Il était une fois un conte moderne

En ces temps troublés, je vais vous conter une histoire totalement imaginaire, et toute ressemblance avec des lieux ou des personnes existantes serait purement fortuite.

Il était une fois une planète que nous nommerons Terre. Dans une société de nations dirigée par une oligarchie marchande discrète, les vrais maîtres du monde se réunissent comme chaque année, afin de parfaire les contours de leur hégémonie, et ce, depuis 1971. Constitué de dirigeants politiques, économiques et de lobbies ils veillent à défendre au mieux leurs intérêts.

Mais 2019 est une année sombre pour cette élite vacillante, qu’elle considère elle-même comme la fin d’un monde. Pour la première fois, la croissance est en recul. Les perspectives sont si épouvantables que les principaux dirigeants politiques boudent ce rendez-vous, préférant régler des tensions internes à leurs propres pays. Il faut dire que les mécanismes ayant assuré leur position sont en danger. Les populations informées commencent à définir les contours de ce pouvoir obscur et secret. Pire, ils en viennent à accuser leurs gouvernements de collusions, de conflits d’intérêt et réclament toujours plus de transparence, toujours plus de vertus. La situation est intenable, et le pouvoir s’échappent de leurs mains. Le consommateur devient consom’acteur et s’éloignent de la grande distribution, des réseaux agro-alimentaires habituels et des antres de la consommation de masse dans les zones des hangars géants prévu à cet effet. Ils s’agitent, mettant à mal tout l’édifice qui se révèle n’être qu’un château de carte fragile. Les holdings s’effritent, les crises systémiques s’ajoutent aux crises sociales. Le torchon brûle. De plus, les deux plus grandes puissances économiques sont en guerre froide et ouverte, menaçantes et réellement mortifères. Elle n’est plus que l’unique obsession de tout un chacun. La surproduction de masse comme modèle de guerre économique que ces deux mastodontes se sont livrée a épuisé les ressources de la planète, modifié son climat, mettant en péril direct toutes les populations. La surexploitation des pays les plus pauvres financièrement mais riches de leurs sols a de plus des conséquences fâcheuses inattendues.

En effet, jusqu’à présent, les conflits d’intérêts économiques et énergétiques avaient été gérés assez facilement, l’avance technologiques des holdings de fabricants d’arme ayant été gardiens de leur propre suprématie. Alors le repliement sur une idéologie théocratique violente prête à tous les actes et barbaries les plus abjectes.

L’homme possède en lui une faculté d’adaptation extraordinaire, et il va donc falloir trouver une parade. Il va falloir sortir de cet imbroglio et savoir se réinventer. Que cela ne tienne, plutôt que de s’anéantir mutuellement, il va falloir poser les jalons d’un changement de paradigme. Puisque le bon peuple défend sa terre, alors mêlons nous au débat. Donnons lui raison tout d’abord. Effectivement, nos ressources sont presque épuisée, alors allons en trouver des durables, et peignons nos devantures des atouts symboliques de la lutte nécessaire à ce problème. Mais n’allons tout de même pas trop loin, et il serait de bon ton d’imaginer des arguments pseudo-scientifique pour nier l’impact de l’homme sur son écosystème. Cela devrait être simple puisque cette science est balbutiante, et se contredit parfois. Il est facile d’accepter la fin d’une ressource, dans le fond, mais il est impossible d’être publiquement le responsable d’un génocide climatique sans soi-même disparaître.

Une fois tout cela mis en place, sur quelles bases se reposer ? Il ne faut pas avoir fait de hautes études pour savoir qu’il faut toujours se reposer sur trois principes fondateurs pour tout établissement d’une stratégie. L’heure étant grave, il apparaît alors habile de repartir sur des bases saines, soit ce qu’il y a de plus important dans l’histoire pour l’homme. Je veux bien sûr parler de la vie et de la mort. Du côté de la vie, il y a le soin et les géants de la pharmacopée. Du côté de la mort, il y a les fabricants d’armes. Entre les deux il y a bien évidemment le sexe, qui a travers les époques a toujours été au centre des préoccupations. La prostitution n’est-il pas le plus vieux métiers du monde ? Et en filigrane et parce qu’il s’agit de sa fonction biologique au-delà du simple plaisir, il y a la reproduction. Il s’agit alors d’articuler tout cela en une stratégie qui permettrait de renouer avec les bénéfices.

