Le cycle du phosphore expliqué par Hervé Coves…

Encore un élément simple mais indispensable dont la disparition est programmée.

Avez-vous déjà entendu parler de la crise du phosphore ? Vers 2030 – 2040, nous aurons consommé la moitié des ressources planétaires en phosphore pour les besoins en engrais de l’agriculture productiviste (et non intensive). Le phosphore est un élément indispensable à la bonne santé des végétaux. Il est aujourd’hui considéré comme une ressource « non-renouvelable » dont les réserves commencent à diminuer dangereusement. Cette ressource qui émane du vivant deviendra certainement plus indispensable que le pétrole. Sa fin, déjà prédictible, pose la question de la pérennité du modèle agricole actuelle. Pourra-t-on continuer longtemps à nier le fonctionnement du vivant et à oublier que nous vivons sur une planète aux ressources limitées ?

Cette problématique pourrait mettre en péril l’avenir de l’humanité. Saurons-nous profiter de l’occasion pour mettre en place des alternatives efficientes et durables ? En effet, le cycle du phosphore est un processus naturel peu connu du grand public. De la compréhension des mécanismes du vivant , permettant au cycle du phosphore de fonctionner quasiment en circuit fermé, découleront peut-être des méthodes agricoles pérennes, efficientes et plus respectueuses des mécanismes biologiques.

Hervé-Coves-Pourquoi-assassiner-des-limacesDans cette optique, Hervé Coves, ingénieur agronome, nous explique ce cycle dans toute sa complexité et sa beauté. Cette interview, riche en informations, met en exergue la complexité du vivant mais aussi notre ignorance des mécanismes naturels qui organisent la néguentropie du vivant.

Mais surtout, n’oublions pas que… la vie est belle

Informations de cette vidéo:

  • Dans un sol, le phosphore est peu assimilable par les plantes.
  • Les champignons, en dégradant les ossements des animaux, assimilent le phosphore contenu dans les os dans animaux morts. Ils transmettent ce phosphore à d’autre champignons dit « mycorhiziens » qui le retransmettent à leur tour aux arbres. Les arbres retransmettent le phosphore à d’autres champignons  par le biais des mycorhizes et ainsi de suite. Après quelques jours, le phosphore est présent dans un périmètre de 1000m2 et les ossements du cadavre ne possèdent plus de phosphore.
  • Le cycle du phosphore est « fermé » dans le vivant.
  • Le phosphore introduit artificiellement dans les champs détruit le processus de mycorhization entre les champignons et les arbres. Ceci rend dépendantes les plantes de ce type de culture aux engrais.
  • Le pic du phosphore est prévu pour 2040 (moitié des réserves épuisées).
  • Une partie du phosphore fossilisé peut être rendu assimilable par certains champignons qui s’associent aux liliacée (alliacées). Remettre ce type de plantes accompagnées d’une couverture du sol pour nourrir les champignons permet de réutiliser le phosphore fossilisé dans le sol.
  • La présence de phosphore est un facteur limitant pour la vie dans beaucoup de systèmes. Il est très peu présent dans les roches (à part les phosphatières). C’est un élément très lié à la vie (pas au minéral). Chaque barreau d’ADN contient deux atomes de phosphore.
  • Il doit être disponible et assimilable par les plantes. Dans un sol calcaire, le phosphore se fixe au calcium et devient insoluble  et donc inassimilable en se fossilisant.
  • Dans les sols acides, le phosphore fait la même chose avec le fer et forme des dépôts noirâtres.
  • Les champignons mycorhiziens ont un rôle crucial pour la répartition du phosphore dans le sol, en réseau.
  • Pour avoir du phosphore, il faut avoir des champignons, il faut donc nourrir les champignons. La meilleure façon à long terme d’en apporter au sol est d’y apporter de la lignine : en utilisant des techniques liées à l’agro-foresterie ou du BRF (bois raméal fragmenté) pour réimplanter des champignons dans une parcelle.
  • Quand on épand du phosphate, on détruit la symbiose entre les arbres et champignons (qui échangent du sucre contre du phosphore). L’épandage de phosphates crée une dépendance par rapport au phosphore : il n’y a plus de champignons dans le sol, le phosphore n’a donc pas de moyen de transport.

