« Le Meilleur des mondes » d’Aldous Huxley bientôt en série télévisée !

Syfy et Amblin TV (Steven Spielberg) collaborent sur un projet visant à porter sur le petit le-meilleur-des-mondes-le-chef-d-oeuvre-precurseur-642x495écran, sous forme de série, le célèbre roman d’Aldous Huxley, classé 5e au classement des meilleurs romans du 20e siècle par Modern Library.

Le Meilleur des mondes fut publié pour la première fois en 1932 ; il s’agit en quelque sorte d’une « prophétie » (partiellement réalisée) de l’époque que nous traversons et de l’avenir vers lequel nous nous dirigeons. Si l’auteur a créé sur papier un monde « sans pauvreté, guerre ni maladie », notre monde actuel n’en est bien évidemment pas encore là, bien au contraire.

Le monde utopique que nous présente l’auteur est basé sur une fabrication industrielle de nouveaux-nés qui seront conditionnés, bien avant leur naissance et jusqu’à la fin de leurs jours, à vivre selon le modèle qui aura été choisi pour eux. Une prédestination qui leur convient parfaitement, puisque conditionnés pour l’accepter intégralement.

Séparés en classes sociales bien définies (Alpha, Beta, Gamma, Delta et Epsilon), les citoyens de ce nouveau monde vivent, produisent, consomment et copulent sans remettre en question l’ordre établi, leur identité prédéfinie ou la stabilité du Système. Une stabilité que l’on doit notamment à l’absence d’émotions telles que l’amour familial ou de recherche d’élévation spirituelle (les textes religieux et poétiques y sont proscrits et soigneusement conservés dans le coffre d’un des dix « administrateurs mondiaux », un peu comme dans le film Equilibrium).

Si d’aventure un citoyen venait à subir un petit coup de blues ou à remettre en question le monde qui l’entoure, la consommation généralisée de « soma », une drogue légale et parfaite rééquilibrant l’humeur optimale de ses usagers (toute la population) le renverrait au pays des merveilles…

Nous laissons bien évidemment aux lecteurs qui n’ont pas encore lu ce livre le loisir de le découvrir de leur côté. Cependant, pour les besoins du présent article, certains passages des premiers chapitres seront cités.

Procédons par étapes…

Comme vous le savez, notre média est ouvertement opposé au Nouvel ordre mondial que l’on voudrait nous imposer, ainsi qu’aux dirigeants (officiels comme ceux de l’ombre) qui semblent déterminés à faire s’accomplir certaines prophéties messianiques. Chacun est bien évidemment libre de ne pas croire en ces « délires sectaires », mais le fait est que les mecs d’en face, eux, y croient dur comme fer. Et qu’ils sont prêts à réduire la Terre en poussière pour cela.

Ce Nouvel ordre mondial est présent dans Le Meilleur des mondes sous la forme de dix administrateurs mondiaux. Une sorte de gouvernement unifié des différentes régions du globe qui n’ont qu’une seule et même devise planétaire : « Communauté, identité, stabilité ».

La société est quant à elle basée sur l’eugénisme, science qui a permis une stabilité démographique et sociale, et qui, au travers du processus de bokanovskification, produit de façon industrielle des êtres humains divisés en catégories sociales prédéterminées et conditionnées à aimer leur condition. Sont ainsi créés « des millions de jumeaux identiques. Le principe de la production en série appliqué enfin à la biologie ».

Suite au travail à la chaîne de Garnisseurs, d’Immatriculateurs et de Prédestinateurs, le fœtus est condamné à vivre la vie qui lui sera imposée par le Centre d’incubation. Et bien entendu, il est hors de question de laisser les êtres ainsi créés se reproduire, sans quoi la stabilité serait mise en péril.

