Ils et elles étaient employé, fonctionnaire, ouvrier ou commercial. Ils et elles ont fait le choix de devenir paysans et paysannes, recourant à la terre pour se réapproprier leur vie et renouer avec l’autonomie. Reporterre les met à l’honneur lors de sa prochaine rencontre, jeudi 9 juin.
« Et vous allez vivre tous ensemble ? » demande, interloqué, un voisin paysan à la retraite, aux six jeunes qui lui font face. « Oui, oui, on dormira dans le même lit ! » répond la bande avec le sourire. À la ferme de la Gravelle, dans l’estuaire de la Gironde, il y a comme un petit air de révolution. Dominique et Régine ont décidé de céder leur ferme à une joyeuse troupe. Aucun n’est issu du milieu agricole mais tous y voient leur avenir.
Avant de devenir maraîchers, Julien étudiait la philosophie politique à la Sorbonne et sa femme, Mélanie, travaillait dans un centre social.
Damien et Fanny, eux, désormais, pétrissent le pain. Ils sont paysans boulangers. Une activité à mille lieux de leur ancienne vie. Lui bossait dans un bureau d’étude, elle était bijoutière. Un autre couple habite sur place. Camille, pianiste, et Adrien, ancien acheteur industriel pour le secteur automobile. Il s’occupe à présent d’une centaine de moutons qui paissent dans l’herbe grasse des prés salés. « Avec le collectif, la ferme ressemble à un village. Ça apporte de la vie, dit-il. On a chacun nos espaces privés mais on partage la terre et l’outil de travail. La production est bio, la distribution en circuit court. »
- Les ovins de la ferme de la Gravelle.
Autour, les voisins labourent des centaines d’hectares, seuls sur leurs tracteurs. Les haies ont disparu. La campagne s’est peu à peu désertifiée. Dans les chaumières, la question se pose. Elle taraude les esprits. Et si le modèle conventionnel nous menait dans l’impasse ? Et s’il fallait nous aussi ouvrir nos fermes ?
Ces reconversions n’ont rien d’anecdotique
« Aujourd’hui, les enfants d’agriculteurs ne sont plus assez nombreux pour reprendre l’exploitation de leur parents. D’ailleurs, ils n’en n’ont pas forcément envie », reconnaît un vieil agriculteur du coin, pour l’instant sans repreneur. En France, dans dix ans, la moitié des agriculteurs partira à la retraite. La moyenne d’âge des exploitants agricoles atteint 52 ans. La relève est indispensable si l’on veut pérenniser le secteur. Et ne pas l’abandonner aux fermes usines ou aux firmes agroalimentaires, qui créent une agriculture sans agriculteur.
Comme la bande de la Gravelle, de plus en plus d’hommes et de femmes se reconvertissent dans la paysannerie avec fougue et passion. Alors que rien ne les y prédestinait. À la Tournerie, dans le Limousin, onze amis sans racine agricole ont remplacé l’unique agriculteur après son décès. À l’origine, sur les 83 hectares, il n’y avait qu’un élevage bovin classique. Maintenant, on y cultive des légumes de saison, on y fabrique du fromage de chèvre et de vache, de la crème fraîche, des yaourts, de la viande de porc, du pain au levain et on y brasse même de la bière artisanale. Les jeunes paysans « empruntent leur rémunération ».
- Les onze néo-paysans de la ferme de la Tournerie
Ces reconversions n’ont rien d’anecdotique. Selon Raymond Vial, membre de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture : « 40% des installations au niveau national se font hors du cadre familial en 2015. » Dans certaines formations agricoles, ceux qui ne sont pas du sérail sont devenus majoritaires. En Lorraine, au Centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA) de Courcelles Chaussy, « la plupart des candidats viennent de la ville. Ils ont connu le maraîchage grâce aux Amap. Puis, ils ont décidé de franchir le cap. Devenir producteurs après avoir été consommateurs », explique un responsable pédagogique.
