La Chine réprime les manifestations de Hong Kong avec la bonne vieille méthode

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Par Alexandre Lemoine pour Observateur-Continental

La Chine a pris des mesures pour lutter contre les manifestations à Hong Kong, conformément à la nouvelle loi spéciale adoptée la veille. Il s’agit avant tout de la pression par la force, mais pas seulement. Comment Pékin a-t-il l’intention de réprimer les manifestations dans l’ancienne colonie britannique et pourquoi il ne bloque pas simplement l’accès de Hong Kong à l’eau potable? 

Ce mercredi 1er juillet, la police de Hong Kong a utilisé des canons à eau contre les manifestants. C’est ce que rapporte le quotidien South China Morning Post. D’après les médias, les manifestants scandaient des slogans sur l’indépendance de Hong Kong de la Chine. Par ailleurs, la police a interpellé près de 70 participants aux manifestations illégales. 

Ces manifestations ont commencé après l’adoption par le parlement chinois et la signature par le président chionis Xi Jinping de la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong. L’objectif de ce texte consiste à empêcher le séparatisme, le terrorisme, de saper le pouvoir public et les complots avec les forces étrangères antichinoises. Conformément à cette loi, ces crimes sont passibles de lourdes peines, allant jusqu’à la prison à vie. 

Ce document limite sérieusement l’autonomie des forces de l’ordre de Hong Kong (qui bénéficiaient d’une large autonomie jusqu’à présent tout comme l’administration de cette « région spéciale de la Chine »). Les autorités centrales ont désormais la possibilité d’enquêter à Hong Kong, des représentations des organes de sécurité nationale seront ouvertes dans cette ville. 

Symboliquement le président Xi Jinping a signé cette loi le jour du 23e anniversaire de l’adhésion de Hong Kong à la Chine – le 1er juillet 1997 le Royaume-Uni a officiellement placé sa colonie sous la juridiction de Pékin. Aujourd’hui, « au vu des risques grandissants pour la sécurité nationale auxquels est confronté Hong Kong, l’adoption de la loi sur la sécurité nationale au niveau national était urgente et nécessaire », a déclaré la chef de l’exécutif à Hong Kong Carrie Lam. 

En parlant de risques pour la sécurité nationale les autorités chinoises et l’administration de Hong Kong sous-entendent généralement les manifestations (jusqu’aux centaines de milliers de personnes) de l’opposition de Hong Kong contre l’ingérence de Pékin dans les affaires de l’autonomie. Il suffit de rappeler la « révolution des parapluies » de 2014. Les émeutes en été et en automne 2019 faisaient penser au maïdan de Kiev, mais le principal soutien était et est accordé aux manifestants par les Etats-Unis et le Royaume-Uni. 

Les dernières manifestations d’envergure ont eu lieu en mai et elles étaient directement provoquées par la loi sur la sécurité nationale. A présent, l’opposition de rue n’est pas active, tandis que les Etats-Unis ont assumé le rôle du principal défenseur des libertés de Hong Kong. 

En fin de semaine dernière, les Etats-Unis ont adopté contre la Chine des sanctions par rapport à Hong Kong. Néanmoins, cette punition était personnelle et visait des représentants chinois officiels impliqués dans la « destruction de l’autonomie ». Cependant, les Etats-Unis ont annoncé ce lundi la suspension des exportations des produits américains militaires et des technologies à double usage à Hong Kong. Jusque-là la Chine, malgré toutes les sanctions américaines, pouvait recevoir ces technologies précisément via sa « région particulière ». Mardi, le ministère américain du Commerce a promis « la possibilité d’adopter des restrictions supplémentaires ». 

Tout en sachant que l’adoption de la nouvelle loi sur la sécurité nationale de Hong Kong a été concertée avec l’ancienne métropole, le Royaume-Uni. La déclaration de 1984 sur le placement de la ville sous la juridiction chinoise parle de l’adoption d’un document de Hong Kong sur la sécurité nationale. Hong Kong a adhéré à la Chine en 1997. La première tentative d’adopter cette loi date de 2003, mais son adoption a échoué à cause des manifestations. 

