Avant de changer le monde, il faudrait en priorité se changer soi-même. Partagez ! Volti
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Charles Sannat pour Insolentiae
Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,
Les Gilets jaunes n’ont pas que des inconvénients, et ils permettent même aux grands riches de la planète, qui se retrouvent à Davos, de s’interroger sur le capitalisme social qu’ils devraient incarner, car le problème avec cette histoire de Gilets jaunes figurez-vous, c’est qu’elle devient mondiale et que la peur, qui avaient quitté les milliardaires avec l’effondrement du mur de Berlin et du communisme, les tenaille à nouveau !
Victoire par KO du capitalisme sur le communisme.
En 1989, c’est l’effondrement du principal rempart à l’idéologie du capitalisme débridé qui sera appelé improprement « néolibéralisme » qui va marquer l’économie des années 90 et de la fin du siècle.
Sans contre-pouvoir idéologique, beaucoup veulent croire à la fin de l’histoire. C’est un peu la concrétisation du « il n’y a pas d’alternative » lancé par Thatcher. Le capitalisme a gagné. Point final.
Progressivement, toutes les conquêtes sociales seront remises en cause partout à travers la planète. Avec la mondialisation, les délocalisations et l’immigration, le totalitarisme marchand va utiliser les instances internationales comme l’OMC, le FMI, etc., pour imposer des formes de dumping social, fiscal et environnemental absolument terribles avec un objectif en tête : des profits toujours plus importants avec le développement d’un marché mondial unifié et sans entraves. Plus de frontières, plus de monnaies, plus de règles ou de normes nationales. Tout ce qui entravait ou limitait les profits doit être combattu, supprimé, annihilé.
Tout y passe. États, normes, frontières, monnaies, droit, progressivement on impose aux peuples l’unification de tout.
La toute-puissance est rarement utilisée à bon escient.
L’homme n’a pas changé et n’a jamais brillé par sa sagesse. Le meilleur service que l’on puisse rendre à un proche, c’est évidemment de faire en sorte qu’il ne se sente pas tout-puissant, et cela commence par… nos enfants, qu’en tant que parents nous éduquons et élevons en étant pour eux un contre-pouvoir qui les aide à ne pas dériver vers des eaux troubles.
Mon épouse est, évidemment, comme presque toutes les épouses du monde, un contre-pouvoir évident aux tentations de toute-puissance auxquelles nous pouvons tous si vite succomber. Ce qui est valable pour un homme l’est collectivement.
Les contre-pouvoirs sont la base intellectuelle qui permet d’organiser l’équilibre des choses.
Le communisme était le contre-pouvoir idéologique au libéralisme et faisait très peur aux riches et aux milliardaires ! Du coup, naturellement, ils préféraient être un peu moins riches que morts, ou croupissants dans un goulag sibérien.
C’est fou comme quand une clique est à portée de claques elle devient immédiatement ou presque nettement moins suffisante et beaucoup plus partageuse. Les milliardaires sont pragmatiques.
Ils préfèrent avoir un peu moins que plus rien du tout !
Ils savent évidemment qu’ils sont allés beaucoup trop loin dans la prédation économique mondiale et il est particulièrement savoureux de voir les richissimes maîtres du monde se réunir à Davos, présidés par la France… parler de capitalisme social.
Voici deux exemples pris au hasard…
Davos : Huawei veut mettre davantage d’accent sur la valeur sociale à l’ère de la mondialisation 4.0
« DAVOS (Suisse), 23 janvier (Xinhua) — Avec la mondialisation 4.0, à savoir une nouvelle vague de mondialisation dans le numérique, l’attention va davantage se porter sur les bénéfices sociaux que commerciaux, a pronostiqué mardi Ken Hu, un haut responsable de l’entreprise chinoise de technologies de l’information et de la communication Huawei. »
Ou encore, comme vous pouvez le voir sur cette copie d’écran d’un article des Échos, notre ministre de l’Économie, le grand mamamouchi Bruno Le Maire, explique qu’il faut un capitalisme générant moins d’inégalités !
« Dites-moi de quoi vous avez besoin et je vais vous expliquer comment vous en passer ! »
Évidemment, nos grands timoniers de l’économie mondiale n’ont nullement l’intention de partager quoi que ce soit.
