Le monde vicieux des banques: quelques données sur les banques européennes

Merci à Domdom26 pour les liens qu’il me transmet!

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Les . Quand il y en a plus, il en reste encore.

Les données sur les banques européennes publiées par CADTM font froid dans le dos. Qu’on les ai sauvées au lieu de remettre tout à plat et de repartir à zéro comme les Islandais est incompréhensible. Impossible soit-disant sans risquer un chaos mondial . Admettons. Mais fallait-il pour autant leur relaisser carte blanche  et leur permettre de poursuivre leurs pratiques folles? Certainement pas.

Par ailleurs, les sommes colossales dont elles disposent, plus de 10 000 milliards d’actifs sans parler du « shadowbanking » estimé à plus de 70 000 milliards, interrogent et laissent envisager une  actuelle finalement bien ordonnée.

Encore un excellent article d’Eric Toussaint, dans la lignée de Banques contre peuples: les dessous d’un marché truqué.

« Comme l’a écrit The Economist fin 2006 : « Ayant connu une croissance annuelle de 3,2% par tête depuis 2000, l’économie mondiale est en passe de traverser sa meilleure décennie de tous les temps. Si elle continue à ce rythme, elle fera mieux que dans les années 1960 et 1970, réputées idylliques. Le de marché, le moteur qui fait tourner le gros de l’économie mondiale, semble bien remplir sa fonction. » » |1| Alan Greenspan

L’objectif n°1 des gouvernants : éviter un nouveau krach financier et bancaire qui pourrait se révéler pire que celui de septembre 2008

Comme nous l’avons vu dans les parties précédentes, les grandes banques centrales (BCE, Banque d’Angleterre, Fed aux États-Unis, Banque nationale de Suisse) prêtent massivement aux banques à très bas taux d’intérêt afin d’éviter des faillites. Sans cette ligne de crédit illimitée, une grande partie des banques seraient en cessation de paiement. Sans l’intervention massive des banques centrales et des gouvernements, les grandes banques privées se seraient effondrées. Le cumul des prêts des banques centrales aux banques privées depuis 2007 dépasse de loin la somme de 20 000 milliards de dollars. Si on se limite à l’Union européenne, les aides accordées par les pouvoirs publics aux banques ne s’arrêtent pas à des crédits illimités à très bas taux d’intérêt, il faut y ajouter, pour la période d’octobre 2008 à décembre 2011, des garanties accordées pour assumer les dettes bancaires en cas de nécessité, pour un montant de 1 174 milliards d’euros (soit 9,3% du PIB de l’UE |2|) et des injections de capitaux publics dans le capital des banques au sein de l’UE pour 442 milliards d’euros (3,5 % du PIB de l’UE). Il faut également y ajouter :

1x1.trans Le monde vicieux des banques: quelques données sur les banques européennes la baisse des recettes fiscales, vu que les banques déclarent des pertes qui leur permettent d’éviter pendant plusieurs années de payer des impôts même lorsqu’elles font des bénéfices par la suite |3| ;

1x1.trans Le monde vicieux des banques: quelques données sur les banques européennes la décision de n’exercer aucune véritable répression dans les nombreux délits financiers commis par les banques et malgré les dommages que leurs actes ont causés à la société |4| ;

1x1.trans Le monde vicieux des banques: quelques données sur les banques européennes le refus de prendre des mesures contraignantes qui imposent aux institutions financières une véritable discipline afin d’éviter la reproduction de crises bancaires |5|.

De plus, en ce qui concerne l’Eurozone, les États et la Commission européenne maintiennent les dispositions légales qui donnent au secteur privé le monopole du crédit destiné au secteur public. Or, les banques privées se financent principalement depuis 2008 auprès des pouvoirs publics (la BCE et les banques centrales des États membres de l’Eurozone qui constituent l’Eurosystème) à un taux extrêmement avantageux (entre 0,75 % et 1 %). Elles prêtent ensuite cet argent aux pays européens de la Périphérie (Espagne, Italie, Portugal, Grèce, Irlande et des pays de l’Est membres de l’Eurozone) en exigeant des taux exorbitants (entre 4,5 et 10%, voire plus parfois). C’est doublement condamnable du point de vue juridique : les banques sont coupables d’un abus de position et d’un enrichissement sans cause (car abusif via des taux usuraires). Dans la suite de cette série, dans la partie 7, seront analysés d’autres délits et crimes dont se rendent responsables les banques, ce qui entraîne la nullité des créances que les banques réclament. Les personnes et les sociétés qui en sont responsables doivent être condamnées selon les cas à de fortes , à des travaux d’intérêt général, à une privation de liberté ou à une interdiction d’exercice de la profession.

Il serait naïf de penser que les banques mettent à profit les largesses des pouvoirs publics pour revenir à une gestion prudente des fonds qui sont mis à leur disposition tant par les États que par le public qui y dépose son argent. C’est un des points abordés dans cette partie.

Les crises font partie du métabolisme du capitalisme

Une crise dans le système capitaliste sert d’une certaine manière à remettre les pendules à l’heure : les bulles spéculatives éclatent et le prix des actifs |6| se rapproche de leur valeur réelle ; les entreprises les moins rentables font faillite, il y a destruction de capital |7|. Les crises font en quelque sorte partie du métabolisme du capitalisme.

