sortie du parloir avant de s’y rendre. Le détenu a eu gain de cause et tout le monde a attendu que KHIDER rentre du parloir avant que l’agresseur aille au quartier disciplinaire. 
  • A l’issue de son quartier disciplinaire, ce même détenu, maintenu dans ces fonctions aux ateliers, a menacé et insulté l’officier en poste. Plutôt que de déclasser ce détenu, la direction a demandé à l’officier de ne plus se rendre sur le secteur…Incompréhensible et inadmissible !!
  • Suite à des problèmes de cantines qui venaient des détenus, plusieurs d’entre eux se sont regroupés dans l’atrium de l’établissement. La direction a entamé une négociation afin que le calme revienne. A suivre, aucune suite disciplinaire n’a été donnée, par contre, le personnel EUREST qui gérait les cantines a démissionné. Le détenu KHIDER, meneur dans ce mouvement et fort d’un tel succès, a prévenu que tant que des horaires fixes pour le socioculturel et l’ouverture du terrain de sport ne serait pas mis en place, ce genre de mouvement pourrait se reproduire. 
  • Dans le secteur des ateliers, les détenus ont estimé qu’ils méritaient une prime de noël et ont donc bloqué les ateliers. Une première proposition de 25 € leurs a été faite, irrecevable pour eux car ils exigeaient 60€, ce qu’ils ont obtenu ! Par contre, une nouvelle fois, aucune suite disciplinaire n’a été donnée à ce mouvement collectif. 
  • Là où les textes en vigueur fixent la possibilité pour les détenus de recevoir un colis de noël d’un poids maximum de 5 kilos, en un ou plusieurs envois, des détenus ont reçu des colis de 59kg, 50kg, 35kg 16kg…Afin de contourner l’application du texte qui régit les colis de noël, un officier a dit aux détenus de faire passer le « trop de poids »   sur d’autres détenus qui ne reçoivent pas de colis.
  • Concernant la prise d’otage de lundi 4 janvier, le détenu était signalé depuis plusieurs jours comme étant en train de monter en pression. Les jours précédents, il avait menacé des agents, cassé une cabine téléphonique mais là encore, aucune suite n’avait été donnée, la suite on la connaît ! 
  • A cela s’ajoute bien évidemment les insultes, les menaces et le harcèlement quotidien subis par les agents.
  • Les personnes, l’encadrement et encore moins les organisations syndicales ne sont écoutés. Seul, le caïdat se fait entendre de la DISP Rennes et de la direction locale. 

Au travers de ces quelques exemples, vous en conviendrez, Madame la Ministre, que la direction locale cherche à acheter chèrement la paix sociale aux détenus mais sans résultat si ce n’est la mise en danger des personnels. Cette situation ne pourra perdurer encore très longtemps car, et vous le savez pertinemment, les demandes et exigences de la population pénale sont sans limite, et à un moment donné, la direction locale et interrégionale ne pourra plus satisfaire l’exigence de la population pénale et ce jour, l’irréparable se produira sur le Centre Pénitentiaire Alençon-Condé-sur Sarthe. 

De ce fait, et afin de ne pas atteindre le point de non-retour, l’UFAP-UNSa Justice vous demande de bien vouloir prendre ce dossier à bras le corps afin que l’autorité des personnels en poste devienne une réalité d’une part, puis dans un souci de proposition des mesures efficaces et concertées ainsi qu’un projet d’établissement arrêté avancé du simple stade embryonnaire que nous connaissons depuis trois longues années. 

Convaincus de l’intérêt que vous porterez à cette requête et dans l’attente de vous lire, veuillez agréer, Madame la Ministre, l’expression de nos sentiments respectueux et dévoués.

 

Pour l’UFAP-UNSa Justice

 

Le Secrétaire Général

Jean-François FORGET

 

 

Source+lettre au format PDF sur Ufap.fr

 

 

2 Commentaires

  1. tiens je sais pas pourquoi mais je sens déjà la grosse moufle de big brother qui pointe son nez .. ils vont radicaliser tout ça comme aux Usa 🙂

  2. Non mais plus je lis des trucs comme ca plus je reste bouche bée devant la médiocrité, l’incompétence et l’irresponsabilité de ceux qui nous dirigent…

Les commentaires sont clos.