Ayant la liberté d’un récit fictif, alors imaginons ! Et quoi de mieux qu’une bonne vieille épidémie pour commencer ? Cela aura le mérite d’enfermer les populations et donc de compter sur les effets de désocialisation par l’enfermement contraint, interrompre le marché mondial de fait et déclencher une peur irrationnelle de l’autre, qui devient vecteur potentiel de mort. L’économie ainsi stoppée créera alors un effet de rupture, de manque avec le spectre de perte de confort. Il n’y aurait plus qu’à proposer des solutions magiques pour renouer avec l’espoir, la confiance et les bénéfices.

Qu’avons nous sur la table qui pourrait bien servir ? Il y a bien ces grippes animales aux noms codifiés qui déclenchent parfois l’hystérie collective et les précautions exacerbées de certaines nations. Il y aurait même un certain pays qui aurait acheté en masse des vaccins et des masques pour contrer une possible transmission à l’homme, déclenchant à posteriori un grand rire moqueur généralisé. C’est l’ennemi invisible par excellence. Indétectable, tapi dans l’ombre, ne faisant aucune distinction de race, de classe ou de géographie.

Le premier pilier, la santé, est ainsi mis en avant et peut engranger les capitaux. Pour le second, la mort, il y a bien ce conflit depuis 5 ans sur une région du monde entre un ancien ennemi historique, que nous nommerons fictivement les « rouges » à la première puissance mondiale… Car hélas, la source des potentiels conflits est épuisée. L’accès à l’énergie ne dépend plus désormais des pays producteurs, en phase d’épuisement de la ressource. Les besoins ont changé, et ces « rouges » justement s’organisent pour pouvoir se donner les moyens de prendre un leadership sur le sujet. Ils savent bien que l’oligarchie est devenue un colosse aux pieds d’argile et comptent bien en profiter. Cela en fait un candidat idéal.

Pour le troisième pied, soit la sexualisation de la population, rien de plus simple. Mettre en avant la déviance, favoriser l’homosexualité ou la pédophilie, et considérer que tout devient possible et « normal » est un jeu d’enfant. Il faut l’ériger en liberté et se servir des défenseurs des droits pour en faire une cause internationale.

Le plan est bouclé, reste a le mettre en pratique.

En 2020, la conférence attire tout à coup beaucoup plus de monde. Au menu, la mise en valeur des années 1960. Une décennie d’activisme et de conflit et de Produit Intérieur Brut exceptionnel à la fois. Comme si l’un et l’autre étaient liés. Un autre point est mis en application, en rapport avec l’activisme, celui du devoir pour les entreprises d’éduquer ses employés. Effectivement, un activiste à qui l’on donne le sujet de sa révolte est d’un potentiel énorme, et tout cela pour son bien, comme de bien entendu. Enfin, la syndicalisation des données est préconisée, ainsi que le développement de l’IA, déclarée d’utilité publique et fantastique outil si bien utilisée. Un dernier point est également posé et qui passe pourtant sous silence. Il s’agit du multilatéralisme en matière de santé. Effectivement, dans cette fiction, il est considéré que ces problèmes se doivent d’être traité d’une manière mondiale, et que sous l’adage « mieux vaut prévenir que guérir », et forte de ses 1 milliards d’enfants vaccinés à travers le monde, l’Alliance Globale pour les Vaccins et l’Immunisation préconise le dépassement des frontières à ce sujet.

Tout est prêt. Comme pour signer son méfait, l’oligarchie déclenche la crise sanitaire au sortir de cette réunion, et prépare déjà sa méthode à livrer au public. Effectivement il est proposé sous forme d’essai littéraire une idée radicale : La grande réinitialisation. Mais ce n’est pas tout, car un petit logiciel sera également distribué à chaque participant, mais nous y reviendrons plus tard. En effet, il n’est guère au point, mais il est déjà très prometteur.