Pour savoir à quoi ressemblera la vie à Hong Kong après l’adoption de la loi il suffit de voir une autre région spéciale de la Chine – l’ancienne colonie portugaise Macao, où un tel document est déjà en vigueur. Des particularités du système économique, de l’autonomie et de la politique de visa ont été conservées à Macao, mais la vie politique est assez émasculée, constatent les experts. Il existe des partis d’opposition, mais ils agissent dans le cadre de la loi sur la sécurité. Leurs exigences se limitent aux questions particulières d’élargissement de l’autonomie locale. 

Tout comme à Hong Kong, une grande partie des forces politiques devra soit changer entièrement le modèle de conduite, soit quitter la politique. Les experts prédisent que certains participants actifs aux manifestations de l’an dernier devront quitter Hong Kong car ils risquent d’être traduits en justice même dans le cadre de la législation locale en vigueur. 

Le Royaume-Uni s’est déjà dit prêt à accueillir les réfugiés politiques de l’ancienne colonie. A titre d’asile il sera possible de choisir Taïwan et même les Etats-Unis, car la guerre froide entre l’Amérique et la Chine prend de l’ampleur. 

Outre le levier économique la Chine dispose d’un levier « hydraulique » pour faire pression sur la région spéciale agitée. Hong Kong dépend en grande partie des acheminements d’eau douce depuis la Chine. Et au XXe siècle Pékin réglait les problèmes en fermant simplement les vannes, lorsque la Chine avait des frictions avec le Royaume-Uni. Mais il est difficile d’imaginer un tel blocus aujourd’hui, seulement en cas d’une révolte armée ou d’une autre tentative de Hong Kong de se séparer de la Chine. 

Les autorités chinoises ne serreront pas les vis sans raison, pensent les experts. Pékin veut être ami avec Hong Kong, coopérer et se développer. Car pour la Chine Hong Kong demeure une vitrine d’intégration selon le principe « un pays, deux systèmes ». Depuis que Deng Xiaoping a formulé ce principe en 1980, il est question de l’intégration non seulement de Hong Kong et de Macao, mais également de Taïwan. 

Alexandre Lemoine

Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n’engagent que la responsabilité des auteurs

Source Observateur-Continental

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6 Commentaires

  1. On arrivera jamais au respect de la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes.
    Je ne me souviens pas que, lorsque ce territoire a été rétrocédé à la Chine, les habitants se soient révoltés. Problème de mémoire ?
    Il fallait s’attendre à ce qui arrive maintenant. Deux façons de vivre totalement différentes. La force l’emportera sans doute… provisoirement du moins…

  2. Hong Kong est le terrain de jeu des Anglais et des Américains. Avec juste un peu de dollars, sans que coule le sang des Blancs, ces deux pays peuvent mettre la pagaille dans le coeur de la Chine, comme on l’a vu l’an passé. Il était temps que le gouvernement Chinois réagisse, et il l’a fait sagement.
    Que diriez-vous si le Maroc suscitait des révoltes dans le 93 ? Heureusement qu’il n’en a pas les moyens. Mais les angloaméricains peuvent imprimer autant de dollars qu’il le faut pour affaiblir la Chine…

  3. La position du gouvernement chinois vis à vis de Hong Kong est la même que celle de Louis XIII et Richelieu vis à vis de La Rochelle au XVII ème siècle.
    La position des chinois vis à vis de leurs occidentalisés est la même que l’était celle des japonais vis à vis de leur christianisés,pendant ce même XVII ème siècle.
    Ni ingérence ni démembrement,quel qu’en soit le prétexte.
    La Chine se souvient très bien de ceux qui lui avaient fourgué l’opium et tenter d’y répandre des croyances imbéciles.
    https://lesakerfrancophone.fr/une-nouvelle-loi-met-hong-kong-a-labri-des-ingerences-anglo-saxonnes

  4. Ce qui se passe à Hong Kong n’est qu’un nouvel épisode dans la mondialisation de la dictature.

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