Embargo alimentaire russe : quelles conséquences trois ans plus tard ?…

Les sanctions touchent nos entreprises (celles qui nous restent) mais aussi les agriculteurs. Les contre mesures des russes ont permis de booster certains secteurs de leur économie, bien que ce ne soit pas tout rose. Qui souffre de ces sanctions? Les russes, qui ne trouvent plus les produits auxquels ils étaient habitués. N’empêche que consommer ce qui est produit dans le pays, n’a pas que du négatif, sans concurrence, c’est le local qui est consommé. Alors, quand est-il trois ans après ?

L’embargo russe devait durer un an. Il vient de souffler sa troisième bougie.

Le 6 août 2014, Moscou décrétait un embargo sur les produits alimentaires venant de l’Union européenne, de Norvège, de l’Australie, du Canada et des États-Unis en réponse aux sanctions économiques prises par ces pays à l’encontre de la Russie dans le cadre de la crise ukrainienne. Votées originellement pour un an, ces contre-sanctions ont soufflé leur troisième bougie en 2017. Résultat ?

Il y a trois ans, les Russes intégraient dans leur lexique un nouveau mot : zaprechtchenka. Construit à la base du verbe zaprechtchat’, « interdire » en français, il désigne tous les produits alimentaires importés de l’Union européenne, de Norvège, de l’Australie, du Canada et des États-Unis interdits en Russie suite au décret de l’embargo russe en août 2014.

La liste de ces derniers est longue et contient notamment la viande, la volaille, le poisson, les fruits de mer, les fromages, le lait, des fruits et des légumes.

Le bannissement de ces produits avaient alors autant perturbé le quotidien des consommateurs russes, qui ne trouvaient désormais plus leur camembert au supermarché, que les professionnels, qui utilisaient certains d’entre eux dans leur production.

Merci papa embargo

Trois ans plus tard, tous ces efforts et sacrifices auraient grandement profité au pays et ne seraient qu’un mauvais souvenir, soutient dur comme fer le ministère de l’agriculture russe. A en croire son ministre, Alexandre Tkatchev, l’importation de produits étrangers en Russie a été « divisé par deux » depuis 2014, tandis que la production nationale du secteur alimentaire a « enregistré une croissance de 11% » dans l’ensemble.

Les principaux bénéficiaires de cet embargo alimentaire sont bien évidemment les compagnies russes travaillant dans les secteurs visés par ces contre-sanctions. D’après les données du groupe Tcherkizovo, un des principaux producteurs de viande en Russie, entre 2014 et 2016, sa part sur le marché national de la viande de volaille est passée de 90% à 95%, sur celui du porc de 87% à 93% et sur celui du boeuf de 68% à 82%.

Autres grands gagnants de l’embargo, les producteurs laitiers ont augmenté leur production de fromages de 20,6% sur cette même période alors que l’importation de ces produits a diminué de 35%, indique l’Union nationale des producteurs laitiers Soyuzmoloko.

Enfin, les importations de légumes ont été divisées par deux sur la période 2014-2016, passant de 1,08 million de tonnes à 618 mille tonnes. La productions de ces denrées a, elle, grimpé de 21,3% pour atteindre 837 mille tonnes, communique l’Union nationale des maraîchers.

La concurrence écartée, le gouvernement a également augmenté ses aides financières au secteur. En 2017, elles s’élèveront à 242 milliards de roubles, rapporte Kommersant.

Dur dur l’embargo

La lutte pour la production nationale a toutefois fait aussi des victimes. En premier lieu – le consommateur russe, assure Alexeï Egarmine, directeur adjoint de l’Union nationale de défense des droits des consommateurs.

« Aujourd’hui, sur 100 saucissons disponibles, 90 d’entre eux au moins sont des substituts alimentaires. Les producteurs y ajoutent de la cellulose, de la peau de poulet, etc. Il semble qu’il y a du choix mais contrairement à avant, le consommateur russe a moins de variantes réellement mangeables. Le consommateur a besoin d’un marché accessible et où il y a du choix », a-t-il expliqué sur les ondes de Radio Kommersant.

Fin juin, le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a prolongé l’embargo alimentaire jusqu’à fin 2018. Le ministère de l’agriculture russe estime pour sa part qu’il devrait l’être pour les dix prochaines années.

La liste des pays visés par l’embargo s’est élargie entre 2014 et 2017. Aujourd’hui, les États visés par cette mesure sont les États-Unis, les membres de l’Union européenne, l’Australie, l’Albanie, l’Islande, le Canada, le Liechtenstein, la Norvège, l’Ukraine et le Monténégro.

Source Le-Courrier-de-Russie

Crédit image Pixabay

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4 Commentaires

  1. Alors, quand est-il trois ans après ?

    Bah… trois ans après, vous venez de le dire.

    En revanche « Qu’en est-il, trois ans après ? » semble une question autrement plus pertinente.

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