Mais l’intervention des pouvoirs publics qui suivent les demandes des patrons des entreprises a évité jusqu’ici « l’assainissement », la purge du système capitaliste. Les victimes du côté de la majorité sociale se comptent par dizaines de millions tandis que du côté des responsables de la crise, il n’y a pas de véritable remise en ordre, les faillites de grandes entreprises sont très limitées, les banques n’ont pas assaini leurs comptes et de nouvelles bulles spéculatives se sont formées ou sont en cours de formation.

La faible quantité de faillites bancaires est attribuable à l’aide apportée par la BCE et les gouvernements de l’UE. Les États membres ont considéré que les banques étaient trop grosses pour tomber en faillite. Dans l’UE, seules 7 petites ou moyennes banques ont été liquidées : 4 danoises, une finlando-luxembourgeoise, une irlandaise et une britannique |8|.

Si un tournant radical favorable à la justice sociale n’est pas pris, la crise va se prolonger pendant de nombreuses années pour plusieurs raisons : le maintien d’une politique gouvernementale qui favorise les intérêts des grandes entreprises privées et qui s’attaque aux droits économiques et sociaux des populations |9| ; une demande publique et privée insuffisante ; des bulles spéculatives persistantes ; le maintien en vie d’entreprises non rentables, voire insolvables.

Voilà pourquoi il est important de mieux comprendre le rôle des banques en ouvrant leurs livres de comptes et en auditant les budgets des pouvoirs publics qui leur viennent en aide, en mettant en lumière leurs activités, en identifiant les raisons qui les font agir. De ce travail d’analyse, il ressort que la partie de la publique qui est le résultat direct ou indirect de la crise bancaire et du sauvetage des banques privées est frappée d’illégitimité |10|. Cette dette n’a pas servi l’intérêt général, elle permet aux banques d’avoir le beurre et l’argent du beurre tout en continuant leur politique néfaste. Cette dette publique constitue le prétexte invoqué par les gouvernants pour porter atteinte aux droits économiques, sociaux et politiques des populations.

Une autre conclusion s’impose : les banques doivent être considérées comme des services publics du fait, précisément, de leur importance et de l’effet dévastateur que leur mauvaise gestion peut avoir sur l’économie. Le métier de la banque (au sens de constituer un instrument pour permettre l’épargne et pour octroyer du crédit) est trop sérieux pour être confié à des banquiers privés qui par définition cherchent à maximiser le profit de la poignée de grands propriétaires privés (le 1%, comme le mouvement Occupy Wall Street les a appelés). Vu qu’elle utilise de l’argent public, bénéficie de garanties de la part de l’État et doit rendre un service de base fondamental à la société, la banque doit devenir un service public.

Cela conduit à deux propositions radicales : d’une part, obtenir l’annulation/répudiation de la dette publique illégitime et lancer une politique d’emprunt public favorisant la justice sociale, l’amélioration des conditions de vie, le rétablissement des grands équilibres écologiques ; d’autre part, socialiser le secteur bancaire sous contrôle citoyen, car il doit être soumis aux règles d’un service public |11| et les revenus que son activité génère doivent être utilisés pour le bien commun. D’autres mesures, comme l’arrêt des politiques d’austérité, sont évidemment tout à fait nécessaires |12|

Le milieu secret des banques : à la poursuite du « ROE » maximum

Quand on se lance dans l’analyse des banques privées, de leur comportement en tant qu’entreprises capitalistes, des motivations de leurs dirigeants et des principaux actionnaires, il est important de prendre en compte la course au rendement sur fonds propres pour comprendre comment les grands actionnaires et les dirigeants conçoivent la fonction d’une banque.

La notion de ROE (« Return on Equity », ou rendement sur fonds propres) constitue une clé de compréhension. Depuis les années 1990 jusqu’à la crise qui a commencé en 2007-2008, on a connu une course à un ROE maximum : 15% était courant mais certaines banques obtenaient de 25 à 30%. En 2007, le ROE s’élevait à 15% en zone euro, à 17% au Royaume-Uni et à 19% aux USA |13|. Prenons pour exemple deux des grandes banques des États-Unis : Goldman Sachs et Morgan Stanley (respectivement 5e et 6e banques de ce pays). Goldman Sachs et Morgan Stanley ont atteint un ROE de 30% en 1999-2000 jusqu’à l’éclatement de la bulle internet et la faillite d’Enron en 2001. De 2001 à 2004, les actionnaires de ces deux banques ont dû se « contenter » d’un ROE de 12 à 16%. Grâce à la politique de soutien sans faille aux banques et au « big business » développée par la Fed et par l’administration Bush (avec Henry Paulson, l’ancien patron de Goldman Sachs, au poste de secrétaire au Trésor), le ROE de Goldman Sachs a de nouveau atteint des sommets (30%) en 2006-2007 tandis que celui de Morgan Stanley remontait à près de 25% en 2006 avant de chuter en 2007. Goldman Sachs, tout en recommandant à ses clients d’acheter des produits structurés subprime (les fameux CDO – Collateral Debt Obligations), a parié sur leur baisse dès 2007, c’est pourquoi son ROE s’est établi à 30% en pleine crise bancaire alors que ses concurrents Bear Stearn, Merrill Lynch et Lehman Brothers commençaient une descente aux enfers. D’ailleurs cette politique de Goldman Sachs a été l’objet d’une investigation par la SEC (Securities and Exchange Commission, l’organe de contrôle des banques aux États-Unis) et a donné lieu au paiement d’une amende. Ensuite en 2008, le ROE de Goldman Sachs est tombé à 10% et celui de Morgan Stanley à 0%. En 2009, celui de Goldman est remonté à 20%, celui de Morgan Stanley à 10% en 2010. En 2011, le ROE des deux banques est retombé à 5% |14|.