Un autre modèle se dessine, en dehors du productivisme. « On n’a pas fait tout ce chemin pour mettre une tenue de cosmonaute et arroser les champs de produits chimiques », raconte Catherine, ex-libraire, installée dans l’Oise en fruits rouges. L’agriculture industrielle, ses poules en cages, ses porcs sur caillebotis ou ses étendues de céréales dopées à l’engrais ne les font pas rêver. « Je ne suis pas exploitant agricole, je suis paysan. Je fais vivre le pays. Je n’exploite pas la terre », affirme Nicolas, maraîcher dans la Drôme. La majorité des nouveaux venus pratiquent l’agriculture biologique. « Depuis quelques années, parmi nos derniers adhérents, 80% ne sont pas fils ou fille d’agriculteurs », constate une administratrice de la Fnab, la Fédération nationale d’agriculture biologique.
Source et suite de l’article sur Reporterre, via Informaction
http://www.youtube.com/watch?v=o_g62RYIyNI
Et OUI !
Un Autre Monde est possible !
Et nous sommes de plus en plus nombreux à nous y employer.
« Pâturages et maraîchages sont les deux mamelles de la France »
Ce n’est pas nouveau, et il existe une énorme demande à laquelle il s’agit de répondre.
Continuons, c’est là qu’une nouvelle société est en train de se mettre en oeuvre.
« Devenir paysan pour être libre »
Titre intéressant : je suis fils de paysan (je dis bien paysan pas exploitant agricole) ; mon père m’a toujours dit : « Si tu peux faire un autre métier [que paysan] fais le ; c’est un métier d’esclave ». Je l’ai vu trimer 7j/7 pendant 40 ans (pas de vacances) ; son corps est tellement usé (niveau articulation et tendon) qu’il a mal dès qu’il fait un mouvement. Se lever le matin pour traître à la main ses 10 vaches, s’occuper des animaux (cochons, poules, moutons, …), se relever la nuit pour veiller une vache qui doit prochainement vêler, s’occuper du potager, allé chercher de l’eau au puit (pas d’eau courante à la ferme), couper du bois pour le chauffage l’hiver ou pour alimenter la cuisinière, réparation/entretient de la ferme et des prairies… Je suis désormais informaticien, je dois faire environ 40-45h/semaine ; je me sens moins esclave actuellement que lorsque je vivais à la ferme…
Peut-être qu’avant de se lancer dans ce genre de débat il faudrait redéfinir les termes « libre » et « esclave » en leur donnant un sens plus relatif : ce qui est perçu comme liberté pour certain peut être perçu comme de l’esclavage pour d’autres, cela dépend surtout de nos aspirations du moment. Mais ne vous imaginé pas que le travail de paysan se soit facile tous les jours, loin de là ; quand faut faire le taf, faut faire le taf, y’a pas le choix ; et si tu n’as pas le choix es-tu vraiment libre ?
A tout moment il est donné à chacun des possibilités de choisir sa vie, c’est « juste » une question d’engagement et de volonté. La vraie liberté n’existe que dans la nature, qui n’a pas besoin d’attendre des ordres pour agir et se laisser vivre, tout y est… naturel…
J’habite en basse montagne, et je ne suis qu’un demi-paysan car je ne cultive pas, mais je participe ; ce lundi 20 juin j’ai partagé mes mains, mes pieds et ma gueule pour aider un ami éleveur à emmener en transhumance une trentaine de vaches et taureaux, une vingtaine de veaux fraichement nés; une quinzaine d’amis faisant 3 heures de route pour remonter la vallée et commencer à grimper un peu la montagne et ses pâturages , et enfin laisser le troupeau retrouver « ses libertés » jusqu’au mois d’octobre, au moins; et pour terminer, une bonne grillade autour d’un feu sous cette nuit du 1er jour de l’été, une pleine lune en plus!
C’est vrai que toutes nos libertés sont bien relatives… et tout dépend de se que l’on met dedans; la liberté n’est pas un appareil que l’on vous met dans le cerveau, mais un principe inné de la nature que l’on impose pas en jouant les durs…
Salut anatronack
Je crois aussi qu’il faut dé-idéaliser le retour à une monde paysan . Non pas que ce soit mauvais en soi, mais plutôt que les gens ne s’imaginent pas très bien les difficultés que cela représente .
