Une frontière entre l’Ukraine et le Donbass et que chacun vive selon ses aspirations serait l’idéal. Il y a trop eu d’horreurs, pour que vivre ensemble soit encore possible.
Les 26 et 27 janvier, nous étions à Zaïtsevo afin d’évaluer l’évolution de la situation, alors que la trêve du Nouvel An se fissure de plus en plus et que le vote de la loi de réintégration du Donbass par la Rada fait peser la menace d’une reprise du conflit à grande échelle sous peu.
Si la situation reste relativement calme pour le moment, l’armée ukrainienne vise de plus en plus délibérément les civils, pour provoquer l’armée de la RPD.
Ainsi, le 20 janvier, ils ont tiré à coup d’obus de mortier, sur l’étable de grand-mère Ksénia, une civile de Zaïtsevo, qui vit à moins de 300 mètres des positions ukrainiennes. Malgré le fait qu’à une telle distance, les soldats ukrainiens peuvent difficilement prétendre confondre cette petite grand-mère avec un soldat, Ksénia ne peut même pas aller dans son jardin sans se faire tirer dessus.
Et elle ne peut même pas compter sur l’OSCE pour enregistrer ces tirs erratiques et rappeler à l’Ukraine que tirer délibérément sur des civils est un crime de guerre, car à moins que sa maison ne soit rasée, les observateurs de l’OSCE ne se déplacent pas jusque chez elle. On se demande alors à quoi ils peuvent bien servir.
En sortant de chez Ksénia, on voit assez distinctement deux drapeaux flotter au loin sur le territoire sous contrôle de l’armée ukrainienne : le drapeau ukrainien, et celui de l’Union Européenne. Une UE qui sert de banque, de fournisseur d’armes, et de caution pour le régime de Kiev. En clair, l’Union Européenne s’est faite la complice des crimes de l’armée ukrainienne.
La nuit passée sur le front sera calme. Quelques tirs de kalachnikov erratiques, un peu de lance-grenades. Mais rien de nature à perturber le sommeil des habitants ou des soldats qui défendent le village.
Ces derniers nous ont indiqué l’arrivée récente côté ukrainien de snipers étrangers, très bien équipés (entre autre de lunettes thermiques). S’il n’y a pas de certitude quant à l’identité de ces snipers, certaines informations semblent indiquer qu’il s’agirait des fameuses « Sorcières », ces femmes snipers étrangères qui servent régulièrement côté ukrainien.
Suite au vote de la loi de réintégration du Donbass, les soldats, comme la population civile, sont assez pessimistes sur un règlement pacifique du conflit.
« Dieu le veuille que ce soit pacifiquement… Mais à juger par l’état d’esprit du côté ukrainien il est peu probable que ce soit résolu pacifiquement… On leur fournit des Javelins, les fournitures venant de l’UE, de l’Ouest, ça veut dire quoi ? Quelle paix peut exister si la fourniture d’armes étrangères venues d’Europe ne s’arrête pas, les injections financières perdurent… De quoi s’agit-il ?! Quelle voie pacifique ? Tout finira par la guerre, il me semble », a ainsi déclaré le soldat surnommé « Foma ».
Ce dernier nous dit ce que beaucoup de gens ici nous ont déjà dit en presque deux ans de présence sur place, à savoir que la population du Donbass ne veulent pas réintégrer l’Ukraine, qu’ils veulent la paix, reprendre une vie normale, retrouver leurs familles. Qu’ils sont ici chez eux, qu’ils défendent leur terre, et que personne n’a à leur dire comment vivre, et surtout pas l’Ukraine.
« Finalement, qu’ils nous laissent en paix… Ils ont adopté la loi de réintégration, ils ont défini comme ils disent le statut du Donbass… De grâce ! Décidez et laissez nous en paix. Rendez-nous nos terres où nous devons vivre de plein droit, où l’homme est enregistré… C’est sa maison, c’est sa ville, c’est tout, il veut revenir chez lui, dans sa famille. Laissez, faites une frontière et vivez avec l’Europe, avec tout le monde, mais laissez nous en paix et c’est tout, et tout le monde sera content. Cette guerre peut finir en une heure, si tout va bien », a-t-il ainsi déclaré.
Le fossé creusé entre l’Ukraine et le Donbass par le sang des victimes de cette guerre, est désormais trop grand pour être comblé. Il est temps que la communauté internationale comprenne, que personne ne pourra obliger le Donbass à retourner de force sous le giron ukrainien, qu’il y a eu trop de morts, trop de sang, trop de souffrances, et que le gouffre entre ce que veut la population du Donbass et celle d’une partie de l’Ukraine est devenu irréconciliable.
Le Donbass ne veut pas d’une intégration à l’Union Européenne, ne veut pas de Bandera (collaborateur des nazis) comme héros national et c’est son droit de le dire, et de faire valoir son droit à l’auto détermination, afin de pouvoir vivre selon les principes et les valeurs qui sont les siens.
C’est au Donbass de décider de son destin, et à personne d’autre. Et surtout pas à des pays qui soutiennent le régime de Kiev dans sa répression sanglante d’une population, qui a eu pour seul tort de ne pas vouloir du rêve européen (qui se transforme actuellement en cauchemar) vendu à la population ukrainienne lors du Maïdan.
Voir le reportage vidéo en entier :
Christelle Néant pour DoniPress
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