Schématiquement, les fonds propres d’une banque sont constitués du capital apporté par les actionnaires |15|. Il y a 25 ans, ils représentaient environ 8 % du bilan de la banque. Prenons une banque qui avait des actifs qui atteignaient 100 milliards d’euros (qui se répartissent en crédits aux ménages et aux entreprises, en titres de la dette souveraine, en obligations d’entreprises, en commissions sur des fusions d’entreprises ou des lancements en Bourse…), son capital équivalait à 8 milliards d’euros.

Pour atteindre un rendement sur fonds propres (ROE) de 15%, il faut un bénéfice net de 1,2 milliard d’euros (soit 15% de 8 milliards). Obtenir un tel bénéfice net à partir d’actifs qui s’élèvent à 100 milliards d’euros paraît aisé : cela représente 1,2% de la somme.

Le gonflement exponentiel du bilan des banques afin d’augmenter le ROE

A partir du milieu des années 1990, se développent très rapidement de nouveaux produits financiers : des dérivés de différents types, des produits structurés… Les grandes banques veulent leurs parts de marché de ce secteur en plein développement. Elles sont convaincues que si elles ne s’y lancent pas, elles seront dépassées et peut-être absorbées par des concurrents. Le rendement de ces produits est relativement faible, ils rapportent en général moins de 1%. Du coup, une banque dont les actionnaires veulent que le ROE passe de 20 à 30% est poussée à augmenter de manière exponentielle son bilan. Dans l’exemple mentionné précédemment, le bilan de la banque est alors multiplié par 3 en une dizaine d’années pour atteindre 300 milliards tandis que le capital n’est pas augmenté. Il représente toujours 8 milliards soit 2,66% du bilan. Le financement de cette croissance du bilan est passé par le recours à l’endettement.

L’effet de levier

La banque en question a fait jouer l’effet de levier qui consiste à recourir à l’endettement pour augmenter la rentabilité des capitaux propres |16|. L’effet de levier est de 36 (les dettes représentent 36 fois le capital). Comme la concurrence entre grandes banques sur le marché des dérivés a augmenté au fil des années, le rendement de ces produits a baissé : dans certains cas, il ne dépasse pas 0,1%. Pour continuer à dégager un ROE de 30% alors qu’à partir de 2001 les taux d’intérêt et le rendement des dérivés sont en baisse, les banques sont incitées à augmenter le volume de leurs actifs, en particulier dans le domaine des dérivés, et à chercher à créer des produits structurés à plus haut rendement, notamment dans le domaine des subprime. Mais légalement, elles ne peuvent pas avoir un capital inférieur à 2,5% de leur bilan (voir partie 6, l’accord de Bâle 2). Donc, pour obtenir des revenus et maintenir un ROE élevé, elles développent le hors bilan. Elles créent des sociétés non bancaires (et donc non règlementées et non contrôlées) spécialisées dans les dérivés. En 2007, le marché des produits structurés subprimes’effondre, les banques et leurs sociétés spécialisées font des pertes, parfois supérieures à leur capital. Revenons à notre banque qui utilise un effet de levier de 36 (dettes) pour un 1 (fonds propres). Si elle enregistre une perte qui entraîne une baisse de 3% de la valeur des actifs, ses fonds propres sont engloutis. Soit elle se déclare en faillite, soit elle est rachetée par une autre banque ou par l’État, soit elle fait appel à l’État pour la recapitaliser, soit elle dissimule ses pertes par un jeu d’écriture comptable en attendant des jours meilleurs où les bénéfices reviendront.

Ces différents cas de figure se sont réellement présentés. Aux États-Unis, à côté de Lehman Brothers (la 4e banque d’investissement |17|) et de Washington Mutual, 400 banques petites et moyennes ont fait faillite à partir de 2007. En Belgique, Fortis, la principale banque du pays, a été rachetée par BNP Paribas en 2008. Aux États-Unis encore, Merrill Lynch a été rachetée par Bank of America et Bear Stearn a été rachetée par JPMorgan.

Le cas de Northern Rock

Au Royaume-Uni, Northern Rock était à l’origine une banque coopérative qui a changé de statut en 1997 et adopté une stratégie agressive dans le domaine immobilier. Entre 1997 et sa chute en 2007, elle a connu une croissance de 23% par an pour devenir la 5e banque hypothécaire britannique, dont 90% des prêts étaient concentrés dans le secteur immobilier. Pour financer son développement, elle a marginalisé les dépôts de clients comme moyen de financement et s’est mise à dépendre d’emprunts à court terme. Elle a joué à fond sur l’effet de levier qui a dépassé le ratio de 90 pour 1. Le 13 septembre 2007, Northern Rock a fait appel à la Banque d’Angleterre, ce qui a provoqué la panique des déposants qui se sont précipités pour retirer leurs avoirs. Mais ce n’est pas cette panique des déposants qui a provoqué sa chute, c’est en fait la décision des grands créanciers privés de fermer le robinet du financement au jour le jour qui a sonné le glas pour Northern Rock plusieurs mois avant septembre 2007. La banque a été nationalisée en février 2008 |18|.