Sources :

Informations de la vidéo

Auteur pour Le-4ème-Singe

 

5 Commentaires

  1. Merci Volti pour ce partage https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_good.gif
    Une autre très belle conférence de Hervé COVES : La fertilité et la fécondité du verger Dont la conclusion permet d’entrevoir un espoir dans ce monde en déclin, grâce à des gens qu’Hervé COVES nome les « gardiens », ceux-là mêmes que personnellement j’appelle les « pionniers »

    M.G.

  2. Pour le pic du phosphore on ne va pas s´en faire, tout a une fin, sauf la saucisse, celle-la en a deux.

    Et nos ancêtres, ils labouraient bien leurs champs sans y ajouter du phosphore. L´industrie agroalimentaire, oui, elle elle se réjouit tant qu´il y a encore du phosphore a extracter sur les sites comme au maroc etc..Pour eux, c´est (argent – profit).

    En plus, la nature n´a pas de problème parcequ´elle en produit régulièrement d´année en année pour son propre besoin. Et ceux qui ont un petit savoir faire, sauront comment enrichir le sol naturellement.
    Dans les centres d´épuration, ils sont obliger d´extraire ce phosphore, parceque sinon cela accélère l´eutrophication des eaux qui n´est rien d´autre que mauvais pour la nature. Si la france l´extrait, j´en sais rien, mais l´allemagne, elle elle le fait.

    Arte avait fait un documentaire sur la fin proche du phosphore. Ceux que ça interresse….

    https://www.youtube.com/watch?v=63UZ6ef8V7k

  3. Il faut reconnaître que sans engrais nous ne pouvons tenir les rendements d’aujourd’hui, et qu’an ve rapidement se trouver beaucoup trop d’un coup sur Terre…

    A part ça, personne ne parle de l’exploitation des dernières phosphatières de la planète, des avens (trous ouverts dans les plateaux calcaires, encore appelés Dollines ou Sink Hole) où régulièrement au cours des millions d’années des milliers d’animaux morts s’entassent et donnent ainsi un précieux indice sur la vie dans notre planète. Tous ces témoignages fossiles sont broyés sans états d’âmes et sans aucune étude, alors qu’un fossile vaut bien plus que le kilo de phosphate qu’il génère. Comme si les anglais détenant quasi le monopole sur les phosphatières de la planète voulaient absolument détruire ces témoignages.
    On a ainsi la situation ubuesque ou dans les phosphatières de Bach dans le Lot, les archéologues tamisent précautionneusement les restes de l’exploitation outrancière du début du 20 ème siècle, pour récupérer quelques petits os fin de chauve souris et de lézards, en se lamentant sur la stupidité des hommes de l’époque, alors qu’on fait exactement la même chose de nos jours au Maroc où tous les fossiles les plus gros sont broyés. Dans 100 ans, les archéologues n’auront plus que quelques tas de résidus pour déterminer les fragments des plus petits os…
    C’est intéressant pourtant, l’étude de ce qu’il reste de ces phosphatières indique que très régulièrement le climat et la faune changent brutalement en un lieu donné (et ça partout sur la planète), passant d’un milieu polaire à un milieu équatorial, puis tropical, puis tempéré, puis polaire, et ainsi de suite. Elément intéressant pour montrer qu’avec le déplacement des plaques tectoniques, un lieu donné se balade de partout à la surface du globe.

  4. «  »disparition est programmée. » »
    Non le phosphore ne disparait pas!
    Il est juste pas ou peu recyclé et se disperse dans la nature.
    Peut-être entrainé par l’eau.
    Mais le phosphore existe toujours quelque par sur notre planète.

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