Klaus Schwab, fondateur du Forum économique mondial de Davos : « Nous avons besoin d’un nouveau discours sur la mondialisation »…

Il est toujours intéressant de connaître l’avis de celui qui a fondé le forum économique de Davos.  Merci à Bellerophon.

Klaus Schwab

Cela fait quelque temps – à mesure que montent les « populismes » dans de nombreuses zones du monde – que les globalistes interrogent sur la manière de rendre la mondialisation plus désirable. Klaus Schwab, fondateur et président du Forum économique mondial de Davos fait partie de ceux-là.  Dans un texte révélateur publié sur le site du forum , weforum.org, c’est lui-même qui affirme que les globalistes ont besoin d’un « nouveau discours ».

Pourquoi ? Parce que le monde est à une « croisée des chemins historique ». « L’extrémisme du marché, souvent appelé néolibéralisme, qui a façonné la politique nationale et globale au cours de ces trois dernières décennies, est devenu un carburant toxique pour le moteur hoquetant de la croissance globale. Il a également produit des effets secondaires polluants que de grands pans de la société ne tolèrent plus », écrit Klaus Schwab.

C’était à prévoir. Le libéralisme absolu permettant l’entrée en concurrence avec les pays riches d’autres pays, communistes comme la Chine ou profitant tout simplement de systèmes fondés sur une forme d’esclavage à travers des salaires de misère, ne pouvait avoir d’autre issue. De là à penser que l’effet prévu était désiré ou en tout cas accepté, il n’y a qu’un pas.

Le Forum économique mondial face aux affres du « néolibéralisme »

De fait, ces dysfonctionnements qu’on veut bien reconnaître aujourd’hui ont une utilité pratique considérable du point de vue des mondialistes, puisqu’ils permettent de proposer une nouvelle dynamique non moins encadrée pour correspondre à leurs projets. Sans regrets pour le passé…

« Pourtant », poursuit ainsi Schwab, « la globalisation déterminée par le marché a fait sortir plus d’un milliard de personnes de la pauvreté et aura été de manière générale un dynamiseur au service d’un meilleur niveau de vie. Sous sa forme actuelle, cependant, elle ne constitue plus une solution adaptée à notre contexte actuel – ni surtout à notre contexte à venir. »

Bref, c’est une phase, un moment dialectique qui a fait son temps.

Schwab dénonce dans un premier temps la manière dont le système économique global s’est focalisé au fil du temps sur « l’optimisation du système lui-même » plutôt que de répondre aux besoins de nombreux segments de la société où l’on a « le sentiment de vivre dans la précarité ». « En tant que tels, les individus veulent reprendre le contrôle de leurs moyens d’existence et rechercher plus qu’une satisfaction matérielle. Les gens cherchent du sens et des raisons de vivre – des vies qui ne sont pas uniquement définis par l’économie et les affaires, mais qui comprennent également des affinités sociales et culturelles. Bien des gens se sentent spirituellement isolés dans un monde globalisé et ont le profond désir d’un contexte socio-économique où l’on remette de nouveau davantage l’accent sur des valeurs partagées et moins sur des règles impersonnelles » : cela commence comme un sermon.

Klaus Schwab veut un nouveau discours pour faire aimer la mondialisation

La légitimité d’une économie globale déterminée seulement par le marché est confrontée à un nombre croissant de « défis systémique », poursuit le gourou de Davos.

Il vise, pêle-mêle, « la transition d’un monde unipolaire vers un monde multipolaire, un monde où des concepts sociétaux concurrents défient la pensée « occidentale » », et « le pouvoir du marché, les pratiques corrompues et les pratiques financières spéculatives qui faussent l’équité des marchés et le processus de la création de valeur réelle sur le long terme ».

Il faut oser : ce qui défie la pensée « occidentale », c’est aujourd’hui, très fortement, la poussée socialiste de nombreux pays émergents, quand elle n’est pas ouvertement et toujours communiste comme en Chine, principale force aujourd’hui saluée par les mondialistes. Quant à l’équité des marchés au cours de ces trente dernières années, c’est une blague. Elle a conduit à la désindustrialisation des pays riches, avec ses cohortes de travailleurs pauvres et surtout ses millions de chômeurs, tandis que les nouvelles « usines du monde » profitent de leur « dividende démographique », de leur droit de polluer à tout va et du dumping social !

Schwab vise aussi « la transformation des processus de production, qui privilégient l’automatisation, le capital et l’innovation par rapport au travail manuel, et bientôt par rapport au travail intellectuel » : c’est l’arrivée massive de l’intelligence artificielle et des robots.

Le nouveau discours sur la mondialisation : plus d’humanité, vraiment ?

Enfin, il cite « la menace sérieuse par rapport à la préservation et à la régénération de notre environnement, causée par l’utilisation excessive et l’érosion de nos ressources naturelles » : c’est le refrain des partisans de la lutte contre le « changement climatique ».

Ces « déficiences » de la globalisation néolibérale, Schwab affirme les avoir dénoncées depuis plus de 20 ans. Il cite ce qu’il écrivait il y a 20 ans dans ce qui était alors l’International Herald Tribune (aujourd’hui le New York Times) : « La globalisation économique est entrée dans une phase critique. La réaction croissante contre ses effets, spécialement dans les démocraties industrielles, menace d’avoir un fort impact perturbateur sur l’activité économique et la stabilité sociale de nombreux pays… Cela peut facilement se transformer en révolte… »

Selon Schwab, c’est parce les efforts de Davos pour mettre l’accent sur la responsabilité sociale n’ont pas été suffisamment pris en compte. Mais quoi qu’il en soit, on dispose aujourd’hui d’une situation intéressante parce qu’explosive.

« Aujourd’hui, nous sommes face à un retour de bâton contre ce système et contre les élites considérées comme ses bénéficiaires unilatéraux. Le danger de ce retour de bâton est qu’il néglige le fait que la recherche de l’innovation et de la compétitivité est toujours le moteur principal du développement économique, et au bout du compte, du progrès social. Ce n’est pas le système déterminé par le marché qui est en lui-même le problème, mais plutôt sa mise en œuvre. C’est le moment de trouver des principes adéquats et fiables capables de maintenir un contrat social en son sein, ce qui est indispensable à une société équitable, prospère et saine », écrit Schwab.

Klaus Schwab et le contrat social planétaire

Le contrat social renvoie au constructivisme à la Rousseau. Mais c’est un contrat social planétaire dont rêve Klaus Schwab :

« En outre, la tendance à ressusciter les frontières nationales et d’autres obstacles à l’interconnectivité globale néglige le fait que le monde est devenu une communauté à responsabilité partagée. La coopération globale ne peut être démantelée sans dommages majeurs et nous sommes tous concernés. Nous dépendons les uns des autres face aux défis de la pollution, de la migration, de l’exploration de l’espace, du terrorisme et du crime – pour n’en citer que quelques-uns. »

Affirmant que les élites sont nécessaires, même si certaines se trompent parfois, Schwab veut poser de nouveaux critères : « Dans un monde qui change vite, où notre notion de l’identité elle-même est remise en cause, le choix idéologique n’est plus entre droite et gauche, mais plutôt entre ouvert et fermé – et l’une des conséquences en est que les gens s’opposent de plus en plus aux élites « cosmopolites ». »

Le fondateur du Forum économique mondial avait tout prévu

C’est ce qui conduit certainement nombre d’électeurs contemporains à oublier jusqu’aux principes les plus fondamentaux de respect de la vie, ou d’abandonner leur attachement aux libertés et au réalisme économique pour suivre ceux qui s’affichent comme opposés au cosmopolitisme, quitte à se « gauchir » beaucoup pour cela…

Schwab poursuit : « Ainsi, la bataille idéologique qui fait rage ne devrait pas opposer ceux qui défendent le « vieux » système contre les forces actuelles qui proposent des réponses simples à des défis extrêmement complexes. Au contraire, cette impasse doit être dépassée d’urgence – non seulement pour répondre aux plaintes et à la colère de grands pans de la société, mais aussi pour aller de l’avant. Y manquer résulterait seulement en un glissement plus accentué vers des sociétés plus polarisées et vers un effondrement des normes indispensables à la cohésion sociale. »

C’est bien pour cela que, refusant (dit-il) une « idéologie toute faite » pour répondre aux problèmes actuels, Schwab veut voir « redessiner nos systèmes économiques et sociaux, en tenant compte du fait que l’humanité, grâce à l’interconnectivité globale et à l’impact croissant de la Quatrième révolution industrielle, devient plus sophistiqué, tandis que l’individu s’émancipe davantage ».

L’humanité en progrès, « émancipée »… on a déjà vu cela quelque part. « Vous serez comme des dieux », c’est vieux comme Adam et Eve…

Le Forum économique mondial de Davos et la Quatrième révolution industrielle

Pour Schwab, la Quatrième révolution industrielle modifiera notre manière de produire, de consommer, de communiquer, de vivre, tout en redéfinissant la relation entre les citoyens et l’Etat. « Cela nous fournira d’immenses possibilités afin d’améliorer la vie des individus et des sociétés », en permettant dans le meilleur des cas une approche davantage « centrée sur l’homme » et pas seulement sur le plan matériel.

On est bien en face d’une sorte de messianisme dont Schwab dessine les contours en affirmant que nous sommes aujourd’hui sur le mauvais chemin..

…/…

Lire la suite

Auteur Anne Dolhein pour RéinformationTv.

 

4 Commentaires

  1. L’effondrement apocalyptique selon Steve Bannon….L’hiver arrive…
    http://www.brujitafr.fr/2017/03/l-effondrement-apocalyptique-selon-steve-bannon.l-hiver-arrive.html

    Le slogan de Donald Trump est « rendre sa grandeur à l’Amérique », mais son stratège en chef Steve Bannon prévoit des lendemains apocalyptiques, un hiver rigoureux avant un renouvellement de la société, écrit l’ex-diplomate britannique Alastair Crooke.

    […] mais aussi la possibilité de bouleversements économiques et sociaux […] Regardez l’avenir, et, si vous êtes comme moi, vous verrez des nuages ​​d’orage s’accumuler. De gros problèmes. J’espère me tromper, mais je pense que nous risquons d’être confrontés à un effondrement économique comme nous n’en avons jamais connu auparavant. »

  2. Nous, nous avons besoin de virer tous ces inutiles qui ne font dépecer la planète et l’humanité.

  3. « rendre la mondialisation plus désirable » c’est rafraichissant…
    Mais…sur quelle planète au fait?

  4. A partir de 1948, les services secrets américains avaient créé une association : l’ACUE. Cela signifiait « American Committee on United Europe », c’est-à-dire « Comité américain pour l’Europe Unie. »

    De 1948 à 1960, ce comité a donné des centaines de milliers de dollars aux associations et aux mouvements qui militaient pour la construction européenne :
    – le Mouvement européen,
    – l’Union des fédéralistes européens.

    Autrement dit : à partir de 1948, les services secrets américains ont financé les mouvements favorables à la construction européenne.

    – Selon Wikipedia, les personnages-clés du Mouvement européen étaient :

    Paul-Henri Spaak
    Robert Schuman
    Walter Hallstein
    Jean Rey
    Gaston Thorn
    Valéry Giscard d’Estaing.

    Aujourd’hui, le président du Mouvement européen est Jo Leinen. Un de ses vice-présidents est Jean-Marie Cavada.

    – Quant à l’Union des fédéralistes européens, ses dirigeants étaient Alexandre Marc, Denis de Rougemont, Altiero Spinelli, Henri Frenay.

    Dans le livre « Circus Politicus », un chapitre s’intitule : « Nos chers amis de la CIA. »

    Je recopie :

    À quelques pas de la tour Hoover, sorte de minaret central d’une centaine de mètres de haut, la Hoover Institution détient dans ses archives sept boîtes intitulées ACUE Collection, un échantillon de l’histoire secrète de l’Europe politique. Fondé en 1948, l’American Committee on United Europe était une organisation privée qui finança des mouvements fédéralistes européens bien avant les traités de Rome. L’ACUE n’avait pas pour seule obsession le décollage économique de l’Europe après la Seconde Guerre mondiale, son objet était également politique : faire barrage à la pression communiste sur l’ouest de l’Europe. Ce cénacle était d’ailleurs clairement une émanation des services secrets américains.

    Son président, William J. Donovan, avait dirigé à partir de 1942 l’Office of Strategic Services (OSS), une agence qui disposait de près de 35 000 agents. Inspirateur de la CIA, il est considéré comme « le père de l’Intelligence Service américain ».

    Le vice-président de l’ACUE ? Allen Dulles, qui avait dirigé le bureau de l’OSS à Berlin, avant de prendre en 1953 la direction de la Central Intelligence Agency pour plus de huit ans.

