Toujours pas de paix en vue en Ukraine. Partagez ! Volti
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Christelle Néant pour Donbass-Insider
Aujourd’hui 1er mai 2020, à 14 h 35, l’armée ukrainienne a tiré à l’arme légère sur le village de Spartak, blessant mortellement une civile de 65 ans. Des tirs qui ont eu lieu au lendemain de la réunion (inutile) des ministres des Affaires étrangères du Format Normandie.
L’armée ukrainienne bombarde les zones résidentielles de la RPD et tue une civile
Durant le mois d’avril l’armée ukrainienne a violé 377 fois le cessez-le-feu, et tiré plus de 4 000 munitions contre le territoire de la République Populaire de Donetsk (RPD), endommageant 118 habitations, tuant un civil et en blessant deux.
Et histoire de commencer le mois de mai sur cette lancée, l’armée ukrainienne a violé 22 fois le cessez-le-feu et tiré 190 munitions durant les dernières 24 h, dont 79 obus de mortier de 120 mm et 82 mm, endommageant une habitation à Vassilievka.
Puis à 5 h 40 ce matin, les Forces Armées Ukrainiennes (FAU) ont lourdement bombardé le village de Golmovski, au nord de Gorlovka, avec des obus de mortier de 82 mm, endommageant six habitations.
Une « performance » du 1er mai qui semble ne pas avoir suffi aux soldats ukrainiens, qui ont ensuite ouvert le feu contre les villages de Yasnoye et de Troudovski, endommageant quatre habitations de plus, avant de tirer à l’arme légère sur le village de Spartak en début d’après-midi.
Lors de ces tirs de l’armée ukrainienne, une civile de 65 ans a été blessée à l’épaule gauche. Emmenée à l’hôpital à Donetsk pour y être soignée, elle y est malheureusement morte de ses blessures, venant alourdir le bilan des victimes civiles de cette guerre qui dure depuis six ans.
Statu quo à l’issue de la réunion des ministres des Affaires étrangères du Format Normandie
Ces tirs ont eu lieu au lendemain de la réunion des ministres des Affaires étrangères du Format Normandie qui, comme on pouvait s’y attendre, n’a pas franchement fait avancer le processus de Minsk.
L’un des seuls points sur lesquels ils semblent s’être mis d’accord, c’est la préparation d’un nouvel échange de prisonniers entre l’Ukraine, la RPD et la RPL (République Populaire de Lougansk). C’est-à-dire le seul point parmi les neuf du communiqué officiel du sommet de décembre 2019 qui a déjà été partiellement mis en œuvre, comme l’a rappelé Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères.
Ce dernier a aussi rappelé que pour mettre en œuvre les accords de Minsk, l’Ukraine devait se décider à discuter directement avec la RPD et la RPL (et non avec la Russie comme le ministre allemand l’a déclaré).
« L’essentiel est de ne pas attendre quelque cataclysme mondial, pour que les gens comprennent enfin la nécessité de négocier, et simplement d’appliquer fidèlement les accords de Minsk. Nous constatons qu’il y a des problèmes des deux côtés. Mais le principal problème, je l’ai dit aujourd’hui, est l’absence de réponse claire à la question de savoir si Kiev est prêt à engager un dialogue direct avec Donetsk et Lougansk en toute bonne foi, comme l’exigent les accords de Minsk », a déclaré M. Lavrov lors d’un point de presse sur les résultats des négociations des ministres du Format Normandie.
Mais à part cela et le fait que les ministres sont d’accord pour poursuivre la communication au niveau ministériel pour faire avancer le processus de Minsk, rien de concret n’a émergé de cette réunion obtenue aux forceps par Kiev.
Un statu quo qui était prévisible, puisque aucun des points du précédent sommet n’a été pleinement mis en œuvre entre temps, et qui fait dire à Alexeï Martynov, le directeur de l’Institut international des États nouvellement établis, que le Format Normandie a été épuisé. Si pour lui par le passé ce format de négociation a permis de faire avancer les choses, aujourd’hui ce n’est plus le cas.
« Il me semble que s’il y a au moins un espoir minimum de progrès, alors, bien sûr, le Format Normandie restera en place. Mais à ce jour, c’est si minime qu’il est même approprié de dire que le Format Normandieest épuisé », a déclaré M. Martynov.
Achoppement sur le travail de l’OSCE pendant l’épidémie de coronavirus
S’il y a peu de choses sur lesquelles les ministres des Affaires étrangères du Format Normandie ont pu se mettre d’accord, il y a eu par contre un sujet d’achoppement : les « problèmes » que la MSS de l’OSCE rencontre pour franchir la ligne de front qui sépare l’Ukraine de la RPD et de la RPL à cause des mesures prises pour contenir l’épidémie de coronavirus.
L’organisation passe son temps à se plaindre bruyamment de la situation, et le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, s’est fait le porte-parole de l’OSCE lors de la réunion du 30 avril.
« La protection de la santé en cas de pandémie ne doit pas être utilisée abusivement comme argument pour interférer avec le travail de l’OSCE sur le terrain », a déclaré M. Maas.
Le ministre allemand a aussi souligné que le travail de l’OSCE sur le terrain était entravé à cause de la méfiance mutuelle et a appelé la Russie à influencer les milices populaires pour changer cela. Sauf que ce n’est pas aux milices populaires de la RPD et de la RPL qu’il faut s’adresser pour régler ce problème, mais aux observateurs de l’OSCE eux-mêmes, dont le niveau de travail laisse de plus en plus à désirer.
Car en plus de ne compter que la moitié des victimes civiles, l’OSCE n’enregistre ces derniers temps qu’un très faible pourcentage du nombre d’habitations et de pièces d’infrastructures endommagées par les tirs de l’armée ukrainienne, sous prétexte de… coronavirus !
Ainsi, sur les 118 habitations endommagées au mois d’avril par les tirs et bombardements de l’armée ukrainienne, l’OSCE n’en a enregistré que sept soit à peine 6 % !!! Et sur les 20 pièces d’infrastructure endommagées, seulement trois ont été enregistrées dans les rapports de l’organisation, soit à peine 15 %. De plus le civil qui a été blessé à Signalnoye le 10 avril a été lui aussi « oublié ».
La justification de l’OSCE pour cette réduction drastique de son travail ? L’épidémie de coronavirus. Donc l’OSCE se plaint de ne pas pouvoir franchir la ligne de front à cause des mesures prises par la RPD et la RPL pour limiter la propagation du coronavirus, mais c’est pour éviter cette même propagation que l’organisation justifie de moins travailler. Là on arrive à un niveau de foutage de gueule stratosphérique.
Sergueï Lavrov a d’ailleurs dénoncé cette politisation du coronavirus dans le Donbass par l’OSCE, et rappelé que ses observateurs peuvent se déplacer sans problème sur le territoire de la RPD et de la RPL pour faire leur travail, que les mesures prises comme la quarantaine obligatoire après passage de la frontière instaurée par les républiques est similaire aux mesures prises par d’autres pays, que l’organisation se doit de respecter les normes et exigences sanitaires des territoires où elle officie, et qu’il n’y a donc pas lieu de s’en plaindre bruyamment comme elle le fait.
Comme je l’avais prédit, cette réunion des ministres des Affaires étrangères au Format Normandie n’a rien donné de concret, et n’a été qu’une perte de temps pour les quatre ministres. Et pendant que l’on se perd en palabres, les habitants du Donbass continuent de mourir sous les tirs de l’armée ukrainienne, comme cette civile de Spartak, tuée en pleine fête du 1er mai.