Le capitalisme social de Davos, c’est un peu comme l’alcoolique qui vous fait une leçon sur la sobriété, et d’ailleurs, pour le moment, il n’y a pas d’idéologie suffisamment fédératrice susceptible de remettre en cause la suprématie intellectuelle du capitalisme… Pour le moment seulement, car partout émerge, et les Gilets jaunes en sont une expression évidente, un besoin immense d’humanité, de solidarité, d’entraide et de sens.
Alors, les mamamouchis, qui voient des Gilets jaunes partout dans le monde entier, jusqu’en Allemagne où Merkel et Macron ont été copieusement sifflés par un rassemblement massif… de Gilets jaunes parlant allemand, se disent qu’il est temps de tenter d’apaiser la grogne par de la « pédagogie », ce qui est le mot pudique pour désigner la « propagande ».
Nous en sommes au moment des « grands débats ».
Rien ne changera fondamentalement, mais partout la pression monte.
Les « populismes » menacent les « progressistes » et les « globalistes ».
Sous la pression des peuples, les représentants du totalitarisme marchand commencent à infléchir les discours.
Il n’y a pas d’acte, mais pour la première fois depuis 30 ans, la peur a changé de camps et c’est déjà une immense victoire des peuples.
Reste à inventer le corpus intellectuel du dépassement du capitalisme actuel. Quelques pistes !
Nous n’y sommes pas encore, mais nous n’en sommes plus très loin. C’est là, sur le bout de la langue…
Entre la simplicité volontaire, une forme de décroissance (bien que le terme ne fasse pas rêver), les technologies collaboratives permettant de repenser totalement différemment le rôle de la politique, du politique et de la représentativité, les défis environnementaux et les multiples crises auxquelles le monde entier est confronté, nous devrons, dans les années qui viennent, réussir à imaginer une société post-libérale et post-consommation de masse, qui puisse être une société respectueuse de l’homme, de la planète, des autres et aussi de ce que nous sommes, à savoir des êtres de complexité et de paradoxes.
Les trois premiers mots des hommes sont « papa », « maman », « à moi ». Il ne sert à rien de se battre contre le besoin de propriété. Il est inné.
C’est parce que nous ressentons ce besoin de possession que nous sommes également capables de don et de dépassement. L’un et l’autre vont ensemble.
C’est parce que nous sommes profondément individualistes, mais vite limités en possibilité lorsque l’on est seul que nous sommes toujours attirés par les autres et que tout aussi naturellement, nous nous regroupons. Individualisme, et aussi besoin social. Capitalisme et socialisme.
Dit autrement, les problèmes c’est les « autres », mais les solutions c’est aussi les autres !
La solution sera dans notre capacité d’unification et d’unité.
Ce qui va émerger et qui sera sans doute un tournant dans l’histoire de l’humanité est assez simple à définir. C’est notre capacité à inventer un système qui prenne en compte notre complexité et nos paradoxes.
Un système où nous unifierons nos aspirations humanistes, socialistes, altruistes, avec nos tentations individualistes, personnelles, de propriété, de possession et de liberté.
Si vous me demandez, et l’on me pose tellement souvent la question, si je suis de droite ou de gauche, je vous réponds à chaque fois la même chose : je suis de gauche quand un médecin sauve mon enfant à 4 heures du matin et me sourit pour toute demande de règlement en voyant un petit plein de vie là où il y avait un mourant, je suis de droite lorsqu’il faut payer des impôts toujours plus cher, toujours trop cher.
Il ne faut plus opposer ces deux tentations, mais au contraire, comprendre que la richesse de l’homme, l’immense force de l’humanité est justement dans cette dualité. Il faut cesser de la contrarier. Nous avons été emprisonnés dans une dualité depuis trop longtemps. De gauche ou de droite, entrepreneur ou salarié, exploiteurs ou exploités, gentils ou méchants, radins ou généreux, nous sommes à chaque fois un peu de tout cela à la fois. Souvent petits. Parfois grands.
Il faut assumer nos deux dimensions et les dépasser, les transcender, c’est-à-dire fédérer les énergies individuelles pour bâtir un projet commun et bénéfique à tous.
Le bonheur collectif réside dans l’unification de chacun et dans l’unité de tous.
Vaste programme !
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !