Il se nourrit de plantes sauvages et s’en porte bien [reporterre]

Depuis quinze ans, Jean se nourrit uniquement de riz et de plantes sauvages, qu’il cueille dans les interstices du bitume urbain, les jardins ou les bois. Il vante les mérites de ce réservoir naturel exceptionnel mais ignoré, et son apport pour la santé.

« Je ne mange que des plantes sauvages et du riz depuis quinze ans. » Une telle affirmation a de quoi surprendre, surtout quand elle provient d’un sexagénaire pétillant. Pourtant, dans les ruelles de Montpellier, Jean Peyre passe presque inaperçu : casquette et jeans usés, il n’a pas l’air d’un excentrique. Seul détail intrigant, il s’arrête tous les trois mètres pour ramasser une pousse verte coincée dans le bitume. Chicorée, chardon, oseille. « Nos villes regorgent de plantes comestibles, seulement, nous ne savons plus les reconnaître. »

Un choix de vie

Lui a appris, patiemment, en autodidacte. Sa bible ? Le Guide des plantes comestibles et toxiques, de François Couplan et Eva Styner. Aujourd’hui, il sait distinguer près de deux cents végétaux, et s’applique à désigner chacun par son nom latin. Un savoir encyclopédique, que Jean Peyre cultive avec passion. « J’en apprends des nouvelles chaque année, et j’écris beaucoup, au fur et à mesure que mes connaissances grandissent. » Il compile le tout sur des centaines de feuillets, écrits à l’ordinateur en police minuscule.

Bien plus qu’un passe-temps, la cueillette constitue pour cet ancien psychologue un choix de vie. « Je ne voulais pas travailler à plein temps, mais avec seulement six cents euros par mois, impossible de tout payer », explique-t-il simplement. « J’ai alors décidé de ne plus acheter de légumes, et de trouver ma propre nourriture. »

Depuis, il maraude dans les bois et les jardins publics en quête de son repas. Chaque semaine, il s’en va à travers la garrigue avec un grand sac en toile. La récolte est ensuite séchée, broyée, cuite à la vapeur, fermentée ou mélangée en salade, selon ses envies.

Mais sa motivation n’est pas que financière. « Je ne suis plus malade, et je n’ai pas pris un médicament depuis quinze ans. » Pour lui, les légumes et les fruits cultivés sont pauvres en nutriments, souvent plein de pesticides et de toxines qui abaissent nos défenses immunitaires. Il a donc pris une décision radicale : il ne se nourrit que de plantes et de riz, blanc de préférence. « Je connais la valeur nutritionnelle de chaque espèce, et je fais en sorte de ne pas avoir de carences », précise-t-il.

Réservoir naturel sous exploité

Son parler vif et les flexions dynamiques qu’il enchaîne pour ramasser ses herbes achèvent de convaincre les sceptiques. Sur son site, l’ethnobotaniste François Couplan confirme : « Les plantes sauvages nous font découvrir des saveurs extraordinaires, bien sûr, mais ce sont également des aliments de santé absolument exceptionnels qui apportent à chacun tous les éléments dont il a besoin pour être au top de sa forme. »

L’ortie honnie de nos mollets renferme huit fois plus de vitamine C que les oranges, mais aussi du magnésium, du calcium et des protéines facilement assimilables. Et seuls 4 % de notre flore serait effectivement dangereuse pour l’homme.

Un réservoir naturel d’énergie pourtant sous exploité. « En Europe, j’ai répertorié quelque 1600 plantes », indique François Couplan. « Et j’estime qu’à travers la planète, leur nombre s’élève à environ 80 000 ». En comparaison, dans le monde, une trentaine d’espèces représentent 90 % des végétaux consommés. Mais pourquoi nous privons-nous d’un tel potentiel ?