Deutsche Bank accusée de tromperie par d’anciens employés

Un cas beaucoup moins connu est celui de Deutsche Bank (DB), la principale banque au niveau mondial en termes de volume du bilan (voir plus loin). Il illustre le cas de figure qui consiste à cacher une perte afin d’éviter une intervention des pouvoirs publics et une fuite des investisseurs provoquant une chute brutale des actions. Les faits se sont passés en 2009 |19|. Selon trois anciens employés qui ont dénoncé les faits en 2010-2011 auprès de la SEC, Deutsche Bank aurait caché une perte de 12 milliards de dollars sur le marché des dérivés aux États-Unis. Si Deutsche Bank avait acté cette perte dans son bilan 2009, son capital aurait été réduit de 25%, ce qui l’aurait obligé à demander un plan de sauvetage (bail out) aux autorités allemandes (qui exigeaient à l’époque des banques allemandes que leur capital représente 8% des actifs). Au lieu de reconnaître une perte, elle a mené une grande campagne de communication pour faire remonter la valeur de l’action en Bourse. Elle a annoncé un bénéfice avant impôt de 1,8 milliard d’euros pour le premier trimestre 2009. L’action DB a grimpé de 16 euros en janvier 2009 à 39 euros fin avril 2009. Les trois employés ont dénoncé les faits sans se consulter. Eric Ben-Artzi était risk manager à la DB, il a été licencié 3 jours après avoir dénoncé la tromperie à la SEC. Il a engagé un procès contre DB pour licenciement abusif. Le deuxième plaignant, Mattew Simpson, a quitté DB de son plein gré avec une indemnité de 900.000 dollars. Le troisième accusateur souhaite conserver l’anonymat. La SEC est très gênée par cette affaire car Robert Khuzami, un de ses principaux responsables actuels, était le conseiller général aux États-Unis de Deutsche Bank entre 2004 et 2009, soit au moment des faits. Quant à Dick Walker, celui qui est aujourd’hui le conseiller général aux États-Unis de Deutsche Bank, il occupait au moment des faits le poste qu’occupe aujourd’hui à la SEC Robert Khuzami. Comme quoi il ne faut pas se focaliser sur l’influence bien réelle de Goldman Sachs. La Deutsche Bank et d’autres grandes banques jouent un rôle décisif dans les décisions des gouvernements et des autorités de contrôle, tant aux États-Unis qu’en .

Évolution du bilan et des activités des banques depuis les années 1990

Dans le cas théorique décrit plus haut, il est affirmé que le volume des bilans de banques, tant du côté du passif (les dettes) que des actifs (les biens et les produits bancaires générant un revenu), a fortement augmenté entre les années 1990 et l’éclatement de la crise en 2007-2008. Selon le  |20|, les actifs bancaires mondiaux ont connu une augmentation d’environ 140% entre 2002 et 2007, passant de 40.000 à 97.000 milliards de dollars. Entre 2007 et 2011, ils ont encore augmenté, ils ont atteint 105.000 milliards de dollars |21|. Alors que le discours officiel des banquiers et des gouvernements affirme que les banques ont procédé à un nettoyage de leurs actifs et à une nette cure d’amaigrissement, ce n’est pas ce qui s’est passé dans la réalité. Le volume des actifs n’a commencé a diminué que très récemment, et ce de manière tout à fait marginale. Selon le FMI, entre le 3e trimestre 2011 et le 2e trimestre 2012, les banques européennes ont réduit leurs actifs (sans compter les dérivés) de 2% seulement |22|.

Le Rapport Liikanen, du nom du président du groupe d’experts chargé par Michel Barnier, commissaire européen au Marché intérieur et aux Services, de faire des propositions en matière de réforme du secteur bancaire de l’Union européenne donne une série d’informations très intéressantes sur les banques de l’UE |23|.

Selon ce rapport, en , les actifs de la Société Générale (8e banque européenne, 3e banque française) sont passés de 410 milliards d’euros en 1999 (au lancement de l’euro) à près de 1.200 milliards en 2008 : une augmentation de près de 300% en 10 ans. En 2010, les actifs atteignaient toujours près de 1.200 milliards. |24| En Allemagne, les actifs de Commerzbank (15e banque européenne, 2e banque allemande) sont passés de 380 à 850 milliards d’euros entre 1999 et 2009.

Si on considère l’ensemble du secteur bancaire européen, les actifs sont passés de 25.000 milliards d’euros en 2001 à 43.000 milliards en 2008, soit 3,5 fois le PIB de l’UE |25| ! Les dettes des banques ont suivi la même évolution.

La croissance du bilan a consisté du côté du passif à augmenter le recours aux dettes pour se financer et du côté de l’actif en une forte augmentation des crédits immobiliers dans certains cas et pour la majorité des grandes banques en une explosion de l’activité de « trading » qui recouvre notamment l’achat de dérivés et de produits structurés. L’émission des Asset Backed Securities |26| a été massivement monopolisée par les banques des États-Unis |27| mais les banques européennes se sont également jetées dessus. Elles achetaient ces ABS en s’endettant à court terme alors que ces produits structurés avaient une maturité beaucoup plus longue. L’effet de levier jouait à fond. Pour se protéger des risques, les banques achetaient des dérivés de crédit |28| et d’autres types de dérivés censés les protéger contre les risques de change, les risques liés aux taux d’intérêt, etc. La faillite de Lehman Brothers et le sauvetage in extremis d’AIG (la plus grande société d’assurance sur le plan mondial) en septembre 2008 ont montré que les émetteurs de dérivés n’avaient pas les moyens d’assumer les risques qu’ils couvraient. Le volume total des produits dérivés |29| a littéralement explosé, passant de 100.000 milliards $ en 1998 à 750.000 milliards en 2007 |30|.