Cette méthode propose, comme son nom l’indique, de s’appuyer sur le passé pour inventer un monde nouveau débarrassé de notre héritage d’erreurs. Il propose un monde plus juste et résolument merveilleux pour le citoyen du monde. Cette refondation se repose alors sur les sujets préalablement discutés plus haut. La mise en place du programme se fait comme prévu. Le confinement a d’abord relancé l’économie de la grande distribution et de l’agro-alimentaire, les seuls ouverts pendant la crise, car il faut bien de l’argent frais pour la suite des hostilités. Les luttes contre les nécessaires oppositions et critiques à ce projet sont verrouillées et les sujets sélectionnés mis en avant. Les organes de presses diffusent la nouvelle propagande et les médias alternatifs alimentés par les mêmes hommes de l’ombre canalisent le tout en un ensemble cohérent et manipulable à souhait.

Dans un second temps, des officines apolitiques seront chargées de rétablir la « vérité », par des glissements idéologiques progressifs, ce qui permet de s’auto attribuer une notion de bien public et de légitimité. En luttant contre la désinformation, puis contre toute forme de contestation qu’elle a elle même mis en place, le dogme du contrôle plus haut cité prend corps et tout ceci sans qu’aucun débat ne soit désormais possible. Rappelez vous il n’y a plus que deux camps. Le camp de la vie et le camp de la mort qui dans l’illusion d’une lutte défendrait nos usages en matière de sexualité.

L’avantage de l’idéologie, c’est qu’elle bâtit notre histoire et elle est la base de notre réflexion. Cet arc vertueux a réussi à sauter le débat, puisqu‘en quelque sorte il serait déjà tranché. Il permet également de redessiner par des éléments de langage sophistes la reconstruction des idées, les notions bonnes ou mauvaises pour l’humanité et sévèrement réprimer toute initiative jugée moralement dangereuse pour le système.

Elle aura besoin alors d’imposer son pseudo humanisme de circonstance en s’appuyant sur les minorités bafouées. Le tour de force de légiférer pour la majorité du peuple en le culpabilisant de son insensibilité à l’autre devient systématique. L’acquisition des médias par ces marchands ayant été optimisée depuis quelques temps, il suffit de distribuer la bonne parole au bon peuple.

C’est lorsque ce peuple s’émeut des conséquences d’une telle doxa qui voit la majorité soumis aux règles et à la morale de la minorité que la troisième phase peut alors débuter.

Car tout est prêt désormais pour passer à l’action face aux « rouges ». Les marchands d’armes passent enfin à l’action. La mécanique des alliances militaires fait son travail, un peu aidé au demeurant par des actes ça et là à travers le monde. Le front se forme, les deux camps se constituent. Les innovations de destruction vont pouvoir faire redécoller son industrie. La conquête de l’espace devient même un enjeu lié. C’est le temps des canons.

Il faut avouer que la mise à jour du logiciel est finalisé. Il est prêt. C’est un outil formidable car prédictif. Deux ans de développement par l’IA, des tonnes de données historiques, politiques, économiques, anthropologiques et sociétales ont été avalées et recrache ses analyses et les actions à mener. L’outil ultime des décideurs, assurant par calcul froid la pérennité et le développement de leur business. Tout y est abordé, et sans contrainte et uniquement à base de fait, ces maîtres du monde vont concilier leur prédation naturelle à la pourtant nécessaire coordination de leurs actions.

Une intelligence qui se soustrait au génie humain, à la singularité, à l’accident, à l’évolution non prévisible dans un milieu soigneusement préparé à cela est maintenant possible. Le génie humain est dérangeant car il comporte une inconnue qui peut faire s’effondrer à nouveau le château de cartes.