« A la fin du Moyen-Âge, les nobles ont voulu se distinguer des pauvres, qui pratiquaient beaucoup la cueillette, en se nourrissant de légumes et de fruits cultivés », explique Jean Peyre. Peu à peu, par effet de mode, tout le monde a abandonné les plantes sauvages pour des repas à base de viande et de variétés potagères.

« Lois et normes, comme la réforme potagère de Louis XIV, ont ensuite confirmé la relégation de nos amies des bois ». Un phénomène renforcé aujourd’hui par l’influence des industries des semences et de la sélection végétale. (Voir ce que dit la loi actuelle sur la protection de la flore sauvage.)

 

Pour autant, tout n’est pas perdu. La connaissance des plantes sauvages est aussi vieille que l’humanité. Les guides et les stages de cueillette fleurissent, les plus grands chefs s’arrachent ces pousses aux saveurs boisées, champêtres ou fleuries.

Jean Peyre milite quant à lui pour la culture, biologique et permacole, de certaines espèces. Et depuis quelques mois, il se rend aussi dans les Zad pour enseigner aux militants comment se nourrir dans la nature. Comme l’écrit François Couplan, « il est temps de redécouvrir ces végétaux trop longtemps oubliés, dont nous pouvons mettre à profit les multiples vertus dans notre vie quotidienne ».

Source : reporterre

13 Commentaires

  1. Chez nous, nous avons de mars à avril ce que les anciens nomment « le réspountchou », son aspect est un mélange d’asperge sauvage et de houblons et c’est très bon.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Dioscorea_communis

    Le cresson d’eau, l’asperge sauvage, les poireaux de vignes, la mâche sauvage, les pissenlits aussi font office de salade, presque à chaque saison il y de quoi se mettre sous la dent, s’en compter les fruits sauvages ( mûres, châtaignes, coings, groseilles, nèfles, prunelles, sureau, figues, fraises des bois, noix, amandes, pommes sauvages, noisettes etc… ) mais il y a aussi les fleurs comestibles, voir ci-dessous.

    http://fr.ekopedia.org/Plante_sauvage_comestible

  2. Sympa mais le bonhomme ne me fera pas croire qu’il ne mange aucune protéine animale….
    C’est 50% vérité, 50% pipeau ce truc !

    • non samlours94, moi-même je ne mange que TRES TRES rarement
      du poisson ou du poulet, j’en n’achète jamais..
      les autres amis savent que je n’adhère pas à cela.
      A part les oeufs de temps en temps, jamais je ne mange
      de viande (depuis 15 ans au moins) et je m’en porte très bien
      et très très rarement malade (que la grippe et encore je ne l’ai chopée qu’en 2008; )!!!https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_bye.gif

    • Je comprends pas le soucis de la protéines animale
      La plupart des occidentaux sont carencé en fibres et explose leur quotas de protéines ^^
      La protéine animale n’apporte rien de bénéfiques plus que les protéines végétales au corps humains
      De plus les protéines animales acidifient le corps , ce qui provoque à long termes beaucoup de maladies dits  » civilisationnelle « 

  3. Moi aussi la dernière fois que je suis tombée malade c’était en 2008. Je ne consomme pas de médocs, je mange très peu de viande et me soigne qu’aux PM et HE. Je suis cueilleuse et tout comme cet homme je mange ce que la nature offre. Mais pas dans les villes; trop peur des pisses et autres pollutions !

  4. Merci Ender. 🙂
    J’aime beaucoup ce portrait d’autonomie.
    J’aime aussi le manuel qui lui a permis de faire ses premiers pas.
    La nature amoureuse, toujours généreuse, toujours merveilleuse se réveille ici pour les êtres qui la peuplent. 🙂

  5. Dans un autre genre, un portrait de liberté ou d’art de vivre en harmonie avec soi.
    https://vimeo.com/57695927

  6. Intéressant. Cependant beaucoup mourraient de famine dans les temps anciens alors si 3 racines avaient nourri l’humanité cela se saurait.

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