Courage au Donbass et à ses habitants. Et dire que nos dirigeants soutiennent ce régime néo-nazi et n’envisagent rien pour obliger Kiev, à respecter les accords de Minsk. Ça ne présage rien de bon, si Kiev profite de la coupe du monde de foot, pour faire ce qu’elle fait de mieux, violer le cesser le feu et bombarder les civils. Et si elle ne décide pas d’une offensive massive. Tout semble réuni pour que ça s’envenime et, silence radio de Paris et Berlin, quant à Moscou ?..
Alors que le début de la coupe du monde de football qui se déroulera en Russie se rapproche, les tensions ne cessent d’augmenter dans le Donbass, sur fond de déclarations qui n’augurent pas d’une amélioration de la situation.
Autour de la station d’épuration de Donetsk, la situation reste très dangereuse, avec des tirs réguliers frappant la station ou ses environs, de préférence au moment où les changements d’équipes doivent avoir lieu, obligeant certaines équipes de travailleurs à rester sur place pendant deux ou trois jours d’affilée.
Après avoir été eux-mêmes pris pour cibles, les observateurs de l’OSCE ont reçu l’interdiction (de leur hiérarchie semble-t-il) de continuer à accompagner les convois de travailleurs de la station pour s’assurer que les changements d’équipes aient lieu sans danger.
Cette décision est lourde de conséquences et pourrait mener à un nouvel arrêt de la station faute de travailleurs prêts à se rendre à leur travail sans garanties de sécurité minimum. Interrogée par nos collègues de l’agence DAN, la MSS de l’OSCE a refusé de commenter cette décision catastrophique, ou même de confirmer que l’OSCE continuera à surveiller quotidiennement la situation autour de la station d’épuration.
En guise de réponse, Alexander Hug a déclaré lors de sa visite à Donetsk, que l’OSCE avait fait tout son possible, malgré les violations du cessez-le-feu, mais que la solution ne pourrait venir que d’un dialogue constructif entre l’Ukraine et la République Populaire de Donetsk (RPD) concernant la station d’épuration. Merci Docteur Watson on ne l’aurait pas deviné sans vous… Mais lorsqu’une des deux parties (l’Ukraine) refuse tout dialogue constructif, qu’est-ce qu’on fait ? On attend la catastrophe les bras croisés ?
Ou bien on essaye de réveiller un peu les garants occidentaux des accords de Minsk, qui se font remarquer par leur long silence, afin qu’ils fassent pression sur Kiev ? Et qu’on ne vienne pas me dire que la France et l’Allemagne n’ont pas de moyens de pression sur l’Ukraine.
Quand le Conseil de l’Union Européenne (UE) est prêt à aligner un milliard d’euros pour aider l’Ukraine, je pense qu’il ne serait pas de trop que l’Allemagne et la France exigent que ce prêt soit assorti (comme ceux du FMI d’ailleurs) de conditions obligatoires pour débloquer les fonds, du genre, appliquer réellement les accords de Minsk par exemple !
Au lieu de cela, les deux garants occidentaux des accords de Minsk regardent l’Ukraine accumuler de l’armement lourd sur l’ensemble de la ligne de front, ressortir son aviation en disant clairement que Kiev veut l’utiliser dans le Donbass, publier des vidéos annonçant que les FAU sont prêts à mener une offensive, et même installer des S-300 près de Marioupol, en violation totale des accords de Minsk, sans que cela ne provoque la moindre réaction de Paris ou de Berlin. Silence radio…
De son côté la RPD, via ses autorités et représentants officiels à Minsk essaye désespérément de faire comprendre à quel point la situation est grave.
Ainsi, le chef de la RPD, Alexandre Zakhartchenko a déclaré que lors des deux dernières semaines, il a personnellement visité les zones les plus dangereuses de la ligne de front et d’après lui « la situation est grave, le nombre de pièces d’armements et de soldats a augmenté » côté ukrainien. Selon le chef de l’État, « pour le moment la partie ukrainienne n’est pas prête à mener une guerre à grande échelle, mais il faut s’y attendre ». De son point de vue, la situation s’aggrave à cause de la coupe du monde de football organisée en Russie, qui doit commencer le 14 juin.