Les banques européennes n’ont pas fondé leur croissance sur les dépôts des clients (qui ont crû de manière modeste), mais sur l’endettement via le marché interbancaire, auprès de la BCE ou auprès des Money Market Funds (MMF) |31|.

Qu’est-ce que les Money Market Funds ?Les MMF sont des sociétés financières des États-Unis et d’Europe, très légèrement contrôlées et très peu soumises à des règles. Dans la presse spécialisée, ils sont considérés comme faisant partie à moitié du shadow banking |32|. L’administration envisage de mettre au point une règlementation car, en cas de faillite d’un MMF, il y a un risque certain de devoir utiliser des deniers publics pour les sauver. Cela provoque beaucoup d’inquiétude vu que les fonds qu’ils gèrent sont considérables et que leur marge de profit a fortement chuté depuis 2008. En 2012, les MMF des États-Unis géraient 2700 milliards de dollars de fonds, en nette baisse par rapport au 3800 milliards de 2008. Les MMF prêtent à très court terme, souvent au jour le jour. Parmi les principaux fonds, on trouve Prime Money Market Fund, créé par la principale banque des États-Unis JPMorgan, qui gère 115 milliards de dollars. Wells Fargo, la 4e banque aux États-Unis, gère un MMF de 24 milliards de dollars. Goldman Sachs, la 5e banque, contrôle un MMF de 25 milliards de dollars. Sur le marché des MMF qui prêtent des euros, on trouve de nouveau des sociétés états-uniennes : JP Morgan (avec 18 milliards d’euros), Black Rock (11,5 milliards), Goldman Sachs (10 milliards) et des européennes avec principalement BNP Paribas (7,4 milliards) et Deutsche Bank (11,3 milliards). Certains MMF opèrent également avec des livres sterling. Michel Barnier a annoncé qu’il voulait réglementer le secteur, mais on risque fort de rester dans le domaine des déclarations d’intention |33|.

Le bilan des banques n’a pas connu de cure d’amaigrissement depuis 2007-2008

Les auteurs du Rapport Liikanen écrivent en substance que vu la sévérité de la crise, on aurait pu s’attendre à une rapide restructuration du secteur bancaire avec un dégonflement des bilans des banques et la fermeture des firmes les plus faibles. Cela ne s’est pas produit, le volume des actifs n’a pas diminué depuis l’éclatement de la crise en 2008 |34|. En effet, alors que le volume de leurs actifs atteignait 43.000 milliards euros en 2008, il a atteint 45.000 milliards euros en 2011. Sachant que le PIB européen a légèrement diminué, les actifs (et les dettes) des banques européennes représentaient 370% du PIB européen en 2011 !

Entre 2007 et 2011, les actifs de Deutsche Bank ont augmenté de 12,4%, ceux de HSBC de 22,2% , ceux de BNP Paribas de 16%, ceux du Crédit Agricole de 22%, ceux de Barclays de 12%, ceux de Santander de 37,1%, ceux de la principale banque suédoise Nordéa de 84,1%, ceux de Commerzbank de 7,3%, ceux d’Intesa de 11,6%, ceux de BBVA de 19,1%. Sur les 18 principales banques européennes, seules trois ont connu une baisse des actifs : Royal Bank of Scotland (-28%), la principale banque hollandaise ING (-3,3%) et la principale banque italienne Unicredit (-9,3%) |35|.

Pourquoi les banques n’ont-elles pas réduit leur bilan ?

Les banques n’ont pas réduit leur bilan parce qu’aucune autorité ne les y a contraint et qu’elles sont abreuvées de liquidités par la BCE, la FED, etc. Les banques continuent à jouer largement avec l’effet de levier. De plus, dans la zone euro, la BCE pousse les banques à acheter de plus en plus de titres de la dette publique.

Les banques européennes essaient très modérément de se défaire d’une partie des actifs toxiques qui encombrent leur bilan. Quand elles vendent des produits toxiques en-dessous de leur valeur d’achat (telle qu’elle est comptabilisée dans leur bilan), elles doivent réduire la valeur de leurs actifs. Et bien sûr, si elles effacent des actifs douteux, elles réduisent également la valeur de leurs actifs. Mais ce qu’elles liquident représente bien peu au regard de leur bilan car la quantité de déchets à éliminer est gigantesque. En pratique, les banques hésitent à vendre certains produits douteux car le prix qu’elles peuvent en retirer est très bas, elles sont tentées d’attendre de voir le prix augmenter pour vendre. Mais cette augmentation risque de ne jamais avoir lieu. Finalement, il faudra bien à l’échéance du contrat prendre acte d’une perte qui peut être tout à fait considérable.

