Amusant, l’analyse lexicale du texte de l’audition de Fleur Pellerin sur le traité transatlantique

Je me suis amusé à passer le texte de l’audition de Fleur Pellerin à la commission des affaires étrangères à l’analyseur lexical Tropes (bah oui, on s’amuse comme on peut…)

graphe tropes

Ce graphe représente la concentration de relations entre acteurs. Il permet de faire une comparaison visuelle du poids des relations entre les principales références

Il en ressort les éléments généraux suivants :

L’occurrence la plus fréquente est sans surprise « négociation » qui revient 36 fois dans le texte de la secrétaire d’état, jusqu’ici rien de plus logique.

On trouve en deuxième position «accord» avec 25 occurrences puis «commission» 24 occurrences, «USA» 23 occurrences ainsi que «Américain» 21 occurrences. Ces derniers éléments indiquent bien quels sont les acteurs de ces négociations, la commission et les USA, ainsi que l’objet :  la recherche d’un accord. Tout est limpide comme une tautologique.

Ensuite vient la «France» avec 19 occurrences, l’analyse lexicale quantitative a donc le mérite de rappeler pour ceux qui en doutent encore que notre pays est totalement subordonné et inféodé à la commission et à l’UE dans cette affaire puisque c’est la commission qui a reçu le mandat de négociation.

Viennent ensuite les «entreprises» et l’«investissement» avec 16 occurrences, puis «européen » avec 14 citations et « protection », 13 citations.

Jusque là rien de surprenant mais on peut relever quelques données remarquables de cette analyse lexicale quantitative (bien qu’elle soit très superficielle) : la croissance et l’emploi n’apparaissent pas dans les 10 principales occurrences. La croissance n’est citée que 4 fois, et l’emploi seulement 3 fois.

On voit donc que le lien entre cet accord commercial et la croissance et l’emploi ne ressort pas de l’analyse lexicale de l’audition de la secrétaire d’état. Cela confirme donc que la croissance et l’emploi ne sont absolument pas les enjeux de ces négociations, malgré les argumentaires en ce sens des élites politiques embrayant sur le commissaire européen De Gucht qui a lancé (au pifomètre j’imagine) :

« Pour l’Europe, les retombées de cet accord que nous essayons de conclure devraient être de l’ordre de 0,5 à 1% du PIB, avec à la clé des centaines de milliers d’emplois créés… »

La croissance et l’emploi, c’est donc pour amuser les journalistes et les citoyens et faire taire les empêcheurs de négocier en rond. C’est en gros la même recette depuis Maastricht, et il est d’ailleurs étonnant que cela arrive à fonctionner encore… Mais il est vrai que les éditorialistes et chefs de rédaction sont eux même directement impliqués dans ce processus en tant que chiens de garde de la classe dominante.

Avec chacune 16 occurrences, on voit bien que les entreprises et les investissements sont bien l’enjeu central, pour ne pas dire unique, des négociations et qu’il s’agit du sujet principal des discussions.

On retrouve cette hiérarchie au niveau de l’analyse en terme de champs lexicaux :

En première place avec 127 termes on trouve le champ lexical de la politique.

En deuxième vient le monde de la finance et des entreprises avec 109 termes.

En troisième position celui du commerce et de la négociation, avec 93 termes.

Plus surprenant il faut noter l’omniprésence de la notion de «protection» dans le texte de Madame Pellerin pour laquelle on trouve 13 citations, ce qui peut en dire long sur le climat réel des négociations et de l’enjeu pour la partie européenne.

Mais à quoi s’applique la notion de protection dans le texte ? En premier lieu aux investissements, puisqu’il y a 4 relations entre ces deux termes, et également aux « indications géographiques », 4 relations également. La protection des consommateurs arrive loin derrière avec seulement 2 occurrences de relation, ce qui n’est pas une surprise. La « protection » vise donc le business et les investissements, et malgré les efforts de «transparence», les consommateurs passent donc évidemment en dernier.

Cette analyse, même superficielle, nous livre donc l’essentiel sur ce compte rendu des négociations en cours : il s’agit bien de business, d’investissements et d’entreprises, la protection des consommateurs et des citoyens est une préoccupation qui apparaît tout à fait anecdotique, quant aux perspectives pour l’emploi et la croissance qui constituent pourtant l’argument numéro 1 des politiques pour vendre le projet de partenariat transatlantique, ils sont à peine évoqués !

On peut ainsi se poser la question : qui a voulu négocier ces accords, quels intérêts servent-ils, et qui mène le jeu en réalité ?

Le projet d’accord commercial visant à créer une zone de libre échange transatlantique remonte au début des années 90. Il fait suite à l’adoption du Nouvel Agenda Transatlantique en 1995 par les états-unis et l’UE signé par le président Bill Clinton pour les USA, Jacques Santer pour la commission européenne et Felipe Gonzalez pour le conseil européen. En réalité c’est le Nouvel Agenda Transatlantique qui sert de cadre au partenariat transatlantique qui est négocié aujourd’hui puisqu’il concerne un cadre global bien plus large visant à créer une Union politique transatlantique sur le modèle de l’UE pour le continent européen. Ainsi, le NAT fournit un cadre politique et des objectifs d’intégration UE/USA dans quatre grands domaines :

La promotion de la paix (c’est l’OTAN et l’OSCE, oui oui…)

La réponse aux défis mondiaux (L’OTAN, encore)

L’extension du commerce (on y est)

Enfin, la construction de «ponts» transatlantiques entre les acteurs (c’est l’intégration politique, ce sera la dernière pierre de cet abominable EURSS)

Qui est à l’origine de cet agenda ? Les groupes de réflexion et d’influence transnationaux des élites occidentales mondialisées, le groupe Bilderberg et la commission trilatérale, principalement. Il s’agit donc clairement d’une étape supplémentaire vers l’intégration et la construction d’une super structure euro-atlantique et la réalisation du «nouvel ordre mondial».

Une fois cette analyse lexicale quantitative posée ainsi que l’historique du processus d’intégration transatlantique, il n’y a en réalité plus grand chose à attendre des circonvolutions politiques au niveau national et européen, le cadre dans lequel s’inscrit cet accord n’étant en effet pas ouvert à la discussion… Nous verrons cependant dans un deuxième billet quel est le contenu concret des négociations actuellement en cours selon l’exposé de Madame Pellerin, s’il y a quelque chose à gagner ou à sauver et quels sont les buts offensifs et défensifs poursuivis par nos élites politiques, histoire de voir ce qui nous attends…

3 Commentaires

  1. Je ne vois le peuple qu’une seule fois. dans la colonne de gauche sur le coté de l’article .
    Conscience du peuple.
    Comme fleur je t’associe le chrysanthème

  2. c’est surement une analyse rectale qui nous attend,sans aucun doute!

    incompétente,incapable,niaise de base!

  3. Oui on va nous le mettre profond en guise de suppositoire soporifique. Et dites le avec une Fleur Pellerin. Une fleur vénéneuse, une fleur des morts !

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