Alexandre Zakhartchenko a aussi tenu à rappeler que ce conflit ne pourrait se régler sans discussion directe entre Kiev et les deux républiques populaires.
« Le format sera meilleur si Donetsk commence à communiquer avec Kiev : il ne s’agit pas d’un changement dans le format des négociations, mais de son amélioration. Tout dépendra de la façon dont nous communiquerons et si nous communiquerons ou pas. Ni les casques bleus, ni l’implication des États-Unis n’améliorera la situation – seulement un dialogue direct entre Donetsk et Kiev, » a-t-il déclaré.
Une position partagée par Denis Pouchiline, le président du Conseil Populaire de la RPD, et représentant en chef de la république à Minsk.
« La situation du côté ukrainien a été délibérément aggravée en relation avec le début de la coupe du monde en Russie. Maintenant, nous devons nous préparer à une évolution différente des événements. Pendant quatre ans, l’Ukraine a fait preuve d’un manque absolu de bon sens et, malheureusement, nous avons également assisté au bombardement de maternelles, d’écoles et d’hôpitaux. Et c’est exactement ce à quoi nous nous attendons le plus, » a-t-il déclaré.
Denis Pouchiline a aussi confirmé lors d’une interview accordée à RIA Novosti, la déclaration faite par le représentant de la RPD au sein du Centre Conjoint de Contrôle et de Coordination du cessez-le-feu, à propos de la situation à Petrovskoye, que l’Ukraine prétend avoir reconquis, alors que le village se trouve en RPD, dans la zone grise (c’est-à-dire la zone démilitarisée où ne doivent se trouver ni armes ni soldats).
« Si l’Ukraine ne change pas de position dans les plus brefs délais, si les garants des Accords de Minsk, la partie qui a le plus d’influence sur l’Ukraine, ne prennent pas une position plus active, nous devrons probablement ramener nos unités à leurs anciennes positions. Tout est prêt pour des actions symétriques », a-t-il déclaré.
Cette décision serait lourde de conséquence, car si l’Ukraine a enterré les accords de Minsk avec la signature de la loi sur la réintégration du Donbass, le fait que la RPD puisse décider d’annuler le retrait des soldats et des armes dans l’une des trois zones pilotes (en ramenant ses troupes sur les positions qu’elles avaient quittées pour engager une désescalade) serait le premier coup de pelle jetant la première motte de terre sur le cercueil des défunts accords.
En attendant de voir comment la situation évolue, la RPD se prépare et se tient prête à toute éventualité. L’armée de la RPD a ainsi organisé pour la première fois des exercices à grande échelle, impliquant plus de 20 000 personnes des forces armées et des administrations de la république afin de s’entraîner à faire face à une situation d’offensive et de contre-offensive, tout en assurant au maximum la sécurité des civils.
Alexandre Zakharchenko a tenu à commenter ces exercices qui ont duré 11 jours.
« Ce sont nos premiers exercices à grande échelle, ils se sont bien déroulés : la note est de quatre, sachant qu’elle n’atteint jamais cinq, il y a toujours quelque chose à améliorer. Ce sont les premiers exercices de ce type en RPD, » a-t-il déclaré.
Ces exercices ont lieu sur fond d’exercices maritimes organisés par l’Ukraine dans la mer d’Azov. Le chef de la RPD a tenu à souligner que si ces exercices ukrainiens devaient représenter un danger pour la république, l’armée de la RPD se réservait le droit d’ouvrir le feu sur les navires ukrainiens impliqués.
Devant cet échec flagrant des accords de Minsk, les pays du Format Normandie ont enfin convenu une rencontre dans ce format le 11 juin. Après un an d’interruption, ce format de négociation est désormais le seul espoir de stopper l’escalade du conflit. Et si le thème principal de la discussion sera la venue d’une mission de casques bleus dans le Donbass, il faut espérer que le reste des problèmes seront abordés.
Car de toute façon, comme l’a indiqué Denis Pouchiline, Kiev peut bien rêver à une force de casques bleus capable de servir de force d’invasion du Donbass, cela n’aura jamais lieu. Et pendant que tout le monde se focalise là-dessus, personne en Occident ne veut voir le fait que Kiev a mis à mort les accords de Minsk, qui sont pourtant le seul moyen de régler pacifiquement le conflit du Donbass.
Christelle Néant pour DoniPress
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