En attendant, aux États-Unis, la Fed a acheté une quantité très importante d’actifs toxiques : environ 40 milliards de dollars chaque mois en 2012. Dans l’Eurozone, la BCE accepte depuis fin 2011 que les banques déposent chez elle comme collatéraux (c’est-à-dire en garantie) des actifs très risqués, toxiques, en contrepartie des prêts qu’elle leur octroie. La BCE a ainsi décidé début décembre 2011 d’assouplir les critères d’éligibilité de certains actifs acceptés comme collatéraux – les ABS et les créances bancaires (credit claims) |36|
. La BCE prend ainsi dans son bilan une partie des déchets dont les banques privées essaient avec peine de se défaire. |37|

Quelques données sur les banques de l’UE |38|

Les dix plus grandes banques européennes ont chacune plus de 10.000 milliards d’euros d’actifs :

1x1.trans Le monde vicieux des banques: quelques données sur les banques européennes 1 est allemande (Deutsche Bank, 2164 milliards d’euros d’actifs qui représentent 84% du PIB allemand, 101.000 employés),

1x1.trans Le monde vicieux des banques: quelques données sur les banques européennes 4 sont britanniques (HSBC, 1968 milliards d’euros d’actifs, soit 120% du PIB britannique, 288.000 employés ; Barclays, 1871 milliards, soit 114% du PIB, 141.000 employés ; Royal Bank of Scotland (RBS), 1804 milliards, soit 110% du PIB, 147.000 employés ; Lloyds Banking Group, 1.162 milliards, soit 70,7% du PIB, 99.000 employés),

1x1.trans Le monde vicieux des banques: quelques données sur les banques européennes 4 sont françaises (BNP Paribas, 1965 milliards d’euros d’actifs, soit 99,8% du PIB français, 198.000 employés ; Crédit Agricole, 1880 milliards, soit 95,4% du PIB, 162.000 employés ; Société Générale, 1181 milliards, soit 60% du PIB, 160.000 employés ; BPCE, 1.138 milliards, soit 58% du PIB, 117.000 employés),

1x1.trans Le monde vicieux des banques: quelques données sur les banques européennes 1 est espagnole (Santander, 1275 milliards d’euros d’actifs, 118% du PIB espagnol, 193.000 employés).

Il y a dix ans, aucune grande banque n’avait un volume d’actifs supérieur au PIB de son pays d’origine. Dans la plupart des pays de l’UE, la concentration bancaire s’est accrue. Entre 1997 et 2010, en Belgique, les cinq plus grandes banques sont passées de 52 à 75% du marché, en France de 40 à 45%, en Grèce de 55 à 70%, en Irlande de 40 à 57%, en Allemagne de 17 à 33% |39|.

Sur les 30 plus grandes banques au niveau mondial, 15 sont européennes en 2011.

Six banques européennes sont plus grandes que JP Morgan, la banque la plus importante aux États-Unis |40|. De plus, trois banques européennes sont particulièrement offensives à Wall Street en particulier et aux États-Unis en général : il s’agit de Deutsche Bank, de Crédit Suisse et de Barclays. Elles détiennent 23% du marché de la dette aux États-Unis. Sur le marché des fusions/absorptions, Crédit suisse, DB et Barclays se situent en 4e, 5e et 6e position juste après Goldman Sachs, JP Morgan et Morgan Stanley |41|.

Les 20 plus grandes européennes se réservent 50% du gâteau

Dans l’UE, on dénombre 8000 banques qu’on peut ranger en trois catégories : 1° environ 4000 petites banques coopératives avec moins d’un milliard d’euros d’actifs ; 2° les banques avec des actifs entre 1 et 100 milliards d’euros ; 3° les banques avec des actifs entre 100 et 2.200 milliards d’ euros.

Les 20 plus grandes, soit 0,25% du nombre total, se réservent 50% du gâteau : elles ont plus de 23.000 milliards d’actifs.

En général, les petites banques sont plus solides et elles prêtent proportionnellement nettement plus aux ménages et aux entreprises de l’économie réelle que les grandes. Elles présentent également des risques moindres du fait de leur taille réduite. Une série d’études montre que les petites banques coopératives et les banques d’épargne sont plus efficaces, plus sûres et plus utiles que les grandes banques |42|. Elles peuvent venir en aide à leurs clients et financer des investissements locaux utiles. Dans certains cas, c’est d’autant plus vrai lorsque les pouvoirs publics y jouent un rôle |43|. Selon le rapport Liikanen, les pays européens où les banques coopératives et les banques d’épargne sont les plus efficaces sont l’Autriche, l’Allemagne, la Finlande et les Pays-Bas.

Les grandes banques sont « universelles »

La banque universelle (appelée également banque à tout faire ou banque généraliste) représente un grand ensemble financier regroupant et exerçant les différents métiers de la banque de détail, de la banque de financement et d’investissement et de la banque de gestion d’actifs. Cet ensemble intervient sur le territoire national mais également à l’étranger avec ses filiales. Un risque important de ce modèle bancaire consiste à faire supporter les pertes des activités risquées de banque de financement et d’investissement par la banque de détail et mettre ainsi en danger les avoirs des petits épargnants. C’est le cas des plus grandes banques européennes.

L’appétit des grandes banques pour les dérivés

Selon l’ISDA (International Swaps and Derivatives Association), l’organisme privé qui réunit les banques vendant des dérivés, 94% des 500 principales banques au niveau mondial utilisent des dérivés (en ordre d’importance, des dérivés sur les risques de change, sur les taux d’intérêts, sur les matières premières et des CDS) ; 80% des dérivés sont fabriqués et commercialisés par les banques, c’est un marché captif des banques. Les hedge funds (dont certains sont l’émanation des banques) pèsent très peu à côté des banques sur le marché des dérivés car leur poids ne dépasse pas 2000 milliards de dollars, ce qui est tout à fait marginal à côté des 100.000 milliards de dollars aux mains des banques (auxquels s’ajoutent les 67.000 milliards du shadow banking). L’écrasante majorité des dérivés échappe jusqu’ici à tout contrôle car ils s’échangent sur le marché de gré à gré (OTC).

