Retour sur la suppression des pièces de 1 et 2 centimes d’euros

L’annonce a été faite, les pièces de 1 et 2 centimes d’euros pourraient disparaitre si jamais la commission européenne tranche sur la questions, motif: trop couteuses à produire. Seulement, si la presse s’emballe, certaines vérités méritent d’être rétablies. Par exemple, la pièce de 2 centimes revient moins chère à la production que sa valeur faciale à contrario de la pièce de 1 centimes, pourtant, les médias expliquent bien que le cout de production est jusqu’à 4 fois plus chère que la valeur nominale de la pièce créée suivant le pays de production.

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Alors que certains européens redoutent une augmentation des prix qui serait logique puisque ceux-ci auront plus tendance à être arrondis vers le haut que vers le bas, la commission européenne tergiverse sur 4 options possibles:

  • Ne rien faire, le maintient d’un status quo n’est pour l’heure pas écarté
  • la réduction du prix de revient de la frappe des pièces sans préciser si l’on parle ici de délocalisation ou d’utilisation de métaux moins onéreux
  • le choix entre deux vitesses  pour le retrait des pièces après arrêt de la production: radicale et « au fil du temps »

Dans un communiqué, le commissaire en charge des affaires économiques et monétaires Olli Rehn a expliqué: «Nous allons engager une discussion avec les Etats, les banques centrales et les associations de consommateurs pour voir quelle option se dégage et pourra faire l’objet d’une proposition de loi»

Pourtant, il y a de quoi faire évoluer le débat avec une interview de Christophe Beaux, PDG de la monnaie de Paris:

Les pièces de 1 et 2 centimes d’euro sont dans le collimateur de certains membres de la Commission européenne. Dans un communiqué publié mardi 14 mai, cette dernière s’interroge sur l’opportunité de retirer ou non de la circulation en Europe ces petites pièces en acier plaqué de cuivre. Si le débat est loin d’être tranché, l’initiative a en tout cas fait grand bruit dans les médias. Challenges.fr revient sur cette affaire avec Christophe Beaux, PDG de la Monnaie de Paris, qui frappe les pièces pour l’Hexagone.

Les pièces de 1 et 2 centimes d’euros sont-elles bientôt condamnées?

Non. Il y a eu un emballement médiatique à la suite du communiqué de la Commission mais la question n’est absolument pas tranchée. En réalité, la Commission a mené une enquête en réponse à une question du Parlement européen portant sur l’intégralité de la gamme de billets et de pièces de la monnaie unique. Dans son rapport d’une cinquantaine de pages, elle envisage quatre possibilités pour ces pièces de 1 et de 2 cents: l’émission à coûts réduits, le retrait rapide, la suppression progressive et, on l’oublie, le statu quo. Or cette dernière hypothèse semble la plus probable, comme aujourd’hui une grande majorité de pays européens sont en faveur du maintien de ces pièces.

Pourtant, plusieurs pays européens ont annoncé l’arrêt de leur production…

La Finlande et les Pays-Bas ont effectivement arrêté de fabriquer les pièces de 1 et 2 cents pour leur marché intérieur. Mais ce que l’on sait beaucoup moins, c’est que ces deux pays continuent d’en produire pour les autres pays européens. Signe que la demande reste importante au sein de la zone.

Combien coûte la frappe de ces centimes d’euros?

Pour les pièces de 2 et de 5 centimes d’euros, leur prix de revient est inférieur à leur valeur faciale. En revanche, pour la Monnaie de Paris, les pièces de 1 centime coûte environ 20% de plus à frapper que leur valeur. Autrement dit, une pièce de 1 centime coûte environ 1,2 centime d’euro à fabriquer. Et nous fabriquons environ 300 millions de pièces de 1 et 2 centimes par an.

La Commission européenne s’interroge justement sur le prix de revient des pièces de 1 et 2 centimes, indiquant que depuis 2002, elles ont coûté près de 1,4 milliard d’euros de plus à produire que leur valeur faciale…

C’est un argument de « technocrates » déconnectés du terrain ! D’abord, cela est faux pour les pièces de deux centimes d’euros, qui coûtent moins cher à produire que leur valeur faciale. Ensuite, si je ne conteste pas ce chiffre globalement, cette façon de voir les choses est erronée. En effet, la valeur économique d’une pièce, ce n’est pas son coût de fabrication mais sa valeur d’échange sur les marchés, qui découle notamment de sa vitesse de circulation. Or, les centimes d’euros circulent énormément entre personnes, quand elles vont acheter du pain, des journaux, ou d’autres produits du quotidien. Leur importance dans l’économie est donc bien plus importante que leur simple valeur faciale ou que leur coût de fabrication.