    Quel était le but exact de cette organisation ? Dans l’une des sept boîtes de l’ACUE Collection des archives de Stanford, une déclaration d’intention non datée, mais dont des recoupements permettent d’établir qu’elle remonte à 1950, établit clairement, quoique parfois de manière allusive, les objectifs et les moyens d’action : « L’American Committee on United Europe a été fondé par un groupe de citoyens américains privés qui considèrent qu’un soutien organisé mais officieux du peuple des Etats-Unis envers l’idéal de l’unité européenne pourrait se révéler un facteur déterminant de la direction que prendra l’Europe dans la seconde moitié du XXe siècle. »

    Ce projet est clairement politique. Cinq ans avant les traités de Rome, la déclaration d’intention signée par Donovan, Dulles et les autres énonce un triple projet.
    D’un point de vue politique : « création d’un parlement représentant les Etats démocratiques et les peuples de l’Europe libre, avec des pouvoirs effectifs de législation » ;
    sur le plan économique : « abolition des quotas douaniers intra-européens et du contrôle des changes » ;
    enfin, socialement : « garantie uniforme des droits de l’homme et création d’une Cour européenne pour les faire respecter ».
    Il y a plus de soixante ans, l’Europe d’aujourd’hui …

    Au-delà du soutien moral, le comité « accorde un soutien financier absolument nécessaire à des structures travaillant pour l’unité de l’Europe ». A la lecture de ces documents, il apparaît noir sur blanc que cette émanation des services secrets américains a financé le Mouvement européen, rassemblement d’unionistes et de fédéralistes européens fondé en 1948. Les noms des présidents honoraires du Mouvement européen figurent d’ailleurs sur la page de garde du document. Ce sont ceux de quelques pères de l’Europe : Winston Churchill, Alcide De Gasperi, Robert Schuman, Paul-Henri Spaak.

    Le soutien de l’ACUE au projet européen durera jusqu’en 1960, trois ans après le traité de Rome. Douze ans en tout, douze ans seulement, mais qui auront changé le monde et l’Europe.

    Un témoin direct atteste de l’influence de l’ancien vice-président de l’ACUE, Allen Dulles, sur les protagonistes de la construction européenne, au premier rang desquels Jean Monnet. Souvenons-nous que Allen Dulles fut le directeur de la CIA de 1953 à 1961. Ce témoin, c’est Constantin Melnik, conseiller du Premier ministre Michel Debré pour la sécurité et le renseignement entre 1959 et 1962.

    « Tout ce que j’ai vu à l’époque à Matignon ne m’a pas paru inspiré par un esprit démocratique » confie l’octogénaire. L’esprit vif, il conserve une mémoire intacte de cette époque : « Les deux personnes qui ont joué le plus grand rôle en Europe pour financer la politique et les syndicats, c’est Allen Dulles et Irving Brown. »

    Un jour, Allen Dulles a demandé un rendez-vous au général de Gaulle. « Le Général a été furieux et l’a renvoyé vers Debré. Comme Debré ne s’intéressait pas au renseignement, c’est moi qui l’ai reçu. Allen Dulles et moi avons passé des soirées entières à discuter. Dulles me considérait un peu comme son fils spirituel, mais je donnais raison à de Gaulle, qui pensait qu’on ne pouvait pas être soumis, même avec bienveillance. »

    Car Dulles fut l’un de ces hommes de l’ombre qui s’attiraient les sympathies dans les milieux les plus élevés. Constantin Melnik témoigne : « Dulles estimait avoir sauvé l’Europe à travers les contacts avec les politiques. Et il me citait notamment le rôle de Schuman et Monnet. Oui, Schuman et Monnet avaient des liens avec la CIA. »

    Le Général en concevait de l’agacement : « De Gaulle voulait que les contacts avec la CIA soient concentrés au niveau des services et que les gens de la CIA cessent de voir directement Monnet et Schuman. »

    Dans ses Mémoires, Jean Monnet ne cite jamais le prénom d’Allen, mais trois fois le nom de Dulles, car il fut un ami de son frère John Foster Dulles, secrétaire d’Etat d’Eisenhower entre 1953 et 1959. Monnet avait rencontré John Foster Dulles à la fin des années 30, lorsque le futur père de l’Europe travaillait pour la banque américaine Blair and Co., avant de créer la Bancamerica à San Francisco. Dulles était l’un des plus brillants avocats de New York et les deux hommes s’étaient liés d ‘une profonde amitié. C’est l’un des points les plus oubliés de l’extraordinaire carrière de Jean Monnet. Il fut un banquier américain. Cela n’a rien de répréhensible.

    Mais l’homme a, dès le départ, agi pour placer l’Europe dans la sphère américaine, tout en proclamant sans cesse son indépendance.

    C’est cela aussi le spectacle politique.

    http://sa.penchak.free.fr/divers/Circus-Politicus.pdf

Les commentaires sont clos.