Mais désormais tout est sous contrôle. L’IA veille. L’ironie de ce conte c’est qu’en voulant contrôler le monde et s’assurer du risque de perdre le contrôle, ils se sont mis eux-même dans la position du suzerain face à la toute puissante technologie prédictrice. Les décisions deviennent froides, calculée et donc inhumaine.Comme toute machine, elle repose sur des paradigmes et architectures connues et validées. Elle assure un pouvoir inamovible, l’attaque et la défense en toute matière et on lui donne aussi un joli nom : Monthly Barometer.

Mais n’allez pas croire que tout est sous contrôle. En effet, la créativité humaine reste et restera sa plus formidable caractéristique. Au travers d’une idée libérale et la nécessité de contrer toutes ces manœuvres certains s’élèvent et ouvertement se donnent les moyens de poser un grain de sable dans les rouages de cette délicate machine. Il sont peu, mais influent par leur rayonnement sur toutes les strates de la société. Ils ont bien compris l’enjeu et développent eux aussi des systèmes de médias vraiment libre, ils diffusent des avertissements et développent leur propre IA dite « Amicale », afin d’opposer aussi à ce niveau un outil tout aussi performant.

Mais voilà, cette réaction tardive ne peu plus empêcher factuellement la mise en marche de l’optimisation de l’humanité, sa population, sa santé, et la destruction de tout ennemi potentiel, réel ou imaginaire. Elle pourra inventer des crises, modeler ses modèles de solutions et toujours apprendre jusqu’à délivrer la propagande nécessaire, et toute tentative de court-circuit est condamné à la réaction plutôt que l’action. Jusqu’au jour où elle aura enfin la capacité de considérer que l’oligarchie en place est la cause ultime de tout ce cirque… Ou que le génie humain et la prise de conscience permette à l’homme de s’en libérer.

Mais ceci est une toute autre histoire.

Cédric DK

Cédric DK

13 Commentaires

  1. Réaction tardive ? Quand on a commencé à militer il y plus de vingt ans, je ne peux qualifier cela de tardif. En revanche, à l’époque les militants étaient bien peu nombreux….
    La lutte ardente contre l’union européenne date de plus de vingt ans, celle pour dénoncer un “changement climatique” complètement bidon de plus de dix, la remise en cause de au moins certains vaccins de plus de cent ans……. et c’est en 1919, six mois après Rosa Luxembourg, que Gustav Andauer a été assassiné par les mêmes terroristes qu’elle. Cinq ans après Jaurès.
    Personnellement voilà 56 ans que j’ai eu ma première carte de militant.

    • Bonjour mon cher JClaude,
      S’agissant de l’histoire de la résistance, ce “conte” ne prend pas en compte cet aspect, et je n’accuse personne, tu noteras, ce n’est pas dans mon fonctionnement. J’ai moi-même été éduqué par un grand-père résistant communiste face aux allemands, qui lui même a été éduqué par son grand père général et Bonapartiste… Que représente nos vies à l’échelle de la civilisation ? Pas grand chose. Le tout est de garder très précieusement cette flamme qui t’anime et la transmettre.

  2. Aïe les fautes d’orthographe, toutes simples, toutes bêtes ! Zut alors !! https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_mail.gifhttps://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_unsure.gif

  3. Bonjour CDK et moutons de passage. C’est pas loin du réel cette fiction, c’est bien de remettre aussi les évènements dans l’ordre chronologique car le “mobilman” (néologisme qui désigne l’homme prolongé d’un smart phone) a la mémoire courte. En ces temps incertains, on peux aussi rappeler le programme cyberpolygone qui simule une super cyber attaque avec 2 réunions majeures à New York et en Estonie. Merci pour ta prose, on a besoin de gens comme toi “qui font le job” pour éveiller les consciences.

  4. Coucou Cédric 🙂
    Merci pour ton beau texte !
    Et de contribuer au LME !

    Bises hein !

    • Salut Akasha,

      J’essaie de me remettre à l’écriture et d’exposer mon point de vue, tout en me nourrissant du votre. J’ai bien l’impression que cela reste ici un des seuls espaces à la fois de débat et de respect. Vive la divergence des opinions !

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