Je suis devenu « paysan » sur le tard, à partir de 1996 , date d’achat de ma maison et de mon terrain . Je n’ai que trois hectares (pas du plat ) , je dis bien « que ». Ça peut paraitre énorme pour un citadin , mais ce n’est pas grand chose pour un rural. Rien que l’entretient basique du terrain et clôture demande au bas mot deux mois par ans .J’ai été obligé de mécaniser, micro tracteur et mini pelle . Les bras manquent pour travailler au quotidien d’où des investissements au niveau achat et entretient , même le matériel d’occasion n’est pas donné . Ensuite il faut penser à tout le reste, tronçonneuses, débroussailleuses, outillage en tout genre , atelier …….Il faut de solides notions en mécanique et bricolage en tout genre . Je suis isolé et seul à m’occuper de mon bout de paradis, ce qui rend les choses plus complexes qu’en communauté . Mais le mode collectif se heurte aussi à ses soucis : incompatibilité d’humeurs , désaccords en tous genres , jalousies ….Aucun système n’est idéal . Je ne dit pas que c’est une mauvaise idée de retourner à la terre, au contraire c’est la meilleure chose à faire, mais il faut avoir les idées claires et savoir ce que l’on va trouver. A côté de chez moi il y a un jeune agriculteur, né dans le milieu . Jusqu’à présent il travaillait avec son cousin comme berger, puis discorde aidant il s’est mis en solo. Il cultive des melons sur une surface de 5000m2 .Il même une vie de forçat et je ne crois pas qu’un nouveau venu à la terre soit capable d’en endurer autant . Pourtant son activité lui permet tout juste de survivre .
Soyons clair , je ne veux dissuader personne . Mais il faut être réaliste et connaitre ses propres aptitudes et leurs limites .
» Cinq ans après leur installation, 88 % des jeunes agriculteurs bénéficiant d’une aide ont pérennisé leur projet (le taux de réussite est cependant quatre fois moindre pour les installations non aidées, qui représentent près de 40 % des projets). »
…
« En février 2009, elle vide son livret A (1 500 euros) pour acheter 28 chevrettes d’un mois et deux boucs, vend sa Peugeot 206 pour construire sa première salle de traite et emprunte 80 000 euros pour financer les bâtiments et la fromagerie.
Trois ans après son installation, la jeune mère de famille continue de dépendre des revenus de son mari, les 35 heures ne sont qu’un lointain souvenir et elle n’a plus ni week-end ni vacances. « Mais je suis plus libre aujourd’hui. J’ai la satisfaction de maîtriser toutes les étapes de mon projet, de la traite à la vente des fromages au marché ou sur mon site Internet« .
source : http://crise.blog.lemonde.fr/2013/02/22/paysans-des-villes-la-tentation-du-retour-a-la-terre/
Dans un monde ou tout est immédiat, programmer un retour à la source demande du temps, de la réflexion et de la préparation . Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation . Mais lorsque les choses sont bien faites le résultat dépasse les espérances .
Merci de tes conseils (cela vaut aussi pour les autres témoignages)
On attend d’avoir un meilleur pécule pour initier le retour aux sources… Pas question de contracter un prêt, c’est notre mot d’ordre.
Mois je suis plus un théorique qu’un pratique ,mais j’apprends bien quand même… Seulement au départ c’est sûr que ça va être très laborieux.
Dis mois stp? T’es tu rendu quasi-autonome en énergie? Si tu peux détailler un peu?
Bonsoir Big Brother.
Je ne peux que valider : » Pas question de contracter un prêt, c’est notre mot d’ordre. ».
Mais à partir de là il va falloir passer en mode Mac Gyver .
» T’es tu rendu quasi-autonome en énergie? » Malheureusement , non.
L’énergie est LE problème de l’autarcie .
Tu as pu constater que tous les systèmes de production d’énergie autonomes sont à des prix prohibitifs si tu les veux suffisamment efficaces pour une habitation de taille moyenne .
En ce qui me concerne je n’ai pas de solution miracle au problème énergétique .
J’ai pu compenser une partie de la conso d’électricité et de gaz, par le bois que j’ai en quantité suffisante chez moi . Par exemple pour la stérilisation des conserves j ‘ai fabriquer un stérilisateur qui fonctionne au bois à partir de deux cumulus de récup . L’avantage est que je stérilise une grande quantité de bocaux avec quelques buches , donc gratuitement .