Le trading roi

La moitié des actifs de Deutsche Bank et Royal Bank of Scotland sont utilisés pour faire dutrading. Cela représente 40% dans le cas de BNP Paribas et de Barclays.

Qu’est que le trading ?L’activité de trading consiste pour une banque à prendre des positions (à l’achat ou à la vente) sur les différents marchés financiers : actions, taux d’intérêt, devises, marchés dérivés, futures ou options sur ces instruments, marchés à terme des matières premières et des produits agricoles (y compris aliments), marché immobilier. Le trading est clairement une activité spéculative car il s’agit de profiter de mouvements de prix à court terme que leurs actions contribuent grandement à provoquer. Les achats ou les ventes ne sont pas effectués pour avoir l’usage du bien ou du produit acheté mais simplement pour faire un bénéfice. Ces activités ont largement provoqué la crise alimentaire de 2008-2009 quand les banques et autres zinzins se sont retirés brutalement et massivement du secteur immobilier en plein marasme des produits structurés liés au subprime et ont déplacé leurs opérations de trading vers les marché à terme de commodities |44|, notamment les céréales |45|. De même, ce trading a provoqué à la même époque et pour les mêmes raisons une flambée des prix du pétrole en juillet 2008 suivie d’une chute brutale quelques mois plus tard. Une partie du trading est déclarée dans le bilan de la banque, une autre partie – souvent la plus importante – est réalisée hors bilan sur les marchés de gré à gré.

Barclays, BNP Paribas, Deutsche Bank, Nordea, Royal Bank of Scotland et Société Générale sont les banques qui, proportionnellement, font le plus de trading (il représente plus de 30% de leurs actifs).

Pour quatre de ces banques (Barclays, BNP Paribas, Deutsche Bank et Royal Bank of Scotland), les dérivés qu’elles détiennent représentent en valeur notionnelle (à savoir le risque couvert) plus de 20 fois leurs actifs |46| et plus de 300 fois leurs fonds propresstricto sensu. Rappelons que le marché des dérivés n’est pas règlementé et n’est donc pas contrôlé ! Pour Royal Bank of Scotland, les dérivés représentent 30 fois les actifs, c’est 28 fois pour Deutsche Bank et Barclays, 25 fois pour BNP Paribas, 7 fois pour BPCE.

Les grandes banques, au cours des années 1990 et 2000, ont donc pris de plus en plus de risques notamment en développant le trading. Cela a fait fortement baisser la part des revenus fixes (les revenus des crédits aux clients, des titres de la dette publique ou de la dette des entreprises privées) dans leurs revenus. Dans le cas de Barclays et de la Deutsche Bank, entre 1993 et 1996, les crédits représentaient la moitié des actifs de la banque. En 2007-2008, ils ne représentaient plus qu’un dixième des actifs ! Les dépôts des clients (ménages, entreprises, pouvoirs publics, institutions financières) représentent moins de 30% du passif dans le cas de BNP Paribas, Deutsche Bank, Barclays, Société Générale.

Les banques prêtent moins aux ménages et aux entreprises non financières que ceux-ci ne leur prêtent

En général, les banques octroient moins de prêts aux ménages et aux entreprises non financières que ce que ceux-ci leur prêtent (via les dépôts qu’ils font). C’est ce que montrent les données concernant le poids des dépôts des ménages et des entreprises non financières (à l’exclusion des dépôts des entreprises financières) dans le financement (c’est-à-dire les dettes des banques) en 2011 : 41% pour la Belgique, 23% pour la France, 28% pour le Royaume-Uni, 36% pour l’Allemagne |47|.

En regard, dans les actifs, la part des crédits aux entreprises non financières (ENF) et aux ménages est nettement minoritaire : pour la Belgique, 10% aux ENF et 9% aux ménages ; pour le Royaume-Uni, 5% aux ENF et 15% aux ménages ; pour la France, 10% aux ENF et 12% aux ménages ; pour l’Allemagne, 10% aux ENF et 17% aux ménages ; pour l’Espagne, 23% aux ENF et 22% aux ménages |48|.

Les prêts des banques aux ménages et aux entreprises non financières constituent une part minoritaire de leurs actifs

En moyenne, la part des prêts des banques européennes (prises ensemble) aux ménages et aux entreprises non financières représentaient 28% de leurs actifs, le reste est constitué de créances diverses, ABS… et dettes souveraines |49|. Tout cela sans tenir compte de la part de l’ombre, c’est-à-dire le hors bilan, le fameux shadow banking system.

Les 10 plus grandes banques européennes sont aussi les plus aidées par les pouvoirs publics

Les 10 plus grandes banques européennes ont reçu à elles seules plus de la moitié de l’aide publique sous forme de recapitalisation et de garanties qui, entre 2008 et 2011, s’est élevée à 1 620 milliards d’euros (13 % du PIB de l’UE).

