Les annonces sont et restent des annonces! En ce qui concerne les faits, ce gouvernement agit encore et toujours, pour les intérêts des multinationales, faisant fi de la planète, de la déforestation, (qui va engendrer la disparition des Orang-Outan) au profit de ce palmier prolifique. Le « greenwatching » dont tous les acteurs/vendeurs/pollueurs font usage, ne saurait les absoudre de la nocivité de cette monoculture, ni de la triste réalité constatée. Il ne reste plus au consomm’acteur, qu’à faire les bons choix. Si nous n’achetons pas, ils ne peuvent pas fabriquer.
Les députés ont fortement revu à la baisse ce jeudi la surtaxation de l’huile de palme, la fameuse « taxe Nutella », qui avait entraîné après son vote au Sénat les protestations des deux principaux producteurs mondiaux, l’Indonésie et la Malaisie, ainsi que de l’industrie agroalimentaire.
Alors que le Sénat, à l’initiative des écologistes, avait en première lecture créé une contribution additionnelle très élevée (300 euros la tonne en 2017, 500 euros en 2018, 700 en 2019 et 900 à partir de 2020), les députés l’ont réduite ce jeudi à 90 euros, avec le soutien du gouvernement, en deuxième lecture du projet de loi biodiversité. Tout en envoyant un « signal », « cette taxation est plus réaliste (…) Nous ne voulons ni d’un boycott de ces deux pays, ni même de l’huile de palme », a plaidé la secrétaire d’État à la Biodiversité, l’écologiste Barbara Pompili.
Il s’agit « de ne pas déstabiliser brutalement les approvisionnements des entreprises installées en France, ainsi que les revenus des producteurs de ces huiles, qui se situent majoritairement dans des pays en développement », a déclaré le socialiste Jean-Louis Bricout. Ce parlementaire devait même faire voter un amendement rendant cette taxation plus progressive (de 30 euros en 2017 à 90 euros en 2020). Mais il est arrivé en retard à la reprise de la séance, à 15 heures, au moment de défendre son amendement.
Les huiles issues d’une production « durable » exonérées
C’est la troisième fois depuis 2012 que les parlementaires débattent de la « taxe Nutella », en référence à l’utilisation de l’huile de palme dans la célèbre pâte à tartiner de Ferrero. Et Ségolène Royal avait suscité l’indignation en juin 2015 en Italie en appelant à cesser de manger du Nutella, avant de présenter ses excuses quelques jours plus tard.
Il n’est pas cependant sûr que le groupe italien soit un jour concerné par cette taxe, si elle survit au parcours parlementaire, car les députés ont aussi décidé, contre l’avis de la rapporteure Geneviève Gaillard (PS) et des écologistes, que les huiles issues d’une production « durable » en seraient exonérées. Comme d’autres industriels, Ferrero recourt en Indonésie à la certification de la RSPO (Table Ronde pour une Huile de Palme Durable), « labellisation pas encore de top niveau », selon Geneviève Gaillard.
Déforestation ou production durable ?
Au Sénat, les écologistes avaient justifié cette surtaxation par les « effets dévastateurs de la culture industrielle du palmier à huile sur la biodiversité ». Avec en mémoire les immenses feux de forêts qui ont ravagé l’Indonésie afin de défricher et de fertiliser des terres pour accroître les plantations d’huile de palme. En outre, l’huile de palme fait jusqu’alors partie des huiles végétales les moins taxées en France, à 104 euros par tonne contre 190 euros pour l’huile d’olive, alors que ses effets sur la santé sont décriés.
Mais le vote du Sénat avait entraîné de vives protestations notamment de l’Indonésie, critique d’une mesure « arrogante » et « excessive » pouvant « mettre en danger les relations entre les deux pays », et de la Malaisie. La France est un petit importateur d’huile de palme (150.000 tonnes sur une production mondiale de 62 millions de tonnes), mais ces deux pays craignent une contagion sur d’autres consommateurs.
« Quand on fait un peu de sport, on peut se permettre quelques écarts »
Relayant leurs positions, la socialiste Anne-Yvonne Le Dain, ingénieur agronome, a estimé qu’on « stigmatisait une partie de la population du sud-est asiatique » et que les « Européens n’avaient pas de leçon de morale à donner ». « Alors que nous importons peu d’huile de palme, nous consommons massivement du café, du caoutchouc, du chocolat, de l’arachide » sans nous préoccuper de la déforestation, a-t-elle lancé, affirmant également qu’un paysan indonésien gagnait dix fois plus avec l’huile de palme qu’avec le riz.
Plusieurs députés LR ont repris l’argumentation des industriels français, dont l’entreprise spécialisée dans les pâtes à tarte Céréalia, selon lesquels la taxation « mettrait en péril leurs efforts pour développer l’huile de palme durable ». « Quand on fait un peu de sport, on peut se permettre quelques écarts, notamment la consommation d’une pâte à tartiner bien connue », a estimé l’ancien judoka David Douillet.