Le chauffage et l’eau chaude sanitaire , ne sont pas des problèmes incontournables. Mais ils demandent beaucoup d’ingéniosité et de bidouillages en tout genre . Un chauffe eau solaire ne suffit pas il vaut mieux le coupler à une chaudière bois pour les périodes sans soleil . Pour la cuisine une cuisinière au bois fait aussi l’affaire si c’est un modèle d’époque , rustique et endurant . Mais ça demande d’accepter les contraintes qui vont avec. Un four à pain extérieur c’est un peu de travail si on le construit soi même , mais c’est gagnant par la suite .
Il y a aussi des solutions plus techniques comme la production de méthane .
http://www.onpeutlefaire.com/795
Chercher à réduire sa dépendance énergétique implique que madame devra supporter de voir sa douce demeure se changer en atelier de savant fou . L’esthétique devra le céder au fonctionnel . Moi j’ai partagé : la face visible de la maison c’est le côté de madame, derrière c’est le mien . J’y entrepose tout ce que je ramasse à droite à gauche , car TOUT peut avoir une seconde vie et surtout servir à bricoler « la pièce qui manque » .
Au stade où j’en suis, je ne suis pas autonome au sens propre du terme, car j’utilise le gaz juste pour le côté pratique , mais j’ai les moyens de le devenir dans le domaine du chauffage et du confort sanitaire .
Le gros soucis c’est l’électricité . Quel que soit le moyen envisagé il n’est pas compatible avec NOS standards de vie actuelle. Nous sommes électro-dépendants à un point dramatique . Les systèmes photovoltaïques sont sous dimensionnés pour une utilisation correcte à moins d’y mettre un prix exorbitant à l’achat au départ et à l’entretient par la suite . J’ai fait le tour d’horizon des produits grand-public , je ne trouve rien qui me convienne . C’est certain que pour faire fonctionner une télé, quelques ampoules led et une ou deux bricoles il y a pléthore de choix . Mais une installation qui permet d’approvisionner un atelier et ses appareils ……nada . Il y a toujours des systèmes de dépannage comme un groupe électrogène sur prise de force , mais un tracteur a besoin de carburant et là le serpent se mord la queue.
A moins de se fabriquer sa propre pile à combustible je ne crois pas que l’indépendance énergétique soit un but réaliste à moins de revoir nos modes de vie en profondeur . Laver le linge au lavoir, outillage à main …..Nous serons peut être forcés d’y revenir par la force des choses .
Si je te comprends bien tu es en phase préparatoire pour un retour aux sources .
Au cas où tu aurais besoin d’aide pour organiser ton projet je suis à ta disposition . Moi je suis plus pratique que théorique
Bonne soirée
Merci pour toutes ces précisions ainsi que pour ta disponibilité.
Disons qu’au sein de la phase préparatoire , on en est encore à l’esquisse, bien que la volonté soit ferme.
On a pas encore planifié quelque chose de bien déterminé, sûrement du fait que les moyens sont encore assez loin d’être réunis 😉
Bonne soirée à toi aussi.
« Devenir paysan pour être libre »
Travailler 24h sur 24.
Être endetté jusqu’à l’os.
Vivre a crédit.
Sans parler des problèmes de santé.
Ce métier est loin d’être une activité pour les petits citadins écolos.
hahaha
Vendre son terrain de culture au prix du terrain à bâtir,faire son beurre sans aucuns scrupules en temps de guerre (c’est comme cela qu’ils s’enrichissent le PLUS),vivre sans participer (en autarcie)et empoisonner les gens avec les produits chimiques (PAS EUX,ils ont leur potager exclusif et leurs cochons et volailles réservée)
Qu’ils travaillent c’est normal ,mais en + qu’ils se plaignent ??hahahahahahah
Sont pires que fans les heures les + sombres
Fais une pause avec les sites conspirationnistes, ça te bousille le cerveau.
Tu t’adresses à qui cher ami ?
Au paysan qui travaille 24 H sur 24 ? ou à moi qui n’y suis POUR RIEN ?
Je te signale que les paysans en Flandre aiment,adorent la CHASSE ,c’est dans mes randonnées à cheval hahaah (ca fait rire pas vrais)que je rencontre ces malheureux à qui j’offre le verre de l’amitié