Y a-t-il pour autant un risque à les supprimer, alors qu’avec les cartes bleues et les moyens électroniques de paiement, on pourrait s’en servir de moins en moins ?

Je ne pense pas que cela soit une bonne solution, surtout en ce moment. La première chose à prendre en compte, c’est que ces pièces ont de l’importance pour beaucoup de personnes, en particulier chez les ménages aux revenus modestes. En fin de compte, chaque année, cela représente quelques euros voire quelques dizaines d’euros accumulés, ce qui n’est pas négligeable pour tout le monde. Ensuite, la suppression de ces pièces enverrait un signal très mauvais auprès de nos concitoyens, qui estiment déjà que le passage à l’euro leur a coûté cher. En effet, on sait que les prix seraient alors arrondis aux 5 ou 10 centimes d’euro supérieurs. Ce qui créerait un surcroît d’inflation. Or, on sait que la monnaie, c’est de la confiance.

Les Français sont-ils des gros consommateurs de pièces?

Ils sont plutôt en dessous de la moyenne européenne. Il y a environ 150 pièces par habitant en circulation en France, contre 250 pièces par habitant en Allemagne par exemple. Depuis 2002, la Monnaie de Paris a injecté près de 18 milliards de pièces en euro. Sur ce stock, il n’en resterait plus qu’environ 10 milliards à cause des pièces perdues et de celles qui sont sorties du territoire. Il faut effectivement rappeler que les pièces bougent beaucoup, en particulier dans un pays aussi touristique que la France. Par exemple, on sait que pour les pièces de 2 euros utilisées par les Français, entre 55 et 60% d’entre elles ne viennent pas de l’Hexagone.

Que les pièces soient ou non retirées de la circulation, cette initiative de la Commission européenne ne traduit-elle pas une importante perte du pouvoir d’achat de l’euro?

Oui et non. Si on regarde les indicateurs d’inflation de l’Insee ou d’Eurostat, la monnaie n’a perdu que 1 à 2% de sa valeur par an selon les pays. La réponse serait alors plutôt non. Mais si on scrute le prix des produits de base, la réponse est plus nuancée. Car certaines classes de biens, comme les fruits, les légumes ou l’essence, ont vu leur prix particulièrement augmenter. Ce qui a permis à l’inflation de rester modérée, c’est le recul du prix d’autres produits comme l’électronique grand public. Mais ce sont plus les conséquences de l’économie réelle et de la mondialisation que de la politique monétaire. Si nous avions gardé le franc, nous aurions vraisemblablement observé les mêmes tendances.

Pour faire des économies au niveau de l’Europe, vous proposez plutôt d’introduire des pièces de 5 euros. Pourquoi?

Car les billets de 5 euros doivent être changés en moyenne tous les 6 mois comme ils circulent beaucoup. C’est un coût très important. En remplaçant les billets de 5 euros par des pièces, la zone euro pourrait économiser près de 10 milliards d’euros sur 40 ans.

Source: Challenge.fr

J’ai pourtant une inquiétude face à tout cela: à l’heure actuelle rien n’est fait par hasard, le retrait de ces pièces pour « raisons pratiques » me gêne car si c’est plébiscité par nombre de personnes si on se fie aux sondages et aux interventions de quidams donnant leur opinion dans les médias, l’union européenne n’est pas réputée pour prendre des décisions en fonction de nos besoins et envies mais par stratégie, quelle soit économique et/ou géopolitique.

Autre question somme toute logique, nous parlons de 48,8 milliards de pièces, soit plus de 500 millions d’euros (au bas mot) en monnaie sonnante et trébuchante qui pourraient être retirés de la circulation, si ces pièces vont conserver leur valeur, où vont passer ces millions? Que va-t-il advenir de ces pièces? Elles seront surement fondues, le métal récupéré et réutilisé, mais les 500 millions (et bien plus) que représentent ces pièces au niveau valeur ne seront surement pas perdus, dans quelle poche cela va-t-il atterrir?  J’ai comme une petite impression de braquage en plein jour avec cette histoire…

5 Commentaires

  1. Sauvons les pièces jaunes, sinon Bernadette Chirac et David Douillet vont se retrouver au Pôle Emploi ;o)

  2. Nous sommes sauvés ! La crise de l’Euro n’est finalement causée que par les centimes. Demain, tout ira bien

  3. faut voir à qui ça rapporte ?

    • Ben ça va surtout permettre une inflation causée par cette opération. Comme les citoyens lamda ne sont pas des foudres d’intelligence, ils vont accuser les pièces et non ceux qui ont provoqué leur retrait. Et youp ! Le tour sera joué…

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