Il leur parla des épreuves de sexe effectuées au voisinage du mètre 200. Il expliqua le système d’étiquetage – un T pour les mâles, un cercle pour les femelles, et pour ceux qui étaient destinés à devenir des neutres, un point d’interrogation, noir sur un fond blanc […] Car bien entendu, dit Mr. Foster, dans l’immense majorité des cas, la fécondité est tout bonnement une gêne. Un ovaire fertile sur douze cents – voilà qui serait largement suffisant pour nos besoins. Mais nous désirons avoir un bon choix. Et, bien entendu, il faut toujours conserver une marge de sécurité énorme […] Résultat, quand on les décante, ils sont neutres. Absolument normaux au point de vue de la structure (sauf, fut-il obligé de reconnaître, qu’ils ont, il est vrai, un rien de tendance à la croissance d’une barbe), mais stériles. Garantis stériles.

Le Meilleur des mondes, Aldous Huxley

Bien entendu, le conditionnement et la prédestination effectués lors de la fabrication de ces êtres humains n’est pas suffisante. Ce qui est inné est une chose, ce qui est acquis en est une autre. C’est la raison de l’importance de l’éducation (une éducation mondiale unifiée, bien entendu) des bébés. Une éducation qui, en réalité, a déjà commencé alors que le fœtus se trouve encore dans un bocal, et qui reste ininterrompue jusqu’à ce que mort s’en suive, via des doses de rappel (soma ou hypnopédie).

Chaque fœtus est ainsi programmé selon son groupe d’appartenance : 

En outre, nous prédestinons et conditionnons. Nous décantons nos bébés sous forme d’êtres vivants socialisés, sous forme d’Alphas ou d’Epsilons, de futurs vidangeurs ou de futurs… – Il était sur le point de dire « futurs administrateurs mondiaux », mais se reprenant, il dit « futurs directeurs de l’incubation »[…] Mais chez les Epsilons, dit fort justement Mr. Foster, nous n’avons pas besoin d’intelligence humaine.

Un conditionnement qui ne sera pas remis en question par l’être humain ainsi produit et conditionné…

Et c’est là, dit sentencieusement le Directeur, en guise de contribution à cet exposé, qu’est le secret du bonheur et de la vertu : aimer ce qu’on est obligé de faire. Tel est le but de tout conditionnement. Faire aimer aux gens la destination sociale à laquelle ils ne peuvent échapper.

Sauf bien entendu par le personnage principal de l’ouvrage, un certain Bernard Marx, réfractaire au progrès… Il n’est pas Charlie, le bougre !

Cents répétitions, trois nuits par semaine, pendant quatre ans », songea Bernard Marx, qui était spécialiste en hypnopédie. « Soixante-deux mille-quatre-cent répétitions font une vérité. Quels idiots !

Par ailleurs, dans ce monde futuriste mais pas tant que ça, le rapport à la nature et au savoir est exclusivement lié à la consommation et à la production du besoin.

Les livres et les bruits intenses, les fleurs et les secousses électriques, déjà, dans l’esprit de l’enfant, ces couples étaient liés de façon compromettante ; et, au bout de deux cents répétitions de la même leçon ou d’une autre semblable, ils seraient mariés indissolublement. Ce que l’Homme a uni, la nature est impuissante à le séparer. « Ils grandiront avec ce que les psychologues appelaient une haine “instinctive” des livres et des fleurs. Des réflexes inaltérablement conditionnés. Ils seront à l’abri des livres et de la botanique pendant toute leur vie […] Pourquoi se donner la peine de rendre psychologiquement impossible aux Deltas l’amour des fleurs ? […] Les primevères et les paysages, fit-il observer, ont un défaut grave : ils sont gratuits. L’amour de la nature ne fournit de travail à nulle usine. On décide d’abolir l’amour de la nature, du moins parmi les basses classes, d’abolir l’amour de la nature, mais non point de la tendance à consommer du transport. Car il était essentiel, bien entendu, qu’on continuât à aller à la campagne, même si l’on avait cela en horreur.

Toute ressemblance avec notre époque et notre détachement vis-à-vis de la nature, mais également de notre frénésie consommatrice, est purement fortuite.

L’Éducation

Les parents ayant disparu de ce modèle sociétal, l’éducation est confiée exclusivement au gouvernement mondial, qui a banni la religion (le T de Notre Ford étant la croix chrétienne décapitée) et enseigne une seule langue mondiale, les autres langues étant mortes. Un peu comme la novlangue dans 1984, de George Orwell.