Les grandes banques travaillent dans l’ombre

Les grandes banques européennes, comme d’ailleurs celles des autres continents, rendent leurs activités le plus opaque possible en créant une multitude de sociétés. Dans un nombre significatif de cas, il s’agit de plus de mille entités légales différentes pour une seule banque. Outre le fait de rendre très difficile le travail des contrôleurs, ces multiples sociétés sont la plupart du temps basées dans des paradis fiscaux afin de payer le moins d’impôts possible |50|, de blanchir de l’argent sale et de permettre à leurs clients fortunés d’échapper à l’impôt.

Retour sur le retour sur fonds propres (ROE)

Selon le Rapport Liikanen |51|, en 2011, les fonds propres ne représentent que de 2 à 8% des actifs des grandes banques. Dans le cas de la Deutsche Bank, ils représentent à peine plus de 2%. Dans le cas d’ING et de Nordea (Suède), ils représentent un peu moins de 4%. Pour BNP Paribas, Crédit Agricole, BPCE, Société Générale ou Barclays, ils représentent environ 4%. Dans le cas des espagnoles Santander et BBVA, des italiennes Intesa Sanpaolo et Unicredit, ou encore de la belge KBC, environ 6% |52|.

Faisons un petit exercice pratique pour avoir une idée approximative du rendement sur fonds propres en 2012 pour les banques d’une série de pays clés. Tout en faisant l’exercice, il faut avoir en tête ce qui est expliqué plus haut dans la partie « Le monde secret des banques ».

Le FMI a publié pour différents pays le bénéfice des banques en pourcentage du total des actifs au début de l’année 2012. Ce bénéfice est très faible et dans certains cas (Grèce, Irlande), il est négatif :

Grèce -0,4%
Irlande -0,8%
Italie 0,4%
Portugal 0,3%
Espagne 0,2%
Autriche 0,4%
France 0,2%
Allemagne 0,2%
Pays-Bas 0,4%
R-U 0,0%
Danemark 0,1%
Suisse 0,2%
Suède 0,6%
États-Unis 0,8%

Si on se limite à l’analyse de ce tableau, on en ressort avec l’impression que les actionnaires des banques européennes ne sont pas bien lotis. Mais allons plus loin en essayant de nous faire une idée du ROE. Considérons la Deutsche Bank qui, selon le rapport Liikanen, avait des actifs s’élevant à 2164 milliards d’euros et partons du principe que son bénéfice correspond à la moyenne publiée par le FMI pour l’Allemagne, soit 0,2%. Cela donne un bénéfice de 4,33 milliards d’euros. Toujours selon le Rapport Liikanen, les fonds propres de la Deutsche Bank en 2011 équivalaient à 2% de ses actifs |53|, soit 43,3 milliards. Le ROE s’établit dans ce cas à 10%, ce qui montre le vrai visage des banques en ces temps de crise.

Appliquons le même raisonnement à BNP Paribas. Sachant que les actifs atteignaient 1965 milliards d’euros en 2011, un bénéfice de 0,2% (soit 3,93 milliards d’euros) donnerait un ROE de 5%. En effet, les fonds propres de BNP Paribas représentaient en 2011, selon le Rapport Liikanen, environ 4% de ses actifs (environ 78,6 milliards d’euros).

Afin de compléter ces informations, nous serions reconnaissants à tous les lecteurs qui auraient accès aux données d’une ou plusieurs banques européennes concernant leur ROE de nous en faire part en écrivant à info@cadtm.org.

Un dernier point à souligner : l’estimation des actifs est sujet à manipulation de la part des banques, tout comme l’estimation des fonds propres et d’autres éléments du bilan, puisqu’elles doivent présenter des ratios plus contraignants dans le cadre des accords de Bâle III (voir partie 6 de cette série).

Suite et fin de l’article: blogapares.com

Et je continue la série tout en restant dans le thème, toujours avec les liens de Domdom26 dont je fais ici une petite compilation, un autre article sur les amendes payées par ces banques qui auraient du être lourdement condamnées, démantelées, et qui n’ont pas été inquiétées car elles ont payé pour éviter toute poursuite en justice, la corruption est devenue légale au pays de l’Oncle Sam…

Les amendes des grandes banques depuis le début de la crise

6,698 milliards de dollars. C’est la somme des payées par les dix plus grandes depuis 2009.

Blanchiment d’argent issu de la drogue mexicaine, évasion fiscale en Suisse, manipulation du LIBOR (consistant à déclarer des prêts aux autres banques à un taux d’intérêt inférieur à la pratique, pour cacher la perte de confiance entre établissements financiers), dol envers actionnaires, des sanctions économiques envers certains États…

Les grandes banques sont concernées par de nombreux scandales, conduisant à des amendes souvent négociées dans le cadre d’un accord avec le gouvernement américain.

Big-banks-fines-amendes-COLLECTOR

Source: Akli Le Coq via blogapares.com

http://www.blogapares.com/les-amendes-des-grandes-banques-depuis-le-debut-de-la-crise/

3 Commentaires

  1. BRAVO Benji,

    ce genre d’infos doit permettre de prendre conscience dans le détail des méthodes utilisées pour nous mettre en esclavage.
    A nous de radicaliser notre position, complices/dociles ou actifs ?

    • Commencer par ne plus avoir de compte en banque… au risque de me répéter, encore et encore….

      Ca parait impossible tant nous sommes conditionnés, pourtant je vous assure que ça n’a pas l’air si difficile que ça!
      Dès que j’ai supprimé le mien , je vous tiens au courant!

  2. très bon article,j espère qu il sera lu énormément mais j en doute hélas.

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