Fermeture d’un grand journal africain : illustration d’un néocolonialisme qui n’est pas prêt de s’éteindre…

Le Cameroun n’a pas eu besoin de créer un effet Charlie pour fermer, sans autre forme de procès, l’un des plus importants journaux de la résistance africaine, Afrique Média. Pour le Cameroun comme pour bien d’autres pays d’Afrique, il suffit d’un coup de téléphone pour mettre au chômage des dizaines de journalistes. C’est que les conseils « nationaux » de la communication ont des lignes directes avec les décideurs extérieurs et les carrières sont directement dépendantes de ces décideurs.

Les motivations avancées par le Conseil National de la Communication du Cameroun pour justifier la fermeture d’Afrique Média exposent elles-mêmes de manière éhontée ce qui a dû se passer.

« Certains invités ont proféré des  accusations non justifiées et des appels à la haine susceptibles de porter atteinte à l’image et à l’honneur des personnalités, d’institutions et pays étrangers ».

Cela veut clairement dire que ces personnalités, institutions et pays étrangers dont l’honneur a été « sali » ont exigé une réaction sévère, sinon, plus de sous, plus de voyages, avec en prime, des menaces de se faire virer et autres chantages.

Afrique Média est l’un des rares journaux africains véritablement résistant au Nouvel Ordre Mondial, en particulier vu du côté africain. Il aborde tous les sujets sans tabou ni langue de bois, allant même beaucoup plus loin que biens des journaux du même genre dans le monde. Son audience grandissait de jour en jour, et c’est peut-être ça le problème. Tant que l’on reste inaudible, ou à peine audible, on peut dire ce que l’on veut. C’est ça, la sempiternelle liberté d’expression dont on parle tant en Occident. Mais, dès lors que l’on commence à toucher un large public, que l’on devient, comme Afrique Média, un faiseur d’opinions, les clignotants passent au rouge chez ceux pour qui la gestion de l’opinion est essentielle. Afrique Média avait peut-être oublié que la gouvernance mondiale, c’est d’abord la maîtrise des médias à l’échelle de la planète.

Qu’il y ait des médias dissidents, ça ne pose généralement aucun problème aux maîtres du monde. L’essentiel est qu’ils soient noyés dans un brouhaha informe, qu’ils peuvent même exploiter en cas de besoin. En France, par exemple, quand quelqu’un s’attaque à François Hollande, à Sarkozy ou à Le Pen, il s’en trouvera toujours en face pour défendre son champion. C’est un jeu à somme nulle qui ne porte pas à conséquences, d’autant moins que les trois ont le même employeur. Mais, grâce à cette « liberté », les Français auront l’impression d’avoir des choix qu’ils n’ont pas en réalité.

Il en va tout autrement quand il s’agit d’Africains s’attaquant à des personnalités européennes. Un Africain qui s’en prend à François Hollande, à Bolloré ou à Total, s’en prend à la France en Afrique, et donc agit au profit de la Chine. Toute attaque contre un pays de l’Occident revêt une coloration géopolitique dans le contexte de guerre entre puissances dont l’Afrique est le champ de bataille. L’Afrique et sa presse n’étaient déjà pas libres, elles le sont encore moins aujourd’hui.

Avic – Réseau International

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