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7 Commentaires

  1. De la plus intelligente à la plus stupide:
    les Alpha (l’élite),
    les Bétas (les exécutants),
    les Gammas (les employés subalternes),
    les Deltas et les Epsilons (destinés aux travaux pénibles).
    ……..
    Mais le silence ne suffit pas. Pour que soient évités la persécution, la liquidation et les autres symptômes de frottement social, il faut que les côtés positifs de la propagande soient rendus aussi efficaces que le négatif.

    Les plus importants des « Manhattan Projects » , de l’avenir seront de vastes enquêtes instituées par le gouvernement, sur ce que les hommes politiques et les hommes de science qui y participeront appelleront le problème du bonheur, – en d’autres termes, le problème consistant à faire aimer aux gens leur servitude. « … »
    Sans la sécurité économique, l’amour de la servitude n’a aucune possibilité de naître; j’admets, pour être bref, que le tout-puissant comité exécutif et ses directeurs réussiront à résoudre le problème de la sécurité permanente
    « …. »
    A mesure que diminue la liberté économique et politique, la liberté sexuelle a tendance à s’accroître en compensation.

    Et le dictateur fera bien d’encourager cette liberté-là. Conjointement avec la liberté de se livrer aux songes en plein jour sous l’influence des drogues, du cinéma et de la radio, elle contribuera à réconcilier ses sujets avec la servitude qui sera leur sort.

    À tout bien considérer, il semble que l’Utopie soit beaucoup plus proche de nous que quiconque ne l’eût pu imaginer, il y a seulement quinze ans. À cette époque, je l’avais lancée à six cents ans dans l’avenir. Aujourd’hui, il semble pratiquement possible que cette horreur puisse s’être abattue sur nous dans le délai d’un siècle.
    Du moins, si nous nous abstenons, d’ici là, de nous faire sauter en miettes.
    En vérité, à moins que nous ne nous décidions à décentraliser et à utiliser la science appliquée, non pas comme une fin en vue de laquelle les êtres humains doivent être réduits à l’état de moyens,
    mais bien comme le moyen de produire une race d’individus libres, nous n’avons le choix qu’entre deux solutions:
    ou bien un certain nombre de totalitarismes nationaux, militarisés, ayant comme racine la terreur de la bombe atomique, et comme conséquence la destruction de la civilisation (ou, si la guerre est limitée, la perpétuation du militarisme);
    ou bien un seul totalitarisme supranational, suscité par le chaos social résultant du progrès technologique rapide en général et de la révolution atomique en particulier,
    et se développant, sous le besoin du rendement et de la stabilité, pour prendre la forme de la tyrannie-providence de l’Utopie.
    On paie son argent et l’on fait son choix.
    preface 1948

  2. https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_wacko.gif Cette série servira à préparer les esprits des moutons à accepter ce monde de l’inacceptable, comme quelque chose d’irrémédiable ; …bienvenue dans le Meilleur des Mondes bonne gens ! https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_yes.gif

    • C’est ça !
      Plutôt une promenade dans les bois pour admirer les arbres en fleurs, les oiseaux, les abeilles, les papillons et toutes ces merveilles qui nous aident à nous recentrer. 🙂

      • Non, peut-être que cette série, si elle est bien tournée, peut au contraire faire prendre conscience au mouton de la dégénérescence de certain esprit sombre et manipulateur.

        Bien quoi ! on peut toujours espérer, après tout le réveil du mouton peut arriver à tout instant, non ?
        https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_yahoo.gif
        https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_wink.gif

  3. Quelle perspective horrible ! j’en frémis !

  4. Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées.
    Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes. L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées (cf. les individus de type alpha, béta, gamma).
    Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste.
    Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif.
    On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser. On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux. (cf. le rôle de la drogue et du sexe dans le roman de Huxley).
    En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté. Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur.

    L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu. Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutienne devront ensuite être traités comme tels. On observe cependant, qu’il est très facile de corrompre un individu subversif : il suffit de lui proposer de l’argent et du pouvoir (la proposition est dans le roman!).

    Serge Carfantan, 2007, leçon 163 : Sagesse et révolte
    http://www.philosophie-spiritualite.com/cours/sagesse_revolte.htm

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